II.12/ LES EFFETS DU CLIMAT SOCIO-AFFECTIF

LA DIMENSION SOCIO-AFFECTIVE DE L'INTERACTION SOCIALE 52

Bon nombre de travaux traitent de cette question. Une recherche de MONTEIL en apporte une illustration particulièrement intéressante dans le contexte de la formation d'adultes. Son mérite est d'avoir distingué les dimensions cognitive et affective qui traversent l'interaction socio-cognitive et d'en tester les effets sur l'apprentissage dans un même dispositif de recherche.

Sur la première dimension, il distingue deux cas de figure possibles :

  • les interactions de type contradiction (désaccord entre les points de vue des partenaires)
  • et celles qui sont de type approbation (accord de ponts de vue).

La seconde dimension distingue :

  • les interactions de type contrariété (antagonisme, discorde, agressivité)
  • et celles qui sont de type aménité (cordialité, sympathie, bienveillance).

En croisant ces deux dimensions, l'auteur obtient donc quatre situations typiques, correspondant chacune à l'une des quatre combinaisons possibles.

Conformément à l'hypothèse, c'est la situation combinant contradiction et aménité qui s'avère la plus favorable à l'apprentissage. Ceci montre bien l'importance du climat socio-affectif dans lequel se déroulent les interactions socio-cognitives.

La recherche sur l'apprentissage coopératif et sur le conflit socio-cognitif donne des résultats qui vont également dans ce sens. Elle montre que l'efficacité des interactions entre pairs est, entre autres, liée à la mobilisation de comportements et d'attitudes relationnels et communicationnels adéquats de la part de tous les partenaires : savoir s'exprimer, écouter, manifester de l'empathie et de la bienveillance, critiquer l'idée et non la personne, s'entraider, tolérer et gérer le conflit et le désaccord, etc, ce sont autant de compétences dont la mobilisation apparaît comme une condition nécessaire à l'efficacité des interactions sociales pour les apprentissages.

Cette mobilisation par le futur formateur requiert elle-même plusieurs conditions. Elle est tout d'abord liée aux dispositions psychiques et affectives fondamentales du sujet (notamment l'estime de soi), ainsi qu'à son appartenance socio-culturelle. En outre, ces compétences ne sont pas nécessairement spontanées et peuvent requérir un apprentissage plus ou moins long, qu'il a ou n'a peut être pas suivi antérieurement.

Enfin, la situation de formation elle-même joue un rôle essentiel.

Les normes sociales explicites ou tacites, les comportements et attitudes du formateur, la manière dont la dynamique socio-affective du groupe est prise en compte et régulée, les consignes de travail et le type de dispositif pédagogique mis en œuvre sont autant d'éléments susceptibles d'influer sur le climat socio-affectif de la formation et sur l'inclinaison de l'apprenant à mobiliser effectivement ces compétences, à supposer qu'elles soient acquises et maîtrisées. A cet égard, la recherche sur l'apprentissage coopératif a montré que, si ce dispositif requiert effectivement la mobilisation de ces compétences pour être efficace, à l'inverse, il produit des effets notables d'entraînement. En d'autres termes, plus l'apprenant a vécu des situations d'apprentissage coopératif dans son parcours, plus il a de chances de disposer des compétences requises pour en tirer bénéfice.

Notes
52.

BOURGEOIS E. – Traité des Sciences et Techniques de la Formation –DUNOD – p.300 et 3001 – 2000.