Deux périodes semblent se distinguer, en France :
On assiste à une forte structuration des métiers de la Formation Continue autour de la modernisation du pays, de l’évolution même des fonctions de Formateur et du financement de la formation. 30 La période historique 1945/1971 est marquée par le face à face pédagogique en tant que pratique principale des Formateurs. C’est aussi au cours de cette période qu’apparais-sent, dans les pratiques, dans la loi et dans les budgets, les Conseillers d’Orientation, puis les Conseillers en Formation Continue (CFC). En 1975, on estime à 4.000 le nombre de formateurs à temps plein et environ à 40.000 le nombre de personnes qui devraient mener à temps partiel des actions de formation.
Alain MEIGNANT 31 pose la question de savoir « qui sont les Formateurs » S’appuyant sur une étude de type sociologique portant sur les Formateurs « professionnels » à temps plein 32 , il en tire les observations suivantes :
Le fait de devenir Formateur constitue un signe de mobilité sociale descendante pour les premiers, ascendantes pour ceux qui sont d’origine populaire. Mais, dans les deux cas, elle s’effectue dans le sens de la marginalité : près des 2/3 ont connu, au cours de leur scolarité, des accidents de parcours (redoublement, maladie, interruption d’études). 85 % d’entre eux sont les « produits » de l’Education Permanente (mouvements de jeunesse et autres). Cette double marginalité, scolaire et professionnelle, semble aussi développer un discours critique du système scolaire (qualifié par eux de « grande maison ») et des attitudes équivoques vis-à-vis de l’entreprise (loin de l’institution de formation).
Se pose alors la troisième question, celle de la professionnalisation des Formateurs. L’effet de la loi de 1971 (J.DELORS) semble, à cette époque, avoir donné une impulsion à cette professionnalisation et à la création de systèmes éducatifs spécialisés dans leur formation.
En 1974, Guy le BOTERF et François VIALLET se posent la question de savoir s'ils se trouvent en situation professionnelle. Cela les amène, après s’être livrés à une véritable « entreprise de désencombrement », à dégager cinq profils principaux de Formateurs :
Alain MEIGNANT, tout en reconnaissant le mérite d’une telle clarification, émet deux remarques :
Au plan quantitatif , une enquête, réalisée par le CEREQ en 1994 33 , fait état de 5.600 organismes de formation continue, réalisant plus d’un million de francs de chiffre d’affaires. Au total, ces organismes emploient, à titre permanent, 153.000 personnes sous contrat de travail, dont 100.000 Formateurs et responsables pédagogiques. Les trois quarts occupent moins de 30 salariés ; on reste dans l’univers de la petite entreprise, mais l’activité sollicite assez massivement, au-delà des ressources internes, la mobilisation de compétences pédagogiques externes.
Cette étude ne concerne que 15 % des organismes. Les petits organismes de formation, non présents dans l’échantillon, captent à eux seuls les 4/5 des financements et emploient plus des 2/3 des personnels appartenant au champ professionnel. L’étude fait ressortir que 40 % des contrats de travail des Formateurs sont à durée déterminée et que 70 % de ceux du secteur privé occupent leur emploi depuis moins de cinq ans.
Au plan qualitatif , l’étude propose deux approches typologiques des organismes qui influent directement sur le statut des Formateurs :
Pour ce qui concerne le premier point, l'étude distingue :
Quant au second point, l’étude distingue trois modèles :
TERROT N. - L’éducation des adultes en France : 1789-1971. - Livre de Poche 1998 (réédition), p.16.
MEIGNANT A. - « La Formation des Formateurs ». Edition du Savoir Moderne, CERL 1975.
FRITSCH P. - L’éducation des Adultes - 1971, P.22-26.
Evolution des métiers de la F.P. et de leurs pratiques – CEREQ n°149 – Octobre 2000.