2.5 Différences entre les représentations des apprenants et des enseignants

Déjà nous pouvons insister, comme le font Béghin et al (1994), sur l’importance de se rendre compte des interactions entre les représentations de l’enseignant et celles de l’élève. Willing & Nunan (1988),cité par Gardner & Miller (1999, p.41), lors d’études dans ce domaine ont trouvé seulement un point d’accord, entre les représentations de tous les acteurs concernés, sur diverses activités qui se faisaient en cours : l’utilité de pratiquer la conversation orale. D’où vient cette divergence ? Un point intéressant à considérer dans le contexte de CPE, pourrait être l’effet des représentations d’enseignants, avec une formation dans les humanités, sur la culture de la salle de cours, quand celle-ci est remplie d’apprenants spécialistes dans les sciences.

Mais la question de savoir comment prendre en compte une telle divergence d’opinion est complexe. La conception du savoir-transmission, qui place l’enseignant dans une position de supériorité par rapport à l’élève, impliquant que ce dernier ne sait rien, alors que le premier sait tout, nous amène très loin d’une logique de responsabilisation de l’apprenant. Nous ne pouvons pas non plus simplement basculer dans l’autre extrême qui consisterait à nous ‘plier à la volonté des apprenants’, si cela consiste à aller à l’encontre de tout ce que nous savons être bénéfique à l’apprentissage. Voilà pourquoi nous sommes d’accord avec Lamb 25 , quand il considère que la formation d’enseignants devrait comprendre une réflexion critique sur les inégalités de connaissance et d’expérience qui sont de manière implicite à la base des conceptions habituelles du corps enseignant.

Nous avons vu que les connaissances antérieures, issues de l’expérience, dans le sens très large du terme, influencent les dispositions mentales dans l’apprentissage, et nous aurons raison de nous interroger sur l’efficacité d’activités dont les apprenants ne perçoivent pas l’intérêt. Mais à quel point ces représentations, d’apprenants ainsi que d’enseignants, jouent-elles un rôle-clé dans l’apprentissage d’une langue ? Et quelle peut donc être l’influence de ces représentations sur les démarches d’apprentissage ?

Notes
25.

Cité par Benson, 2001, p.175, “….teacher education […] should also involve critical reflection on the inequalities of knowledge and experience implicit in professional assumptions about teaching and learning.”