1. La transformation d’un rapport

« Entre deux figures, toujours une histoire se glisse ou tend à se glisser, pour animer l’ensemble illustré. »
Gilles Deleuze.

« C’est un film sur les états successifs d’hommes et de femmes. »
Michel Butel.

Dans les second et troisième chapitres ⁴³⁹ de son ouvrage Du littéraire au filmique, André Gaudreault revient sur le problème épineux de la définition du récit. La problématique générale qui sous-tend ces deux chapitres est on ne peut plus nette et clairement formulée par André Gaudreault : « qu’est-ce qu’un récit ? » ⁴⁴⁰ Avec l’article de Christian Metz « Remarques pour une phénoménologie du narratif » ⁴⁴¹ , repris dans le premier tome de ses Essais sur la signification au cinéma, c’est sans doute l’ouvrage d’un théoricien du cinéma de langue française qui va le plus loin dans le projet de serrer au plus près les critères fondamentaux, nécessaires et suffisants à la définition du récit. Son approche peut d’autant plus servir de référence qu’elle s’alimente largement au champ de la narratologie générale – Paul Ricœur préface ⁴⁴² d’ailleurs l’ouvrage – et qu’elle a inspiré ou été critiquée ⁴⁴³ par nombre de travaux antérieurs. Elle paraît enfin pouvoir être retenue parce qu’elle complète dans un premier temps une définition du récit avancée par Claude Brémond dans Logique du récit, avant d’inviter le lecteur à l’épurer pour en circonscrire le principe essentiel.