La Naissance de l’amour

Lettres blanches sur fond noir. Le titre apparaît en minuscules : la naissance de l’amour.

  1. Plan moyen en contre-plongée. Hélène se tient dans l’encadrement d’une porte. Paul, sur le perron, un pull noir sur une chemise blanche, son imperméable à moitié enfilé, s’avance, l’embrasse sur les deux joues et part en descendant des escaliers. Marcus se précipite hors de l’appartement en finissant d’enfiler son manteau : « Je viens avec toi », pour aller chercher des cigarettes. En un léger panoramique descendant, la caméra vient recadrer Hélène, qui reste quelques instants dans l’encadrement de la porte, puis fait demi-tour et entre dans l’appartement.

« Entre deux personnes »

  1. Plan poitrine. Les deux hommes marchent lentement côte à côte la nuit, presque face caméra, filmés en travelling arrière. En fond, les phares des voitures ou les lampes des réverbères ne sont plus que des pastilles de lumières, comme des lucioles, en raison de la longue focale utilisée. Les deux hommes parlent de la rencontre de Marcus et d’Hélène.

« Entre deux personnes »

  1. Plan rapproché. On retrouve Paul et Marcus, marchant nettement plus rapidement, filmés de biais sur leur gauche. La caméra effectue un panoramique à gauche pour les suivre. Paul sort un instant du cadre, puis y revient vite, alors que Marcus entre dans un bureau de tabac pour acheter des cigarettes. Paul l’attend à la sortie. Le point est fait sur Marcus chez le buraliste, Paul, au premier plan de l’image, se retrouvant flou. Ils s’embrassent à la sortie de Marcus, et chacun part de son côté – Paul à gauche.
  1. Paul débouche dans une rue où la caméra l’accueille en plan en pied. Il est éclairé à contre-jour : son visage est à peine visible dans l’ombre. Un car passe dans son dos. Rendus flous, deux panneaux lumineux en forme de flèches font deux taches blanches à droite de Paul. Plus loin, un autre panneau blanc forme une importante tache blanche rectangulaire. La caméra suit un instant Paul en panoramique gauche quand il arrive à sa hauteur. Quand il passe au plus près de la caméra, son visage n’est qu’ombre. En sortant du cadre, il laisse le champ libre à d’énormes cercles lumineux blancs, superposés les uns sur les autres et mobiles.

« Entre deux personnes »

  1. Gros plan sur Hélène, dans sa cuisine, filmée de trois quarts dos. Son visage se découpe sur un fond presque blanc et neutre. Le buste de Marcus, légèrement flou, fait des allers-retours devant la caméra en sortant à chaque fois du champ, masquant Hélène et « déconnant » avec elle. Elle sourit, mais lui dit d’arrêter. La caméra reste sur elle. Dialogue avec Marcus hors-champ.
  2. Après « Ce ne sont pas des choses qu’on dit sur commande », raccord dans l’axe. La caméra a pris de la distance avec Hélène, filmée en plan-américain. Le coin cuisine dans lequel elle se trouve se fait nettement plus visible. Pour donner un baiser à Marcus sur le front, elle s’avance vers lui qui était assis hors-champ. La caméra panote pour la suivre. Elle fait demi-tour pour s’occuper de ses légumes. Marcus reste cadré en amorce. Il se lève, lui caresse l’épaule et sort du cadre par la droite.
  3. Gros plan sur la une du Monde : « Les alliés se préparent à une guerre… » En son hors-champ, une voix en anglais, un peu étouffée, qui provient soit d’une télé, soit d’une radio, évoque des ordres attendus et espérés bientôt.
  4. Gros plan sur Hélène, filmée de trois quarts dos, en plongée. En voix hors-champ, Marcus lui parle de Lénine, qui avait presque raison. On entend aussi la voix en anglais. Marcus, qui n’a pas entendu la question d’Hélène, répète plus fort, ce qui la fait répéter à son tour, de manière excédée. En son hors-champ la voix du reportage laisse place à ce qui est vraisemblablement des cris de soldats en train de défiler. La caméra sur Hélène reste mobile et la suit dans ses légers mouvements.

« Entre deux personnes »

  1. Plan d’ensemble. Panoramique en diagonale discontinue et brisée qui part d’une rue de nuit pour monter à la fenêtre d’un immeuble. Des bruits de voiture se font entendre. Une petite mélodie au piano court tout au long de ce plan.
  2. Gros plan de face sur Paul, en plongée légère.
  3. Gros plan sur Ulrika, de trois quarts, en légère plongée, dans sa baignoire. La lumière blanche qui émane de ce plan contraste fortement avec tous les plans qui précédaient. Elle s’adresse à Paul hors-champ. La caméra reste mobile pour suivre ses légers mouvements. On voit la porte de la salle de bains s’ouvrir derrière Ulrika. Paul entre et vient se poster de dos devant la caméra, nous masquant Ulrika, qui réapparaît lorsqu’il décale sa tête vers la droite, mais en restant en amorce du champ. Le point n’a pas cessé d’être fait sur elle. Ils se lèvent.
  4. Plan moyen hors de la salle de bains dans laquelle Paul se retourne pour prendre une serviette et la donner à Ulrika. Effet de cadre dans le cadre qui cerne Paul. Paul porte Ulrika hors de la salle de bains. La caméra les suit en gros plan.
  5. Ils tombent ensemble sur le lit. Le visage d’Ulrika vient s’inscrire en gros plan dans le cadre. L’arrière du crâne de Paul la masque un moment, puis celui-ci descend le long du corps de la femme et sort du champ. La caméra reste sur elle, sa joue gauche reposant sur l’oreiller.
  6. Ulrika en gros plan, le visage tourné dans l’autre sens. Elle regarde Paul, hors-champ légèrement à gauche, la tête sans doute entre ses jambes. La caméra reste mobile pour suivre ses mouvements, notamment un brusque mouvement de tête sur la droite, puis peu après en sens inverse. Après « pour que ce soit mouillé », Paul remonte dans le cadre et vient inscrire son visage en amorce gauche du cadre.
  1. Plan moyen. À la pharmacie, Paul et Ulrika achètent des préservatifs. La pharmacienne s’inscrit entre eux deux. Ils sont filmés à travers la porte vitrée de la pharmacie, comme en témoigne une inscription écrite et floue au premier plan de l’image.

