1.3.1.6 Quel(s) scénario(s) pour l’archivage ?

On ne peut se pencher sur la collection sans envisager sa conservation. Or, l’un des problèmes les plus épineux à résoudre, face à la nature immatérielle des documents électroniques pour les bibliothèques, c’est celui de leur conservation. Il s’est posé dès le contexte expérimental de la publication scientifique, sans résultats probants. L’enjeu pour les bibliothèques porte sur la préservation de ‘« l’intégrité de l’objet numérique, tout en permettant à l’utilisateur de continuer à l’utiliser, c’est-à-dire de faire des recherches d’information et d’afficher les données de manière identique ’» 243 . La réflexion ‘« technique ’» autour de cette question s’est d’abord animée conjointement entre les bibliothèques pour qui c’est une question coûteuse et les éditeurs pour qui c’est une activité ‘« non rentable ’». La liste de diffusion ‘« Liblicence ’» animée par Ann Okerson témoigne des débats entre professionnels sur cette question centrale et pointe l’importance de la négociation.

A ce jour, on ne voit pas encore poindre une tendance nette 244 . Il s’agit plutôt de différentes possibilités auxquelles sont arrivés les éditeurs et les bibliothèques lors des négociations, comme proposer de garantir l’archivage par le maintien de l’abonnement. Les bibliothèques ne gardent leurs prérogatives de conservation que dans les limites des modalités contractuelles de la licence ; à savoir que l’accès est garantit par l’abonnement et disparaît avec la suppression de celui-ci. Dans certaines bibliothèques, le papier reste la ‘« technologie ’» la plus sûre et la moins onéreuse pour assurer la conservation des documents. Le rôle des bibliothèques dans cette tâche est souligné en vue de conserver les documents ‘« dans un lieu indépendant des éditeurs, des auteurs et de leurs organismes d’affiliation ’» 245 .

Plus récemment, la conservation des fonds libres, dans leur dimension évolutive, est venue s’ajouter à la problématique générale de l’archivage. Elle se manifeste en dehors du modèle traditionnel de la publication scientifique et du périodique scientifique comme support de conservation. Le mouvement des archives que nous abordons ci-après tente de mobiliser la communauté des chercheurs autour de cette question pour proposer des solutions techniques à l’archivage des documents dans leurs versions progressives. Cela soulève à nouveau un débat autour de la définition de la nature de l’information et du modèle d’économie publique ou marchande dans laquelle elle s’insère. La latence de la solution au problème de l’archivage peut, néanmoins, être pondérée par la réflexion active et continue des différents acteurs impliqués (éditeurs, agences d’abonnements, consortiums de bibliothèques, auteurs scientifiques,…) et de l’évolution des technologies de l’information sollicitées à cet effet.

Notes
243.

- Lupovici, Catherine. – « Les stratégies de gestion et de conservation préventive des documents électroniques », in : Bulletin des Bibliothèques de France, 2000, t. 45, n°4, pp.43-54

244.

- Digital electronic archiving : the state of the art and the state of the practice, < http://icsti.org/confernces.html > (Consulté le 18 novembre 03).

245.

- Le Moal, Jean-Claude. – « La documentation numérique : concurrences et rivalités », in : Bulletin des bibliothèques de France, 2002, t.47, n°1, pp.68-72.