2.1. Les spécificités de l’écriture en langue seconde

La production écrite d’un texte, nous l’avons vu, implique plusieurs types de connaissances qui participent à la mise en œuvre des différents processus rédactionnels : des connaissances métalinguistiques, des connaissances thématiques et rhétoriques, et enfin des connaissances linguistiques. Il est généralement admis que ces connaissances se répartissent selon deux groupes distincts : les connaissances métalinguistiques, thématiques et rhétoriques constituant l’expertise générale en production écrite et les connaissances linguistiques déterminant les performances des rédacteurs en langue cible.

Les rédacteurs adultes s’appuient le plus souvent sur leurs compétences rédactionnelles acquises en L1 pendant leur production en L2. Certaines stratégies ne semblent, en effet, être contraintes par le niveau linguistique en L2 : l’élaboration de buts et de sous-buts pour l’exécution de la tâche, l’organisation des idées.

Cela implique que des processus de haut niveau peuvent être activés pendant la rédaction d’un texte en langue seconde, même s’ils ne sont pas correctement articulés avec des processus de bas niveau tels que la formulation et la transcription.

Ainsi, comparativement à ce qui se passe en L1, la situation des rédacteurs adultes en L2 est spécifique. Ils peuvent, en effet, maintenir un certain nombre de leurs compétences rédactionnelles, tout en disposant seulement d’une base limitée de connaissances linguistiques, spécialement en ce qui concerne les connaissances lexicales et syntaxiques.

Par conséquent, les compétences rédactionnelles en L2 dépendraient en partie des compétences préalablement acquises en L1. Autrement dit, si les scripteurs sont compétents dans leur langue native, ils devraient pouvoir transférer certaines de leurs stratégies lors de la production d’un texte en L2.

Cependant, le degré de maîtrise en langue cible peut être source de contraintes pour la mise en œuvre des compétences rédactionnelles : la quantité des idées peut être limitée puisque leur expression est associée au répertoire lexical et syntaxique dont dispose le scripteur.

D’autre part, l’écriture en L2 renvoie à un mode spécifique de communication qui requiert de nouvelles habiletés communicatives. Chaque langue dispose, en effet, de conventions rhétoriques et stylistiques spécifiques qui peuvent engendrer une réorganisation profonde des compétences existantes chez le scripteur.