Vers le sujet. Une clinique globale du fonctionnement mental : Elsa Schmid-Kitsikis.

C’est chez Elsa Schmid-Kitsikis que j’ai trouvé un modèle de ce que pourrait être une clinique globale prenant en compte le cognitif et l’affectif, les approches psychologiques classiques et la clinique psychanalytique. Avant de découvrir ses derniers travaux, je bricolais des situations d'examen psychologique dans l'objectif de les rendre les plus riches possibles. Quand j’ai découvert son travail sur le fonctionnement mental, il m’est rapidement apparu que, complétant la clinique projective de V. Shentoub 750 , il pouvait fournir un cadre général de réflexion permettant de mieux penser nos pratiques. L’une comme l’autre rendaient pensables une psychologie générale.

Voyons donc plus précisément ce qu’E. Schmid Kitsikis nous disait dans son livre, et en quoi cela nous aidait à éclairer, à justifier aussi, notre travail. En un temps où il était encore soumis à la critique, nous trouvions dans ces ouvrages une conception de la clinique intégrant la défense de l’examen psychologique. Elle disait, que la psychologie clinique n’a pas à se laisser enfermer dans la psychopathologie ni dans la psychothérapie. ‘«’ ‘ Nous défendons une position qui définit la psychologie clinique comme le domaine de la psychologie qui étudie l'individu dans ses rapports avec son monde interne et/ou externe à travers une démarche réalisée dans un espace où les échanges se spécifient selon une relation particulière d’écoute, de perception et de relation inter-subjective, de recherche et de compréhension d'autrui ’». Dans cet objectif, elle n’excluait rien pouvant servir à cette approche : ‘«’ ‘ Elle (la clinique) intègre dans sa démarche le recours constant aux découvertes conceptuelles d'autres domaines de la psychologie qui possèdent un lien de cohérence avec ses propres préoccupations d'investigation et d’intervention »’. 751 Chez elle la psychologie clinique est une psychologie ouverte, sans exclusions ni clivages.

C’est tout naturellement que, dans le cadre de cette approche clinique englobante, E. Schmid-Kitsikis soutient la nécessité de commencer l’intervention par une évaluation psychologique : ‘«’ ‘  toute intervention dans le cadre d'un traitement psychologique doit être précédée par une exploration systématique des particularités et des possibilités du fonctionnement mental afin d'élaborer des hypothèses pouvant guider la démarche vers le diagnostic et vers un éventuel traitement ’» 752 . Mais ce diagnostic n’est pas un état des lieux statique. La situation d’examen psychologique ‘«’ ‘ si intense dans l'engagement de chacun des deux partenaires ’» permet de mettre en évidence des mouvements intra-psychiques et inter-psychiques. ‘«’ ‘  Par son caractère ponctuel la situation d'examen psychologique a un certain pouvoir : agir en profondeur sur l'individu, créer une relation avec l'autre, entraîner certains processus inconscients en rapport avec ses désirs, ses motivations et ses comportements (…) Les interventions du psychologue (questions, silences, suggestions, épreuves présentées...) sont autant d'actions qui mobilisent et transforment la dynamique mentale, l'économie affective de l'individu et du milieu qui l’entoure, et nous renseignent sur ses possibilités à actualiser ses connaissances en rapport avec le type d'investissement qui prédomine chez lui»’.

Cette rencontre dynamique sur le plan transférentiel et interactionnel, permet au-delà du ‘«’ ‘ repérage des acquisitions notionnelles, socioculturelles ’», etc, ‘«’ ‘ d'analyser la condition essentielle du développement : la mobilité mentale du sujet »’. On évalue cette mobilité en la provoquant, et cette évaluation-là ne peut pas être neutre comme l’observation en laboratoire. L’investigation, la mise en évidence de ces forces implique leur mise en action 753 . L’examen ici n'est pas une observation surplombante et détachée, mais une intervention active. D’où le recours à un certain nombre d'activités, l’utilisation d’instruments divers, qui en variant les types d’échanges, de domaines, et d'interactions, vont provoquer ces mouvements.

