Introduction

Combien de fois avons-nous entendu dans la salle des professeurs ce genre de réflexions: « ils ne sont pas motivés », « ils n’écoutent pas les autres », «je me casse la tête à préparer des cours interactifs et ils sont plus contents quand je leur donne des exercices ‘classiques’ tout simples ! Pourquoi je me donne tant de mal ? »…. « Je m’entends bien avec eux et pourtant, cela ne marche pas ! » Cela est vite démoralisant pour les enseignants.

De même, tout au long de nos carrières, combien de fois avons-nous entendu nos élèves prononcer des phrases telles que : « je suis nul en anglais », voire « les Français sont nuls en langues » ; « j’ai toujours détesté les cours de langues au collège/lycée » ; « ça sert à rien les cours, faudrait aller dans le pays », ou encore « il faut être corrigé tout le temps, si le professeur ne nous reprend pas, nous ne pouvons pas avancer » ?

Arrivés dans le supérieur, avec pour la plupart, presque 10 ans de cours d’anglais derrière eux, nos élèves ingénieurs de 1ère année ont bien évidemment non seulement des connaissances, mais des préférences et des préjugés déjà constitués. Car « ‘ l’idée que l’apprenant n’aborde pas le savoir la tête vide, mais s’en forge des représentations, est à peu près universellement admise par les chercheurs ’ » (Apprendre, n°98, p.32).

Nous considérons que ces représentations, souvent erronées ou inadéquates, peuvent constituer un frein à l’apprentissage. Ainsi, si nous voulons rendre l’apprentissage plus efficace, dans une optique d’autonomisation de l’apprenant, la modification de certaines de ces représentations s’avère nécessaire. Nous serons tentés d’aller encore plus loin que C.Partoune (1999) pour dire que non seulement tout dispositif d’apprentissage peut être, mais doit être considéré comme un essai pour enrichir nos représentations mentales : « ce qui pose question, c’est l’interprétation de ces représentations et comment les gérer... » (Apprendre, n°98, p.32).

La tâche s’avère donc difficile et pour le moins contradictoire. Car, en effet, il peut sembler antinomique de parler à la fois d’autonomie et de représentations ‘inadéquates’. En d’autres termes, avons-nous, enseignants, le droit de juger de ce qui constitue une bonne ou une mauvaise représentation ? Comment nous assurer que notre jugement est objectif, qu’il n’est pas influencé par nos propres expériences en tant qu’élève ?