« Entre deux personnes »

  1. Plan d’ensemble. Plongée sur la façade extérieure de la Gare de l’Est, de nuit. La rumeur de la ville hors-champ. L’espace se présente désert et vidé : pas âme qui vive dans ce plan.
  2. Plan moyen sur la fenêtre de la chambre d’hôtel. À travers la vitre, on distingue la rosace qui orne l’entrée principale de la gare. Paul entre dans le champ par la droite, précédé par son reflet dans la glace et ouvre la fenêtre. Il s’accoude à la balustrade. La rumeur de la ville monte dans la chambre. Puis Paul se tient un moment presque immobile entre les deux battants de la fenêtre (cadre dans le cadre) en regardant à l’intérieur de la chambre dans le hors-champ gauche.
  3. Très gros plan des visages d’Ulrika et de Paul. Celui de Paul au premier plan est flou et de profil, celui d’Ulrika est de trois quarts face et net. Longue confession d’Ulrika : « Moi, je ne veux plus retomber dans la situation de l’amour, à cause du premier que j’ai eu ». À un moment, le visage de Paul n’est pratiquement plus visible, masqué par le bras d’Ulrika qu’il a fait remonter contre son visage.

« Entre deux personnes »

  1. Filmés en plan taille, sur la place jouxtant l’entrée de la gare, Paul et Ulrika s’embrassent. Leur deux corps apparaissent confondus en une seule masse noire, Paul étant pratiquement enveloppé dans le châle d’Ulrika. Derrière eux, des voitures garées. La rumeur de la ville – des moteurs – se fait entendre. Pour lui dire : « Si tu n’avais pas eu quelqu’un, je serais restée avec toi », Ulrika prend un peu de distance, mais uniquement avec son visage. Elle se détache ensuite de lui, le châle tombe des épaules de Paul : le corps de Paul semble réapparaître. Ulrika ramasse son sac, prend alors Paul par la main et l’entraîne vers l’intérieur de la gare. La caméra les suit en panoramique droite. Il lui propose de porter son sac. La caméra les laisse partir de l’avant, les regardant s’éloigner de dos. Le cadre reste chaotique.

« Entre deux personnes »

  1. Plan de demi-ensemble. À l’intérieur d’un café. Un bruit de fond assez sourd demeure pendant toute cette séquence, qui ne paraît pas simplement provenir du bruit de la circulation extérieure. La porte d’entrée est filmée en plan moyen. Le dos des chaises représente une sorte de cœur. Fanchon arrive par la droite, et entre, traversant le champ et sortant par la gauche.
  2. Gros plan en très légère contre-plongée de Paul, qui sourit à Fanchon, hors-champ.
  3. Contrechamp sur Fanchon, debout, toute de noir vêtue, filmée en plan taille et en contre-plongée. Elle baisse les yeux et sourit. On peut deviner qu’elle est enceinte, bien que ce ne soit pas absolument visible sous la noirceur de sa robe.
  4. Gros plan de Fanchon qui s’assoit avec difficulté et précaution en raison de sa grossesse. La caméra l’accompagne en un léger panoramique descendant. Paul, hors-champ, entame la conversation.
  5. Plan sur Paul après « c’est la même chose » (idem plan 21). Dehors, une boule de lumière blanche floue occupe le centre de la partie droite du cadre.
  6. Plan de demi-ensemble. Paul et Fanchon viennent de sortir du café et marchent dans la rue. Une petite mélodie au piano les accompagne. Le cadre de l’image est instable. Derrière eux, un Mac Donald. Paul repère quelque chose en hauteur dans le hors-champ à droite : « C’est drôle, c’est la fenêtre de la chambre où Jean s’est flingué. » Paul sort du cadre, Fanchon regarde encore quelques instants la fenêtre, puis avance vers une voiture garée. La caméra la suit en panoramique gauche. Une fois assise au volant de la voiture où on a entendu Paul entrer, ils sont tous les deux dans une noirceur telle qu’on ne les voit plus.
  7. Gros plan dans lequel on distingue à peine la main gauche de Fanchon, filmée à travers sa vitre conducteur. La 4L démarre et s’avance dans le champ. La caméra recadre légèrement la voiture qui file dans la rue en « décadrage » de biais : la voiture et la rue – éclairée de lampions – penchent sur la gauche.

« Entre deux personnes »

  1. Plan rapproché sur Paul, lisant le journal. Dans le coin inférieur droit du cadre, on voit un coin d’un poste de télévision allumé, avec des images de tanks militaires et de soldats.
  2. Plan de demi-ensemble en plongée sur Pierre, couché dans son lit, les couvertures remontées jusque sous le menton, la tête enfouie dans son oreiller. Pénombre importante. Il se repositionne pour se coucher sur le dos.
  3. Fanchon, en plan américain dans la cuisine, en robe totalement noire, qui épouse les formes de son corps et fait ressortir son ventre de femme enceinte. Elle allume une cigarette, pendant que l’eau du robinet coule. Elle lave un bol, pendant que Paul lui hurle hors-champ que le ministre de la défense a démissionné. Pendant la conversation Paul s’est rapproché du champ : sa voix se fait moins lointaine.
  4. Contrechamp sur Paul, en plan-poitrine, qui se tient sans doute dans l’encadrement de la porte de la cuisine. Il reste un instant silencieux et désarçonné par le manque d’enthousiasme de Fanchon. Puis il sort.

« Entre deux personnes »

  1. Saisissant contraste de luminosité entre ce plan et le précédent. C’est quasiment un écran blanc luminescent qui se présente en ouverture de plan au spectateur. À l’extrême droite, se donne simplement à voir une ligne verticale plus foncée : on apprend vite que c’est la rainure d’une porte. Une sage-femme ouvre la porte et entre dans le champ en laissant la porte ouverte. Filmée en gros plan, en blouse blanche, les cheveux blonds, son visage apparaît infiniment pâle dans cette image, forme s’arrachant à la lumière blanche plus qu’autre chose. En son hors-champ, on entend la rumeur des couloirs de la maternité. Fanchon va accoucher sous césarienne : elle veut une péridurale et ne veut pas qu’on l’endorme.
  2. Contrechamp sur Fanchon en gros plan dans son lit. La lumière rend son visage totalement blanc, comme un masque de Pierrot lunaire. Une ombre très fugitive nous renseigne sur la présence de Paul, dans le hors-champ à gauche. Au bout de quelques instants, elle s’assoit dans son lit, prend son cartable qu’elle ferme, en se mettant à avoir un début de sanglot. Paul l’aide à enfiler son manteau et lui demande si elle a peur. La caméra reste, pendant toute la durée du plan, aimantée sur le visage de Fanchon.
  1. En plan d’ensemble où il apparaît en miniature, filmé de l’intérieur d’un bâtiment à travers une fenêtre à carreaux qui forment une suite de cadres dans le cadre, Paul tire sur une branche d’arbre puis tourne en rond en attendant que sa femme accouche.

