3.4.4 Rôle de l’apprenant dans un travail en binôme

Travailler à deux en cours est une perte de temps :
D’accord Pas D’accord Partagé
Groupe 1 (niveau B2-C1)  1/12 (8.3%) 11/12 (91.7%)
Groupe 4 (niveau B1-B2) 3/17  (17.7%) 14/17 (82.3%)
Enseignants   7 (100%)  

Cinq réponses des apprenants du groupe 1 soulignent les avantages de la communication dans le travail à deux, constatant qu’ils apprennent « …plus en discutant », voire même que « c’est un moyen de progresser et de corriger les fautes de chacun ». Pour la réponse suivante, nous constatons l’existence d’une prise de conscience élevée : « ça dépend si les deux jouent le jeu ». Cependant, suite à un entretien avec l’enseignant, qui a constaté avec une grande surprise que ses élèves reproduisaient dans le questionnaire, exactement ce qu’il leur avait dit en cours, nous pouvons nous interroger quant à l’avantage, ou l’inconvénient, de simplement remplacer ‘tout fait’ la représentation antérieure de l’apprenant, par celle de son enseignant.

Par contre, il est évident que certaines représentations sont à revoir, pour plusieurs raisons. Les deux réponses suivantes du groupe 4 : « (oui et non) on utilise les mêmes mots tout le temps et on fait les mêmes erreurs » ; « on ne se corrige pas et on s’applique moins », nous montrent que ces représentations de l’erreur influent sur l’attitude des apprenants vis-à-vis du travail en groupe. De plus, leurs réponses indiquent que c’est le rôle de l’enseignant de faire les corrections, ainsi qu’un manque de confiance dans leurs capacités de s’entre aider, sans avoir recours à l’enseignant. Ceci semble entraîner une baisse de motivation par la suite : « …on s’applique moins ». La réponse suivante de la part d’un enseignant indique une prise de conscience préalable de ce genre de représentation chez les apprenants : « l’idée, c’est de communiquer ensemble, malgré les erreurs éventuelles ».

Dans la même ligne, nous retrouvons 3 représentations ‘négatives’ sur les 17 apprenants du groupe 4, quant au fait de « travailler à deux », ce qui pourrait être lié à l’idée que seul le contact avec des natifs, en l’occurrence l’enseignant, ou à défaut avec du matériel ‘authentique’, va faire avancer leur apprentissage de la langue. Ceci est explicité plus clairement par la réponse à la question ‘Qu’est-ce qui était moins utile et comment pourrait-on y remédier ?’ : « parler en classe entière et pas seulement dans notre coin par deux pour éviter de parler français ». Mais ces représentations négatives pourraient également être liées à un style analytique, (voir ci-dessus). En outre, nous constatons que cet apprenant semble se ‘déresponsabiliser’ du fait de parler français en cours, le locus de contrôle 28 restant du côté de l’enseignant.

En effet, les 2 réponses suivantes semblent indiquer une dichotomie au sein du même groupe : « si le travail à deux n’est pas un prétexte pour discuter, on gagne du temps » ; « si les deux personnes respectent les règles ». Auraient-ils été frustrés par un partenaire qui ne ‘jouait pas le jeu’ ?

Notes
28.

Cf. la discussion en chapitre 2.2