3. L’effort cognitif

Le concept d'effort cognitif entretient des rapports étroits avec celui de charge mentale. La charge mentale dépendrait simultanément des contraintes de la tâche que doit réaliser le sujet humain et de ses capacités de traitement, capacités dont la puissance résulterait de son niveau d'expertise. Plus précisément, la capacité cognitive d'un individu correspondrait à la quantité de ressources qu'il peut mobiliser. Ainsi, l’effort cognitif est pensé en termes de coût cognitif, c'est-à-dire de ressources allouées, à un instant donné, au système de traitement pour résoudre une tâche particulière en utilisant une stratégie donnée. Le coût du traitement est considéré comme étant relatif au degré de contrôle exercé par le système. Ainsi, plus l'activation des processus est contrôlée, plus elle exige de ressources attentionnelles ; à l'inverse, les traitements automatiques sont peu consommateurs de ressources. Nous pouvons donc établir un lien entre les capacités de contrôle, d'effort cognitif et d'attention du sujet humain.

Il est admis que la production d'un texte écrit met le rédacteur, même adulte et expérimenté, en situation de surcharge cognitive (Flower & Hayes, 1980) c'est-à-dire, que le cerveau a trop d’éléments à traiter simultanément en mémoire de travail. Afin de surmonter cette difficulté, le rédacteur, nous l’avons vu, organise, grâce au processus de planification, les buts et sous-buts qu'il doit réaliser séquentiellement afin de pouvoir contrôler son activité (Flower & Hayes, 1980). Il est tout aussi conventionnel d'affirmer que le rédacteur en langue étrangère, dont les capacités de traitement du texte (choix orthographiques, lexicaux, syntaxiques, etc.) sont trop peu automatisées, ne parvient pas à répartir ses ressources attentionnelles de façon équilibrée. Il néglige - et même sacrifie - ainsi certains aspects de son activité (par exemple, l'organisation fort coûteuse de la cohérence de son texte) afin de préserver la mise en mots de quelques idées.

L'accroissement de l'expertise est associé à la capacité du rédacteur à activer tous les processus rédactionnels en planifiant et révisant fréquemment, capacité que le novice limite à la mise en texte qu'il contrôle avec difficulté. Cette compétence traduit une augmentation de l'automatisation des habiletés discursives mais surtout une amplification des capacités métacognitives du rédacteur.

La question de l'expertise rédactionnelle peut, en effet, être posée en termes d'effort cognitif. Autrement dit, en termes d'automatisation des procédures (notamment celles concernant la mise en texte qui assure la traduction linguistique du message préverbal) mais aussi en termes d'usage plus ou moins délibéré et fréquent de la planification des idées (qui permet la collecte et l'organisation d'idées) d'une part, et d'autre part, du contrôle des textes produits (révision qui garantit la qualité des plans ou du texte écrit).

Il est alors intéressant de se pencher sur les "solutions" proposées par les logiciels d’aide à l’écriture.