« Entre deux personnes »

  1. Plan en pied d’une infirmière qui traverse un couloir avec la petite Judith dans les bras. Elle s’avance vers la caméra puis tourne sur la droite. La caméra la suit en panoramique. Le bébé pleure un peu, d’un sanglot sourd. Elle pose le bébé sur une table. En son hors-champ, on entend une sonnerie en continu. Elle dit à Paul, dans le hors-champ à droite de venir près d’elle.
  2. Gros plan en plongée sur le bébé, qui s’agite en mouvements quasi mécaniques et désordonnés des jambes et des bras. L’infirmière aspire les impuretés, grâce à une pompe mécanique, restées dans le nez et dans la bouche de la petite fille. En voix hors-champ, elle commente ce qu’elle est en train de faire, pour l’expliquer à Paul. Paul a ses mains posées contre la paroi de verre qui entoure le bébé. Les râles du bébé ressemblent à un bruit de crécelle rouillée. Une fois le travail fini, l’infirmière passe le bébé à Paul.
  3. Gros plan sur Paul avec sa petite Judith dans les mains, un bonnet de papier pour lui tenir les cheveux et vêtu d’une blouse chirurgicale, qui prend soin de tenir correctement la tête du bébé. Il sourit. Dans ses bras, le bébé se calme un peu. Paul embrasse la tête de sa petite fille, puis finit par la bercer.
  1. Gros plan de Fanchon dans son lit, le corps complètement enfoui sous les draps : seul son visage dépasse. La qualité ou plutôt la nature de la lumière laissent penser qu’elle se trouve encore à la maternité. Au début du plan, elle a les yeux fermés, qu’elle ouvre très rapidement. Elle paraît comme assommée dans son lit. En voix hors-champ, Paul lui demande si elle a vu que la guerre est finie – elle répond « oui » –, guerre qui a fait 150000 morts.
  1. Syntagme descriptifNous ne comptons qu’un plan pour ces images de reportage télévisuel en raison de leur nature particulière et parce que tout laisse à penser que Philippe Garrel a filmé en un seul plan une suite d’images télévisées déjà montées. Pour être pleinement exact, il convient donc de mentionner que neuf images composent ce syntagme descriptif, les deux dernières étant reliées par un fondu enchaîné. Rappelons, enfin, que Christian Metz définit le syntagme descriptif de la manière suivante : c’est « un type syntagmatique dans lequel le rapport entre tous les motifs présentés successivement à l’image [est] un rapport de simultanéité […]. Dans le syntagme descriptif, le seul rapport intelligible de coexistence entre les objets que nous présentent successivement les images est un rapport de coexistence spatiale. Ceci n’implique nullement que le syntagme descriptif puisse s’appliquer uniquement à des objets ou à des personnes immobiles. Un syntagme descriptif peut fort bien porter sur des actions, pourvu que ce soient des actions dont le seul type de rapports intelligibles est le parallélisme spatial à quelque moment du temps qu’on les prenne, c’est-à-dire des actions que le spectateur ne peut pas mettre mentalement bout à bout dans le temps […] ». Cf. Christian Metz, Essais sur la signification au cinéma, op. cit., p. 129. Souligné par l’auteur. d’images de télévision, non pas exactement des images de guerre, mais de trace de la guerre : travelling sur des carcasses de camions retournés, cimetières de voitures carbonisées, des corps calcinés, des soldats en armes tels des fantômes au milieu de vestiges, un tank abandonné, le cadavre d’un homme moustachu étendu sur le dos, des réservoirs d’eau éventrés…

« Entre deux personnes »

  1. Gros plan en plongée légère sur Marcus, de trois quarts dos. En voix hors-champ, Paul lui demande ce qu’il lui arrive. « On ne veut plus que j’écrive », répond-il en tournant le visage vers le côté droit du cadre délimité par la caméra.
  2. Contrechamp. Gros plan de Paul qui lui annonce qu’il vient d’avoir une fille qui s’appelle Judith, en rigolant.

« Entre deux personnes »

  1. Très gros plan sur la partie visible du visage de Paul endormi, la tête enfouie dans son oreiller. Un air de piano démarre au début du plan. La caméra effectue un léger travelling arrière, qui nous dévoile un petit bout du visage de Judith, entourée par le bras droit de Paul.
  1. Répétition de la scène du jugement du Cercle de craie caucasien de Bertolt Brecht. En début de plan, Paul se tient en plan taille au premier plan, mais flou. En arrière-plan, le metteur en scène Georges Lavaudant, assis sur un des fauteuils de la salle disposés en gradin. Le point de netteté est fait sur lui. On entend, en voix hors champ, la voix d’une comédienne dire son texte : « Votre grâce… ». Immédiatement, Lavaudant interpelle Paul, enjambe les sièges devant lui pour donner ses directives au comédien. Paul se retourne vers lui. La caméra suit Lavaudant dans ses déplacements. Paul sort du champ et on le voit se baisser pour s’asseoir. Il dit à l’enfant qui joue que « c’est très important » qu’il reste le regard sur la comédienne qui sans doute joue sa mère. La répétition de la scène reprend. Paul ne sait plus son texte : Lavaudant lui dit d’enchaîner. Puis il continue à demander au garçon de rester le regard fixé sur la comédienne à sa gauche. Au moment où les deux femmes tirent, on ne voit que la tête de l’enfant et la comédienne sur laquelle il doit porter le regard. Le point continue d’être fait sur le metteur en scène. Après le tirage, il intervient à nouveau – « prends le peut-être plus à toi » – et s’approche de la deuxième femme pour lui montrer comment prendre plus l’enfant à elle, se le réapproprier : au premier plan de l’image, on distingue le crâne de Paul de dos. Reprise : « Tirez pour de vrai, qu’il y ait une vraie chose d’inquiétude ». Pour chaque reprise, Lavaudant revient à sa place, hors de la scène, du côté des spectateurs. Pendant chacune des ses explications, Lavaudant effectue des gestes nerveux et vifs, secs, qui paraissent comme une représentation en acte de sa pensée et de ce qu’il essaie d’obtenir de ses comédiennes. En regardant le garçon qui ne tourne pas la tête du bon côté, Lavaudant fait un non muet de la tête.
  2. Contrechamp : au moment où ça tire, où l’enfant est véritablement ballotté vigoureusement dans une direction puis l’autre. La caméra suit alors la direction de l’enfant, qui atterrit dans les bras de la deuxième femme (la comédienne qui s’appelle Marie). Au début de ce contrechamp, on aperçoit brièvement Paul assis sur son siège de juge.

