Les Baisers de secours
Mentions génériques : lettres blanches sur fond noir. Entre elles, quatre photographies qui apparaissent par une procédure de fondu enchaîné et disparaissent par fondu au noir. Dans l’ordre : Philippe Garrel (Matthieu), l’œil à la caméra, Anémone (Minouchette), Maurice Garrel (le père), Brigitte Sy (Jeanne). Musique au saxophone.
- Séquence 1. Int. Jour. Appartement de Jeanne et Matthieu.
« Entre deux personnes »
- La musique continue sur le début du plan. Gros plan sur Matthieu couché à même le sol en train de lire un livre. Il tourne la tête au bout d’un très court instant. La caméra suit en panoramique la direction de son regard pour venir cadrer Jeanne qui entre dans la pièce par une porte vitrée. À partir de cet instant, Matthieu est rejeté hors-champ tout le reste du plan, tandis que la caméra suit en panoramiques les allées et venues de Jeanne, filmée en plan poitrine ou en gros plan. Jeanne a, la majeure partie du temps, le regard braqué en direction de Matthieu, sauf à trois reprises où elle se regarde dans une glace qui reste située dans le hors-champ droit et une où elle regarde au sol avant de s’accroupir un instant puis se relever.
- Plan rapproché. Contrechamp sur Matthieu à « Pourquoi on dit pas “Tu m’aimes” et l’autre répond “tu m’aimes” ? » Après que Matthieu lui a demandé de venir vers lui, la caméra effectue un léger panoramique sur la gauche pour venir cadrer Jeanne qui s’est rapprochée. Puis Jeanne s’allonge devant Matthieu : la caméra suit le mouvement pour venir les cadrer pour la première fois ensemble. Matthieu embrasse l’épaule de Jeanne et frotte son visage contre elle, alors qu’elle lui dit : « Prends-moi, prends-moi. »Le plan dure ensuite quelques instants sur Jeanne et Matthieu silencieux.
- Séquence 2. Ext. Jour. → Int. Jour. Sortie de métro, palier de l’appartement de Minouchette.
« Entre deux personnes »
- La musique au saxophone démarre sur ce plan. Jeanne monte rapidement les marches d’une station de métro, passe devant la caméra qui accompagne son mouvement par un panoramique sur la gauche, puis la regarde s’éloigner en traversant une rue en courant. Dès que Jeanne est sortie du cadre, la caméra effectue un panoramique descendant sur la gauche pour venir filmer en gros plan une flaque d’eau dans laquelle se reflète la grille de la station de métro et le haut d’un réverbère.
- La musique continue par intermittence sur ce plan. Plan rapproché sur la porte d’entrée d’un appartement. Hors-champ, des bruits de pas : ceux de Jeanne qui entre dans le champ par la droite. Elle sonne. La porte s’ouvre et la caméra recadre légèrement sur la gauche : quelqu’un est derrière la porte, que le spectateur ne voit pas, mais auquel Jeanne annonce qu’elle est la femme de Matthieu. Jeanne entre dans l’appartement. La porte se referme.
- Séquence 3. Int. Jour. Salon de l’appartement de Minouchette.
« Entre deux personnes »
- La musique continue sur ce plan. Gros plan sur Jeanne, l’air grave et pensif. L’ombre de Minouchette, hors-champ, se projette parfois sur son visage. Minouchette passe devant la caméra de droite à gauche et Jeanne se met à regarder dans sa direction quand elle est à nouveau hors-champ, en la fixant durement du regard.
- Plan taille de Minouchette de dos à sa fenêtre ouverte. Très importante surexposition qui rend le plan lactescent et crée un effet de brouillard lumineux : chaque fois que dans ce plan et le suivant les personnages seront devant cette fenêtre, ils seront comme pris dans un filtre de lumière cotonneuse. Minouchette se retourne en direction de Jeanne et vient s’asseoir en face d’elle. La caméra suit son mouvement en panoramique. Lorsque Jeanne dit à Minouchette que c’est « elle qui doit l’étudier », la caméra effectue un panoramique sur la gauche et un léger travelling circulaire sur la droite. Le plan reste fixe pendant quelques instants, puis la caméra effectue un travelling avant sur Jeanne avec léger panoramique sur la droite. Une fois Jeanne en gros plan de profil, la caméra accentue son mouvement panoramique pour venir cadrer Minouchette en gros plan de profil. Au bout d’un temps assez long, la caméra s’éloigne du visage de Minouchette effectuant un travelling arrière et circulaire sur la gauche. Ce mouvement amène la caméra sur Jeanne, filmée en plan taille. Au bout de quelques secondes, la caméra effectue un travelling avant sur Jeanne. Elle se lève du fauteuil dans lequel elle est assise et vient se poster devant la fenêtre : la caméra la suit en panoramique. La caméra accompagne l’accroupissement de Jeanne en panoramique descendant, puis recadre légèrement sur la droite pour inclure le visage des deux femmes dans le même plan. Le visage de Jeanne est légèrement plus bas que celui de Minouchette.
- Gros plan sur Minouchette de profil. Lorsqu’elle se lève de son fauteuil, la caméra panote à gauche pour venir cadrer Jeanne qui n’a pas bougé. Minouchette entre dans le champ par la droite pour venir à la fenêtre : la caméra délaisse alors Jeanne pour venir la filmer de dos. Puis la caméra suit Jeanne lorsqu’elle se relève et va s’asseoir sur le fauteuil dans lequel elle était précédemment. Une fois Jeanne assise, la caméra effectue un panoramique ascendant pour venir cadrer Minouchette toujours à la fenêtre. Au bout de quelques instants, Minouchette retourne s’asseoir : la caméra la suit. Une fois assise, la caméra panote à gauche sur Jeanne. Au bout de quelques instants, elle se lève et va fermer la fenêtre, suivie par la caméra. Elle reste un moment debout devant la fenêtre, tournée vers Jeanne pour lui parler, puis va se rasseoir dans le fauteuil. La caméra reste sur elle, avant de revenir sur Minouchette lorsqu’elle se lève pour ouvrir la fenêtre à nouveau. Dès que Minouchette a dit à Jeanne d’annoncer à Matthieu qu’elle accepte de lui donner le rôle, la caméra effectue un panoramique descendant sur Jeanne, toujours assise dans le fauteuil. On voit Minouchette venir se rasseoir : la caméra effectue un panoramique à droite pour venir la recadrer. La caméra effectue, avant la fin du plan, à nouveau un panoramique sur Jeanne, puis un sur Minouchette. Le plan s’achève sur Minouchette souriante, regardant hors-champ Jeanne qui vient de lui rendre son rôle.
