1.2.2 Réalisation de la servuction en base-avant

La modélisation économique de la bibliothèque met en évidence la bibliothèque comme un système qui en un lieu, fait se rencontrer un public et une collection. De cette rencontre naît le service, à la caractéristique intangible et immatérielle. L’approche du service ouvre davantage la bibliothèque sur ses usagers en faisant de la collection une « potentialité de lecture concrétisée par une mise à disposition, pour un temps limité, de documents »269. Cette ouverture permet à la bibliothèque de se recentrer sur la consultation, service de base pour la bibliothèque270.

L’opportunité que nous avons retenue comme outil d’analyse pour la constitution des collections - en tenant compte de la concomitance de l’acquisition partagée et de l’accès dans le cadre du réseau - nous amène à faire intervenir la notion de servuction. Le concept de « servuction », proposé par Pierre Eiglier et Eric Langeard271, est le résultat de la contraction des deux termes, « service » et « production ». Il représente une simultanéité de la production et de la distribution272 des collections, comme le montre la figure qui suit :

Figure 12 : Fonctionnement de la servuction.
Figure 12 : Fonctionnement de la servuction.

Le lecteur est doublement acteur dans cette démarche ; il est le moteur qui incite les bibliothèques à proposer de nouvelles prestations et en même temps, il participe avec les bibliothèques à la construction et à la structuration de ces prestations à l’intérieur du service.

Comme le souligne Anne Munos273, la notion de servuction rejoint les premiers travaux de conceptualisation du marketing appliqués aux services dans les années 1970. Cette notion de l’économie des services dans laquelle nous voudrions inscrire notre travail, est utilisée comme cadre d’analyse pour appréhender les différents types et niveaux de consultation et donc d’accès mis en place par la bibliothèque. L’implication de l’usager dans ce processus amène à une simultanéité de la production, de la distribution et de la consommation du service.

‘« C’est cette nécessaire implication du client dans l’existence et la réalisation de l’activité de service qui se dégage comme critère fondamental de la définition des activités de service »274.’

Le réseau des CADIST en France, abordé dans la première partie de ce travail, est un exemple typique de la coopération des bibliothèques et de l’organisation des « base-avant » en réseau. Plusieurs niveaux de servuctions sont proposés par la bibliothèque : la fourniture par fax, le PEB, la FDD ou la microfiche.

Notes
269.

- Salaün, Jean-Michel (Dir.).- Le modèle bibliothéconomique, p. 21, in : Economie et bibliothèques.- Editions du cercle de la librairie, Paris, 1997, 234 p.

270.

- Idem.

271.

- Eiglier, Pierre ; Langeard, Eric. – Servuction : marketing des services. – Paris, McGraw Hill, 1987. – 197 p.

272.

- Muet, Florence. – La bibliothèque en tant que organisation de service, in : Salaün, Jean-Michel.- Economie et bibliothèques.- Editions du cercle de la librairie, Paris, 1997, 234 p.

273.

- ‘Munos, Annie. – « Servuction et coopération : une approche marketing de la coopération dans les services », in : ’ ‘Revue française de marketing,’ ‘ n°167, 1998, pp. 51 – 63’

274.

- Mayère, Anne, citée par : Muet, Florence. - La bibliothèques en tant qu’organisation de service dans : Salaün, Jean-Michel. - Economie et bibliothèques.- Editions du cercle de la librairie, Paris, 1997, 234 p.