1.2.2 Quand le WEB et le numérique s’en mêlent !

La ‘« bonne santé ’» des services de PEB a été renforcée par la technique en perpétuelle évolution (photocopieuse, fax, messagerie, …) venue améliorer et amplifier une circulation des documents de plus en plus structurée. Depuis le début des années 1990, l’arrivée d’Internet et particulièrement du WEB 33 , la problématique de l’accès aux documents par l’intermédiaire des services de PEB doit être mise en regard avec l’accès électronique aux documents devenu possible par la dématérialisation des supports. De fait, l’évolution du modèle éditorial de l’article scientifique va nous amener à nous recentrer sur l’analyse des activités de FDD.

Les perspectives et les enjeux de l’accès à l’information scientifique pour les bibliothèques se situent désormais à mi-chemin entre une économie en crise et les opportunités d’évolution de la publication scientifique.

En effet, l’offre des ressources numériques disponibles sur le Web renouvelle les problématiques d’accès liées au support papier. Les périodiques électroniques, le plus gros de l’offre, proposent un accès immédiat au texte intégral des articles. Nous avons choisi la notion de ‘« périodique électronique ’» pour regrouper à la fois les périodiques créés ex-nihilo, les versions électroniques des titres papiers, les périodiques électroniques extension du titre papier, les périodiques électroniques réduction du titre papier et les périodiques papiers numérisés.

Comme le souligne Annaïg Mahé dans sa thèse 34 , cette définition ‘« englobe le support numérique et le réseau sur lequel elles transitent ’». Pour les besoins de notre sujet, nous intégrons également les périodiques papiers numérisés (disponibles sur Cd-Rom) qui ne sont pas toujours et/ou qui n’ont pas toujours été disponibles sur le réseau et qui ont cependant joué un rôle pour la fourniture de documents papier. En outre, un deuxième aspect de la définition est lié à la validation scientifique : notre définition des revues électroniques rejoint l’information publiée, qui est passée par un processus de validation scientifique.

Initialement, les versions en ligne des périodiques ont été couplées à la prise de l’abonnement papier, comme une valeur ajoutée. Elles ont été ensuite associées au papier avec une majoration variable. Au même moment, des périodiques électroniques ex-nihilo ont été proposés.

Les revues STM accessibles en ligne sur le marché s’étoffent rapidement 35 , d’autant plus qu’elles passent pour correspondre aux besoins actuels des chercheurs. Elles sont accessibles instantanément et intègrent parfois le multimédia, valeur ajoutée pour certaines communautés de recherche pour qui le support papier présente des limites en regard de leurs exigences pour la communication scientifique 36 .

Pour notre réflexion préalable, nous avons reconstitué de 1975 à 2000, l’évolution nationale du nombre des demandes émises et des demandes reçues dans les services de PEB des BU françaises. Après une ascension régulière des flux, la figure 2 ci-dessous montre une baisse nette, clairement observable (de 1994 à 1999).

Si l’on considère que l’évolution de l’offre des revues électroniques, sa structuration dans des dispositifs économiques d’accès à l’information, est inverse de l’évolution des flux des demandes émises et des demandes reçues dans les services de PEB, leur baisse s’expliquerait par le fait que les usagers chercheurs se détournent du papier au profit d’un accès électronique.

La chute nette des activités des services de PEB dans le réseau des BU françaises, apparaît donc dans notre raisonnement, comme un symptôme d’une saturation du modèle de la circulation des documents papier à l’intérieur du réseau et nous assistons aujourd’hui à sa réorientation.

L’accès direct et immédiat que permettent – entre autres – les documents numériques, joue en faveur de la précipitation de la saturation du modèle de la circulation des documents par les services de PEB. Notre problématique peut donc se définir de la manière suivante :

Comment reconsidérer la médiation des bibliothèques universitaires pour les publics des différentes sections par le biais de collections papiers et numériques et comment reconsidérer l’économie de cette nouvelle médiation ?

La seconde question que nous souhaiterions soulever est relative aux modèles des bibliothèques auxquels nous allons aboutir : la reconsidération de la médiation des bibliothèques universitaires par section va mener à quelle redéfinition des contours de l’offre de services ? Quelle pertinence gardera le modèle de la bibliothèque traditionnelle pour chacune des sections ?

Figure 2 : Evolution nationale française des flux de PEB et de FDD, de 1975 à 2000
Figure 2 : Evolution nationale française des flux de PEB et de FDD, de 1975 à 2000
Notes
33.

- World Wide Web créé au CERN (organisation européenne pour la recherche nucélaire), Suisse, en 1990, développé comme un outil de communication au potentiel sans précédent.

34.

- Mahé, Annaïg. – La communication scientifique en (r)evolution : l’intégration des revues électroniques dans les pratiques informationnelles des chercheurs en sciences de la nature comme révélateur des mutations du modèle traditionnel de la communication scientifique. Thèse de doctorat soutenue le 16 décembre 2002 (Lyon 1). < www.enssib.fr/bibliothèque/documents/these/mahe/mahe.pdf > (Consulté le 2 février 03)

35.

- Chartron, Ghislaine ; Marandin, Clarisse. – « Presse scientifique électronique : Analyse de l’offre des intermédiaires », in : Bulletin des Bibliothèques de France, 1998, t. 43, n°3, pp. 28-40

36.

- Crawford, Susan Y. ; Hurd, Julie M. ; Weller, Ann C.- From print to electronic : the transformation of scientific comunication.-ASIS, 1996.- 117 p.