- Séquence 4. Int. Jour. Appartement de Jeanne et Matthieu.
- Plan rapproché sur une porte. Entrée brutale de Jeanne – « J’ai vu ta Minouchette » – qui ouvre la porte et la ferme. Voix de Lo hors-champ (« Coucou »). La caméra suit Jeanne en panoramique. Arrivée à proximité de Lo, la caméra effectue un panoramique descendant sur lui. Jeanne récupère son petit enfant et monte à l’étage. Matthieu est présent, mais dans le hors-champ : seule une mèche de ses cheveux se donne à voir.
- Séquence 5. Int. Nuit. Appartement de Jeanne et Matthieu.
- Plan rapproché sur la partie inférieure d’une fenêtre. Jeanne, en voix hors-champ, dit : « Matthieu, c’est pour toi ». Matthieu entre dans le champ pour venir parler à Minouchette au téléphone, filmé en plan taille, de trois quarts dos. La voix de Minouchette est nettement audible.
- Séquence 6. Int. Jour. Salle de théâtre.
- Plan taille. Répétition d’un passage deLa Bonne âme du Setchouan de Bertolt Brecht. Jeanne est sur scène avec un autre comédien. D’abord filmés de profil sur leur gauche, la caméra effectue sur eux un lent travelling avant et circulaire pour les filmer plus de face.
- Contrechamp. Plan moyen.Le metteur en scène, assis à une table dans la salle, interrompt les comédiens et vient sur scène pour leur donner des indications de jeu. Jeanne profite de l’interruption pour aller parler en vitesse à Matthieu, difficile à discerner dans la pénombre du fond de la salle. Matthieu sort de la salle, Jeanne dit un mot à une de ses amies, assise dans la salle, puis retourne sur scène. Une fois sur scène, elle reçoit les indications de jeu du metteur en scène. Le metteur en scène retourne à sa place. La caméra le suit et reste quelques instants sur lui. La répétition reprend en hors-champ, puis la caméra panote sur la femme assise dans la salle, avant de faire retour sur le metteur en scène, puis sur les comédiens et d’effectuer un léger travelling avant et circulaire sur eux. Le comédien se lève et sort du champ. La caméra reste sur Jeanne, puis panote à nouveau sur le metteur en scène, visiblement peu satisfait de la prestation de sa comédienne.
- Séquence 7. Int. Jour. Lieu indéterminé.
« Entre deux personnes »
- Plan poitrine. Assise contre un mur, Jeanne discute de Minouchette avec la jeune femme qui était assise dans la salle. Jeanne finit par éclater de rire.
- Séquence 8. Ext. Jour. Rue à Paris.
« Entre deux personnes »
- Plan taille de Minouchette et Matthieu. Ils discutent, dans une rue, des attentes de Matthieu sur le rôle qu’il a décidé de lui confier et du travail du metteur en scène. Lorsque Matthieu répond « peut-être », ils se mettent à marcher : la caméra les suit en travelling arrière. À la fin du plan, Matthieu tente de voler un baiser à Minouchette qui esquive en souriant.
- Séquence 9. Int. Jour. Appartement de Jeanne et Matthieu.
Ouverture au noir.
- La musique au saxophone démarre au début du plan. Plan de demi-ensemble. Jeanne est assise sur son lit, de trois quarts dos, le visage refusé à la caméra. À côté d’elle, à gauche du plan, une marionnette est accrochée à la bibliothèque.
Fermeture au noir.
- Séquence 10. Int. Jour. Appartement de Jeanne et Matthieu.
- Gros plan. Jeanne et Matthieu discutent en présence de Lo, qui intervient dans la conversation par ses questions d’enfant. Matthieu n’est dans ce plan qu’une voix hors-champ. Jeanne est couchée sur le ventre au sol et Lo est assis contre son dos. La caméra, en gros plan, passe d’abord de Lo au visage de Jeanne, puis reste sur elle. Avant que Lo dise « Papa, il va faire le cinéma avec les filles », la caméra panote sur la droite pour venir inclure Lo dans le champ. Elle revient ensuite sur Jeanne et ne recadre sur Lo qu’à la toute fin du plan. La dernière image est celle des visages de la mère et de l’enfant regardant tous deux en direction de Matthieu.
- Séquence 11. Int. Jour (Matin). → Int. Jour. Appartement de Jeanne et Matthieu.
- Plan de demi-ensemble. Jeanne se réveille et sort de son lit. Le plan baigne dans une demi-clarté.
- Plan taille de Jeanne, de dos, assise sur son lit. Elle lit une lettre de Matthieu, qui en révèle le contenu au spectateur en voix-over. Jeanne déchire la lettre, la jette, enfile son imperméable qui était posé sur un fauteuil et sort, suivie en panoramique par la caméra qui reste sur la porte fermée. Une seconde plus tard, Jeanne entre, revient récupérer les morceaux de la lettre.
- Cut. Plan rapproché. Jeanne, les morceaux de lettre dans la main, s’avance vers la caméra, se baisse et reconstitue la lettre sur le sol. La caméra effectue un panoramique descendant pour venir filmer ses mains rassemblant les morceaux.
- Séquence 12. Int. Jour. Appartement de Jeanne et Matthieu.
