Jusqu’ici nous avons parlé de projets construits pour l’essentiel avec la famille. Il nous faut en venir maintenant à tous les projets construits dans l’école, toujours avec la participation des parents, qui constituent évidemment l’essentiel des tâches du psychologue scolaire. Ces projets ne sont pas tous formalisés. Ce qui importe, au fond, c’est leur capacité à introduire une dynamique là où le fonctionnement habituel de la relation éducative a failli.
Il faut bien dire que, dans le discours produit par l’école à son usage, nous avons vu se multiplier une inflation de projets. Il y en a de toutes sortes : Projets d’établissement, Projets d’école, Projets de cycle et Projets de classe, Projets de Z.E.P., Projets d’action culturelle et éducative, Projets pédagogiques individualisés, Projets éducatifs individualisés, Projets d’intégration, Projets d’aide individualisés, et bien d’autres que nous avons dû laisser passer. Il y a une mode du projet. La question qui se pose est celle de savoir si cette inflation a pour finir introduit plus de jeu et de mouvement dans le système. Si le projet devient un rituel formel, un projet mort, il peut même devenir un frein, ou un alibi pour ne pas faire justement. La généralisation administrative du projet peut avoir pour effet pervers de lui ôter tout sens, toute vie. Or ce qui importe comme nous le disions c’est l’effet du projet sur la dynamique psychique du sujet pour le faire sortir de la spirale de l’échec. Il y a parfois une opposition entre la logique des projets de papier, et leur capacité à faire que puisse s’ouvrir avec l’enfant, l’enseignant, les parents, un espace vivant où il pourra se développer. Nous parlerons tout à l’heure de l’histoire de Thècle et du projet construit avec son instituteur, un enseignant pourtant en rébellion contre l’institutionnalisation des projets. Pour lui il ne fallait pas se payer de mots. Dans sa relation avec chacun des élèves de sa classe, un projet existait qui n’avait pas besoin d’être mis noir sur blanc. C’était naturel pour lui, c’était inclus dans l’addition. 818
Est-il bien nécessaire d’étendre administrativement la pédagogie du projet à tous les acteurs, alors que pour une majorité d’élèves l’enseignement traditionnel fonctionne bien, je veux dire que le projet n’a pas à être inscrit, puisqu’il existe naturellement.