1.4.2.1 Un exemple français

Les périodiques représentent le plus gros de l’offre de fonds numérisés. Cependant, il existe également des projets de numérisation d’ouvrages. En outre, la numérisation n’est pas réservée aux SHS. A titre d’exemple, les mathématiques s’investissent dans des projets de numérisation d’ouvrages et de périodiques296. L’exemple de CEFAEL est français et s’intéresse exclusivement aux ouvrages. CEFAEL297 est un projet à l’initiative de la bibliothèque numérique de l’Ecole Française d’Athènes – (EFA). Il propose l’accès à l’ensemble des ouvrages publiés par l’EFA depuis 1877, soit 500 volumes. Au vu de la diversité des partenaires (EFA, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, CINES, etc.), CEFAEL est un projet collaboratif. Il est d’emblée défini comme un projet qui a servi « d’expérimentation à la validation des outils de numérisation et de robotisation mis au point par des équipes de spécialistes ». C’est aussi un projet interdisciplinaire car il intègre une dimension scientifique et technique liée à son déploiement et à ses acteurs ; ceci le distingue des autres projets à orientation SHS, tels que JSTOR. CEFAEL n’est donc pas un projet de recherche mais un projet d’application qui fédère des outils existants et les expérimente.

A l’instar des précédents, ce projet prend en compte, et de manière particulière, la question épineuse de la conservation, qui préoccupe à la fois les auteurs, les éditeurs et les professionnels de bibliothèques. Ces derniers le sont particulièrement, en voici une illustration, par la voix d’un responsable de service de PEB de bibliothèque CADIST :

‘« Si on acquiert des revues sous forme électronique, la première des choses à faire c’est tirer chaque mise à jour pour en faire une revue, on en revient donc au papier. Ce n’est pas une panacée, c’est bon peut être pour une denrée périssable, des articles qui suivent l’actualité mais pas pour nous. La différence, c’est que nous ne sommes pas un centre de documentation de laboratoire qui consomme de la denrée immédiate, nous sommes obligés d’archiver. On a nos historiens, nous sommes obligés d’avoir des historiques. On a besoin de documents anciens. Une réflexion est nécessaire sur la conservation. » CA SHS 1 ’

Cette crainte, tout à fait contestable, compte tenu de la pérennité des impressions, confirme la méconnaissance, déjà mentionnée, des professionnels des bibliothèques de l’environnement électronique et de ses potentialités pour repenser leurs missions, leurs fonctions et renforcer leurS rôles. Car, comme le soulignent Guylaine Beaudry et Gérard Boismenu298, impliqués dans un projet similaire à ceux abordés ci-dessus, le projet Erudit299 :

‘« Ces projets démontrent qu’en recherchant des partenaires crédibles pour assurer le support informatique, l’édition savante trouve dans le monde électronique une nouvelle vigueur. Mieux même, elle ouvre un nouveau champ à la recherche théorique et expérimentale dans le domaine de la communication scientifique»300. ’

En effet, la propriété intellectuelle dans l’environnement numérique permet d’ouvrir la bibliothéconomie traditionnelle à un rôle éditorial. Dès lors, l’activité éditoriale et le rôle de la bibliothèque se confondent301. Toutefois, ce rôle ne s’acquiert pas naturellement, il se construit lentement, au rythme où la bibliothèque tente de trouver sa place dans la réintermédiation des acteurs de l'édition scientifique, c’est à dire au rythme où elle trouve son équilibre économique.

Notes
296.
298.

- Boismenu, Gérard ; Beaudry, Guylaine. – Le nouveau monde numérique : le cas des revues universitaires. – Paris, Editions La découverte, 2002. – 178 p.

299.
300.

- Boismenu, Gérard ; Beaudry, Guylaine. – Le nouveau monde numérique : le cas des revues universitaires. – Paris, Editions La découverte, 2002. – 178 p.

301.

Salaün, Jean-Michel. – Publication, édition, accès, quel modèle économique pour les médiateurs ? < http://archives.ccsd.cnrs.fr > (Consulté en mai 2003).