- Gros plan. Matthieu franchit une première porte, puis immédiatement une autre en criant : « Jeanne, Lo ». Il découvre son fils près de son lit, dans lequel se trouve Jeanne avec un homme nu. La scène est alors clairement associée au point de vue de Matthieu qui se retrouve en amorce du cadre sur la gauche : l’ocularisation interne secondaire donne à voir au spectateur les trois autres personnages, à bonne distance. Matthieu reste un instant interdit, dit « Vous pourriez faire ça chez vous », puis vient prendre Lo dans ses bras pour le monter à l’étage. Un air de saxophone démarre alors que Matthieu et Lo montent les escaliers.
- Séquence 13. Int. Nuit. → Ext. Nuit. Chambre de Lo, perron de l’appartement de Jeanne et Matthieu.
« Entre deux personnes »
- Plan rapproché. La musique continue sur ce plan. L’image est au ralenti. Matthieu, de trois quarts dos, donne à manger à Lo. Dans la pièce, la pénombre entoure le petit enfant éclairé.
- Plan de demi-ensemble. Assis sur le perron devant son appartement, Matthieu est ombre parmi les ombres.
- Séquence 14. Int. Jour. Café.
« Entre deux personnes »
- Gros plan. Matthieu discute avec son père au café : la conversation, parfois ornée de piques de la part de l’un et de l’autre, court du métier d’acteur du père aux déconvenues amoureuses de Matthieu avec Jeanne en passant par l’évocation du prochain film de ce dernier. Le cadrage est fait sur le père. Matthieu, en fonction des mouvements du père que suit la caméra, est de trois quarts dos, en amorce droite du cadre ou hors-champ.
- Contrechamp. Plan moyen sur Matthieu quand le père dit : « Tu as vu le film de Paul ? ». La caméra a pris plus de distance avec les personnages. Le père est inclus dans l’image, de trois quarts dos.
- Champ (idem plan 22) lorsque le père dit : « Toi, tu as toujours confondu l’amour et la morale. »
- Contrechamp (idem plan 23) lorsque Matthieu dit : « Je veux que ce soit simple. »
- Séquence 15. Ext. Jour. Rue à Paris.
« Entre deux personnes »
- Plan poitrine sur Minouchette. Matthieu entre dans le cadre par la droite, lui demande si ça ne l’ennuie pas de jouer dans le film, puis fait demi-tour et sort du champ.
- Séquence 16. Ext. Jour. → Int. Jour. Rue à Paris, appartement de Jeanne et Matthieu.
- Plan rapproché sur une boucle d’oreille qu’une main ramasse. Voix-over de Matthieu : « Sur un trottoir un jour j’ai retrouvé la boucle d’oreille que la maman de mon enfant avait perdue. Elle promenait Lo à 500 mètres de la maison et elle était rentrée… »
- Gros plan sur le tabouret qui sert de table de nuit à Jeanne avec une boucle d’oreille. La main de Matthieu pose l’autre boucle « …toute triste. Je l’ai posée le soir, près de son lit, à côté de l’autre, mais ne lui ai pas dit. »
- Séquence 17. Ext. Jour. → Ext. Soir (Pluie). → Int. Soir. Bord de mer, rue, chambre d’hôtel.
« Entre deux personnes »
- La musique au saxophone démarre sur ce plan. Plan d’ensemble. La lumière très blanche et diaphane crée un effet de surexposition. Au premier plan, en amorce droite, une barque sur roue. Le ressac de la mer se fait entendre. Jeanne, Lo et Matthieu apparaissent en fond de plan et s’avancent en marchant vers la caméra. Lo monte sur le tricycle que portait son père et se met à pédaler. Il sort le premier du champ. La caméra recadre légèrement sur la gauche, pour voir sortir du plan Jeanne puis Matthieu.
- Plan d’ensemble d’un coin de rue. Il pleut. Lo entre le premier dans le champ par la gauche en roulant comme un dératé. Il est suivi de Jeanne, courant pour le rattraper. La caméra suit Lo en panoramique à mesure qu’il grossit à l’image. Il s’arrête sans plus bouger sous la pluie. Jeanne le soulève de son tricycle et le porte dans l’hôtel : la caméra suit les pieds de Jeanne.
- Plan rapproché. Lo et Jeanne entrent dans leur chambre d’hôtel. La caméra cadre Lo qui se précipite tout mouillé sur le lit. Jeanne passe devant la caméra pour allumer une lampe dans le hors-champ gauche, puis entre dans le champ pour venir sécher les cheveux, l’embrasser, s’asseoir sur le lit et le poser sur ses genoux.
- Plan moyen de la fenêtre de la chambre d’hôtel allumée de Jeanne et Lo. Dans le tiers inférieur de l’image, un bout d’enseigne : Restaurant. Jeanne s’approche de la fenêtre fermée et tire les rideaux.
- Séquence 18. Ext. Soir. Rue de l’hôtel.
« Entre deux personnes »
- Un air de saxophone démarre quelques secondes après le début du plan. Plan rapproché sur Matthieu, dehors, trempé de pluie, devant l’entrée de l’hôtel. Il se met à marcher : la caméra le suit en travelling avant en effectuant un léger panoramique sur la gauche pour le recadrer. Puis Matthieu fait demi-tour et la caméra effectue un mouvement inverse. Une fois la porte d’entrée de l’hôtel cadrée, Jeanne en sort. La caméra effectue un travelling arrière pour suivre son mouvement d’avancée. En passant près de Matthieu, elle lui dit : « Ce que je veux, c’est que tu ne dormes plus à la maison. » Jeanne vient se poster en gros plan. Quand Matthieu apparaît à l’image, le cadrage et le point se font sur lui, Jeanne étant rejetée dans le hors-champ, sauf son épaule droite en amorce dans le tiers inférieur de l’image. Jeanne prend de la distance par rapport à Matthieu : la caméra la cadre à nouveau alors qu’elle s’éloigne. Puis Jeanne revient se poster à la place qu’elle occupait précédemment en gros plan. On aperçoit au second plan Matthieu, flou. Puis Jeanne, en disant à Matthieu qu’il n’a rien compris du tout, fait demi-tour, s’éloigne un peu puis sort du plan sur la gauche, alors que Matthieu entre en lui disant, désabusé, d’attendre. Matthieu finit par rentrer dans l’hôtel.