Pour étudier les différentes dimensions de la mobilité psychique, E. Schmid-Kitsikis nous propose une grille d’analyse (p. 32-33). Cette mobilité s’exprime selon elle de trois façons. Il y a la mobilité « horizontale » qui concerne « la variété des productions élaborées à l'intérieur d'une même situation », par exemple « dans le cadre d'un problème à résoudre la variété des stratégies développées ». La mobilité « verticale » concerne des « niveaux d’élaboration hiérarchiquement différents ». Elle l’éclaire d’une citation de M. Ledoux (1983) parlant de ‘«’ ‘  cette capacité de va-et-vient entre des moments régressifs où affleure tout un monde pulsionnel refoulé mais riche de forces vives, et des moments d'intégration et de restructuration qui constitue ce qu'on pourrait définir comme santé mentale ’» 754 . Il y a enfin la mobilité « fonctionnelle » qui concerne «  la possibilité de l'individu de passer d'un mode de fonctionnement mental à un autre ». Ici elle distingue trois modes de fonctionnement mental : un fonctionnement « logico-mathématique ou rationnel », un fonctionnement « empirique » ( ou « physique » dans certains passages ), et un fonctionnement « projectif » (appelé encore « fantasmatique », ou « émotionnel »).

La présence de cette mobilité fonctionnelle triadique nous interroge. Car qu’est la mobilité « verticale », référée à la citation de Ledoux, sinon ces mouvements de régression-restruturation entre un fonctionnement « rationnel », par exemple physique et/ou logico- mathématique, secondaire au sens de la distinction du chapitre VII de l’ ‘»’ ‘ Interprétation du rêve »’ 755 , et un fonctionnement fantasmatique ou projectif, primaire au sens freudien. Par rapport à cette verticalité, il ne fait pas de doute que pour Freud, comme pour Ledoux, les passages entre un fonctionnement « logico-mathématique » et un fonctionnement « physique », d’Elsa Schmid-Kitsikis, ne nous font pas changer de plan. Nous restons avec eux dans un fonctionnement secondarisé.

Nous comprenons bien pourquoi E. Schmid-Kitsikis tient à garder cette direction d’analyse « fonctionnelle ». Par fidélité à Piaget, 756 pour garder un élément essentiel de son héritage, sa distinction entre opérations logico-mathématiques et opérations physiques 757 , dont elle continue d’ailleurs à vérifier la pertinence dans sa pratique. Elle y a ajouté ce qu’elle a appris de la psychanalyse, la distinction de Gressot entre la pensée rationnelle, et la pensée « archaïque », ou « émotionnelle », ou « fantasmatique ». Additionnez Gressot à Piaget et vous obtenez les trois modes de mobilité fonctionnelle.

Mais était-il impossible de préserver l’apport de Piaget sans ajouter un troisième type de mobilité aux deux autres ? Pourquoi n’avoir pas conservé seulement deux types de mobilité, un mobilité verticale –selon Freud, Gressot, Ledoux- et une mobilité horizontale dans laquelle on rangerait tous les fonctionnements «secondarisés » distingués par Piaget ou d’autres psychologues. Faut-il voir là l’influence de W. Bion, que E. Schmid-Kitsikis cite souvent ? Bion qui a eu pour projet d’approfondir et de compléter la théorie de la pensée ébauchée par Freud dans son chapitre VII, a élaboré une grille 758 dont l’axe vertical, celui de la genèse du penser, de la croissance mentale, déborde les deux modes de fonctionnement freudien. Il démarre plus bas et se délite vers le haut. On en retient surtout les étages inférieurs, les éléments α et les éléments β. Mais la genèse du penser se poursuit par les nivaux C : pensées oniriques, rêves, mythes ; D : préconception ; E : conception ; F : concept ; G : système déductif scientifique ; H : calcul algébrique. Ceci pour dire que Bion ordonne l’» émotionnel », le « physique » et le « logico-mathématique » selon un axe vertical.

