Il ne s’agit pas là d’une dénomination officielle. Mais nous avons voulu traiter à part une catégorie de ‘«’ ‘ projets pédagogiques personnalisés ’», ceux dans lesquels l’intervention soutenue de personnels des réseaux d’aides spécialisées ou même de personnels extérieurs comme l’orthophoniste, impose cette fois que le projet soit formalisé, afin qu’y soient clarifiés les responsabilités et les objectifs de chacun, et précisé par exemple l’emploi du temps. 828
L’individualisation de la pédagogie par les enseignants ordinaires dans le cadre normal de la classe a ses limites, nous l’avons dit, et ne peut régler les problèmes posés par les élèves présentant des difficultés plus marquées ou spécifiques. C’est pour assister ces élèves qu’ont été créés les réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (R.A.S.E.D. 829 ) ainsi que les classes d'intégration scolaire. La circulaire du 30 avril 2002 qui en actualise les orientations rappelle que ces dispositifs n'auront cependant d’efficacité réelle que s’ils sont pris en compte par le projet d'école ‘«’ ‘ qui assure la cohérence des interventions effectuées par les personnes spécialisées avec l'ensemble des actions pédagogiques conduites au sein de l'école ’» 830 .
Les interventions du RASED se font à l'école, dans la classe ou hors de la classe, en petit groupe ou individuellement. Elles ne remplacent pas les actions menées à l'intérieur de la classe par l’enseignant, mais viennent les compléter et nécessitent donc une concertation et des collaborations régulières. Elles peuvent aussi être menées dans le cadre de classes d’adaptation ou de regroupements d'adaptation.
Les textes font de la rédaction d’un document écrit, le ‘«’ ‘ Projet pédagogique personnalisé ’» une obligation. Le projet doit partir des questions que se pose le maître 831 , et s’appuyer sur les observations menées par les membres du réseau à l'intérieur de la classe, et parfois sur les ‘«’ ‘ bilans personnalisés’ » de la compétence du psychologue scolaire, afin d’en circonscrire les objectifs. La circulaire 2002-111 souligne que ‘«’ ‘ tout projet d'aide spécialisée est élaboré en lien étroit avec les parents de l'élève concerné »’.
C’est dans la première circulaire, celle du 9 avril 1990 que sont le mieux précisées les conditions que doit remplir le projet spécialisé, aussi nous permettrons-nous de la citer longuement. 832
‘«’
‘ - 3.3 L'action d'aide spécialisée est ainsi formulée dans un projet qui donne lieu à la rédaction d’un document écrit. Ce document : - décrit le cas à traiter ;- énonce la stratégie envisagée ; - prévoit la démarche et les supports qui vont progressivement organiser l'action ; - donne une estimation de sa durée ; - élabore les modalités de son évaluation.
- 3.4 La réalisation du projet intègre au fur et à mesure les transformations des conduites de l'enfant et les ajustements techniques nécessaires à cette évolution.
- 3.5 Ce processus suppose une évaluation régulière (...) les progrès des élèves notamment dans les aides à dominante pédagogique seront appréciés non seulement dans la progression individuelle, mais encore par rapport à des critères objectifs en usage dans la classe. Dans tous les cas on donnera à l'élève un rôle actif dans l'appréciation de ces progrès et de son niveau ».’
L'élève doit donc être associé depuis le départ à la recherche des « obstacles à la réussite », et à la détermination « des objectifs en vue desquels il peut se mobiliser ». De même les parents de l'enfant « doivent être informés et associés au travail concernant les difficultés de leur enfant dans des conditions « qui préserve la confiance en l'école et facilite le processus d'aide ».
Parmi ces actions, il en est une qui revient spécifiquement au psychologue scolaire, il s’agit du suivi psychologique. « 1.3. Le « suivi » psychologique. Il consiste, pour le psychologue scolaire, à organiser des entretiens avec les enfants concernés, et éventuellement avec leurs maîtres ou leurs parents. Il a pour objet : - pour ce qui concerne les adultes, de rechercher conjointement l'ajustement des conduites et des comportements éducatifs ; - pour ce qui concerne les enfants, de favoriser l'émergence et la réalisation du désir d'apprendre et de réussir » 833 . Repris dans la circulaire 2002-113 du 30 avril 2002 : ‘«’ ‘ le psychologue scolaire organise des entretiens avec les enfants en vue de favoriser l'émergence du désir d'apprendre et de s'investir dans la scolarité, le dépassement de la dévalorisation de soi et de difficultés persistantes ou d'échecs antérieurs. Il peut aussi proposer des entretiens au maître ou aux parents pour faciliter la recherche des conduites et des comportements éducatifs les mieux ajustés en fonction des problèmes constatés. »’.
Tout au long des trois chapitres consacrés à la pratique, nous avons eu l'occasion de donner quelques exemples de notre conception de ce suivi, des entretiens et des conseils, de l’accompagnement et de la guidance, auprès des différents partenaires de l’acte éducatif. Mais le terme de suivi est imprécis et paraît s’appliquer aussi bien à ce qui est de l’ordre du soutien, de l’accompagnement, du conseil ou de la guidance, et à ce qui serait de l’ordre de la psychothérapie au sens strict, c’est à dire à une intervention psychologique visant à une restructuration de la personnalité. D’où les dérives déjà signalées. Le cadre de la psychologie scolaire ne nous paraît pas adapté au soin médico-psychologique, et il existe à l'extérieur d'excellents spécialistes formés pour cela. Cet objectif serait d’une part trop ambitieux et trop complexe, il demande aussi plus de temps. 834
Dés lors que l’on sort du cadre scolaire, le projet, de « pédagogique », devient « éducatif ». On parle alors de « Projet éducatif individualisé » P.E.I. ? Nous préférons « Projet éducatif personnalisé ».
Voir la circulaire 90-082 du 9 avril 1990 sur la « Mise en place et organisation des réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté ». Ils remplaçaient les Groupes d’aide psycho-pédagogique, G.A.P.P.. Le remplacement du terme « groupe » par le « réseau » mériterait une analyse.
Circulaire n° 2002-113 du 30/04/2002. On verra par exemple lorsque nous parlerons des classes d'intégration et des projets individualisés d'intégration, qu’ils concernent toute l'équipe éducative de l'établissement ;concrètement les élèves des classes d’intégration doivent pouvoir participer à des activités spécifiques dans d'autres classes
Sans entrer dans le détail, disons que l'enseignant doit définir clairement, parfois dans un document formalisé, (ce qui à notre avis entraîne plus d'inconvénients que d’avantages, sauf quand ce document est élaboré en commun), ce qui pose problème chez cet enfant et quelles sont les réponses qu'il a lui-même tenté d'apporter aux difficultés repérées, et leurs effets.
La circulaire 2002-113 du 30/04/2002 abroge la précédente mais souligne que « les principales caractéristiques des aides spécialisées définies dès 1990 restent valables ».
Circulaire 90-083 du 10 avril 1990.
Il faudrait préciser. Il y a une distance importante entre la position du psychologue scolaire et celle du thérapeute d’orientation analytique pure. Cet écart se réduit si l’on considère les thérapies cognitives, ou les thérapies psychanalytiques brèves (Alexander, Gilliéron). L’aspect «pédagogique”de certaines de ces interventions efface la frontière. Il faudrait aussi évoquer des analystes comme O. Renik qui insiste sur l’objectif d’apprentissage dans la cure (Brusset 2000). Nous persistons cependant à penser qu’il y aurait un danger pour le psychologue scolaire à endosser les habits du thérapeute, autrement qu’exceptionnellement.