Le Vent de la nuit

Hélène (Catherine Deneuve) entre dans un immeuble et entame la montée des escaliers. Elle croise une jeune femme (Marie Vialle) qui descend : échange furtif de regards. Arrivée au dernier étage, elle sonne dans un appartement vide. Elle récupère alors la clé de l’appartement dans une cachette et entre. Seule dans l’appartement, elle se met à ranger les affaires qui traînent, à refaire le lit, le parfumer. Dans la cuisine, elle se met à écrire sur son agenda les réflexions que lui inspire l’évolution de son engagement et de celui de son amant dans leur relation, à contre-courant l’un de l’autre. Hélène regarde à travers une fenêtre de la chambre de l’appartement : son amant, Paul (Xavier Beauvois), lui demande alors de remonter ses cheveux. Elle s’exécute puis l’embrasse. Sortant de la salle de bain, le jeune homme la rejoint dans le lit puis lui dit qu’ils vont faire un bout de chemin ensemble avant de se quitter. Hélène s’en trouve profondément heurtée. En sortant de l’immeuble, Hélène demande à Paul de l’embrasser. Dans une pâtisserie, il achète une glace. Hélène veut l’embrasser, mais Paul reste de marbre, prétextant qu’elle va lui faire renverser sa glace. Paul accompagne Hélène jusqu’à une station de taxi. Il lui annonce alors son départ pour Naples où il doit se rendre pour l’inauguration d’une de ses statues. Contrariée et déçue, Hélène lui reproche de ne pas lui avoir annoncé plus tôt pour qu’elle puisse s’arranger pour l’accompagner. Le taxi arrive, Hélène part : elle fait un signe d’adieu à Paul – qui ne la regarde pas. En Italie, Paul jette un œil à l’intérieur d’une Porsche rouge. Serge (Daniel Duval), du haut d’un immeuble en construction, le regarde. Il se rend ensuite auprès d’une statue réalisée par Jean (Daniel Pommereulle), son ami sculpteur, qui le rejoint. Ils se rendent alors au buffet, entourés de personnalités. Jean demande à Serge s’il ne peut pas amener Paul, son assistant, à l’aéroport. Après que Serge a accepté, Paul monte avec lui dans la Porsche rouge : ils filent. La Porsche serpente à travers de petites routes italiennes, puis finit par arriver sur les hauteurs de Positano. Serge et Paul contemplent le village dans lequel Serge a passé un an en 69. Ils repartent. La Porsche fonce sur l’autoroute. Serge et Paul dînent, la nuit tombée, à la terrasse d’un restaurant, en bordure de port. En rejoignant leur « pensione », Paul demande à Serge s’il peut faire le voyage en voiture jusqu’à Paris avec lui. Serge accepte sans demander d’explication mais, sombre et très énigmatique, annonce à Paul qu’il ne le conduira peut-être pas jusqu’au bout. Le lendemain matin, Serge prend un café seul à la terrasse d’un tout petit bar de rue, puis descend par les ruelles jusqu’à l’entrée d’une église en rénovation dans laquelle il s’engouffre pour se retrouver, dans une grande pénombre, face à ce qui semble un très ancien tombeau ouvert. À nouveau en Porsche, qui file à travers le réseau autoroutier italien, Paul et Serge parlent des électrochocs que Serge a subis quand il était interné. On les retrouve près d’une vieille bâtisse pratiquement en ruines, entourés d’un troupeau de mouton. Ils repartent, Serge intimant quasiment l’ordre à Paul de ne pas lui parler de travail. Nouvelle discussion dans la voiture : Serge apprend à Paul que sa femme s’est tuée. Ils déjeunent dans une cafétéria d’une aire d’autoroute. À cette occasion, Paul apprend à Serge qu’il prend de l’héroïne. Dans le renfoncement d’un coin d’autoroute, Serge gare sa Porsche, le temps de confier le volant à Paul. Au volant, à Paul qui lui affirme qu’il a toujours entendu dire que les Porsche se pilotaient, Serge rétorque sèchement de se contenter de conduire. La Porsche continue de filer sur les routes italiennes, puis Serge demande à Paul de sortir à un embranchement, pour aboutir dans la cour extérieure d’un magnifique palais inachevé, soutenu par des échafaudages : « T’as jamais remarqué que les italiens étaient aussi forts dans l’inachevé que dans l’achevé ? », demande Serge à Paul. Serge et Paul visitent l’intérieur du palais. Au moment de partir, se sentant humilié par la condescendance de Serge, Paul fait crisser les pneus de la voiture ce qui provoque l’énervement de Serge. La Porsche trace sa route à travers l’Italie et finit par venir se garer, la nuit déjà tombée, devant la façade d’un hôtel d’une grande ville. Au restaurant, alors qu’ils sont éclairés par la lumière ocre jaune de la flamme d’une bougie, Serge raconte avec l’enthousiasme du souvenir le déroulement des AG auxquelles il a participé en mai 68. Dans sa chambre d’hôtel, Serge téléphone à son frère. Il tombe sur le répondeur téléphonique et laisse un message annonçant qu’il a décidé d’en finir avec la vie. Puis il commence