Un projet pour la famille

Revenons à un déroulement plus classique de la rencontre. A la suite de la restitution, se pose la question de ce qu’on va faire. Certes l’élaboration d’un projet construit n’est pas toujours nécessaire. Nous avons déjà noté que parfois les premières paroles échangées ont suffi à faire changer les choses. Parfois il suffisait de rassurer l’enfant, l’enseignant, les parents. Parfois l’évaluation est suffisamment informative et/ou dynamique pour que la situation se rétablisse d’elle-même. Mais il arrive, et même assez fréquemment que l’on ait à construire un projet pour faire changer les choses ou pour accompagner au mieux un parcours périlleux. Parfois ce projet ne concernera qu’indirectement l’école, parfois il mobilisera tous les intervenants enfant, parents, équipe pédagogique, intervenants extérieurs. Nous allons commencer notre revue de ces différents types de projets en commençant par les projets construits autour d’un changement familial.

Dans un nombre significatif de cas il suffit en effet d’introduire du changement dans la famille pour que la situation de l’enfant à l’école s’améliore. A travers les rencontres avec les parents, la mise à plat de la situation, les mouvements psychiques qui se sont produits, un projet de changement pour les parents a pu émerger et s’affirmer de lui-même. Avec nous, à travers nos échanges intellectuels et émotionnels, ils se sont par exemple décidés à aller chercher une aide, du conseil conjugal, une médiation ou une thérapie. Cependant le plus souvent le psychologue ne peut pas se contenter d’ » accompagner » les parents dans leur prise de décision. Il doit souvent intervenir activement, apportant des informations sur des possibles, voire faisant des propositions ou guidant les choix, endossant alors le rôle du conseiller. Comment d’ailleurs des parents qui n’ont souvent qu’une vague idée des objectifs, des structures –du RASED par exemple- et du fonctionnement de l’école, qui ignorent l’existence des C.M.P.I., C.M.P.P., ou qui ne savent rien du conseil conjugal et familial, de la médiation, de l’éducation en milieu ouvert, et même des psychothérapeutes 802 , comment ces parents pourraient-ils s’orienter seuls ?

C’est l’occasion de nous arrêter sur la place à donner au conseil dans la pratique psychologique, particulièrement en psychologie scolaire. C’est en effet un point de discussion crucial. Pour notre part nous défendons l’idée que le conseil doit avoir toute sa place dans l’élaboration du projet parental. Pour nous ce n’est pas pervertir le rôle du psychologue que de lui confier même, en fonction de la situation, un rôle actif, voire directif. 803

Notes
802.

C’est plus rare mais cela arrive et de toute façon ils en ont une idée souvent partielle sinon fausse Une question aussi prosaïque que celle du coût n’est souvent abordée qu’à l’instigation du psychologue.

803.

On ne doit jamais oublier que l’intervention du psychologue scolaire auprès de la famille n’a pas le temps pour elle. La densité obligée de son intervention auprès de la famille l’oblige à prendre une position plus active.