Une dernière remarque : le troisième mode de la mobilité fonctionnelle selon E. Schmid-Kitsikis est qualifié de « projectif », ou de « fantasmatique » ou d’ » émotionnel ». Le terme de projectif enferme en lui-même une référence à la verticalité. Un fonctionnement projectif est un fonctionnement primaire d’expulsion. « Fantasmatique » en soi ne renvoie pas à la verticalité, il n’indique pas un mouvement comme « projectif » ; cependant son articulation à un mode de fonctionnement secondarisé comme le fonctionnement logico-mathématique renvoie à un mouvement de nature verticale. Que faire de l’émotionnel ? En un sens on peut voir le fonctionnement « émotionnel » comme un fonctionnement primaire de décharge par l’affect, à ranger dans la partie inférieure de l’axe vertical de Bion. Même dimension verticale dans la théorie des « trois cerveaux » de P. MacLean : le fonctionnement émotionnel naît d’un premier niveau de traitement à l’étage « reptilien », mais va impliquer le niveau limbique puis frontal. Mais quand aujourd’hui on parle d’intelligence « émotionnelle », c’est bien qu’on veut rehausser ce type de fonctionnement au même niveau que la pensée physique ou logico-mathématique. 759

Toute notre discussion peut apparaître un peu chinoise, mais montre à quelle complexité on est affronté si l’on veut sauvegarder telle quelle la pensée de tous ces chercheurs estimables. Il est temps de ressaisir ces analyses en fonction de notre objectif pratique d’évaluation de la mobilité psychique. Faisons le point. Premièrement le repérage de la mobilité psychique est important. Deuxièmement, essayer de penser conceptuellement cette mobilité nous mène à des difficultés. Depuis Zénon on connaît ces difficultés à penser conceptuellement le mouvement. Evitons donc autant que possible de penser la mobilité en termes de classes différenciées ou d’étapes, ce sont les frontières et les passages qui sont intéressants. Ne gardons de ces analyses que le minimum dont nous avons besoin pour penser et agir notre pratique. Pour la créativité psychique, ce qui est important ce sont les mouvements de régression-restructuration, que personnellement nous trouvons plus facile de penser selon la direction de verticalité, qui souligne le caractère de vitalisation psychique.

A coté de cette mobilité verticale de quoi avons nous besoin, qui puisse s’articuler de manière simple avec elle ? Considérant que les fonctionnements psychiques sont multiples, complexes et souvent métissés 760 , qu’y dégager des axes d’analyse est utile mais difficile, restons pour le moins pragmatiques. A coté de l’axe vertical et s’articulant « perpendiculairement » avec lui, nos évaluations mettent en évidence différents types de fonctionnements qui rentrent tous dans le cadre de ce qu’il est légitime d’appeler des fonctionnements « secondarisés ». Nous considèrerons comme mobilité horizontale tous les mouvements entre l’un ou l’autre de ces fonctionnements dés lors qu’ils s’effectuent à l’intérieur de la pensée secondarisée. Cette mobilité à l’intérieur de la pensée secondarisée, inclut aussi bien ce que E. Schmid-Kitsikis elle-même appelle mobilité horizontale (variabilité de fonctionnement « à l’intérieur d’une même situation »), que les passages d’un fonctionnement logico-mathématique à un fonctionnement physique (que E. Schmid-Kitsikis range dans la mobilité « fonctionnelle »). Nous conviendrons de négliger leurs différents niveaux d’abstraction, du plus sophistiqué (le calcul algébrique de W. Bion, ou les théories les plus axiomatisées) au plus empirique (disons le bricolage), pour les considérer tous comme appartenant également horizontalement à la pensée secondarisée, puisque faisant appel à la logique, au jugement, comme à l’adaptation à la réalité, et les mouvements de l’un à l’autre comme de la mobilité « horizontale ». 761