« Entre deux personnes »

  1. Gros plan sur Paul, portant son manteau, de trois quarts face. Il a les yeux baissés vers le hors-champ à gauche.
  2. Très gros plan sur le visage de profil de Marcus, tourné vers la gauche, dans la même direction que celui de Paul dans le plan précédent. Il se met à raconter ce qu’il a découvert : qu’Hélène a une liaison avec un autre homme. Il tourne un bref instant le visage derrière lui, sans doute en direction de Paul. Il se passe la main sur les yeux.
  3. Tout de suite après, plan de demi-ensemble montrant Marcus, qui marche et rentre chez lui. On continue de l’entendre parler en voix-over. La caméra le suit en plongée et panoramique gauche. Lorsqu’on le voit s’arrêter parce qu’il a aperçu quelque chose hors-champ, la caméra remonte en panoramique et nous dévoile un homme, de dos, devant une boîte aux lettres, puis la caméra revient sur Paul. Le mouvement de dévoilement de l’amant est très rapide : il donne moins à voir qu’il désigne le fait qu’il y a là quelque chose à voir. La caméra suit Marcus qui monte les escaliers du perron de sa maison, puis redescend jusqu’à la boîte aux lettres, l’ouvre et lit le mot qui a été glissé par l’homme.
  4. Insert : gros plan sur la lettre lue par Paul, dont une partie du manteau est en amorce gauche de l’image : « Darling, je passe te prendre à 8 H. Love. C. » Marcus replie la lettre.
  5. Marcus remet la lettre dans la boîte (idem fin du plan 46), puis se dirige chez lui. En voix-over, Paul interroge Marcus : « Et Hélène ? »
  6. Plan en ocularisation interne secondaire. Marcus, filmé de dos en gros plan, en amorce gauche d’un plan en plongée regarde par une fenêtre. Dehors, un homme qui attend, vite rejoint en courant par Hélène qui sort de la maison. Le point est fait sur eux. Une fois qu’on les voit s’éloigner en courant, la caméra recadre sur la gauche pour inscrire le crâne de Marcus en très gros plan au centre de l’image.
  7. Retour sur Marcus, en très gros plan, pendant sa conversation avec Paul.

« Entre deux personnes »

  1. Plan rapproché sur une porte d’appartement. Paul entre, suivit de Marcus, qui se met immédiatement à parler : « Personne ne sait ce qui se passe aujourd’hui parce que personne ne veut qu’il se passe quelque chose. » La caméra suit Marcus en panoramique droite, qui vient s’asseoir en regardant Paul, dans le hors-champ à droite.
  2. Sur « la révolution est inéluctable », gros plan sur Paul, de profil, tête baissée. La caméra effectue un panoramique descendant pour atteindre le sol et le pied droit de Paul en train de pousser légèrement un petit panda en peluche de la pointe de sa chaussure. Au bout d’un bref instant, la caméra remonte sur le visage de Paul.
  3. Sur « Voilà pourquoi personne ne bouge », plan sur Marcus (idem fin du plan 51).
  4. Après « un nouveau 37 », plan en légère contre-plongée sur Paul, qui lance un élastique en disant « Alors, il ne se passera jamais plus rien ? »
  5. Après « et des sages pour ne rien faire », plan taille de Marcus, debout cette fois, qui fait des allées et venues dans la pièce. En arrière-plan, on aperçoit Fanchon lorsque Marcus passe devant l’encadrement d’une porte. Elle paraît faire un lit. Au bout d’un moment, Marcus vient s’appuyer de ses deux mains devant la fenêtre du mur, en fixant du regard Paul, dans le hors-champ à droite. Raté de Lou Castel conservé par la prise unique. « le travail, c’est ce qui différencie les grands des autres, c’est là où s’arrêtent les petits et où commencent les grands. » : après avoir prononcé cette phrase, Marcus effectue un demi-tour sur lui-même pour venir se poster devant le pan de mur qui sépare la pièce dans laquelle ils se trouvent et celle où se trouve Fanchon. Marcus se met alors à faire des sortes de pompes à la verticale contre le mur. Pour dire « c’est une bonne question, mais pas aussi importante qu’elle en a l’air », Marcus effectue un nouvel aller-retour droite-gauche.
  6. Après que Marcus a dit « Crois-tu que “Longtemps je me suis levé de bonne heure” serait une phrase mémorable si elle n’inaugurait pas… », gros plan sur Paul, de trois quarts face, se tamponnant le front avec le petit panda en peluche.
  7. Gros plan. Retour sur Marcus après « …qui se terminent par dans le temps », que l’on retrouve appuyé devant la fenêtre, dans la même position que lors du raté de Lou Castel. Il reste quelques instants dans cette position, puis revient faire des « pompes » contre le mur, suivi en panoramique gauche par la caméra. Il entame enfin un dernier aller-retour droite-gauche, suivi par la caméra. Fin de la séquence sur le rire de Paul après « nous sommes passés du conditionnel au futur, je le ferais, je le ferai. »

« Entre deux personnes »

  1. Plan d’ensemble. Un air de piano démarre dès le début du plan. Marcus marche vêtu dans son manteau noir, un sac à la main. La caméra le suit en panoramique à droite. Au premier plan, des plantes qui le masquent en partie. Il se dirige vers l’entrée d’une église.
  2. La caméra récupère Marcus, en plan en pied, à l’intérieur de l’église, alors qu’il entre. Il referme le battant de la porte derrière lui, avance un peu en passant dans un coin d’ombre qui masque son visage et donne le sentiment qu’il réapparaît en en sortant. Il appelle Hélène.
  3. Contrechamp. Plan d’ensemble sur la partie de l’autel de l’église. Marcus entre dans le champ par la gauche, en venant de l’avant-champ. Hélène se trouve au fond, sur l’estrade sur laquelle se trouve l’autel. Marcus s’avance jusqu’à elle.
  4. Après la deuxième fois qu’il l’appelle, plan poitrine sur Hélène, qui se tourne vers Marcus, hors-champ. Elle porte une blouse et un foulard qui protège ses cheveux : elle est en train de travailler, visiblement restauratrice d’œuvres d’art. Elle dit à Marcus de l’attendre dehors et entre dans une petit pièce, fermant la porte recouverte de tissus froncé blanc derrière elle.
  5. Très gros plan d’Hélène, le visage baissé, de trois quarts face, éclairée par une belle lumière. Elle est vraisemblablement assise à même le sol. Marcus se tient dans l’immédiat hors-champ : Hélène suit ses déplacements du regard.
  6. Contrechamp sur Marcus sur « Tu as dit ça comme ça », assis à même le sol. Gros plan de son visage. Il est assis à même le sol. Des ombres portées lui strient le visage. Lorsqu’il se lève, la caméra le suit en panoramique. Il fait un petit aller-retour et revient s’asseoir. Il se lève une deuxième fois.
  7. Après « Il est ici ? », gros plan sur Hélène (idem plan 62). Presque à l’extrême gauche du cadre, une barre verticale noire, sans doute en fer forgé, vient barrer le plan. En hors-champ, Marcus soupire.

