La première vague de l’offre débouche directement des conclusions de l’expérimentation TULIP. Elle se concentre sur des périodiques médicaux puis scientifiques, versions en ligne de titres papier. Après avoir proposé en ‘« avant-première ’» les sommaires des périodiques, les éditeurs mettent en ligne le texte intégral des revues papier. Le lien hypertexte est la première valeur ajoutée de ce nouveau mode de diffusion de l’information 209 . Les éditeurs sont encore en phase de tests du marché et se contentent d’observer comment les revues électroniques 210 vont être accueillies par les publics.
Les périodiques électroniques sont proposés en produit d’appel. Ils sont gratuits pour les bibliothèques, comme une valeur ajoutée, un support d’accompagnement à la version papier et un bémol à leurs tarifs prohibitifs. Le développement de l’offre des versions électroniques des revues papier est, à ses débuts, étroitement lié au statut de ces dernières. Les stratégies pour développer l’offre numérique vont se diversifier en fonction des éditeurs et de leur engagement dans cette démarche.
Rapidement, l’offre s’étoffe. A partir de 1997, on identifie une ère industrielle 211 pour les périodiques électroniques. L’éditeur commercial Elsevier, précurseur dans la proposition d’une offre importante (plus de 1000 titres), tire les enseignements de la masse critique de l’expérimentation TULIP. Outre les versions électroniques, des titres de périodiques créés ex-nihilo apparaissent sur le marché.
Des points réguliers ont été apportés sur la croissance du nombre de journaux électroniques, principalement dans le domaine de la santé. L’URFIST de Paris, a régulièrement mis en ligne les résultats : <http://www.urfist.jussieu.fr/urfist/revues.htm>. Toutes disciplines confondues, le site NewJour <http://www.gort.ucsd.edu/newjour/index.html>, fait état d’un accroissement de 9846 périodiques entre 1991 et 2001. Cependant, à mesure que l’offre s’étoffe et se diversifie, la gratuité disparaît. Les versions électroniques sont proposées avec un surcoût à la version papier. Ils sont variables mais connaissent à leur tour une croissance sensible, passant de 10 à 30%. Les stratégies de prix obligent les bibliothèques à s’abonner au papier pour bénéficier de la version électronique. En outre, la tarification étant encore liée au papier, les surcoûts de l’électronique deviennent insupportables pour les bibliothèques.
Même si l’offre reste concentrée sur les périodiques électroniques, elle évolue aussi en se diversifiant. La littérature grise (thèses, cahiers de recherches dits working-papers en anglais, actes de congrès, etc.), les BDD en ligne 212 , les e-books, les documents pédagogiques et les fonds anciens sont autant de documents qui viennent côtoyer le plus gros de l’offre de périodiques en ligne.
L’évolution de l’offre montre cependant un clivage 213 entre les domaines STM et les domaines SHS qui présentent comparativement un retard. Le statut différent de la revue et de la monographie en SHS, la différence du marché de l’édition SHS, les enjeux économiques moins importants sont autant de raisons pour expliquer le retard.
- Chartron, Ghislaine, La presse périodique scientifique sur les réseaux, p. 303, (pp. 301-327), in : Rouhet, Michèle. - Les nouvelles technologies dans les bibliothèques, éditions du cercle de la librairie, collection bibliothèques, 1996, 386 p.
- Périodiques électroniques ou périodique en ligne est utilisée pour regrouper la typologie des périodiques, version électronique de revues papiers, revues électroniques créées ex nihilo.
- Chartron, Ghislaine. – Les chercheurs et la documentation numérique : nouveaux services et usages, Paris : Editions du cercle de la librairie, 2001. - 268 p.
- Odeh, Souad. – Marché des bases de données bibliographiques : mutations et stratégies d’acteurs, p. 159, in : Les chercheurs et la documentation numérique : nouveaux services et usages, 2001.
- Pernoo, Marianne et Perol-Isaacson, Dominique dans : Les chercheurs et la documentation numérique : nouveaux services et usages, Paris : Editions du cercle de la librairie, 2001. - 268 p.