1.3.8.3 La messagerie : une fourniture chercheur – chercheur

1995 est la date qui marque l’arrivée officielle d’Internet dans l’Université française³⁸⁸. La messagerie, fonctionnalité de ce nouveau média, s’est rapidement imposée comme un moyen de communication. Selon une synthèse bibliographique réalisée par Florence Muet³⁸⁹, les professionnels des bibliothèques confirment que la messagerie est la fonctionnalité première d’Internet utilisée dans les laboratoires. De même, il ressort des conclusions des études d’usages, tous domaines confondus, la croissance rapide de l’usage de la messagerie.

L’une des utilisations de la messagerie chez les chercheurs a été de contacter des collègues, en France ou à l’étranger afin de se procurer leurs travaux, par retour de mail et en fichier attaché.

‘« Il arrive de plus en plus souvent que les chercheurs aient des liens avec d’autres chercheurs aux USA ou ailleurs et ils arrivent à avoir leurs documents de cette manière là (...) c’est parce que le plus souvent ils travaillent sur des sujets très précis et très pointus. » CA méd. 1’ ‘« Les chercheurs contactent leurs collègues chercheurs de par le monde pour leur demander des tirés à part. » Méd.3.’

La messagerie peut devenir de ce fait un moyen d’accès, mais qui comparé à la FDD paraît marginal. Il ne faut donc prendre en compte ce phénomène que dans son aspect novateur et que dans ce qu’il exprime comme besoin d’accès direct aux documents :

‘« Je ne pense quand même pas que ce soit la majorité, parce que cela prend du temps, ils ont encore à la limite le temps de faire de la recherche sur Medline pour leur sujet, mais ils ne vont pas passer leur temps à contacter chaque chercheur pour avoir leur document. Mais il y a certainement un échange entre chercheurs, et tant mieux. Mais dans ce cas là, ce doit échapper aux bibliothèques, on ne le voit pas, on en a un écho occasionnel mais sans plus » CA Méd.3’

Cette pratique identifiée en section STM uniquement, vient de domaines où il existe déjà une tradition du réseau qui véhicule la communication de l’information, comme c’est le cas pour la physique théorique et l’informatique. D’après Guylaine Baudry et Gérard Boismenu³⁹⁰ :

‘« Les chercheurs des disciplines STM confirment l’impact des collèges invisibles et des communications personnelles par l’utilisation du courriel et des prépublications. Avec ces derniers, les collèges invisibles se voient démocratisés ». ’

Les responsables des services de PEB en ayant connaissance le vivent comme un aboutissement naturel, sinon prévisible.

‘« Il y a certains domaines de la recherche où les chercheurs ont directement accès par Internet à des revues électroniques, il y a des domaines en particulier l’informatique où on n’a plus besoin de fournir parce qu’ils ont leurs auteurs, leurs réseaux. » Sci.3’

La responsable d’un service de PEB d’une BU section santé (CA Méd2) explique que les résultats obtenus par ces contacts informels confortent les chercheurs dans leur idée que « la fourniture de documents se résume aujourd’hui à être derrière un micro et de lancer l’impression d’un article par le clic de la souris » et les délivre de ce « côté bureaucratique du service (remplir un formulaire, attendre,...) qui les agace fortement ».

L’offre des consortiums (Couperin, Campra, …) et le statut de plus en plus affirmé des fonds libres trouvent un terrain favorable chez les STM. La pertinence des ressources électroniques pour les sections STM est confirmée. Les professionnels des bibliothèques redéploient les espaces recherche désertés de leurs bibliothèques et s’investissent désormais davantage dans la définition de leur gamme de services.