1.4.3 Les fonds libres

Une des premières caractéristiques des fonds libres concerne leur « non-publication » ; au sens traditionnel du terme, ils n’ont pas suivi un processus de validation scientifique par les pairs de la communauté du domaine. Une deuxième caractéristique est relative à leur nature évolutive ; ils sont susceptibles d’être réécrits dans un but d’amélioration, de progression. Le manque de visibilité caractérise également ces fonds non organisés, libres, comme l’indique leur nom.

En regard de la notion de collection, comme un fonds organisé de documents validés, les fonds libres amènent les bibliothèques à s’interroger activement sur leur rôle de médiatrice dans le modèle de la publication scientifique en (r)évolution304. Qui mieux que les bibliothèques seraient désignées pour prendre en charge la gestion des fonds libres. Il faut entendre par là, la gestion intellectuelle et technique de ces fonds qui s’appuient sur des logiciels libres. Des chercheurs continuent à envisager de prendre en charge cette tâche, mais cela n’est-il pas réalisable au détriment de leur travail de recherche ? Véritables réservoirs de documents ne faisant pas partie du circuit de l’édition traditionnelle, les bibliothèques doivent les signaler et les référencer afin de les intégrer dans leur paysage documentaire.

Bien des questions sur ce sujet restent encore en suspens. Toutefois, la réflexion autour du positionnement économique des bibliothèques peut gagner encore plus en pertinence si elle est étendue aux fonds libres, car elle s’inscrirait « dans une volonté clairement affirmée de normalisation, d’ouverture et de diffusion à l’ensemble de la communauté universitaire internationale »305. Cette réflexion alimentée notamment par les bases d’archives est sur le point d’aboutir par sa dimension technique. Les bases d’archives respectent majoritairement les protocoles OAI et permettent donc d’envisager une interopérabilité à saisir par les bibliothèques. L’enjeu est de taille car il permettrait à la bibliothèque de se proposer pour prendre en charge la diffusion et la conservation de la production scientifique.

Cette opportunité va dans le sens d’une « ambition universitaire légitime » qui est celle de ne pas « devenir exclusivement des lieux d’aiguillage vers des réservoirs de ressources payants dont la maîtrise leur échappe » mais plutôt de « contribuer à la construction des bibliothèques numériques d’accès libre placées sous leur contrôle »306. Une ambition qui trouve écho auprès des politiques publiques qui vont contribuer à faire émerger une offre électronique autour de la production académique et universitaire.

Notes
304.

- Intitulé de la thèse d’Annaïg Mahé qui par une étude des pratiques en sciences de la nature donne une projection de l’évolution du modèle traditionnel de la communication scientifique dans le numérique.

305.

- Une ambition universitaire légitime : construire les bibliothèques numériques. < http://web-linux.univ-lyon.fr/ed-uni/ > (Consulté en mars 2003).

306.

- Idem.