1.2.3 L’économie de la circulation des documents sous l’angle du marketing des services

L’opportunité, un des trois fondements économiques pour la constitution des collections, peut être un fil conducteur pertinent pour analyser la réorientation de l’économie de la circulation des documents vers une économie numérique. La prise en compte de l’opportunité ou du temps comme fil conducteur amène à s’intéresser à l’usager et à ce que les collections peuvent lui apporter comme documents pertinents.

Or, les sciences de l’information qui décrivent et s’intéressent aux pratiques et aux usages peuvent apporter une interprétation à cette évolution particulière de la circulation des documents. D’autant que le numérique apparaît comme un terrain renouvelé pour aborder les questions d’usages. L’analyse de l’évolution de la circulation des documents devra donc être mise en regard avec l’analyse des pratiques informatives, placées elles-mêmes dans un contexte plus large, celui de la publication scientifique.

Notre travail, qui s’inscrit dans le cadre général des sciences de l’information, nous permet de nous pencher sur un système d’information qui montre des signes de saturation et annonce par là-même une réorientation. Pour analyser cette dernière, la modéliser, nous avons besoin d’un outil d’analyse capable de prendre en compte la double approche socio-économique de notre sujet : le marketing des services d’information.

Une des manières de poser le problème de l’économie de la circulation des documents dans le cadre des sciences de l’information est de l’envisager sous l’angle de l’usager. Jusque là, l’organisation de la circulation des documents est identique dans les bibliothèques universitaires (par le biais des services de PEB) pour toutes les sections universitaires et donc pour tous les domaines.

Cela sous-entend que les services de PEB sont censés pouvoir répondre aux besoins de tous les usagers par une seule et même configuration. Pourtant, si l’on considère l’organisation administrative des bibliothèques universitaires par section, on obtient quatre grandes catégories de publics, les usagers des sections de la Santé, les usagers des sections des Sciences et Techniques, les usagers des sections des Lettres, Sciences Humaines et Sociales et les usagers des sections Droit Sciences Economiques Gestion qui n’ont sans doute pas les mêmes pratiques documentaires.

Or, voilà que le numérique permet de reconsidérer l’environnement économique dans lequel l’acquisition, la conservation et la consultation se pratiquent et nous poussent à reconsidérer l’analyse du modèle de la bibliothèque. La dématérialisation des documents scientifiques permet aujourd’hui de repenser cette économie de la circulation des documents scientifiques de manière plus pertinente dans chaque domaine. Elle est l’occasion de redéfinir la médiation offerte par un service traditionnel. Dans cette approche, l’usager devient partenaire du processus de médiation 37 . Dans le langage du service, il consomme et participe à la production du service simultanément : il est coproducteur 38 . Notre volonté d’analyser la nouvelle médiation qui se dessine sous l’angle du marketing des services, trouve donc ici toute sa pertinence.

Nous rejoignons ainsi le cadre d’analyse et les travaux autour de la bibliothèque en tant qu’organisation de service. Notre travail fait donc appel au marketing des services comme outil d’analyse. Nous ne démontrerons pas le bien fondé de la démarche marketing. Cela a déjà été fait par des travaux antérieurs publiés 39 . Nous employons le raisonnement de la démarche marketing pour construire notre démonstration.

Notes
37.

- Le Coadic, Yves. – Usages et usagers de l’information. – Paris : ADBS : Nathan, 1997. - 128 p.

38.

- Muet, Florence. – La bibliothèque en tant qu’organisation de service, pp.47 – 57, in : Salaün, Jean-Michel (Dir.).- Economie et bibliothèques.- Editions du cercle de la librairie, Paris, 1997, 234 p.

39.

- Voir bibliographie.