5.1.2. Limites :

Nous sommes conscients que la rédaction en collaboration diffère de la pratique de l’écriture personnelle en solitaire et modifie les conditions de travail. Mais ce choix nous permet de dépasser l’analyse des seuls produits écrits, brouillons raturés et textes achevés, pour étudier le processus dynamique de la production d’écriture au fur et à mesure des activités de formulation et de rédaction. Il y a sans doute une certaine distorsion du processus rédactionnel introduite par le caractère collectif mais le binôme est une condition de travail ordinaire et naturelle ; ce qui n’est pas le cas de la technique expérimentale où le scripteur doit verbaliser tout seul à haute voix chacune de ses activités au fur et à mesure. Un autre inconvénient majeur de ces protocoles verbaux concomitants est qu’ils se déroulent en même temps que l’activité, si bien qu’ils perturbent le processus d’écriture : les ressources attentionnelles du scripteur étant fortement mobilisées par la tentative de mise en mots elle-même. Par ailleurs, certains mécanismes échappent à la conscience du scripteur qui, par conséquent, ne peut pas en parler. Afin d’éviter les risques de phénomènes d’interférences entre la verbalisation et le déroulement des activités cognitives impliquées dans la tâche principale, nous avons opté pour une analyse pragmatique de la conversation.