- Séquence 19. Int. Nuit. Chambre d’hôtel.
« Entre deux personnes »
- Plan rapproché. Matthieu entre dans la chambre où Lo est censé dormir dans un lit à barreaux. La pièce est baignée dans la pénombre. « Tu dors pas ? », demande Matthieu. Lo reste silencieux. Matthieu reste un instant devant la porte entrouverte, puis se penche sur Lo, son visage restant hors-champ.
- Séquence 20. Int. Jour. Appartement de Jeanne et Matthieu.
« Entre deux personnes »
- Plan rapproché. Filmée de profil, Jeanne passe la serpillière à même le sol, accroupie.
- Plan rapproché. Tout en se disputant avec Matthieu, hors-champ, Jeanne continue à frotter le sol. Au début de ce plan, un pan de mur au premier plan cache le haut du corps de Jeanne accroupie. Matthieu entre au bout d’un moment dans le champ par la droite et la caméra effectue un panoramique ascendant pour venir le cadrer au niveau du visage, de dos. Il fume. Il sort du champ : la caméra redescend sur Jeanne. « Moi si je continue à t’aimer, je perds ma dignité » : après cette réplique, la caméra panote sur Matthieu, valise à la main, le temps de le voir sortir du champ, puis revient sur Jeanne. En son hors-champ, on entend claquer la porte d’entrée.
- Séquence 21. Ext. Jour. → Ext. Jour. Terrasse d’un café, rue à Paris.
« Entre deux personnes »
- Gros plan sur le visage du père de Matthieu, assis à la terrasse d’un café. Il boit dans sa tasse et entame un magnifique monologue sur les raisons qui poussent parfois un homme et une femme qui s’aiment à faire un enfant. Le plus souvent le regard perdu dans sa pensée, quasiment face caméra, il tourne parfois la tête vers Matthieu, hors-champ. Au moment où Matthieu prend la parole, la caméra panote sur la droite pour venir cadrer ensemble les deux visages. Puis la caméra délaisse à nouveau un instant Matthieu, avant de l’inclure dans le cadre après que son père lui a dit : « c’est très nécessaire pour moi que tu sois heureux. » Un morceau de saxophone démarre dès que le visage de Matthieu est inclus dans le cadre. Le plan se termine alors que la caméra revient sur le visage du père seul.
- Plan moyen sur une rue. La musique continue sur ce plan. Le père entre dans le champ par la droite, en s’appuyant sur sa canne. Il se retourne un instant vers la caméra, puis repart.
- Séquence 22. Ext. Jour. → Int. Jour. Rue de l’hôtel de Matthieu.
« Entre deux personnes »
- Plan d’ensemble. Le début du plan est filmé de la fenêtre de la chambre de Matthieu. Plan en plongée sur la rue vide au départ, comme un cadre de scène, dans lequel Jeanne et Lo entrent par la gauche. Mais leur présence et leur venue sont déjà annoncées par leurs voix hors-champ et le bruit des talons de Jeanne. Une fois bien campés dans le plan, Jeanne demande à Lo d’appeler son père.
- Contrechamp. Plan en contre-plongée de la fenêtre. Lo appelle son père en voix hors-champ. Matthieu apparaît à la fenêtre et se réjouit de les voir.
- Champ (idem plan 39). Jeanne refuse de monter.
- Contrechamp (idem plan 40). Matthieu la supplie de rester.
- Champ (idem plan 39). Jeanne et Matthieu sortent du champ pour se diriger vers la porte d’entrée de l’hôtel.
- Plan moyende biais de la porte d’entrée de l’hôtel. Jeanne et Lo entrent dans le champ par la droite. Jeanne laisse Lo rejoindre son père, semble hésiter un instant à monter elle-même, puis finit par partir en sortant par la droite. Le plan dure un instant sur la porte d’entrée de l’hôtel restée vide. Un morceau de saxophone démarre à la fin de ce plan et crée un enjambement avec le suivant.
- Séquence 23. Int. Jour. Chambre d’hôtel de Matthieu.
« Entre deux personnes »
- Plan rapproché sur la porte d’entrée de la chambre de Matthieu. Matthieu entre dans le champ par la droite et ouvre. Arrive Lo qui se précipite sur son père, se colle à lui, en l’entourant un instant de ses bras, puis les laisse pendre. (On peut remarquer au passage que la clé de la chambre est sur la porte, mais du côté du couloir.) La musique se termine cut à la fin de ce plan.
- Gros plan. Matthieu se laisse tomber sur le lit, en poussant un cri, avec Lo toujours dans ses bras. Un livreCe livre, dont le titre est invisible à l’écran, Philippe Garrel indique, dans son entretien aux Cahiers du cinéma à l’occasion de la sortie des Baisers de secours, qu’il s’agit de L’Amour conjugal d’Alberto Moravia. Garrel fait un rapide résumé du livre, qui lui semble cadrer avec son film : « C’est comme dans L’Amour conjugal de Moravia, le roman qu’on voit sur le lit, dans la scène de l’hôtel avec l’enfant. C’est l’histoire d’un écrivain marié. Un jour, il rentre chez lui et trouve sa femme au lit avec son barbier. Il a un traumatisme terrible. Puis finalement, il réfléchit et se dit que sans cette femme il ne serait rien. Il décide de rester avec elle. C’est une philosophie de l’abnégation. Je n’avais pas l’impression d’avoir déjà vu ça quelque part. Ce traumatisme et ce refus de dramatiser sont plutôt des choses qu’on raconterait normalement à son psychanalyste. Mais le dire à l’écran permet d’en tirer profit dans sa propre vie. » Cf. Thierry Jousse, « Le Refus du drame », art. cit., p. 29. est sur le lit, que Lo « compulse », pendant que son père le regarde.
- Séquence 24. Int. Jour. Salle de bains de la chambre d’hôtel de Matthieu.
