1.2.2.4 Les expérimentations, vécues par les BU françaises

Des éléments extraits des entretiens menés auprès des professionnels ont pu nous éclairer sur le bilan des expérimentations électroniques dans les BU françaises (fin des années 1980 et début des années 1990 ). Ces éléments ont été apportés par des bibliothèques choisies comme sites pilotes de ces expérimentations. Ce sont de sections scientifiques et médicales et majoritairement CADIST. Parmi les professionnels rencontrés, quelques-uns seulement ont participé à ces projets, nous avons donc recueilli peu d’éléments à ce propos. Cependant, l’analyse de nos entretiens révèle que ces expériences ont laissé chez nos interlocuteurs des souvenirs qui leur ont permis d’aborder le phénomène électronique avec plus d’esprit critique et de recul que chez d’autres collègues qui n’ont pas été impliqués dans ces projets.

Ces expérimentations ont notamment suscité un sentiment de frustration car les potentialités entrevues pour leurs services ne l’ont été que grâce au caractère expérimental des projets qui ont permis d’outre-passer deux aspects essentiels, à savoir les insuffisances techniques et les limites juridiques.

Les éditeurs intéressés par les résultats de ces expériences avaient collaboré avec les bibliothèques et avaient ‘« mis toute leur bonne volonté et tous leurs moyens pour la réussite de ces projets ’». Ce sontcertainement les questions techniques qui ont constitué la plus grosse difficulté amenant parfois les professionnels à faire un constat d’échec de ces expériences.

‘« La bibliothèque a participé à deux expériences, FOUDRE et EDIL, et nous étions nous-même un pôle d’expérimentation. Pour le projet EDIL auquel j’ai participé personnellement, c’est une expérience de fourniture de documents électroniques, regroupant quatre pays européens, l’Allemagne, les Pays Bas, l’Angleterre et la France, accessoirement le Portugal. Nous nous sommes aperçus qu’au niveau technique, tout ne se passait pas bien, nous n’avons pu échanger efficacement les documents qu’avec l’un des partenaires, à savoir les Pays Bas, pour le reste c’était pour ainsi dire un fiasco et du point de vue juridique nous n’avons pu faire cela que parce que c’était une expérience. » Sci. 5’

Les expériences ont également permis aux bibliothécaires d’entrevoir la possibilité d’asseoir leurs activités de FDD en concurrence avec celle des fournisseurs commerciaux. Les professionnels ont souligné l’importance de mettre en avant leurs compétences pour prétendre concurrencer les fournisseurs commerciaux.

‘« Je pense que les bibliothèques pourront commencer à proposer les mêmes services que les fournisseurs commerciaux, si ce n’est qu’elles apporteront leur valeur ajoutée, c’est-à-dire des compétences et un savoir faire.» Sci.2’

Le coût jugé prohibitif de la FDD est un autre aspect soulevé lors des entretiens à propos de ces expérimentations et qui s’est révélé dissuasif pour les professionnels des bibliothèques. Manifestement, l’électronique n’avait pas tenu ses promesses quant à l’économie de ses coûts.

‘« Des projets tel que ION n’ont servi que pour l’informatique, on recevait n’importe quoi...mais nous étions connectés sur d’autres bibliothèques américaines et c’est l’avenir. A une époque nous avions envisagé d’acheter ADONIS pour le service du PEB pour éviter aux magasiniers d’avoir à se déplacer dans les magasins, remettre dans les magasins, mais vu les coûts nous avons arrêté, on n’a pas donné suite à cette expérience. Pour Adonis, nous devions reverser autour de 20 F par article, alors qu’à l’époque nous faisions payer 18F l’article, ce qui n’était pas possible » CA méd. 1’