II.11/ Le temps de l'apprentissage

L'apprentissage a ceci de spécifique :

• il est un acte interne, individuel,
• il s'inscrit nécessairement dans une relation et, plus précisément, dans une interaction avec autrui.

Le sujet apprenant construit ou transforme des connaissances au travers d'un processus qui ne peut véritablement se réaliser que dans la confrontation interactive à l'autre.

Illustration : on pointera plusieurs "autres" :

• un autre symbolique, qui prend la forme d'un discours, un point de vue sur le réel exprimé (un texte, un CD-ROM, un programme télévisé…), mais aussi un comportement ou une situation qu'il observe sans nécessairement y prendre part comme acteur. L'interaction, dans ce cas, est purement symbolique, cognitive : le sujet mobilise son équipement cognitif (connaissances préalables, schémas opératoires…) pour traiter cette information à laquelle il est confronté. Il agit "cognitivement" sur cette information (il la sélectionne, l'organise, l'interprète…). En retour, l'information ainsi traitée peut avoir pour effet de transformer les structures de connaissances initiales.
• Un autre au travers d'une ou plusieurs personne(s) (formateur ou autre), avec le(s)quel(s) le sujet interagit par le truchement d'une conversation ou d'une tâche coopérative (prise de décision, résolution de problèmes…). On dira alors que l'interaction cognitive se double d'une interaction sociale.

Le sujet n'interagit pas uniquement avec de l'information nouvelle (un autre point de vue sur la réalité) mais également avec une personne porteuse de cette information et, de ce point de vue, on parlera dès lors d'interaction socio-cognitive.

La question, qui nous préoccupe dans ce chapitre, est de savoir à quelles conditions les interactions sociales peuvent affecter le processus personnalisé d'apprentissage. Peut-on trouver une voie entre faire l'économie de l'interaction sociale ou formation (apprendre à distance) et réaliser une interaction sociale dans la continuité avec un formateur (apprendre avec) ?