1.1Mise en contexte et présentation du sujet

La difficulté de notre travail, mais aussi son intérêt résident dans le fait que notre analyse doit prendre en compte le caractère évolutif et dynamique du contexte dans lequel l’accès aux documents intervient et construit son économie ou plus précisément ses économies. C’est pourquoi, le cadre général, base de réflexion de toute problématique, est d’autant plus important pour bien penser la nôtre.

Le contexte qui nous permet de présenter notre sujet et nos questionnements prend sa source à la suite de la seconde guerre mondiale, dont les conséquences générales n’épargnent pas le monde spécifique de la recherche scientifique et par là-même les bibliothèques universitaires de recherche.

En effet, cette guerre a peut-être, plus que nulle autre auparavant, fait participer la science et ses chercheurs aussi bien dans son orchestration que dans son achèvement. La prise de conscience des enjeux de sa mise à contribution pour la politique et l’armement des Etats, l’a plus tard doté de financements sans précédents 4 .

La fin de la seconde guerre marque pour la recherche scientifique son autonomie. C’est aux Etats-Unis que s’amorce le début de cette autonomie, notamment grâce à la publication, en 1945, d’un texte ‘« The endless frontier ’» 5 qui revendique la ré-appropriation, par les chercheurs et les scientifiques, de la gestion de la science et de ses objets. L’auteur est Vannevar Bush, professeur de génie électrique au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et conseiller du président américain Franklin D. Roosevelt.

La croissance scientifique, caractéristique de l’après-guerre, doit beaucoup à ce texte, considéré aujourd’hui comme fondateur. La reconnaissance de cette revendication eut une influence significative sur la politique scientifique aux Etats-Unis, qui dès lors, vont lancer les premières mesures politiques et institutionnelles pour développer l’Information Scientifique et Technique - (IST) :

‘« Ce contrat entre scientifiques et gouvernements peut être résumé de la manière suivante. D’une part, le gouvernement s’engage à soutenir financièrement la recherche fondamentale que les scientifiques, sur la base de l’évaluation par les pairs, estiment la plus méritoire. D’autre part, les scientifiques assurent le gouvernement que la recherche sera effectuée dans les règles de l’art et qu’elle produira un flot continu de découvertes scientifiques qui pourront par la suite être traduites dans de nouveaux produits, de nouveaux traitements médicaux, de nouvelles sources d’énergie, de nouvelles armes, etc. » 6 .’

La chronologie des entreprises politiques menées en faveur de l’IST faite par Ghislaine Chartron dans son Habilitation à Diriger des Recherches (HdR) 7 permet de constater le rôle précurseur des Etats-Unis dans le développement de l’IST. L’Europe et la France accusent comparativement un retard d’une décennie environ.

Les enjeux de l’information scientifique et technique placent les universités et leurs bibliothèques dans l’appareil des politiques scientifiques qui se sont reconfigurées. Les Bibliothèques Universitaires – (BU), au service des missions de recherche et d’enseignement de leur université de rattachement, ont accompagné ce dispositif public financé par les gouvernements, en tant qu’outils ou services scientifiques.

Notes
4.

- Legault, Marie-Josée ; Trépanier, Michel. – l’organisation de la recherche scientifique, in : Couture, Marc ; Fournier, René-Paul. – La recherche en sciences : guide pratique pour les chercheurs. – Paris : De Boek Université, 1997. – 262 p.

5.

- Publié dans la revue Science, en 1945.

6.

- Legault, Marie-Josée ; Trépanier, Michel. – L’organisation de la recherche scientifique, p. 37, in : Couture, Marc ; Fournier, René-Paul. – La recherche en sciences : guide pratique pour les chercheurs. – Paris : De Boek Université, 1997. – 262 p.

7.

- Chartron, Ghislaine. - – L’information scientifique et le numérique, Habilitation à diriger des recherches, 2001.