4.2.2 L’évaluation

Dans l’idéal, nous pouvons considérer qu’une stratégie n’est efficace que si elle est contrôlée et évaluée par les apprenants eux-mêmes. Alors, comme le remarque Philippe Perrenoud, cité par Pillonel & Rouiller (2001), « ‘ la réflexion traitant du domaine de l’évaluation amène à s’interroger sur une composante essentielle de sa fonction formatrice : l’auto évaluation ’ ». Cette évaluation peut donc être vue comme un moyen d’aider les apprenants, dans un premier temps, à développer une meilleure prise de conscience des changements dans leur apprentissage, et dans un deuxième temps, à aboutir à une prise de décision. Selon Biggs 33 , cité par Ramburuth, (in Reid, 1998, p.77), dans son expérience, ceci est bénéfique pour l’apprentissage. Il note que, « ‘ lors de leur lourde tâche consistant à évaluer leurs progrès dans l’apprentissage de la langue (semaine 6), les apprenants ont pu bénéficier du processus de méta-apprentisage, destiné à leur faire comprendre la façon par laquelle ils entrent dans le processus d’apprentissage ’ ».

Cependant, si l’auto évaluation « ‘ compose la pièce maîtresse d’un dispositif pédagogique favorisant l’émergence de l’autonomie du sujet apprenant ’» (Perrenoud, in Pillonel & Rouiller, 2001), sans un travail préalable sur les représentations des apprenants, il y a possibilité de « dérives sournoises ». Pillonel & Rouiller (2001), notent l’importance des « ‘ enjeux relationnels générés par la démarche auto évaluative … [qui] … risquent de faire manquer les buts visés par l’auto évaluation ’ ».

 Ainsi, si, dans cet idéal, le concept introduit « d’auto évaluation » permet aux apprenants d’intervenir et d’agir consciemment, en passant d’un savoir-faire non réfléchi à un savoir-faire réfléchi, et d’être plus autonomes, il existe concrètement un ‘danger’ de simplement déclencher une hétéro évaluation ‘intériorisée’. L’apprenant, sera alors tenté par le désir d’assumer un rôle de ‘bon élève’, c’est à dire de plaire aux enseignants. Plus simplement, au lieu de répondre à la question : ‘où en suis-je par rapport à ce que j’attends de moi ?’, l’apprenant risque de se demander : ‘où en suis-je par rapport à ce qu’on veut que j’attende de moi ?’.

Après tout, soulignons, comme nous l’avons vu en chapitre 2.2, l’importance de percevoir nos réussites, ainsi que nos échecs, comme quelque chose d’instable et de contrôlable.

Notes
33.

“In the challenging task of evaluating their progress in language learning, (week 6), students benefited from the process of meta-learning, that is, understanding how they engage in the learning process”.