L’intérêt de cette position, outre sa simplicité pragmatique, est de convenir assez bien avec notre situation pratique. Pour un psychologue en position d’évaluation psychologique, en particulier avec un enfant 762 , la situation est assez simple. Il dispose par exemple d’instruments pour tester la pensée logique et rationnelle, l’intelligence, le sens de la réalité du sujet qui vont lui permettent de juger de l’efficacité d’une pensée « relativement » secondarisée 763 . La mobilité horizontale du sujet est estimée alors dans sa capacité à s’adapter à différents types d’expériences ou de tests mobilisant cette pensée. Dans d’autres modes de relations ou avec d’autres instruments, les épreuves projectives par exemple, c’est la mobilité verticale du sujet qui sera provoquée. Pratiquement nous posons que lorsqu’un sujet est capable de s’adapter aux différents tests cognitifs d’une batterie composite d’intelligence, c’est sa mobilité mentale « horizontale » que nous apprécions, sa capacité de s’adapter aux changements de situations, voire d’ » univers » intellectuels. Nous considèrerons également comme signe de mobilité horizontale, la capacité d’un sujet, face à un problème spécifique, de changer de stratégie. C’est ce que J. Grégoire appelle « flexibilité mentale », et qui s’observe par exemple dans le test d’arrangement d’images du WISC, ou dans le test des cubes lorsque le sujet face à l’échec d’une stratégie par insight, est capable de revenir à une stratégie empirique -de tâtonnement méthodique- moins coûteuse intellectuellement. Nous parlerons encore de mobilité horizontale pour qualifier la capacité du sujet de passer de ce que J. Lautrey ou J.F. Richard appellent la pensée propositionnelle à une pensée analogique ou « infra-logique » 764 . Ou encore de passer d’une pensée « convergente » à une pensée « divergente » 765 . Par contre quand nous dialoguons avec le sujet sur ses liens, ses désirs, ses craintes, quand nous lui demandons un dessin d’imagination, quand nous lui proposons une épreuve projective, c’est sa mobilité de fonctionnement verticale que nous essayons d’évaluer, c’est à dire sa capacité à lier du primaire avec du secondaire.

L’intégration propre à un bon fonctionnement intellectuel est celle qui coordonne les deux mobilités, permettant des liens suffisants des différents niveaux de fonctionnement, dans les différents univers auxquels il est confronté. L’activité mentale est alors émotionnellement vivante et intellectuellement contrôlée.