« Entre deux personnes »

  1. Gros plan sur Marcus, filmé en contre-jour, qui baisse la tête dans le grand col relevé de son manteau noir. En hors-champ, on devine plus qu’on ne l’entend le son d’une voix.
  2. Plan en plongée sur Hélène, montant en vitesse des escaliers, un panier à la main. Elle s’arrête en voyant Marcus (hors-champ) : lorsqu’elle stoppe, son visage est éclairé par la droite d’une douce lumière, qui fait naître sur son visage un mélange tachiste d’ombres propres et de zones claires. Elle est alors filmée en gros plan. Elle se dirige ensuite, d’un pas nerveux vers la porte de sa chambre d’hôtel. La caméra panote sur la droite pour la suivre. Marcus entre dans le champ sur la droite. Ils entament l’ébauche d’une conversation dans le couloir. Mais très vite Hélène ouvre la porte de sa chambre.
  3. Plan moyen sur la porte qui s’ouvre, à l’intérieur de la chambre. La caméra récupère Hélène et Marcus qui entrent. La caméra reste sur Hélène, Marcus est immédiatement rejeté hors-champ, à gauche. Hélène tente de couper court à la conversation en disant à Marcus qu’il faut qu’elle dorme. Marcus entre alors dans le champ, la prend par les épaules, la regarde dans les yeux et lui dit : « Laisse-moi dormir avec toi. » Elle finit par accepter. Il lui caresse le visage et elle s’éloigne de lui. La caméra reste sur Marcus qui tout à coup paraît interloqué par le spectacle d’Hélène hors-champ.
  4. Contrechamp sur Hélène en plan poitrine : on la voit se déshabiller et porter des dessous affriolants.
  5. Après « ça l’excite », retour rapide sur Marcus (idem fin du plan 67), qui répète « Ça l’excite ».
  6. Puis contrechamp sur Hélène (idem plan 68), pendant que Marcus continue de répéter « ça l’excite ». La caméra reste sur Hélène, alors qu’on entend Marcus sortir. Elle se dirige vers un petit lavabo, suivie en panoramique gauche, et fait couler un peu d’eau. La porte, sans doute restée ouverte hors-champ, laisse monter des sons des couloirs de l’hôtel dans la chambre.
  7. Plan d’ensemble. Marcus, de dos, son sac à la main, dans une ruelle. La rumeur de la ville l’entoure.
  1. Gros plan sur Paul, visage légèrement baissé, de trois quarts face. La caméra panote sur sa gauche et vient filmer Pierre, son fils. On se rend compte qu’ils ont tous les deux les yeux braqués sur un livre que tient Paul dans ses mains.
  2. Plan américain sur Fanchon en train de repasser. Sur le mur dans son dos, à la verticale, une inscription à la craie : « réserve à voir ». A côté, une étagère avec du linge plié et empilé.
  3. Plan poitrine sur Marcus, tenant la petite Judith dans ses bras et parlant hors-champ à Paul et Pierre.

Fermeture au noir.

  1. Plan rapproché en plongée légère sur Pierre, couché sur le ventre sur un tapis au sol, en train de lire une bande-dessinée. Ses parents, hors-champ, lui demandent d’aller ranger sa chambre. En amorce dans le coin inférieur droit, un bout du parc de la petite Judith.
  2. Plan taille sur Fanchon, en caméra mobile, à : « Pour que tu puisses retrouver tes affaires. »
  3. Pour entendre Pierre, en voix hors-champ, dire « Justement, je les trouve plus quand ma chambre est rangée », plan taille de Paul, de noir vêtu, avec le col de sa chemise blanche qui dépasse de son pull.
  4. Plan (idem plan 76) sur Fanchon, qui tend ses chaussons à son fils hors-champ.
  5. Plan sur Pierre (idem plan 75) pour entendre Fanchon dire « Pour pas attraper froid. » Pierre n’a pas bougé d’un iota. « Je me suis jamais fait mal aux pieds… »
  6. Plan sur Paul (idem plan 77) : « … et même si je me faisais mal aux pieds qu’est-ce que ça peut vous faire ? »
  7. Plan sur Pierre (idem plan 75) : « Bon ça va alors, c’est pour vous que je dois mettre mes chaussons, pas pour moi. »
  8. Gros plan sur Fanchon (idem plan 76), après que Pierre a commencé à se relever. On voit Paul sortir de la pièce au fond, en hurlant. Fanchon finit par le suivre.

« Entre deux personnes »

  1. Plan moyen. Paul et Fanchon sont dans la cuisine. Paul est assis, ne fait rien, pendant que Fanchon débarrasse la table. Elle reproche à Paul de ne rien faire, sort un instant du champ par la droite, réapparaît et finit par s’asseoir, la caméra la suivant alors en panoramique. Elle finit par se servir un verre d’eau. Un instant Paul tourne le regard vers la gauche du cadre. Après la deuxième fois qu’il a hurlé « un calvaire », « décadrage » (pour reprendre le terme de Jacques AumontJacques Aumont écrit en effet : « [Pierre] survient, par un décadrage inattendu, comme le juge de leur pitoyable dispute […]. » Cf.À quoi pensent les films, op. cit., p. 141.) de la caméra qui panote en diagonale brusque sur la gauche et vient inscrire Pierre dans l’image, qui regarde stoïque son père, adossé dans l’encadrement de la porte de la cuisine.

« Entre deux personnes »

