Nous aborderons successivement le rôle du codage verbal dans le maintien en mémoire des informations visuo-spatiales et l’incidence de la tâche et du format d’encodage des informations visuo-spatiales au cours du développement sur l’organisation de l’exécution des dessins.
La première analyse que nous avons réalisée concernait les performances des enfants dans la tâche de rappel des dessins. Celles-ci sont rapportées dans la figure 24.
L’ ANOVA selon le plan S<A3>*C2 (où A désigne l’âge, C le type de codage possible), a révélé l’effet significatif du codage (F(1,42)=24,72 ; p <.0001). Le nombre moyen d’items correctement rappelés lorsqu’un double codage (imagé et verbal) est possible s’est avéré supérieur à celui relevé pour la condition de simple codage imagé (les moyennes relevées atteignent 3,27 pour la condition de simple codage, contre 3,82 pour la condition de double codage, les écarts-types étant respectivement de 0,96 et 0,49). Les erreurs commises (cf. annexe 7b) par les enfants étaient de trois types : 1) oubli de l’une des formes élémentaires, ou 2) ajout de l’une des deux formes-intruses, ou encore 3) oubli de l’une des formes élémentaires et ajout de l’une des deux formes-intruses. Ainsi, au moins trois des quatre formes élémentaires étaient systématiquement rappelées.
Par ailleurs, si l’effet de l’âge n’est pas significatif, l’interaction âgecodage l’est en revanche (F(2,42)=3,12 ; p=.05), témoignant d’un accroissement différent au cours du développement de la capacité de maintien des informations visuo-spatiales, selon qu’un codage verbal peut être ou non exploité (la figure 24 illustre cette interaction). L’analyse des contrastes (comparaisons planifiées) montre qu’alors que les performances moyennes de rappel des trois groupes d’âge ne se distinguent pas significativement lorsque le double codage, verbal et imagé, est possible, celles-ci diffèrent au cours du développement lorsque seul le codage imagé peut être utilisé : les performances des enfants de 7 ans sont alors significativement inférieures à celles des enfants de 10 ans (F(1,42)=5,66 ; p=.02), et tendent à être plus faibles que celles des enfants de 9 ans (F(1,42)=3,19 ; p=.08).
L’interaction âgecodage témoigne également d’un impact différent du type de codage pouvant être exploité sur le maintien des informations visuo-spatiales selon l’âge des enfants. Les performances de rappel sont significativement supérieures en condition de double codage verbal et imagé par rapport à la condition de simple codage imagé à 7 ans (F(1,42)=23,25 ; p<.001) et à 9 ans (F(1,42)=5,81 ; p=.02). A 10 ans, les performances moyennes de rappel ne se distinguent pas significativement dans les conditions de simple et de double codage. Nous discuterons ultérieurement ces résultats.