1.2.4 Une économie favorable au financement de l’édition électronique 

L’augmentation des coûts de production du secteur éditorial et le manque à gagner provoqué par la diminution des ventes occasionnées par la FDD, figurent parmi les arguments présentés par les éditeurs pour justifier l’augmentation des coûts de la documentation scientifique.

Or, une analyse réalisée par Jean-Michel Salaün ⁸⁵ à partir de données fournies par différents éditeurs commerciaux a pu démontrer que les coûts de production n’interviennent que très peu (dans une proportion d’un tiers seulement) dans l’augmentation globale des coûts.

Ces résultats ont été confirmés par des études anglo-saxonnes ⁸⁶  ; elles démontrent que la FDD n’a pas d’influence sur les désabonnements des bibliothèques puisqu’elle est pratiquée majoritairement pour des usagers étrangers à la discipline du périodique. C’est plus précisément l’augmentation des tarifs pratiquée par les éditeurs qui incite les bibliothèques à se désabonner.

L’invalidité démontrée des arguments des éditeurs à propos de l’augmentation des coûts de la documentation périodique nous interpelle sur les raisons réelles de cette augmentation. Le recul que nous donnent les analyses ultérieures à la période abordée dans ce chapitre nous permet d’éclairer ce point d’ombre. Il paraît aujourd’hui probable que ces augmentations ont été pensées pour accroître les marges bénéficiaires des éditeurs afin de préparer les fonds financiers d’investissements qu’ils s’apprêtaient à engager dans l’édition électronique. L’avenir de ce projet étant incertain, les éditeurs auraient souhaité se protéger des éventuels échecs à essuyer.

Cette explication prend toute sa pertinence lorsqu’on observe les figures 6, 7 et 8, ci-dessus. On remarque que la croissance des prix explose à partir du début des années 1990, date à laquelle les premières expériences de paiement à la lecture (pay-per-view) et de fourniture électronique de documents se mettent en place.