  1. Plan d’ensemble. Au fond de l’image, Paul marche, son imperméable à la main. Au premier plan, floues, des voitures passent dans les deux sens. Il traverse la rue, la caméra panote légèrement sur lui. Il sort du champ. Un air de piano démarre juste avant sa sortie du cadre.
  2. Plan taille sur une femme, filmée de dos. Elle avance sur une sorte de place vide. La caméra la suit à distance en travelling avant. Elle vient se plaquer contre la rambarde en pierre et regarde la mer, agitée en rouleaux serrés. Paul entre alors dans le champ par la gauche, et vient se poster à la droite de la jeune femme blonde, toujours de dos. Paul l’accoste en lui disant bonjour. La musique s’interrompt au moment où il lui parle. Elle accepte qu’il lui parle. Dans le coin droit de l’image, on aperçoit deux passants qui courent sur la jetée.
  3. Plan d’ensemble sur des barques qui flottent sur la mer. La musique reprend sur ce plan.
  4. Gros plan sur la femme blonde. Elle fume.
  5. Au moment où elle commence à parler, gros plan de la femme, de profil, à droite du cadre, avec Paul au premier plan de l’image, flou, le dos de sa tête en amorce gauche. Le point est fait sur elle. En amorce droite, une sorte de barre masque un peu l’arrière du visage de la femme. C’est donc un visage fortement cerné qui est donné à voir.
  1. Plan d’ensemble. Paul, tout petit à l’image, marche dans une rue déserte, encadré de part et d’autres par des pans de bâtiments assez hauts. Au premier plan de l’image, à gauche, deux motos garées. En hors champ, on entend au loin une voix qui semble sortir d’un haut-parleur. Peu avant la fin du plan, l’air de piano reprend.
  2. Plan poitrine sur Paul de profil. Son buste se détache sur le fond de la ville, dont les lumières forment des amas de taches blanches. En amorce droite, on repère l’ombre portée d’une voiture qui se gare près de lui.
  1. Plan taille sur Paul assis, à l’extrême droite du cadre, à une table de la terrasse d’un café. En arrière-plan, à la gauche du cadre, la femme de la veille s’installe avec une autre femme à une autre table. Paul tourne la tête. L’étrangère et lui se saluent de la main.
  2. Très gros plan sur le visage de Paul, la main repliée sur la bouche, le regard hors-champ. En hors-champ une rumeur urbaine. Dans le dos de Paul, on peut apercevoir fugitivement les jambes d’un passant.
  1. Gros plan sur le visage de Paul, de profil vers la gauche. Derrière lui, un fond plutôt sombre. En son hors-champ, on entend les petits babils de Judith. Paul sourit. « Il faut qu’on trouve quelqu’un pour faire garder les enfants jeudi. » Hors-champ, Fanchon lui demande qui il y aura à ce dîner. Après que Paul a dit qu’il y aurait « Ulrika », la caméra panote en descendant pour venir cadrer Fanchon, de profil (dans le sens inverse de Paul, vers la droite). En son hors-champ, on entend très faiblement le crépitement du feu. Après « t’en fais pas pour moi », la caméra suit le trajet des bras de Fanchon, et vient cadrer ses mains, qu’elle a avancées vers les flammes d’un feu dans la cheminée pour se réchauffer.
  2. Plan de demi-ensemble qui donne un nouveau point de vue sur la scène. Fanchon est cette fois filmée de dos, accroupie devant le feu. Paul se tient à sa gauche, face caméra. Devant lui Judith, dans un baby relax. À la droite de Fanchon, Pierre, assis à même le sol, lui aussi devant la cheminée. Fanchon se lève tout de suite, prend Judith dans ses bras et sort du cadre sur la gauche. Les deux « hommes » restent assis à l’image : Paul envoie quelque chose brûler dans le feu.
  1. Gros plan sur un évier dans lequel flottent des feuilles de salades que des mains féminines lavent. La caméra effectue un panoramique ascendant sur le visage de la jeune femme, ClaraSeul le générique de fin nous apprend le prénom ce personnage féminin., de trois quarts dos. En son hors-champ, des bruits d’assiettes ou de plats que l’on manipule. La caméra, après être restée un temps sur elle, poursuit en panoramique horizontal pour venir cadrer le haut du corps de Jean à côté d’elle, en train lui aussi de s’occuper de la cuisine.
  2. Plan poitrine sur Paul, assis, en train de découper des rondelles de saucisson. En amorce, à gauche, des mains qui préparent aussi quelque chose.
  3. Gros plan très rapide d’Ulrika, surtout de dos, qui ferme une porte derrière elle, bien emmitouflée dans un grand manteau noir.
  4. Gros plan sur Ulrika qui arrive dans la cuisine, en tenant la grosse écharpe enroulée autour de son cou, jette un œil, sourit en apercevant quelque chose dans le hors champ gauche.
  5. Gros plan d’un tabouret vide. La main de Paul vient le toucher pour désigner à Ulrika la place qu’il souhaite lui voir prendre à ses côtés. Après son geste, la caméra remonte sur son visage tout sourire. Ulrika entre dans le cadre, masque Paul quelques instants et s’assoit à ses côtés. Le point est fait alors sur le visage d’Ulrika, Paul devenant légèrement flou. En son hors-champ, on entend le bruit caractéristique d’une cuillère qu’on tourne dans un bol pour préparer une vinaigrette, et une voix féminine qui dit quelques mots incompréhensibles. Paul regarde en souriant Ulrika, qui ose à peine tourner son regard vers lui, émue.
  1. Plan rapproché sur Ulrika et Paul en train de dîner côte à côte à table. Ils sont filmés de biais. Le voisin de droite d’Ulrika, c’est-à-dire à la gauche du cadre, tend son verre pour qu’on lui serve à boire : son bras anime et barre l’image. À droite du cadre, apparaît en amorce un visage et le goulot d’une bouteille de vin pour le servir. Quelqu’un tousse fortement. On entend : « Il faut arrêter de fumer ». Paul ramasse sa serviette par terre, et s’essuie la bouche en regardant Ulrika et en souriant.
  2. Gros plan de la main de Paul qui vient prendre la main d’Ulrika sous la table et vient la poser sur sa jambe à lui.
  3. Plan rapproché de Paul et Ulrika, filmés en sens inverse que dans le plan 100. En amorce, on peut apercevoir le visage de Jean.
  4. Gros plan sur le visage de Marcus qui s’essuie la bouche avec sa serviette blanche en regardant fixement un point hors-champ, sans aucun doute Paul, puisque on aperçoit une personne à sa gauche, c’est-à-dire en amorce droite du cadre. Marcus est donc assis en face de Paul. Puis il baisse le regard. Pendant ce plan, une silhouette passe dans son dos, de gauche à droite.
  5. Gros plan des deux mains jointes d’Ulrika et de Paul sous la table.

« Entre deux personnes »

  1. Plan nettement plus distant que les précédents sur Paul et Ulrika, désormais seuls assis à table. Au bout de quelques instants, Ulrika pose sa tête sur les jambes de Paul, qui recule sa chaise pour mieux l’accueillir. « Tu es mon bébé ». Il lui embrasse longuement la joue.
  2. Raccord dans l’axe. Gros plan d’Ulrika et de Paul. Ulrika se relève, sans doute en entendant Jean s’approcher hors-champ. La caméra reste sur le visage de Paul uniquement, à qui Jean dit qu’il peut dormir ici s’il le veut. Paul demande à Ulrika s’il a envie qu’il reste. Hors-champ, elle répond « oui ». La caméra panote alors sur elle sur la gauche. Après « il n’y a que toi pour m’aider à guérir complètement », elle s’avance vers Paul. Ils s’embrassent. Leurs deux pulls noirs rassemblés paraissent ne faire qu’un.

