1.2 Qu’entendons-nous par ‘autonomie’ ?

L’idée d’autonomie présentée par beaucoup de chercheurs est liée à la notion de contrôle. Pour Benson (2001, p.2), l’autonomie est surtout  la capacité de contrôler son propre apprentissage (‘the capacity to take control over one’s own learning’), Dickinson (1987), fait référence à l’investissement personnel dans le processus de prise de décision (“personal involvement in decision-making”) et Holec (1979), parle de la capacité de prendre en charge son propre apprentissage (“the ability to take charge of one’s learning”). Cependant, il faut également signaler l’existence d’imprécisions, d’ambiguïtés et de paradoxes dans la notion d’autonomie. Benson 2 (2001, p.1), les présente ainsi :

‘« Pour ses détracteurs, l’autonomie est une visée idéaliste, et sa promotion détourne de l’objectif véritable, qui est l’enseignement et l’apprentissage des langues. Pour ses partisans, l’autonomie est une condition préalable pour un apprentissage efficace ; quand les apprenants parviennent à développer leur autonomie, ils ne deviennent pas seulement de meilleurs apprenants en langues, mais aussi de meilleurs citoyens, plus responsables et plus critiques de la communauté dans laquelle ils vivent » (je souligne).’

Et Carré (2001), observe que « ‘ la notion d’autoformation peut certes être vue comme superflue parce que tautologique, redondante avec celle d’apprentissage (tout apprentissage est ‘auto !’, évidemment) ou parce que décidemment trop chargée d’idéologie ’ », mais qu’elle « ‘ reste néanmoins indispensable ’ ».

Notons que les auteurs font référence aux termes ‘d’autonomie’ et ‘d’autoformation’. Or, ces deux termes, semblant être d’un premier abord similaires, ne doivent cependant pas être confondus. Si ‘l’autonomie’ renvoie à un idéal philosophique vers lequel tout enseignement doit tendre, c'est-à-dire un principe qui prône la prise en charge de l’apprentissage par l’apprenant, la prise de décision, sa capacité à faire des choix en ce qui concerne les objectifs, le matériel, le rythme de l’apprentissage, etc., le terme ‘autoformation’, quant à lui, se réfère à un dispositif dans son ensemble, ‘hors cours classiques’, qui tente d’aider les apprenants à s’approcher de l’idéal de l’autonomie.

Pour bien distinguer le travail que nous faisons à CPE, intégré dans un cursus ‘classique’, d’un apprentissage ‘autodirigé’ ou ‘auto formé’, dans le sens d’apprentissage qui a lieu en dehors de la salle de cours, nous privilégions le terme ‘dispositif autonomisant’ à celui ‘d’autoformation’. La validité de notre position est confortée par le travail de Dickinson (1987), qui considère cette approche à l’autonomie comme un moyen pour aider les apprenants à s’investir davantage dans ce qui se passe en classe. L’autonomie, dans ce sens, serait donc un pas vers une efficacité accrue de l’apprentissage. Ce point de vue reste néanmoins discutable.

Notes
2.

“To its critics, autonomy is an idealistic goal and its promotion a distraction from the real business of teaching and learning languages. To its advocates, autonomy is a pre-condition for effective learning; when learners succeed in developing autonomy, they not only become better language learners but they also develop into more responsible and critical members of the communities in which they live”.