1. Rôle des représentations visuelles dans l’émergence du PEC (expérience 6)

Concernant la question du format des représentations en mémoire, quelques travaux conduits auprès de différentes populations de sujets (le plus souvent d’adultes) se distinguant par leur statut visuel (sujets voyants, aveugles, et présentant une faible vision) ont tenté de déterminer si l’imagerie visuelle constitue un pré-requis au traitement des informations visuo-spatiales. Certaines de ces recherches font état de performances plus faibles des sujets aveugles par rapport aux sujets voyants aveuglés dans des tâches spatiales, suggérant l’importance ou la nécessité des représentations visuelles dans l’analyse des propriétés spatiales (Bartolomeo, 2002 ; Heller & al., 1995, 1996 ; Mellet, 2002). D’autres montrent au contraire que les sujets présentant une déficience visuelle sont en mesure de réaliser efficacement (les performances des sujets déficients visuels s’avérant en général proches de celles des sujets voyants) des épreuves de même nature (Golledge & al., 2000 ; Heller, 2002 ; Heller & al., 2001, 2002 ; Kennedy, 1997 ; Kennedy & Markas, 2000).

L’expérience qui suit, conduite auprès d’enfants voyants, amblyopes précoces et aveugles précoces, porte précisément sur cette problématique. Elle vise à rendre compte du rôle de l’expérience visuelle dans la reproduction haptique de dessins complexes composés de formes géométriques simples emboîtées. Nous examinons ici les relations entre le statut visuel des enfants et l’émergence du PEC. Si l’imagerie visuelle facilite le traitement des informations visuo-spatiales, alors les enfants voyants devraient utiliser plus massivement le PEC que les enfants amblyopes précoces et aveugles précoces, dans la mesure où ce principe repose sur l’analyse des propriétés d’ensemble des stimuli explorés.