3.8 Représentations des enseignants sur l’année de travail

Si nous regardons la totalité des réponses fournies par les enseignants, à la question : ‘Prévoyez-vous des changements dans votre enseignement par rapport à l’année prochaine ?’, nous trouvons qu'elles sont assez éclectiques et il s’avère donc difficile d’en dégager des tendances :

• « Nos modules sont trop compliqués, je vais les simplifier un peu, laisser tous les élèves parler autant que possible, leur donner plus de travail à faire à la maison et plus d’opportunités d’écouter la langue dans tout son diversité ».
• « Plus d’écoute et plus d’écrit, en effet, mon groupe parlait bien mais à l’écrit c’était la catastrophe ! Il faut que je trouve plus de choses à regarder sur la télé (court – 2 à 10 minutes), sur cassette et puis des discussions/questionnaires. J’ai le sentiment de ne pas avoir aidé les étudiants à s’améliorer dans tous les domaines ».
• « Oui, introduire plus de choix dans le programme – encourager plus d’anglais en dehors des cours avec cassettes, vidéos, cinéma, livres et plus d’input authentique en cours ».
• « Non – j’ai eu une année normale avec les étudiants de 1ère année, pas particulièrement superbe ou affreuse. L’année prochaine j’ai l’intention de passer plus de temps sur la précision grammaticale au début de l’année, et leur laisser regarder un peu plus de télévision parmi les activités plus exigeantes en fin d’année. Je ne vais pas leur laisser regarder des films pourtant, bien qu’ils en aient envie. Ils n’ont pas besoin de moi pour faire cela ».
• « Toujours, les objectifs restent les mêmes, mais en fonction des intérêts et du niveau des étudiants, je pourrais procéder différemment en classe ».
• « Seulement à l’égard des supports utilisés ».
• « Non, c’est bien passé ».

Nous aimerions, cependant, souligner deux choses. Premièrement, certaines résolutions de la part des enseignants pour l’année à venir, notamment sur la quantité de travail à faire à la maison, sur la nécessité de faire de l’écrit en cours, ou de la grammaire, sont en opposition directe avec les réponses d’une majorité des apprenants. Comment gérer cette contradiction au mieux ? Que faire de ces représentations ? Ce qui nous amène à notre deuxième point : face à des représentations de la part de certains apprenants, qui semblent réclamer plus d’autonomie, d’un côté, et des représentations d’autres apprenants, qui semblent témoigner d’une dépendance de l’enseignant, de l’autre, et ceci au sein d’un même groupe, comment pouvons-nous gérer cette hétérogénéité au mieux ?

***

Nous avons essayé, lors de cette analyse, de dégager des tendances dans les représentations des apprenants, ainsi que celles des enseignants à CPE. Nous avons vu apparaître des contradictions, surtout en ce qui concerne l’usage de la langue maternelle en cours, l’opposition immersion-apprentissage, la correction de l’erreur et les rôles respectifs de l’apprenant et de l’enseignant. De plus, nous avons vu apparaître ce qui nous semble être des degrés différents de ‘besoin’ d’autonomie.

Pour en tirer des généralisations définitives il est clair que l'échantillon d'élèves nécessaires à une telle expérience devrait être beaucoup plus grand, il serait donc éventuellement nécessaire de continuer le questionnaire sur quelques années encore. Or, nous sommes conscients de la nature problématique que posent de telles généralisations, dans une vraie logique d’autonomie, et donc de valorisation de l’individu. Ainsi, la discussion dans le chapitre suivant portera sur les éventuelles approches à prendre, sachant qu’il ne s’agit, en aucun cas, d’élaborer un programme de travail prescriptif, définitif, basé sur l’idée d’un seul profil de ‘l’élève ingénieur’.