Deuxième partie : Mise en perspective disciplinaire de l’évolution du modèle des BU françaises dans le numérique

La désintermédiation des bibliothèques universitaires françaises, sur laquelle conclut la première partie de ce travail, est également à l’origine d’une démarche de réintermédiation entamée par les BU dès la seconde période, définie par ce travail (1995-1999). La deuxième partie se consacre donc essentiellement à démontrer que le processus de réintermédiation est déjà amorcé chez les BU françaises, à des degrés différents, selon les sections.

Tout d’abord, nous avons choisi de revenir sur le modèle de la bibliothèque traditionnelle sous l’angle du service, fil d’Ariane de notre raisonnement. Le Chapitre IV aborde l’analyse des articulations de la bibliothèque traditionnelle (base-arrière, base-avant) pour les projeter dans l’environnement des ressources numériques. La collection, fondement du modèle, permet dans le contexte numérique de repousser les limites de ces articulations, afin de dessiner les nouvelles formes de la bibliothèque en réintermédiation.

Quatre stades successifs représentent le processus de réintermédiation en action dans le réseau universitaire français. Ils sont proposés dans un schéma récapitulatif (figure 18) en fin de chapitre. Ce schéma sera utilisé comme une « grille graduée » pour situer les étapes de la réintermédiation de la bibliothèque traditionnelle. A partir de ce schéma, nous révèlerons à quel(s) stade(s) du processus se situent les bibliothèques universitaires françaises.

Or, pour ce faire, et toujours dans la démarche du service qui est la nôtre, il est nécessaire de prendre en compte le caractère » segmenté » du réseau universitaire français, à savoir son organisation administrative par sections ou par grands domaines : les sections Santé, Sciences et Techniques (communément regroupées sous le sigle STM), Droit Sciences Economiques Gestion – (DSEG) et Lettres Sciences Humaines et Sociales – (LSHS).

L’analyse des activités des services de PEB, révélatrices des tendances de réintermédiation des bibliothèques au niveau national, seront encore une fois sollicitées, aux côtés de données qualitatives, sur la seconde période définie par notre travail (1995-1999). En effet, grâce aux données de l’ABES, il est devenu possible de pousser l’analyse plus finement, par grand domaine.

Une étude sous le prisme des sections universitaires va donc permettre de relativiser l’analyse nationale abordée dans la première partie de notre travail. Elle situe l’évolution du processus de réintermédiation de la bibliothèque par l’analyse de l’évolution des activités des services de PEB, dans le contexte plus large de l’évolution de la publication scientifique de chacun des domaines. A ce titre, nous allons nous intéresser aux usages des communautés des publics des différentes sections abordées pour comprendre comment ils sont amenés à évoluer – ou pas – au contact des différents dispositifs d’accès aux documents scientifiques. Un aperçu de l’offre documentaire et une synthèse des usages et des pratiques va permettre de prendre en compte le « système social et organisationnel du besoin d’information »264 dans chacun des grands domaines représentés par les sections universitaires.

Le but de cette deuxième partie va donc s’attacher à prendre en compte les différences des publics dans les différentes sections des BU pour mieux analyser les offres de services mises en œuvre pour répondre aux besoins des usagers et dans quelle mesure le service du PEB tient encore une place. Il s’agira aussi de dégager les différentes offres de services relatives à chaque section et par voie de fait, le modèle de bibliothèque qui en découle. C’est le propre de la démarche du marketing selon laquelle « on n’existe que quand on agit ». Cette démarche nous engage à proposer des modèles de bibliothèques capables de relayer les impératifs renouvelés de la publication scientifique.

Nous préciserons, toutefois, que notre recensement de la littérature ne révèle pas d’études antérieures réalisées autour de l’analyse des activités des services du PEB par section. Ce travail est donc une première pierre dans ce sens et doit être abordé dans les limites de cette contribution. La première limite rejoint l’angle précis et réduit de notre problématique, positionnée clairement du côté de la bibliothèque. La deuxième limite de notre analyse porte sur la notion de section universitaire, à savoir un ensemble – cohérent – de disciplines. Les résultats de l’analyse portent sur cet ensemble. Or, il n’est a priori pas possible de les transposer à chacune des disciplines ou sous-disciplines. Par ailleurs, une analyse par discipline aurait nécessité d’isoler les publics, les collections et les services, ce qui n’a pas été possible. Les services de PEB sont clairement identifiés à la bibliothèque de la section, et aucun outil lié aux activités du PEB ne permet encore d’isoler la discipline de laquelle relèvent les demandes.

Notes
264.

- Le Coadic, Yves. – Usages et usagers de l’information. – Paris : ADBS : Nathan, 1997. – 128 p.