Le Cœur fantôme

La nuit tombée, Philippe (Luis Régo) croise une prostituée (Valéria Bruni-Tédeschi) dans la rue : il fait demi-tour pour venir lui dire qu’elle est très belle. Rentré chez lui, il embrasse sa femme, Annie (Évelyne Didi), et rejoint son fils Camille (Camille Chain) et sa fille Lucie (Lucie Régo) en train de prendre leur bain. Pendant qu’Annie couche les enfants, il découvre une lettre d’un détenu, Moand (Roschdy Zem), adressée à Annie, sans ambiguïté sur la nature de leur relation. En prison, Annie rend visite à Moand. En visite chez sa mère (Véronique Silver), Philippe discute avec elle de la situation et lui demande pourquoi elle et son père se sont quittés il y a longtemps. Elle se refuse à lui donner une réponse claire. Philippe fait le voyage du retour en train. Dans leur lit, Annie et Philippe constatent que tout est fini entre eux. Dans son atelier de peinture, Philippe s’apprête à se mettre au travail, mais découvre vite qu’il s’en sent incapable. Sur le canapé de l’appartement, Philippe s’endort. Il se met à rêver de la prostituée rencontrée dans la rue. À son réveil, alors que toute sa famille dort paisiblement, il décide de sortir rejoindre la prostituée. Sous la pluie, Philippe se rend à l’angle de la rue où officie la prostituée : elle est absente. Il décide de l’attendre un moment, quand une jeune femme, Justine (Aurélia Alcaïs) le croise en souriant. Il lui emboîte le pas : après l’avoir accosté, il l’accompagne. Encore chez lui, Philippe tourne autour d’une valise à moitié pleine : Annie lui demande s’il pourra avoir quitté l’appartement dans trois jours. Il accepte. Au café, Philippe et Justine s’écrivent et se dessinent sur la nappe en papier une déclaration d’amour mutuelle. Alors que les enfants d’Annie dorment, Moand et elle discutent de ce qu’ils ressentent après leur première fois. Philippe est conduit par son père (Maurice Garrel) en voiture, qui entend le déculpabiliser avec autorité de ses remords d’être parti. Annie sonne à l’interphone de chez Justine et exige que Philippe descende la voir. Philippe dit à Annie qu’il accepte, mais s’enfuit en courant avec Justine. Une fois dans le métro, Justine reproche à Philippe d’avoir donné son adresse à Annie. Dans son atelier, Philippe peint. Philippe téléphone à sa fille : mais une fois dit « Allô », la petite ne répond plus, laissant Philippe désemparé jusqu’à ce que la baby-sitter reprenne l’écouteur. Philippe rêve de Mona (Johanna Ter Steege) et lui dans un train. Il demande à Mona si elle l’aime. À son réveil, Justine lui apprend qu’il a parlé pendant la nuit : il disait « Est-ce que tu m’aimes ? » En sortant de l’appartement, Justine pose un billet de cinquante francs près de Philippe, qui s’est rendormi. Philippe sort de chez un marchand de journaux, Libération en main. Il s’installe à la table d’un café et ouvre le journal sur un article et des photographies rapportant une catastrophe ferroviaire. Dans la cuisine, Justine et Philippe préparent le repas. Justine se plaint auprès de Philippe de sa préférence pour Mona, puisqu’il rêve d’elle. Les plombs sautent. Philippe rétablit le courant, éclairé par la lumière d’une bougie que Justine tient près de lui. Alors qu’elle prend un bain, Justine questionne Philippe sur ses différences anatomiques avec Mona. Il lui envoie une serviette à la figure, ce qui la fait rire : elle s’excuse. Philippe attend Camille à la sortie de l’école. Il le raccompagne jusque chez Annie : il le quitte après lui avoir dit qu’il pensait toujours autant à lui. Dans l’appartement, Annie dit à Moand qu’elle n’a plus d’argent. Moand lui dit qu’il va s’en procurer. Camille sonne à la porte de l’appartement. Philippe et un de ses voisins (Yves Affonso) livrent ensemble l’une des toiles de Philippe. Son voisin profite du voyage en voiture pour le questionner sur la nature de ses relations avec Annie : ils ne se voient plus, ne se parlent plus. Justine et Philippe prennent un train couchette en partance pour l’Italie. Dans leur cabine, ils se couchent dans le même lit. On les retrouve dans un autre train : Justine, mi-sérieuse, mi-rieuse annonce à Philippe qu’il va la quitter parce qu’elle n’aime pas ses enfants. La nuit tombée, alors qu’ils marchent sur la plage, Justine fait une scène de jalousie à Philippe, puis part. Dans la chambre, elle s’excuse de ne pouvoir s’empêcher d’être jalouse. Justine et Philippe marchent main dans la main dans des rues ensoleillées. Justine se plaint de la laideur de l’endroit et propose d’aller à Venise. Assis sur le banc d’un quai de gare, Justine et Philippe attendent un train en direction de Venise. Dans le train, Justine dort la tête posée sur l’épaule de Philippe. Au lit avec Justine, Philippe fait un cauchemar et parle en dormant : « Où est ma fille ? », dit-il. Justine et Philippe se promènent dans les rues de Venise : leur conversation tourne au salace. Devant la vitrine d’un bijoutier, ils achètent une paire d’anneaux jumeaux. Ils se les passent l’un à l’autre. Ils continuent d’arpenter les rues. Dégoûtée par les restaurants, Justine propose à Philippe d’acheter de la