Comment le psychologue scolaire, à sa place particulière, peut-il soutenir le développement du Moi ? Nous avons essayé de montrer que les difficultés rencontrées par les enfants à l’école sont rarement de l’ordre de la maladie, et que le psychologue scolaire n’a pas à entreprendre de thérapies au strict sens médical. Par contre les différents temps de son intervention lui donnent plusieurs occasions de remplir une fonction d’étayage. Ecouter l’autre en ponctuant son écoute, suffit parfois. L’aider à reconstruire son histoire, en soutenant la fonction du moi comme conteur de soi. Pratiquer une évaluation intellectuelle dynamique. Ouvrir avec lui l’espace des possibles et l’aider à construire un projet, autant de formes d’intervention qui permettent de soutenir le moi du sujet. En tout cela il s’agit toujours de mettre du sens : remettre du sens dans l’histoire passée, éclairer la situation présente, ses contraintes et ses ouvertures, trouver un sens à son avenir.
Nous avons, dans notre dernière partie, donné de ce travail quelques exemples très prosaïques, à ras de terre, non pas des histoires épurées et magnifiées, mais des vignettes non triées qui, nous l’espérons, ont convaincu de la valeur de ces actions. C’est de notre place très concrète de psychologue scolaire, d’un point de vue forcément très particulier, situé, puisque c’est de pratique qu’il s’agit, que nous avons voulu illustrer comment nous pouvons aider l’autre à penser.
Encore un mot. Le travail du psychologue scolaire prend sa place à l’intérieur du processus d’éducation. Sa tâche propre n’est pas contradictoire ou divergente d’avec le grand travail de passage que constitue l’entrée dans la culture. Les hommes des Lumières en Allemagne rassemblaient dans un seul mot, celui de Bildung, ces différents processus, la, l’éducation, la culture, l’auto accomplissement ou l’entrée dans l’univers éthique, pour signifier que toutes concourent à une même tâche, la formation d’un individu libre et responsable 933 . Il ne peut donc y avoir de coupure entre travail psychologique et éducation.
L’entrée dans la culture ne se fait pas dans une coupure, une « conversion (cf. Lacan) cela se fait par un long travail. (Là aussi il faut prendre appui, pour pouvoir créer).