« Entre deux personnes »

  1. Gros plan sur Ulrika de trois quarts dos et Paul de trois quarts face, l’un en face de l’autre, en train de faire du trampoline sur le lit. Ils se déshabillent mutuellement. Paul dit à Ulrika qu’il l’aime.

« Entre deux personnes »

  1. Pénombre. Gros plan sur Ulrika et Paul, endormis, emmitouflés sous une couette, la face de Paul collée contre l’arrière de la tête d’Ulrika.

« Entre deux personnes »

  1. Plan qui apparaît comme une sorte d’inverse du précédent. Ulrika et Paul sont toujours tous les deux dans le lit, mais tournés de l’autre côté, Ulrika la face dans le dos de Paul. Le drap qui les recouvre frappe par sa blancheur dans toute la partie inférieure de l’image, alors que la couette auparavant était plutôt sombre. Trois coups sur la porte de la chambre hors-champ. Paul sursaute légèrement et lève le visage. La caméra suit en diagonale ascendante le trajet de son regard et vient cadrer Jean qui ouvre la porte et dit à Paul que son fils est au téléphone. Un fois Jean reparti, le plan reste quelques instants sur l’encadrement de la porte vide.
  2. Gros plan sur Paul de profil qui enfile en vitesse son pull et décroche le téléphone. La caméra mobile suit les mouvements de son visage. Fanchon, puis Pierre, sont parfaitement audibles à l’autre bout du téléphone.
  1. Plan moyen de la porte d’entrée de la maison filmée de l’extérieur. Paul en sort, en laissant la porte ouverte derrière lui. La caméra le suit en panoramique droite. Il reste alors une seconde immobile, puis s’accroupit pour venir gratter quelque chose dans l’herbe, puis se relève. Il fait alors quelques pas, tourne sur lui-même, et la caméra tourne autour de lui en travelling circulaire gauche. Il s’engouffre alors dans le trou de la base d’un conifère. La caméra reste fixe à cadrer son absence. Puis il ressort au bout de quelques instants, comme vomit par l’arbre. Enfin, il retourne à l’intérieur de la maison, suivi en panoramique droite par la caméra.
  1. Plan poitrine de Paul assis à table au premier plan de l’image. À côté de lui se trouve Clara. En son hors-champ, des bruits de talons annoncent l’arrivée d’Ulrika dans la cuisine. Elle entre alors par la droite dans le champ, masque en passant les protagonistes qui étaient à l’image, puis s’assoit en face de Paul, hors-champ. Paul reste le visage fermé à son arrivée, mais ne la quitte pas du regard. Il finit par sourire au moment où elle accepte un café. Après que Clara l’a servie, la caméra vient cadrer le visage d’Ulrika en panoramique gauche, qui boit sa tasse en regardant Paul dans les yeux.
  2. Gros plan d’Ulrika de trois quarts face, avec un bout de Jean en amorce à ses côtés. Elle finit par s’adosser contre le dossier de sa chaise, son regard changeant souvent de direction et sans qu’il soit vraiment possible de déterminer si à des moments elle regarde Paul ou non.

« Entre deux personnes »

  1. Un air de piano démarre au début du plan. Plan extérieur. Vêtus de leur manteau, Ulrika et Paul font quelques pas dans le jardin, d’abord filmés en plan très rapproché. Ulrika porte un chapeau. La caméra cadre Ulrika, Paul entre et sort du cadre ou y apparaît par fragments. Ulrika se baisse pour ramasser un marron. Après avoir dit « Tes enfants, c’est ta responsabilité, pas la mienne », elle sort du cadre, la caméra reste alors sur Paul muet qui la regarde hors-champ. Ulrika rentre à nouveau dans le cadre. Elle regarde à peine Paul. Puis lorsqu’elle s’éloigne de lui, c’est à nouveau elle que la caméra suit. Elle finit par s’éloigner, en shootant dans le tapis de feuilles mortes qui se trouve à ses pieds.
    1. Séquence 40. Ext. Jour. → Int. Jour. → Ext. Jour. Jardin de Clara et de Jean, 2 CV, rue de Paris.
  1. Plan de demi-ensemble. Clara, suivie d’Ulrika et Paul qui tiennent chacun une anse d’un gros sac de voyage, puis de Jean, sortent de la maison.
  2. Plan de demi-ensemble sur une 2 CV blanche cadrée de trois quart dos. Clara ouvre le coffre. Ulrika et Paul y glissent le sac en entrant dans le champ. Ils sont suivis de Jean qui s’installe au volant. La caméra cadre les deux hommes, les deux femmes étant rejetées hors-champ. Paul monte à l’arrière, on voit le coffre être refermé. Ulrika monte à côté de Paul. La 2 CV démarre.
  3. Gros plan sur la main d’Ulrika en voiture. Paul la prend dans la sienne. L’image dure, et montre qu’Ulrika caresse aussi bien la main de Paul que lui la sienne.
  4. Plan près du sol de la 2 CV qui se gare. Autour d’eux des voitures, quelques passants. Jean, puis Paul et Ulrika sortent de la voiture. Jean leur donne les bagages, les embrasse puis remonte dans la voiture, pendant qu’ils ont eu le temps de sortir du champ.

« Entre deux personnes »

  1. Gros plan sur Ulrika de dos et Paul près d’elle, qui pose le sac en hauteur dans le hors-champ à droite. Une horloge indique trois heures de l’après-midi. Ulrika sort une lettre de sa sœur, qu’elle lit à Paul : elle de trois quarts dos, lui de trois quarts face. Au bout d’un instant, Paul détourne le visage vers sa gauche, comme pour n’être qu’une oreille attentive à la lecture. Puis il retourne brusquement le visage dans l’autre sens, regardant Ulrika par intermittence. Un bruit de train masque un peu le premier « je suis la personne qui dort », ce qui fait tendre l’oreille à Paul et Ulrika lui répète en détachant bien chaque lettre. Après « Je sais », il l’embrasse à la commissure des lèvres. Ils se regardent alors quelques instants en face-à-face. Puis elle pose sa tête contre lui, qui s’engouffre le visage dans son chapeau. Encore quelques secondes tendres avec éloignement et rapprochement.
  2. Gros plan en travelling à droite de Paul filmé de biais, pendant qu’à ses côtés le train d’Ulrika quitte son quai.

« Entre deux personnes »

  1. Gros plan sur Paul marchant avec Judith en la tenant contre son visage. La caméra le suit en panoramique. Il lui dit la même chose que ce qu’il disait à Ulrika : « Tu es mon bébé. » On entend grincer le parquet sous ses pas. Demi-tour sur lui-même : c’est maintenant le visage de Judith qui nous est donné à voir, pendant qu’il lui chante un petit air. Puis à nouveau demi-tour.

