1.5 Autonomie en contexte

L’objectif global de l’école à long terme est d’amener progressivement nos élèves à « ‘ un niveau d’autonomie et de responsabilité correspondant à ce qui est demandé à un ingénieur débutant ’ ⁵  ». Ceci ne s’applique pas seulement au plan technique ou scientifique, professionnel dans le sens étroit du terme, mais également au plan relationnel et humain.

Alors, si nous regardons les indications venant des organisations d’habilitation des écoles d’ingénieurs, et de l’industrie, afin de mieux préparer nos élèves et de les rendre plus compétitifs sur le marché de l’emploi, il est suggéré, notamment par l’Accreditation Board, Engineering and Technology (ABET), USA ⁶ , que les élèves ingénieurs doivent, bien entendu, posséder un haut niveau scientifique, mais en outre, acquérir des compétences liées au travail d’équipe multidisciplinaire (« multidisciplinary teamwork skills »), ainsi que des compétences leur permettant de dégager et d’adopter des stratégies d’apprentissage utilisables tout au long de la vie, (« lifelong learning skills »).

Egalement, Rugarcia, Felder, Woods and Stice ⁷ (2000), suggèrent que les compétences suivantes sont nécessaires : les compétences d’apprentissage indépendant, interdépendant et tout au long de la vie (« independent, interdependent and lifetime learning skills »), les compétences liées à la résolution des problèmes, à la pensée critique et à la pensée créative (« problem solving, critical thinking and creative thinking skills »), le travail en équipe et les compétences interpersonnelles (« interpersonal and teamwork skills »), l’aptitude à la communication (« communication skills »), les compétences liées à l’auto évaluation (« self assessment skills »), et la gestion des changements (« change management skills »).

Cependant, comme nous le rappelle Benson ⁸ (2001, p.21) : « ‘ l’autonomie vise fondamentalement les intérêts des apprenants, plutôt que ceux des personnes qui exigent leurs compétences  ’». Nous ne devons donc pas perdre de vue que nous encourageons le développement des capacités ci-dessus énoncées, dans le désir de parfaire l’apprentissage de nos apprenants dans notre domaine, certes, mais aussi dans d’autres disciplines, et plus largement encore, au-delà des exigences d’une société consumériste, ceci dans l’intérêt de leur épanouissement personnel, tout au long de leur vie.Nous devons nous garder, en effet, contre une limitation de la notion d’autonomie aux exigences de l’industrie, afin de ne pas réduire l’apprentissage à la réussite d’objectifs purement matériels, comme ceux permettant l’obtention d’un ‘bon’ poste.

Si l’on reprend ces propositions, il s’ensuit que nos cours, quelle que soit la discipline, doivent essayer d’offrir aux élèves l’opportunité d’éveiller en eux :

• le goût pour l’apprentissage tout au long de la vie
• l’aptitude à la communication
• la résolution de problèmes
• la capacité de prendre en compte les aspects sociaux et éthiques dans le processus de prise de décision
• des compétences interpersonnelles et de travail en équipe
• la capacité d’auto évaluation.

Dans cette optique, l’enseignement des langues revêt de plus en plus d’importance dans le programme de notre école. Celle-ci explicite d’ailleurs, l’un de ses objectifs de la manière suivante ⁹  : « ‘ favoriser la mobilité internationale : semestrialisation des enseignements, stages à l’étranger de longue durée, échanges académiques en 3e année, apprentissage obligatoire de deux langues et de leur contexte culturel ’ ».Et si, comme nous l’expliquent Ellis & Sinclair ¹⁰ (1989), les apprenants, dans une optique d’autonomisation, sont ainsi mis en mesure de continuer à apprendre en dehors de la salle de cours, ils seront également mieux préparés à l’apprentissage dans d’autres systèmes d’enseignement et d’autres contextes de travail, en France comme dans d’autres pays.