6.2. Représentations de la tâche de composition

Les rédacteurs développent des représentations différentes sur la difficulté de la tâche selon les situations de production. Elle est perçue comme plus laborieuse et plus coûteuse en temps dans la première situation que dans la deuxième. En effet, dans les corpus de la situation 1, on relève plusieurs expressions témoignant de la difficulté qu’éprouvent les scripteurs : "c’est dur de commencer", "je ne sais pas quoi dire quelque chose d’intéressant", "ah c’est dur ! " (deux fois), "oh c’est trop dur ! "…

Outre ces marques verbales, on observe plusieurs indices para verbaux liés à la prosodie et aux vocalisations. Beaucoup de propositions sont faites sur un ton dubitatif avec un mode interrogatif. On remarque aussi des manifestations vocales, notamment des soupirs et autres soufflements, qui, produites de façon conjointe à des signaux non verbaux tels que se gratter la tête avec un air dubitatif, se prendre la tête entre les mains ou encore lever les mains au ciel, soulignent les éléments verbaux cité ci-dessus.

Un autre facteur pertinent concerne la durée de réalisation de la tâche. En effet, pour composer le texte 1, les rédacteurs ont disposé d’une heure sans que ce laps de temps ne leur semble suffisamment long. On relève des expressions telles que "on n’a plus le temps" dans les corpus de chaque binôme. D’ailleurs, Carmen & Martien ne parviennent pas au terme de la tâche.

Extrait 1 – Carmen & Martien 1.

Tandis que dans la deuxième situation, ce même tandem exécute la tâche en un peu moins de trente minutes.

Le degré de satisfaction des scripteurs envers leur travail est également très variable selon la situation donnée. Ainsi dans les corpus 1, on note, à propos de l’appréciation de leur composition, les remarques suivantes "c’est pas bien" ; tandis que dans le corpus 2, on trouve "c’est pas mal ! ", "c’est intéressant", " (c’est) mieux que je m’avais imaginé" ou encore "ouais c’est bien hein ! ".

Les représentations des scripteurs semblent nous orienter vers l’hypothèse que les enrichissements de situation, tel l’utilisation de logiciel d’aides à l’écriture, constituent de réelles facilitations procédurales. Pour vérifier cette intuition, nous allons à présent procéder à une analyse fine de l’articulation entre les processus et le produit.