MICA : METTRE EN MOTS SA PRATIQUE

Le savoir-faire du référent, à l'appellation relativement polysémique et floue, nous renvoie à une pratique qui est souvent "masquée" par la grande variété des situations dans lesquelles il se trouve (au parloir, dans la salle informatique, jamais en cellule) et de l'institution dont il dépend (le clergé pour les uns, la pénitentiaire pour d'autres…).

Le travail engagé au départ consistait, à partir du référent interne (du relationnel instauré auprès du détenu) à faire découvrir (et pratiquer) à celui-ci les points clés de la gestion d'un entretien structuré, doté d'un objectif déclaré. Dans tous les cas, le processus de personnalisation s'est enclenché –à la fois en groupe et à l'intérieur de celui-ci- par le fait de revivre et de réinterroger l'activité du référent. Ce dernier a précisé sa pratique aussi bien dans son "bagage expérientiel" que dans le rapport à l'objectif partagé au départ avec le détenu. Cette approche coopérative que nous avons vécue sur une année s'appuie sur une définition de l'activité humaine proche de la conception de LEONTIEV (1975/1984), c'est-à-dire tendue entre motifs, moyens et buts, et tente de cerner les "stratégies du sujet/détenu" comme indicateurs de compétences.

Notre démarche s'est efforcée de "reconstruire" le détenu au travers du discours (la condition de détention ne pouvait que nous y contraindre). Au travers de réunions de régulation auprès des référents (mais également par téléphone), il était question de s'intéresser d'abord à ce que le référent faisait, puis à ce qu'il disait de ce qu'il faisait, et enfin de ce qu'il faisait de ce qu'il disait, afin de faire ressortir son rapport à l'activité.

Notre rôle de Pilote, en l'occurrence, se bornant à enclencher des questionnement, aidant l'émergence de problématiques propres au référent. Le plus délicat a été de mettre "au diapason" les autres référents qui, parfois, étaient trop centrés sur leur propre binôme (référent/détenu) et de tenter de les interroger sur les pratiques convergentes. Ceci dans l'intérêt de mettre en mots ce qui n'apparaissait pas toujours clairement pour lui dans son activité.