1.6 La bibliothèque virtuelle, un relais pour la diffusion

Après avoir présenté la bibliothèque au travers de l’évolution de ses fonds constitutifs, nous souhaiterions revenir sur les dynamiques de cette notion et d’en analyser les potentiels sous l’angle du service, fil d’Ariane de notre raisonnement.

Les Anglo-saxons ont été les premiers à se préoccuper des implications du changement culturel que signifiait le numérique pour les bibliothèques. Le rapport Follett³²⁶, proposé comme une réponse d’accompagnement à ce changement culturel, est l’une des premières réflexions à se pencher sur la notion de bibliothèque électronique.

Elle recouvre les bibliothèques qui proposent un accès à l’information scientifique en ligne. Hervé le Crosnier³²⁷ définit la bibliothèque électronique, comme une bibliothèque « organisant l’accès aux documents numériques ». Cette définition rejoint d’autres notions, telles que bibliothèque numérique, bibliothèques hors les murs³²⁸. Charles Oppenheim, de son côté, la décrit comme :

‘« Un système d’information dans lequel toutes les ressources d’information sont disponibles sous une forme traitable par ordinateur, et dans lequel toutes les fonctions d’acquisition, de stockage, de conservation, de recherche, d’accès et de visualisation, utilisent des techniques numériques »³²⁹.’

Or, ces notions ne recouvrent pas la spécificité de la transition dans laquelle les bibliothèques baignent et tentent de participer à l’économie de l’édition électronique. Jean-Claude Guédon propose la notion de bibliothèque virtuelle qui « réfère à une transition active »³³⁰, celle qui par des efforts collectifs contribue à la redéfinition et à l’amélioration progressive des processus d’accès à l’information.

Pour l’heure, c’est cette notion que nous souhaiterions retenir. Elle restitue les réalités de la bibliothèque traditionnelle projetée dans l’environnement électronique³³¹, qui lui confère la notion de bibliothèque hybride et les promesses de la bibliothèque électronique, dématérialisée, sur le réseau :

‘« La transformation du concept même de bibliothèque, en gestation depuis longtemps, apparaît totalement avec cette approche intégrée et communicante. Bibliothèque universitaire, puis service commun de la documentation, devenu aujourd’hui système d’information. Si la bibliothèque reste un lieu physique, elle devient également un lieu virtuel, intégré dans un ensemble de réseaux, fenêtre ouverte sur le reste du monde. Cette mutation est rendue possible par l’apport de couches logicielles sur des systèmes documentaires déjà existants »³³².’

La bibliothèque hybride est une étape vers la bibliothèque électronique, c’est un modèle d’évolution de la bibliothèque et de ses services. Elle justifie sa compétitivité par sa capacité à proposer des services issus de fonds papiers et/ou électroniques. Ses enjeux portent à la fois sur sa politique documentaire pour que la collection garde un sens dans son caractère hybride et son offre de services qui permet d’aller dans le sens d’une réintermédiation.

Edward Fox et Gary Marchionini³³³ proposent une figure (n°17) qui prend en compte quatre dimensions de l’évolution du modèle de la bibliothèque et de ses services : les publics, la technologie déployée, les contenus et les services. De ces quatre dimensions, celle du public, dans notre raisonnement par le modèle du service, est la plus importante. Elle détermine la variation de l’échelle des autres critères. D’une section universitaire à une autre, et donc d’un public à un autre, les quatre dimensions prennent une configuration qui aboutit à une offre de services différente, à une réintermédiation différente.