1.3.5.1.Les limites économiques de la centralisation

Avec la qualité de ses services, le BLDSC ne subit pas de concurrence de la part des bibliothèques universitaires et de recherches britanniques. Andrew Braid ⁹² explique dans un article que, encore en 1990, peu de bibliothèques avaient automatisé leurs procédures de PEB au Royaume Uni. C’est pourquoi les BU et les bibliothèques de recherche ont tendance à s’adresser directement au BLDSC en premier recours pour les documents dont elles n’ont pas fait l’acquisition ⁹³ . Le BLDSC serait donc d’une certaine manière une alternative et un obstacle au partage de ressources et à la coopération qu’il est censé réaliser, à lui seul. En regard de cet état de fait, il existe peu d’écrits sur la coopération formelle ou informelle des bibliothèques britanniques.

Pourtant, des études faites en 1988 et reconduites en 1990 ⁹⁴ ont permis d’établir qu’il existait une dépendance économique du BLDSC vis-à-vis des bibliothèques qui sont le plus gros de ses clients. Si les bibliothèques venaient à réussir une fourniture de documents en coopération - uniquement pour ce dont elles sont capables de fournir entre elles, ayant pour la plupart favorisé une politique d’accès à une politique d’acquisition - les coûts de cette organisation seraient supérieurs à ceux du BLDSC. Cela ne signifierait pas pour autant une meilleure qualité de service. A l’issue de l’étude, il a été conclu que les bibliothèques constituant l’échantillon de l’enquête, ne pouvaient concurrencer le BLDSC en termes de coûts, d’efficacité et de compétences, particulièrement à une période connaissant hausse des prix et désabonnements. Ces résultats ont constitué une réponse argumentée aux questions existentielles que les auteurs anglo-saxons se sont posées concernant le BLDSC au tout début des années 1990. En effet, au vu du repositionnement des acteurs de la diffusion de l’information scientifique, des auteurs comme F. J. Friend ⁹⁵ ont voulu saisir cette opportunité pour pousser les bibliothèques britanniques à être moins dépendantes et à remettre en cause la viabilité du modèle britannique.

Par ailleurs, le BLDSC se verrait obligé de réviser ses tarifs à la hausse afin de maintenir sa rentabilité car comme le souligne Line en 1980 ⁹⁶ , si les bibliothèques peuvent considérer qu’une collection centralisée est économique, ce n’est pas l’avis du gouvernement à qui il incombe de la créer et de la maintenir. Les bibliothèques risqueraient donc de faire rapidement face à une fourniture encore plus onéreuse. Ainsi la stabilité des tarifs du fournisseur britannique contribuant à son succès - mais aussi son talon d’Achille - dépend dans une grande mesure des bibliothèques clientes, qui si elles venaient à le contourner, se pénaliseraient doublement. Et Alan MacDougall de dire que :

‘« Toute tentative de mise en place d’un système de fourniture alternatif pourrait mettre en péril la bonne marche des services du BLDSC et l’instabilité qui en résulterait pourrait mener à une augmentation des prix et à la fin de l’équilibre réalisé grâce au BLDSC » ⁹⁷ .’

Même dans un système aussi centralisé que le BLDSC, constituant un seul intermédiaire pour les bibliothèques clientes et leur permettant d’optimiser leurs coûts, il y a néanmoins une dépendance économique avec ces dernières. En outre, le modèle est à la merci d’une éventuelle baisse ou suppression de subventions.