Voir un film de la quatrième période du cinéma de Philippe Garrel, c’est faire le constat du rôle primordial que jouent les figures humaines dans son cinéma, du fait de leur quasi omniprésence à l’écran 81 . Se faire spectateur d’un de ses films, c’est fréquenter pendant une heure et demie l’intimité et souvent la part la plus privée 82 d’une poignée de personnages auxquels la caméra est comme aimantée. Rares sont les plans vides de tout personnage dans ces films. Le plus souvent, ce ne sont même que des moments de plan, après que les figures humaines sont sorties du cadre ou avant qu’elles ne fassent leur entrée en scène.
On notera qu’un lecteur familier de certaines revues de cinéma, comme les Cahiers du cinéma et Vertigo, qui ont consacré plus d’un article aux films de la quatrième période du cinéma de Philippe Garrel, pourrait sans avoir jamais vu un seul film du cinéaste posséder un indice de cette omniprésence des figures humaines à l’écran. Il n’est pas un seul photogramme illustrant les articles qui ne soit pas tiré de plans filmés au plus près de tel ou tel personnage. Se dessine là une sorte d’évidence iconographique qui ne manque pas d’être symptomatique.
La Naissance de l’amour a pu faire dire que le cinéma de Philippe Garrel était un « cinéma de la vie privée ». Cf. première de couverture des Cahiers du cinéma n° 472, octobre 1993.