nourriture dans une épicerie. Mangeant leurs sandwiches à même le trottoir, Justine raconte à Philippe les circonstances très précises au cours desquelles elle est devenue anorexique. La nuit tombée, Philippe et Justine rejoignent leur hôtel. Dans la chambre, Justine, morose et pleine de ressentiment, accuse Philippe d’être triste et de l’écraser de son passé. Il lui répond qu’elle l’a sauvé. Sur le pont d’un Ferry qui les mène à Capri, Justine et Philippe s’embrassent l’un l’autre dans le vent. Alors que Justine lave un T-Shirt, Philippe poste une carte postale adressée à sa fille. De retour auprès de Justine, elle lui annonce qu’elle est jalouse. Alors que Justine lit, Philippe la dessine. Dans un café, Philippe attend Justine : elle arrive presque en pleurs et lui demande s’il trouve qu’ils ont une bonne vie. Elle lui apprend qu’elle a peut-être trouvé un boulot en province. Justine questionne Philippe sur les trois ans de sa vie pendant lesquels il a été toxicomane. Annie téléphone chez Justine, pour appeler Philippe à la rescousse : Moand, devenu fou et après l’avoir battue, essaie d’enfoncer la porte. Philippe attend un taxi qui finit par arriver. Lorsqu’il arrive à l’appartement, Moand est déjà parti. Il en profite pour aller coucher ses enfants. Avant de partir, il apprend de la bouche d’Annie qu’elle croit qu’il a peur d’elle. Philippe et un de ses amis (Olivier Perrier), particulièrement heureux de leur rendez-vous, entrent dans un café. Philippe lui expose brièvement les changements intervenus dans sa vie. Son ami finit par lui lire la fin d’un article qu’il doit publier dans L’Humanité. Un réveil sonne : Justine se lève tandis que Philippe continue à dormir. Justine sort de l’appartement. Alors que Lucie est en train de jouer assise en tailleur, Philippe s’approche d’elle et lui enfile son manteau pour l’emmener dehors. En ramassant les jouets de sa fille, il découvre par terre une seringue usagée. Justine, accompagnée de ses employeurs, arrive dans une usine de confection textile. Elle sert de mannequin pour des retouches sur un modèle de robe. Philippe, en voiture avec son père, lui apprend l’épisode de la seringue, qui semble le rendre particulièrement anxieux et redoubler son sentiment de culpabilité. Son père lui intime l’ordre de ne pas s’en faire pour les enfants. Camille et Philippe sortent d’une station de métro. Tout en marchant, Camille demande à son père s’il est vrai qu’il a « pris la drogue ». Gêné, Philippe lui répond que non – mais son fils ne veut pas le croire et lui rétorque qu’il ment. Philippe répond à un appel téléphonique de Justine qui, en larmes, lui apprend ses déconvenues professionnelles. Philippe rêve de Justine et lui dans un compartiment de train, tout de blanc vêtus, Justine l’insultant et le frappant sauvagement à coups de tissu. Philippe se réveille en sueur, se lève, reprend un instant ses esprits dans la cuisine, puis retourne dire à Justine qu’il l’aime. Dans son atelier, devant une imposante toile encore complètement vierge, Philippe ne trouve pas l’inspiration. Engoncé dans la banquette d’un bar, Philippe met un sucre dans son café. En arrivant chez Justine, il la trouve tout habillée en train de pleurer dans le lit : elle crie, désespérée, que Philippe ne l’aime pas. Camille et Philippe marchent dans la rue : Camille apprend à son père que Moand a quitté Annie. Justine, au lit avec Philippe, lui dit qu’il peut retourner vivre avec ses enfants s’il le souhaite. Dans son atelier, Philippe se remet à peindre. Philippe entre dans une station de métro. Philippe, conduit par son père en voiture, l’écoute parler de sa rupture d’avec sa mère et du sentiment de culpabilité consécutif à l’abandon de ses enfants dont il a mis de longue années à se débarrasser. Philippe, Justine et Camille marchent dans une rue de Paris : tout à leur nouvelle complicité, Camille et Justine cassent gentiment du sucre sur le dos de Philippe. On les retrouve dans un café au moment où Justine s’en va, laissant père et fils attablés ensemble. Camille et Philippe sont assis ensemble dans une rame de métro. Philippe, couché avec Justine dans leur lit, la regarde dormir. En rêve, il se voit dans un appartement en compagnie d’Annie et de ses deux enfants : Annie le rappelle à ses devoirs de père, mais il ne comprend rien quand elle lui conseille de ne pas oublier de dire qu’il connaît des gens célèbres. Toujours en rêve, en descendant les escaliers, il croise une dame âgée qui le salue alors qu’elle monte avec peine. Philippe se réveille. Justine, la tête de Philippe endormi près d’elle, fume une cigarette en lui disant « mon amour c’est toi ». Philippe apprend par un ami au téléphone que son père est sans doute à l’hôpital. À l’hôpital, il rend visite à son père alité qui lui soutient que ça va mais qui lui tient des propos incohérents. Philippe quitte son père totalement interdit. Dans une morgue, Philippe est assis, prostré, auprès de la dépouille de son père allongée. Il sort de la morgue. Lors de l’enterrement, Justine s’approche de lui et lui dit qu’elle est heureuse d’attendre un enfant de lui.