J’ai vu Ninon à la demande de son institutrice qui souhaitait lui faire sauter le cours moyen première année. Les parents n'étaient pas très à l'aise avec cette demande. Ce ne sont pas des gens à se mettre en avant. Aux cours de notre entretien quelques remarques de ma part permettent de faire émerger, dire et clarifier ce qu’a d’excessive, leurs gêne.
Puis j’ai rencontré Ninon, une fillette de neuf ans, bien à l’aise dans la relation, directe, un peu bavarde et familière. A cet égard on aurait pu considérer qu’elle manquait un peu de la retenue attendue des enfants
« sages”de son âge. Mais d’un autre coté cette capacité à exprimer ce qu’elle ressentait apparaissait comme un facteur d’équilibre. Car elle n’était pas du tout égocentrique, mais attentive aux réactions de l’entourage, attentionnée (sentant sa mère tendue et même un peu perturbée par les résultats elle lance une plaisanterie pour la faire sourire).
Sur le plan cognitif
« pur », Ninon montrait une intelligence très supérieure à la moyenne avec un Q.I.global à 142 qui la plaçait parmi les tout premiers élèves de sa classe d’âge 766 . Elle fait partie de ce qu'on appelle les enfants précoces ou « surdoués ». Si l'on calcule un Q.I. compensé, c'est-à-dire rapportant ses résultats à l'âge moyen des enfants de la classe suivante, on obtient encore un Q.I. à 127. Ninon avait une maîtrise du langage, en compréhension et en analyse, très supérieure. Et pourtant à plusieurs reprises les mots lui ont manqué pour exprimer dans toute sa précision et sa complexité ce qu'elle avait compris. On peut dire que la puissance de sa pensée dépassait son vocabulaire. Son aisance verbale était cependant son point fort. Mais tout ses résultats étaient bons qu'il s'agisse de calcul numérique, de raisonnement pratique, ou simplement du niveau général de ses savoirs. Un rapide sondage du niveau de ses apprentissages scolaires montra qu'elle pourrait sans difficulté suivre un CM 2 : sa rapidité d'écriture était suffisante, elle avait une très bonne orthographe, elle maîtrisait la soustraction avec retenue, et bien évidemment sa capacité de compréhension mathématique dépassait très largement ce niveau.
Comme nous avions un peu de temps, et qu’elle paraissait intéressée par les reproductions affichées sur les murs de mon bureau, des dessins de M.C. Escher, un Saussure contemplant le Mt. Blanc, une affiche représentant Freud et Bernstein, un tableau onirique de Y. Tanguy et un E. Hopper, je lui avais demandé ce qu’elle en pensait, qu’elles étaient les intentions de l’artiste, ce que cela représentait. Cela n’est pas dans mes habitudes, mais nous avions du temps, et il n’est pas fréquent de se sentir suffisamment à l’aise avec un enfant de cet âge pour engager une telle conversation, (comme je l’aurais fait avec un adolescent). Outre qu’elle était très sensible à la tonalité des tableaux, elle construisit sur le E. Hopper, assez sombre, et inquiétant, une petite histoire assez bien adaptée, tandis que je voyais se jouer sur son visage en même temps que dans son récit, le passage d’une première attitude d’évitement à une progressive intégration des cotés sombres du tableau.
Ninon est restée dans ma mémoire comme un des modèle de l’équilibre, ou plutôt de l’équilibration psychologique en mouvement, avec assez de souplesse pour se laisser porter par les mouvements qui la traversent, venant de l’extérieur ou de l’intérieur d’elle-même, mais en les marquant de sa personnalité propre, en les canalisant pour en faire une création personnelle. Son intelligence était ample et surtout mobile. Elle passait d’un fonctionnement à un autre avec souplesse et montre ainsi une aptitude réelle à intégrer les différents éléments de sa personnalité. Cette souplesse adaptative fut l’argument déterminant pour convaincre les parents de lui laisser sauter une classe.
Notes
750.

L’hypothèse centrale de V. Shentoub est aussi celle d’E. Schmid Kitsikis. Elle aurait souscrit sans doute à la façon dont cette dernière l’exprimera : «  notre hypothèse centrale est que si le travail de la pensée est voué à l'exercice des processus secondaires, il reste ouvert au processus primaire. Ce qui est nécessaire pour qu'il y ait création de nouveauté, c'est que ces processus « s’allient et ne se contrarient pas ». De sorte que nous tentons : d'analyser les relations qu'entretiennent la pensée conceptuelle et la pensée émotionnelle ; d'élaborer une étude des processus de représentation et des relations qu'ils entretiennent entre eux ; d'élaborer un instrument de diagnostic susceptible d'analyser les modes d'organisation « adaptés » et «marginaux » de la mentalisation » (1985, p. 24)

751.

«Théorie et clinique du fonctionnement mental”, p. 21. E.Schmid-Kitsikis dit que si elle a persévéré dans l’utilisation de la méthode clinique piagétienne, c’est que celle-ci, par ses caractéristiques relationnelles et psychodynamiques lui est apparue comme une méthode de choix pour cerner le fonctionnement mental du sujet.

752.

Ces citations et les suivantes sont extraites de la page 23 du même ouvrage.

753.

On pourrait utilement rapprocher de ce type de «recherche-action”, les travaux sur l’éducation cognitive (voir notamment –J.L. Paour, J. Jaume,O. de Robillard «De l’évaluation dynamique à l’éducation cognitive”, in F. Büchel éd. «L’éducation cognitive”, Delachaux et Niestlé, Neuchatel, 1995, p.47-102).

