1.2.1 Le service du PEB dans le champ des sciences de l’information

En tant que médiateurs entre un public et l’ensemble des collections qu’elles constituent, les bibliothèques sont un objet des sciences de l’information qui analysent les dispositifs de cette médiation. D’après l’étude faite par Yolla Politi, notre travail s’inscrit dans une tendance marquée de la contribution des thèses en sciences de l’information à la recherche sur les bibliothèques 30 . Les BU, objets de médiation, constituent un terrain privilégié pour les sciences de l’information. Les services de PEB font partie intégrante du rôle médiateur de la bibliothèque. Ce sont des services qui organisent la circulation des documents - ou de leurs reproductions – d’une bibliothèque à une autre, d’une collection à un usager.

Comme nous l’avons dit précédemment, les services de PEB ont été au départ mal acceptés. Leur intégration s’est produite dans la nécessité de répondre à une demande croissante des lecteurs qui avaient besoin de documents situés hors les murs de la bibliothèque. Le nombre de transactions de prêt ou de fourniture de reproductions qu’ils enregistraient a été considéré comme un ‘« signe de bonne santé ’» pour la bibliothèque.

En outre plus la bibliothèque comptait de transactions, plus cela laissait supposer la richesse de ses fonds ; le PEB pouvait donner quelques indices pour évaluer les fonds des bibliothèques. Aussi, plus le service comptait de transactions, plus la bibliothèque s’imposait en tant que médiatrice. L’exemple du réseau universitaire français l’illustre particulièrement : dans les annuaires des bibliothèques universitaires, l’augmentation des chiffres du PEB est interprétée comme une progression positive, révélatrice du bon fonctionnement du réseau. De ce fait, la circulation des documents peut être observée, quantifiée et peut même être formalisée, une des approches des sciences de l’information.

En s’intéressant aux dispositifs de circulation des documents, les sciences de l’information s’intéressent également à leur économie. L’économie contribue à l’évaluation, la compréhension et à la structuration de ces dispositifs. Il est significatif que peu après l’expansion des services de PEB dans les bibliothèques (milieu des années 1970), les coûts de cette économie de la circulation des documents ont fait l’objet d’études. Ces dernières se sont amplifiées avec l’apparition d’une infrastructure du réseau.

Les analyses coût-avantages permettaient de savoir dans quelle mesure on pouvait considérer l’efficacité des dispositifs de circulation des documents. Les raisonnements économiques se sont structurés sur deux niveaux, celui de la bibliothèque et de son modèle élargi pour former l’économie générale du service. La dialectique ‘« Accès versus Acquisition ’» 31 est certainement une des plus représentatives : une bibliothèque faisant partie d’un réseau, dont l’acquisition se fait dans la concertation, peut opter pour ne pas s’abonner ou se désabonner à un titre. Si elle juge que la demande qui est faite du périodique n’est pas assez importante pour justifier l’investissement de la somme de son abonnement, elle optera pour la FDD.

A ce titre, l’opportunité a un coût qui entre dans la dialectique économique de l’accès ou de l’acquisition 32 . La décision de la bibliothèque se fait donc en mettant en balance les coûts de l’accès et les coûts de l’acquisition.

Notes
30.

- Politi, Yolla. – « Les bibliothèques, objets de recherche universitaire », in : Bulletin des Bibliothèques de France, t.46, n°4, 2001, p. 65 et p. 67

31.

- Cette expression que nous employons, est un compromis entre l’expression anglo-saxonne « access versus acquisition » et celle de « accéder ou acquérir » qu’emploie Maurice Bernard Line dans un article du Bulletin des Bibliothèques de France (voir bibliographie).

32.

- Kingma, Bruce.- The economics of information : a guide to economic cost-benefit analysis for information professionals. - Englewood, Libraries Unlimited, 1996.- 200 p.