à préparer une dose mortelle de Digitaline. Mais Paul, complètement shooté, frappe à sa porte et finit par renverser la fiole qui contenait le poison : le suicide est remis. À nouveau en voiture, Paul et Serge parlent des effets comparés des drogues d’hier et d’aujourd’hui, puis des femmes qui pour Serge sont « sacrées ». La Porsche est désormais dans Paris, de nuit. Serge raccompagne Paul près de chez lui. À peine rentré chez lui pour récupérer une ordonnance, Serge ressort, reprend sa voiture, à la recherche d’une pharmacie ouverte qu’il ne trouvera pas. Il finit par garer sa Porsche sur une berge de la Seine, puis part marcher dans la nuit. Au petit matin, il vient récupérer sa voiture. Hélène chez Paul se prépare pour l’amour. Elle rejoint Paul dans le lit. Ils s’embrassent, elle surtout. Dans un café, Hélène et Paul boivent un Martini Gin. Hélène fait un chèque à Paul pour qu’ils puissent se téléphoner. Paul déchire le chèque. À proximité de son immeuble, Hélène propose à Paul de venir chez elle rencontrer son mari. Paul finit par accepter. Dans l’appartement, le mari d’Hélène (Jacques Lassalle) entretient Paul d’Antoine Blondin. Hélène ne participe pas à la conversation et semble de plus en plus désespérée. Elle met un disque de Damia, mais son mari lui demande de baisser. Elle finit alors par briser son verre et s’ouvre les veines. Les deux hommes se précipitent sur elle pour la secourir, Paul lui faisant un garrot, le mari courant chercher un médecin. Le médecin (Marc Faure) arrive. Soignée, Hélène aura la vie sauve. Serge, dans son appartement, répond à un coup de fil de Paul. Serge et Paul, en Porsche, filent vers l’Allemagne. Paul rapporte à Serge la tentative de suicide d’Hélène. Paul est maintenant au volant : il se fait sermonner par Serge en raison de sa vitesse excessive. Arrivés dans une station-service, Paul se rend aux toilettes. Il jette dans la cuvette des w.-c. une dose d’héroïne. Revenu près de Serge, il lui annonce qu’il a arrêté de se droguer. Serge lui demande de le jurer ; Paul s’exécute. Passant devant une aire d’autoroute, Paul demande à Serge s’ils ne peuvent pas s’arrêter pour prendre un verre. Pendant que Serge gare la voiture, Paul se précipite dans le bar. Quand Serge entre à son tour, ils doivent en partir aussitôt : Paul a, en substance, traité le barman – un homme âgé – de nazi. Serge lui dit qu’il s’est comporté comme un con. Le lendemain matin, Paul en se réveillant demande à Serge de l’excuser pour sa conduite de la veille : Serge accepte. Serge, dans un lit d’une chambre d’hôtel, dort. En sortant de leur hôtel à Berlin, Serge et Paul croisent une prostituée (Anita Blond) que Paul trouve sublime. Serge lui donne de l’argent pour la passe. Serge se rend alors seul dans un cimetière. Il reste longuement silencieux devant la tombe de sa femme. Serge rejoint Paul au bar de l’hôtel. Serge et Paul ont pris la route du retour. Alors que Paul dort, Serge est sorti de la voiture, s’en est éloigné et respire à grand peine, comme étreint par une irrépressible et terrible angoisse. Au réveil de Paul, il feint d’aller bien. Dans une station-service, alors que Paul dort, Serge s’avance un instant près de la vitrine lumineuse du magasin, puis retourne vers sa voiture pour remplir le réservoir d’essence. La Porsche reprend sa route vers la France. Dans les escaliers de l’immeuble de Paul, Hélène s’assoit sur les marches et se met à écrire en attendant l’hypothétique venue de Paul. Dans la rue, elle marche, se fait accoster par un homme en voiture, puis fait demi-tour, inquiétée. On la retrouve faisant les cent pas dans la rue de Paul. La Porsche finit par arriver. Paul fait les présentations, puis dit qu’il a faim. Serge propose d’aller dîner. Hélène entre dans la voiture. Dans un restaurant japonais, les trois personnages ont entamé leur dîner. Hélène demande à Paul si son ami Serge est lui aussi sculpteur : de peur d’être démasqué, il prétexte aussitôt une immense fatigue pour prendre la fuite. Hélène et Serge restent en tête-à-tête : ils s’avouent mutuellement qu’ils aimeraient bien rester tous les deux un moment ensemble. Au sortir du restaurant, Serge demande à Hélène de l’attendre et entre dans une pharmacie où il achète un flacon de Digitaline. Serge et Hélène prennent une chambre dans un hôtel. Ils se font part de leur trac mutuel. Ils parlent. Si Hélène trouve le sommeil, Serge ne ferme pas l’œil de la nuit. Il finit par s’habiller, puis part, en laissant Hélène dormir. Assis à son bureau, chez lui, Serge boit d’un trait le contenu du flacon mortel et attend calmement que le poison fasse sont effet. Par terre, retournée face contre terre, le portrait photographique de sa femme que le spectateur avait pu apercevoir auparavant. Serge est mort sur son bureau.