754.

La référence à E. Kris et à l’ego psychology est pour nous évidente.

755.

Pages 657-659, de la nouvelle édition.

756.

Qui lui a fourni son premier cadre d’analyse et des instruments d’investigation. Voir son ouvrage de 1969, « L’examen des opérations de l'intelligence ».

757.

Dans le premier cas - l’ expérience physique - le sujet, l'enfant, agit sur les objets de manière à en découvrir et abstraire les propriétés ; dans le deuxième cas –l’expérience logico-mathématique - les propriétés découvertes sont abstraites des actions même du sujet et non plus des objets de telle sorte qu’il n'est bientôt plus besoin d'agir sur les objets pour la faire progresser. On voit bien que ce qui intéresse Piaget ce sont justement sur ces fonctions secondaires d’adaptation à la réalité étudiées par la psychologie classique.

758.

Qu’on trouve par exemple dans « Aux sources de l’expérience ». Rappelons que sa grille est un instrument pratique destiné à faciliter le penser créatif du psychanalyste en dehors des séances, mais que l’objectif final de cela c’est la croissance mentale du patient. Sur ce point on voudrait citer D. Anzieu : «  Bion va résolument à contre-courant du préjugé négatif chez la plupart des psychanalystes à l'égard des processus secondaires et il y va ainsi avec une raison importante : comment le psychanalyste peut-il comprendre la réalité psychique (ce qui est sa tâche principale) et la faire comprendre à son patient s'il n'articule pas les affects et les représentations inconscientes à des pensées conscientes ? »(p. X de la préface de l’» Introduction aux idées psychanalytiques de Bion »). Ceci fait écho à ce que disait déjà Hartmann, ce pour quoi on l’attaqua, ou encore à ce que dira R. Schafer.

759.

L émotionnel est tantôt pensé comme source de vitalisation de l’intelligence ; comme quand Damasio (1994) dit que « la capacité d’exprimer et de ressentir des émotions est indispensable à la mise en œuvre des comportements rationnels ». Tantôt on semble en faire une autre sorte d’intelligence en elle-même (pas tout à fait cependant puisqu’on vend de la formation à l’intelligence émotionnelle).

760.

Mouvements verticaux et horizontaux sont mêlés. D’ailleurs il faudrait penser primaire et secondaire eux-mêmes comme deux réseaux à dimensions multiples.

761.

Dans le domaine de l’éducation et des apprentissages, on souligne beaucoup le rôle de la meta-cognition. On peut considérer le degré « meta » comme « au-dessus ». Mais du point de vue adopté ici nous considérerons le passage à une position « meta » comme s’effectuant sur le plan horizontal. La meta-cognition, processus « supérieur » de contrôle et d’évaluation ( le sujet se regarde raisonner) appartient aux fonctionnements secondarisés.

762.

Peu concerné par les niveaux supérieurs, les plus abstraits, de la pensée secondarisée. S’il avait à tester des individus supérieurs peut-être devrait-il reconsidérer sa position.

763.

Encore une fois bien que les épreuves classiques d’intelligence aient été conçues pour évaluer la pensée rationnelle, c’est-à-dire un mode de fonctionnement secondaire, la coupure effectuée par le choix de l’horizontalité est de pure convention.

764.

Qu’il ne faut pas entendre comme «archaïque”. L’opposition propositionnel/analogique chez eux renvoie plutôt à l’opposition discursif/empirique, ou à l’opposition pensée formalisatrice/pensée réalisatrice de M. Reuchlin.

765.

J.P. Guilford, « The nature of human intelligence”.

766.

Pour en donner une idée, tout en mettant en garde sur l'aspect illusoire de la précision, on pourrait dire que si l’on classait 1000 enfants de son âge par ordre décroissant d’intelligence à ce test, elle se situerait à la quatrième ou à la cinquième place.