1.3.1.3 Représentation et éléments moteurs dans les BU

La mise en place du consortium COUPERIN en tant qu’organisation et dispositif d’accès élargi à la documentation électronique a été accueillie avec enthousiasme dans les BU. COUPERIN n’est pas le premier pas vers l’intégration de la documentation au sein de l’université, mais c’est sa démarche multidisciplinaire et nationale qui lui confère un tel impact. Certains groupements le précédant ont été fondés sur une assise locale à l’échelle d’un campus (Nice) ou d’une ville (Aix pour Science Citation Index) 240 . De même, des consortiums thématiques viendront compléter l’approche disciplinaire de Couperin, comme le réseau national des bibliothèques de mathématiques 241 qui regroupe plus de 60 bibliothèques spécialisées.

L’accueil favorable réservé à Couperin est aussi en rapport avec la représentation du concept de consortium liée chez les professionnels avant tout, à ce qu’il convient d’appeler la crise éditoriale scientifique. Ils espèrent trouver par ce modèle économique une solution au cercle vicieux des désabonnements des bibliothèques, à l’augmentation des prix de périodiques et aux coûts trop lourds de la FDD.

‘« Les consortiums sont une porte de sortie pour les bibliothèques qui sont livrées pieds et poings liés dans la spirale infernale des éditeurs. Sinon ce sera du gigantisme et de la mondialisation. » Méd. 5’ ‘« Je pense que l’avenir des BU françaises est dans ce modèle (le consortium), parce que jusque là les politiques documentaires étaient définies dans les universités, il va falloir gérer quelque chose qui dépasse le niveau strict de l’université et créer des groupements, ce qui signifie qu’il va falloir s’engager ensemble pour plusieurs années. » Sci.2’ ‘« C’est la solution préférable pour pouvoir continuer à acquérir des revues. Nous avons vite repris notre individualité après la crise des années 1980, dès que les budgets ont redémarré et que la situation a été meilleure, je crois que les BU n’ont pas su tirer des leçons. De ce point de vue, faire partie d’un consortium dans le cadre d’un contrat et d’une coopération formalisés sera une chance pour les bibliothèques pour ne pas rater l’occasion de se rattraper.» CA Méd. 2 ’

L’analyse des entretiens révèle que pour les responsables des services de PEB que nous avons rencontrés, le consortium rejoint la notion de bibliothèque électronique. Cependant, leur réflexion sur la question reste prudente quant aux promesses du concept.

‘« Fatalement, les bibliothèques scientifiques et médicales seront électroniques, ce que nous vivons en ce moment avec l’édition et les usagers, je pense que c’est ce qui permettra de répondre à la demande des usagers qui ne cesse d’augmenter. Nous continuerons à servir les lecteurs, mais ce seront les instances supérieures qui auront d’abord réglé les problèmes de droits d’auteurs » CA Méd. 2’

Le consortium, et a fortiori COUPERIN, est plutôt considéré comme un modèle d’accès permettant de mieux répondre aux besoins des usagers que le modèle d’accès traditionnel.

‘« Je ne suis pas pour le tout électronique, pas pour l’instant du moins, il faut rester complémentaire. On peut s’intéresser au concept de bibliothèque électronique, telle qu’elle est décrite actuellement, me paraît plus comme un fantôme que comme quelque chose de bien organisé » Méd.1’ ‘« Les chercheurs ont encore besoin du papier, ils veulent travailler sur le papier, mais pour certaines revues bien sûr ; il y a aussi le problème de l’archivage qui se pose bien entendu, qui va archiver et l’archivage électronique n’est pas garanti à long terme par les éditeurs, donc il faudra quand même un stockage papier. C’est cela le problème, c’est savoir comment organiser à la fois le stockage durable et la communication, la diffusion de l’information par les revues. Pour pouvoir discuter de cela avec les éditeurs je crois qu’il faudra nous regrouper à l’échelon national sinon à l’échelon européen. (...) Je pense que tant que l’on ne représente pas un vrai groupe avec un pouvoir financier et décisionnel important, on n’aura pas des négociations extraordinaires » Sci.2’
Notes
240.

- Freshard, Chantal ; Okret, Chritine.- « La documentation électronique : état des lieux et perspectives de développement dans les bibliothèques des établissements d’enseignement supérieur français », in : Bulletin des Bibliothèques de France, t.44, n°4, 1999. pp. 62-65.

241.

- Sureau, Geneviève ; Teissier, Bernard. – « Le réseau national des bibliothèques de mathématiques », in : Bulletin des Bibliothèques de France, 2003, t. 48, n°2, pp.56-58