« Entre deux personnes »
- Un air de saxophone démarre une seconde après le début du plan. Gros plan. Lo joue avec deux bateaux en papier dans un bidet rempli d’eau. L’eau continue de couler du robinet et déborde. Air réjoui de Lo en voyant déborder l’eau. Hors-champ, Matthieu demande à Lo ce qu’il est en train de faire et se précipite dans le champ quand il constate le désastre. Il se met à éponger l’eau avec une serviette. La caméra suit un instant ses gestes, puis remonte en panoramique pour venir cadrer Lo qui commence une explication. Le changement de plan le coupe net.
- Séquence 25. Ext. Jour. Rue de l’appartement de Jeanne.
« Entre deux personnes »
- Plan d’ensemble. Lo et Matthieu marchent dans la rue en se tenant par la main. Ils avancent près de la caméra. Tout en marchant, Matthieu s’inquiète de ce que Lo tient dans sa main : c’est un vieux clou. Lo en a un autre dans la poche. Pendant qu’ils s’approchent de la caméra, celle-ci privilégie Lo. Arrivé à la porte de chez Jeanne, Matthieu frappe. La caméra remonte vers le visage de Matthieu. Jeanne ouvre alors la porte, prend Lo avec elle et interdit à Matthieu de rentrer. Matthieu s’en retourne en sens inverse, seul et dépité.
- Séquence 26. Ext. Jour. Lieu indéterminé.
- Plan poitrine. Matthieu téléphone à son père. Filmé en plongée légère, de l’extérieur, à travers une fenêtre relativement opaque, qui brouille son image. La voix du père est audible pour le spectateur. Il conseille à Matthieu de voir Lo tout le temps. On entend des bruits et des paroles en son hors-champ.
- Séquence 27. Ext. Jour. Rue à Paris.
« Entre deux personnes »
- Plan d’ensemble.Un trottoir. Lo et Jeanne entrent dans le champ par la gauche, en se tenant par la main. La caméra les regarde s’éloigner en discutant. Jeanne apprend à Lo qu’elle a pour lui un cadeau qui l’attend à la maison : un petit crocodile. En fin de plan, Lo et Jeanne sont minuscules à l’image, alors que l’intensité de leurs voix demeure constante.
- Séquence 28. Int. Jour. Chambre d’hôtel de Matthieu.
- Gros plansur la veste de Matthieu qui est accrochée à la poignée de la fenêtre. Matthieu entre dans le champ par la gauche, finit visiblement de glisser sa chemise dans son pantalon, puis enfile sa veste en regardant par la fenêtre. Il tourne alors la tête vers la gauche. Éclairé en contre-jour, Matthieu apparaît comme en ombre chinoise.
- Insert : gros plan d’une rose sur le bord d’un lavabo.
- Gros plan. On retrouve Matthieu qui retourne la tête vers la fenêtre et regarde longuement à travers elle. Il finit par se retourner, mais dans un tel contre-jour qu’il n’est plus qu’une tache à l’écran qui finit par sortir du cadre sur la gauche. La caméra effectue alors un léger recadrage sur la droite et le point se fait alors sur l’extérieur de la pièce, sur la fenêtre en face de celle de la chambre de Matthieu. Dans ce plan, comme dans le plan 51, la qualité du silence qui entoure Matthieu est particulièrement frappante.
- Séquence 29. Int. Jour. Chambre d’hôtel de Matthieu.
« Entre deux personnes »
- Plan rapproché sur la porte de la chambre, tapissée de papier peint fleuri. Quatre petits coups vifs sont frappés. En voix hors-champ, Matthieu dit : « Entre ». La porte s’ouvre et Jeanne apparaît. Au moment de l’ouverture de la porte, la musique démarre. Jeanne reste un moment seule à l’image. Elle ne cherche pas une seconde Matthieu du regard lorsqu’elle entre dans la pièce : elle dirige ses yeux sur lui (hors-champ) sans l’ombre d’une hésitation. Et une fois qu’elle l’a trouvé et qu’elle a refermé la porte, elle le fixe du regard, sans bouger. Matthieu entre alors dans le champ, il prend la tête de Jeanne dans ses mains et embrasse ses lèvres. En embrassant la bouche de Jeanne, Matthieu donne l’impression de vouloir la manger ou mieux encore d’en boire la substantifique moelle. Ils finissent par s’embrasser très fortement. Une fusion entre les corps est ici figurée : Jeanne et Matthieu ne semblent plus ne faire qu’un seul corps, une seule figure androgyne.
- Insert : idem plan 52. Une rose sur le bord du lavabo. On distingue mal à l’image, mais il est possible que le lavabo soit rempli de pétales de roses.
- Gros plan sur Jeanne dans la chambre d’hôtel. De trois quarts face à l’image, elle regarde d’abord au sol vers la droite du cadre, puis vers la gauche toujours au sol, puis lève les yeux vers le haut : on pourrait dire que son regard est alors en contre-plongée.
- Gros plan sur les visages de Matthieu et Jeanne. Elle couchée de dos sur le lit, lui accoudé près d’elle. Elle est de profil à l’image, il est de face. Elle lui caresse les lèvres et il dit : « Tu sais, comparé à une vie, tout ça est dérisoire. T’as pas fait de bêtise au moins ? » Elle finit par l’embrasser. Un air de saxophone démarre à la fin de ce plan.
- Très gros plan sur le visage de Lo, couché sur le dos. La caméra se déporte très légèrement sur la gauche, pour nous montrer la main de Jeanne caressant très légèrement le ventre de son enfant. La caméra effectue alors un trajet inverse pour venir cadrer le visage de Jeanne, penchée sur son enfant, puis redescend sur le visage de Lo.
- Plan rapprochésur le bas de la fenêtre fermée de la chambre, avec le cadre blanc qui entoure le fer forgé qui sert de balustrade au balcon extérieur. La caméra panote alors lentement sur la droite, pour trouver la main de Matthieu fumant une cigarette, puis remonte le long de son buste pour atteindre son visage. Il parle à Jeanne qui est hors-champ. Ils chuchotent jusqu’à la limite de l’audible. Ils parlent de Josette et de Paul, le couple de leurs amis dont l’homme est lui aussi cinéaste.
- Séquence 30. Int. Jour. Café.
« Entre deux personnes »
- Plan rapproché de Jeanne au café avec son amie de la séquence 7. Jeanne évoque ses paroles « définitives » sur la dignité et sur lesquelles elle est revenue. « Dignité mon cul », lui répond son amie : « Tu as qu’à lui écrire une lettre. »
- Séquence 31. Int. Jour. Café.
- Plan rapproché de Matthieu seul assis à la table d’un café, en train de lire le journal L’Humanité, une tasse blanche posée près de lui. Il se retourne, comme s’il avait entendu quelque chose hors-champ, puis se remet à lire la quatrième de couverture de son journal. Le titre de L’Humanité : « La Nouvelle vague ». Un air de saxophone démarre. Matthieu se retourne à nouveau, de manière beaucoup plus brusque, puis reprend sa lecture. Il finit par plier son journal et le laisser tomber sur la table.
- Séquence 32. Ext. Soir. Rue attenante à une serrurerie.
« Entre deux personnes »
- Plan d’ensemble. Le début du plan est très flou. En son hors-champ, le bruit tonitruant du moteur d’une 2 CV, qui arrive par la gauche, puis freine dans le plan. La demi-fenêtre caractéristique de la 2 CV est ouverte du côté de Matthieu, qui est le plus proche de la caméra. Jeanne est au volant. Le freinage est si brusque que Matthieu est projeté à l’arrière de son siège. Jeanne sort et entre dans une serrurerie. La caméra effectue un panoramique ascendant sur la droite pour la cadrer dans le magasin : Matthieu se retrouve complètement hors-champ. Jeanne récupère la clé et revient frapper à la vitre de sa portière. Matthieu ouvre le volet. Elle lui tend la clé : « C’est pour habiter ensemble. » Puis elle repart vers la droite, et s’éloigne manifestement assez loin à en juger l’intensité faiblissante du bruit de ses talons. Il range la clé dans sa poche.
- Séquence 33. Int. Jour (Matin). Appartement de Jeanne et Matthieu.
« Entre deux personnes »
- Plan moyen. Dans leur lit, Jeanne et Matthieu s’enlacent. Matthieu est sur Jeanne : un drap blanc les recouvre à mi-dos. Hors-champ, on entend petit à petit les pas de Lo qui descend les escaliers. La caméra panote sur la droite, puis se met à suivre Lo lorsqu’elle tombe sur lui. Lo s’approche du lit de ses parents. Jeanne lui tend son bras gauche, et Lo monte avec eux dans le lit. Tout en étreignant ses parents, Lo fait aller et venir sa jambe droite contre ses fesses, ce qui a pour effet de rythmer la fin du plan de manière très singulière.
- Séquence 34. Int. Nuit. → Int. Jour. Compartiment d’un train.
« Entre deux personnes »
- Gros plan. Dans le compartiment d’un train. Le train roule de nuit. À l’image, Matthieu qui pèle une orange et Lo qui le regarde faire, les yeux fixés sur ses mains. Matthieu est de profil, Lo le visage face caméra, la tête légèrement penchée. Matthieu crache un bout de pelure d’orange qu’il avait dans la bouche.
- Gros plan en contre-plongée sur Jeanne qui ouvre la porte vitrée du compartiment et entre, des sandwiches à la main.
- Gros plan. Retour au plan sur Matthieu et Lo. Lo passe alors de son père à sa mère qui s’est assise en face d’eux. La caméra le suit. Il se colle contre sa mère, et regarde avec elle les sandwiches. Lo a dans la main un jouet. Jeanne demande à Matthieu, hors-champ, de ne pas fumer.
Fermeture et ouverture au noir.
- Gros plan de Jeanne et Lo, qui dort dans les bras de sa mère, toujours assise à la même place dans le compartiment. Jeanne regarde presque religieusement son enfant dormir.
Fermeture et ouverture au noir.
- Gros plan. À nouveau Lo dormant dans les bras de sa mère. Jeanne regarde son fils dormir, puis finit par lever les yeux et regarde Matthieu hors-champ. Elle récite un extrait en italien du livret des Noces de Figaro de Mozart à Matthieu. Matthieu, voix hors-champ : « C’est beau, c’est comme dans un film d’Antonioni. » Le plan dure encore un instant sur Jeanne regardant Lo dormir.
Fermeture et ouverture au noir.
- Gros plan sur Jeanne et Lo qui dort toujours. La caméra panote vers Matthieu, dont on aperçoit d’abord le reflet dans la glace. Gros plan sur son profil, gros plan qui dure. Puis la caméra panote et trace un lien entre Matthieu et Jeanne en passant par le bras de Matthieu, la main très proche de la jambe de Jeanne. Fin du plan sur Jeanne et Lo dormant.
- Un air de saxophone démarre au début du plan. Plan poitrine de Jeanne de trois quarts face. Il fait jour. Dans le hors-champ, sur les jambes de Jeanne, on devine la présence de Lo endormi.
- Séquence 35. Ext. Jour. Paysage de montagne.
- La musique s’achève quelques secondes après le début du plan. Plan d’ensemble assez vaste d’un paysage de campagne montagneuse. On distingue vaguement quatre personnages, dans lesquels on reconnaît au premier plan Matthieu et Lo. Ils sont suivis de Jeanne et d’une autre personne. On apprendra par la suite que c’est la mère de Matthieu. Le quatuor marche sur un tout petit chemin tracé dans ce qui semble une sorte de pré en pente. Balade. Lo, tout à coup, se met à courir et à mettre de la distance entre lui et les autres. Il sort le premier du cadre, suivi de Matthieu. Le plan s’interrompt à l’instant où les deux femmes s’apprêtent à sortir du cadre.
- Plan d’ensemble d’un paysage de montagne, qui paraît montrer le contrechamp du précédent, puisque Lo entre en courant par la gauche du cadre. La caméra le suit en panoramique. Il disparaît peu à peu de l’image, semblant s’enfoncer à même le paysage, à même le sol. On entend Matthieu appeler « Louis » en voix hors-champ. La caméra poursuit un moment son mouvement, pour finir par cadrer une ligne de montagne dans la brume : la montagne se détache comme une masse grise, masquée et estompée par la lumière diffuse du brouillard léger.
- Séquence 36. Int. Jour. Intérieur de la maison de la mère de Matthieu.
« Entre deux personnes »
- Plan poitrine sur Matthieu, quasiment de face. Il est assis. Hors-champ, le bruit de trois pas de sa mère.
- Gros plan sur le visage de la mère en train de marcher. Elle demande à Matthieu : « Mon fils va bien ? », puis va fermer une porte entr’ouverte. Elle revient vers lui. La caméra reste alors sur elle pendant toute la petite conversation qu’elle cherche à avoir avec son fils. « Quand ils se parlent plus d’amour, ils se parlent plus » : à la fin de cette phrase, la caméra descend sur les mains jointes de la mère, posées sur la table où elle est assise, puis remonte peu après sur son visage. « Maman ça va ? » « Bien sûr ». Le plan se termine sur cette réponse.
- Séquence 37. Ext. Jour. Terrasse de la maison de la mère de Matthieu.
- Plan taille de Matthieu, assis à une table en extérieur, regardant par terre, éclairé par une lumière lactescente et diaphane. Hors-champ, la voix de Jeanne : « Qu’est-ce que je viens de dire ? » La caméra se déporte sur Jeanne, sur la gauche. « Tu veux que je te chante le petit air qu’elle m’a donné. » Jeanne se met à chanter et un air de saxophone en musique de fosse se met à l’accompagner, qui reprend la même mélodie. Puis Jeanne apprend à Matthieu son lapsus à propos d’une lettre : « Tu sais je suis embêtée parce que j’ai envoyé une de tes lettres d’amour à ta mère ». « Non, c’est pas grave, t’as qu’à lui en parler » : la caméra se déporte en panoramique vers la mère seule en train de faire la vaisselle dans la cuisine, un peu avant que Matthieu ne prononce cette phrase. L’image sur la mère propose une composition singulière : elle est pour un tiers remplie par le pan de mur blanc de la maison, bloc de blanc total et les deux autres tiers sont constitués par l’encadrement de la porte de la cuisine. Dans l’encadrement se tient de trois quarts dos la mère de Matthieu. Une fois arrivée à cette image, la caméra reste fixe quelques instants, puis repart dans l’autre sens. Alors qu’elle est à nouveau sur Jeanne, un avion se fait entendre dans le ciel. Dans le bruit du moteur qui dure, on entend la voix de Jeanne, mais on ne fait que deviner celle de Matthieu et la petite voix aiguë de Lo. Puis la caméra repart sur la mère, qui sort un instant de sa cuisine pour demander si Lo est avec eux.
- Séquence 38. Int. Nuit. Compartiment couchette d’un train.
« Entre deux personnes »
- Gros plan. Dans un compartiment de train, la nuit. La musique (saxophone) démarre quelques secondes après le début du plan. Au début, le compartiment est plongé dans l’obscurité. Matthieu ouvre la porte, pose une valise dans le porte-bagages en hauteur, un clope au bec. Jeanne entre et allume, enlève son imper et monte à la couchette supérieure en se blessant, comme la grimace de son visage nous le montre d’abord. La caméra descend alors jusqu’à la cheville, sur laquelle elle porte une très légère éraflure, juste à côté de la malléole. Matthieu lui retire alors son escarpin et lui serre un mouchoir blanc autour de la cheville.
- Gros plan. Retour sur le visage grimaçant de Jeanne.
- Gros plan. Retour sur le visage de Matthieu, puis la caméra effectue un panoramique descendant pour venir cadrer la cheville, le plan se terminant sur la « tignasse » de Matthieu en train d’embrasser la cheville de sa femme, à travers le mouchoir blanc.
- Séquence 39. Ext. Nuit. Rue, café.
- Plan rapproché sur lasortie d’un cinéma. Un air de saxophone commence quelques secondes après le début du plan. Sur le mur du côté gauche du cadre, une petite affiche de Maine-Océan, le film de Jacques RozierJacques Rozier, Maine-Océan (France, 1985). C’est avec ce film que Philippe Garrel avoue avoir pris conscience que Luis Régo était un bon acteur.. Deux couples sortent du cinéma : Josette et Paul, suivis de Jeanne et Matthieu. Les deux hommes et les deux femmes se dirigent dans un café jouxtant le cinéma, suivis en travelling arrière par la caméra. Ils s’assoient : les deux couples l’un en face de l’autre, à la première table près de la vitrine du café. Les deux femmes sont côté vitre. La musique s’interrompt au début de la discussion. Une fois assis, le plan est d’abord sur le couple Jeanne/Matthieu. La caméra effectue un travelling latéral gauche, pour ne donner à voir que Jeanne et Matthieu. En poursuivant son mouvement de travelling, elle effectue alors un panoramique sur la droite pour venir cadrer uniquement Josette et Paul. Le cadrage reste fixe un long moment sur eux. Puis la caméra entame un mouvement de travelling inverse au précédent et interrompt son mouvement lorsque Jeanne, Matthieu et Josette (de trois quarts dos) sont visibles dans le plan. Puis la caméra commence à entamer un mouvement de travelling identique au premier.
- Gros plan sur Josette filmée à travers la vitre du café. Jeanne est de trois quarts dos en amorce gauche du cadre. Le visage de Paul entre un instant dans le champ pour dire à Josette qu’il aimerait bien mourir dans ses bras. « Moi aussi j’aimerais bien mourir dans tes bras », répond Josette. L’air de saxophone reprend à la fin de cette réplique. Paul sort à nouveau du champ, mais la caméra panote sur la gauche pour venir cadrer la moitié de son visage, dont l’autre moitié est cachée par la tête de Jeanne, de dos et floue.
- Séquence 40. Ext. Nuit. Rue à Paris.
« Entre deux personnes »
- La musique s’interrompt au début de ce plan. Plan taille. Josette et Paul marchent dans la rue en se tenant par la main. « Tu crois ce que tu as dit tout à l’heure ? », demande Paul à Josette. La discussion s’installe entre eux. La caméra les suit en travelling arrière un long moment, avant de les cadrer de profil en gros plan lorsqu’ils s’arrêtent un instant. Puis elle les laisse repartir de dos en se tenant l’un à l’autre, alors que la musique recommence.
- Séquence 41. Ext. Nuit. Rue à Paris, 2 CV de Jeanne.
« Entre deux personnes »
- La musique continue au début de ce plan. Plan rapproché. La caméra, en même temps qu’elle effectue un travelling latéral gauche, montre Jeanne s’avançant. La caméra interrompt son mouvement lorsqu’elle cadre au niveau du pare-brise avant la 2 CV de Jeanne, dans laquelle elle entre côté conducteur. Matthieu entre à son tour. La musique s’interrompt. À peine assis, Matthieu pose à Jeanne la même question que Paul posait à Josette dans la séquence précédente : « Tu crois ce que tu as dit tout à l’heure ? » La discussion commence entre eux. L’air de saxophone reprend quelques secondes avant la fin du plan, pendant que Jeanne démarre la voiture. La voiture part après que Jeanne a répondu à Matthieu qu’elle l’aimait. Le plan s’interrompt après la sortie du champ de la voiture.
- Séquence 42. Int. Jour. Appartement de Jeanne et Matthieu.
- Plan moyen de Jeanne, sur son lit. Elle range des habits trop petits de Lo dans un carton.
- Séquence 43. Int. Jour. → Ext Jour. Compartiment d’un train, quai de gare.
« Entre deux personnes »
- Un air de saxophone démarre au début de ce plan. Gros plan sur Matthieu, dans un compartiment de train. Puis la caméra effectue un panoramique descendant sur Lo, la tête sur les jambes de son père.
- Plan taille de Matthieu, cadré de profil, seul dans le couloir du train, accoudé sur le rebord de la vitre extérieure.
- Gros plan sur le visage de Jeanne attendant à la gare. Elle baisse les yeux, la caméra suit le trajet de son regard : dans ses mains un papier qu’elle plie et glisse dans la poche de son imperméable, avant que la caméra ne remonte sur son visage. Le soleil éclaire son visage et lui fait plisser les yeux. Elle bouge quelque peu sur la droite, suivie en panoramique droite par la caméra. Le train arrive hors-champ : elle finit par se précipiter hors cadre.
- Plan rapproché. On la retrouve avec Lo dans les bras, la caméra effectuant un léger travelling avant sur eux, pendant que Matthieu descend du train, les valises à la main. Jeanne caresse les cheveux de Lo dans une lumière diaphane. Jeanne et Matthieu s’embrassent. Ils partent sur la droite, suivis en panoramique par la caméra. Ils finissent par sortir du champ, leurs silhouettes se reflétant contre la paroi brillante du train.
- Séquence 44. Int. Jour. Appartement de Jeanne et Matthieu.
- Plan rapproché sur Lo qui joue avec un petit lapin en peluche, assis en tailleur par terre.
- Séquence 45. Int. Jour. Station de métro Vaneau.
« Entre deux personnes »
- Plan de demi-ensemble sur l’un des quais de métro de la station Vaneau. L’image paraît au départ essentiellement floue. On entend hors-champ des bruits de talons : ceux de Jeanne qui entre par la droite du cadre. Elle porte un livre blanc dans la main gauche. Elle s’avance jusqu’au premier banc et s’assoit. La profondeur de champ augmente à mesure que Jeanne s’enfonce dans le plan.
- Plan poitrine sur Jeanne, de trois quarts face, le visage pensif, les yeux dans le vague. Un bruit lui fait légèrement tourner le regard vers la droite du cadre.
- Ce plan peut passer pour un plan subjectif. Plan de demi-ensemble sur l’embouchure de l’escalier du quai d’en face, filmé du quai où se trouve Jeanne. Minouchette descend les escaliers, vêtue de noir. La caméra la suit en panoramique droite. En marchant, Minouchette paraît voir Jeanne, puis détourner la tête. Elle marche jusqu’à se retrouver quasiment en face de Jeanne, s’assoit sur un banc et tourne ostensiblement la tête vers la gauche du plan, en ignorant Jeanne.
- Gros plan sur Jeanne, qui fixe Minouchette hors-champ d’un regard noir de consternation. À trois reprises, son regard change de direction, pour immanquablement finir par revenir sur Minouchette.
- Plan moyen. Ce plan peut passer pour un plan subjectif. Minouchette ignore toujours Jeanne. Le métro de Minouchette arrive. Elle se lève et fait quelques pas sur la droite, suivie en panoramique par la caméra. Lorsque la rame dans laquelle elle va monter apparaît, un étrange effet de zoom avant extrêmement rapide – presque imperceptible – a lieu. Minouchette entre dans la rame et vient se poster contre la vitre qui fait face à Jeanne. En effectuant un demi-tour sur elle-même, elle montre ostensiblement sa gêne et son refus de croiser le regard de Jeanne.
- Gros plan sur Jeanne, au cadrage identique au plan 90. Jeanne tourne le visage vers sa gauche, pour voir la rame partir.
- Plan rapproché sur le métro qui part. Le plan s’interrompt après la sortie complète du train hors du champ.
- Plan d’ensemble au cadrage identique au plan 87. Jeanne seule, toujours assise sur le banc. Au bout d’une quinzaine de secondes, la caméra amorce un travelling ascendant à la grue. Un air de saxophone démarre au départ du mouvement de caméra. La caméra interrompt son mouvement lorsque Jeanne est filmée en plongée assez prononcée.
Générique de fin.
L’air de saxophone se poursuit. Défilement des mentions génériques en lettres blanches sur fond gris.