« Entre deux personnes »

  1. Gros plan sur Fanchon, qui se tient assise dans le recoin de sa chambre. Elle parle à Paul, dans le hors-champ à droite.
  2. Après « tandis que nous », contrechamp sur Paul, en gros plan, affalé le dos contre les moulures qui forment le bas du mur. Son ombre se projette sur la gauche.
  3. Après « C’est ça qui m’a fait peur », retour sur Fanchon (idem plan 122). Fanchon tire sur une cigarette.
  4. Retour sur Paul (idem plan 123) pour « Ah, oui ».
  5. Retour sur Fanchon (idem plan 122), pour un « Oui, Kalif » dit avec un grand sourire qui dévoile et cache en même temps beaucoup d’émotion.
  6. Insert. Gros plan sur une photo de Fanchon adossée contre un homme dont tout laisse à penser que c’est Kalif. La photo est posée contre des livres, sans doute sur le rayon d’une bibliothèque. En hors-champ, la conversation continue.
  7. Retour sur Fanchon (idem plan 122) après « quelqu’un qui soit différent de toi ».
  8. Retour sur Paul (idem plan 123), après « celle qui t’avait fait deux enfants ».
  9. Retour sur Fanchon (idem 122), après que Paul a dit : « Non, pas vraiment, non, pas vraiment, non. Oui. »
  10. Retour sur Paul (idem 123) après que Fanchon a dit : « Pourquoi tu poses cette question ? »
  11. Retour sur Fanchon (idem plan 122) pour « bien sûr que ça compte ».
  12. Retour sur Paul (idem plan 123) après « je vois pas ce que ça vient faire là-dedans ». Paul tourne la tête vers la droite.
  13. Plan rapproché sur la porte de la chambre de l’intérieur. On entend les pas de Paul hors-champ, qui entre dans le champ par la gauche et ouvre brusquement la porte : Pierre se trouve derrière et Paul lui demande ce qu’il fait là. La porte ouverte nous dévoile Pierre. Tête-à-tête entre les deux. Pierre nous apprend que la scène se passe de nuit, puisqu’il dormait, et demande à Paul pourquoi lui et Fanchon ne dorment pas. Paul sort du champ en disant « On disait que tu es le plus gentil garçon du monde surtout quand tu dors ». Puis il revient dans le champ à « surtout à l’heure où les enfants doivent dormir ». Puis s’énervant, il tire la porte à lui et la ferme, Pierre s’éclipsant devant lui.
  14. Gros plan sur Fanchon (idem plan 122) se déshabillant.
  15. Cut. Gros plan de Fanchon se glissant dans ses draps.
  1. Plan américain de Paul marchant dans la rue et avançant vers la caméra. Il est dans une rue où l’obscurité est presque totale : il forme une sorte de grosse tache sombre dans du sombre. Il chante la chanson qu’il chantait précédemment à Judith. En se rapprochant de la caméra, le côté gauche de son visage se fait visible. La caméra se met alors à le précéder en travelling arrière. Plus il avance, plus son visage devient visible.

« Entre deux personnes »

  1. Plan rapproché de Paul assis dans un café, en train d’écrire. Au premier plan de l’image, une masse blanche réfléchissante. En arrière-plan, la vitre de la façade du café. Paul se tient de profil. La Jeune Femme se laisse apercevoir de droite à gauche. Elle passe derrière lui, en tournant son visage dans sa direction, s’arrêtant un bref instant, puis continuant sur la gauche.
  2. Gros plan sur Paul à la même place, filmé pratiquement frontalement, en contre-plongée légère. Derrière lui, dans la rue, trois hommes passent. Il regarde un instant vers eux, puis se remet à écrire.
  3. Plan moyen sur la Jeune Femme que l’on a vue le regarder. Elle entre dans le café. Le contre-jour la rend un peu sombre. Elle se dirige tout droit vers la place de Paul. La caméra la suit en panoramique droite et en contre-plongée. Elle interpelle Paul hors-champ. Ses cheveux, puis ensuite sa manche au moment où elle les relève, masquent tout ou partie de son visage. La caméra reste sur elle (elle s’assoit) jusqu’à ce qu’elle se lève pour aller téléphoner. La caméra fait alors un panoramique pour venir recadrer Paul sur la droite, qui regarde la Jeune Femme désormais hors-champ.
  4. Gros plan sur la Jeune Femme de dos qui entre dans la cabine téléphonique du café. La porte se referme sur elle. On l’entend décrocher le combiné, taper quelques numéros, puis immédiatement raccrocher sans avoir téléphoné. Elle sort de la cabine. Elle se dirige alors à la porte attenante à celle du téléphone, celle des toilettes, à gauche. La caméra la suit en panoramique. On la voit ouvrir une porte dans le couloir des toilettes, puis la première porte se referme.
  5. Contrechamp sur Paul, en gros plan, toujours assis à la même place. Il jette deux coups d’œil vers la droite de l’avant-champ. Tout laisse à penser qu’il a certainement vu la Jeune Femme ne pas téléphoner. Le deuxième coup d’œil se prolonge en regard, car la Jeune Femme sort des toilettes : il la suit des yeux. On l’entend s’approcher vers lui. Il lui sourit. Elle entre dans le champ par l’avant-champ gauche. Son corps encore simplement en amorce, elle dit : « Ça va ». Elle persiste donc dans sa petite plaisanterie, à faire croire qu’elle a téléphoné, qu’elle a pu se libérer.
  6. Raccord dans l’axe et dans le mouvement où la Jeune Femme s’assoit. La caméra a pris de la distance par rapport aux personnages, les cadrant désormais en plan de demi-ensemble. Une partie de la silhouette de la Jeune Femme se reflète dans le miroir fixé au mur juste à côté de sa chaise. Elle boit son café d’un trait – café qu’on n’a pas vu commander, mais que Paul lui avait proposé. Il lui propose tout de suite d’y aller. Ils se lèvent quasiment en même temps, il passe devant elle et sort le premier. La caméra les suit en panoramique gauche puis reste clouée à l’intérieur du café, les regardant s’éloigner côte à côte, en train de traverser un passage clouté. La rue est singulièrement animée avec voitures et passants. On remarquera qu’un court instant, la charnière de la porte du café s’inscrit exactement au milieu de la figure du couple créée par les personnages et inscrit une séparation franche et nette. Le plan s’interrompt lorsqu’ils sont déjà passablement éloignés.

« Entre deux personnes »

  1. Plan quasiment en pied de Paul, dans une des pièces de l’appartement, dans la pénombre. Il tourne sur lui-même. À ses pieds, posée sur des oreillers sur un lit, la petite Judith en pyjama blanc. En amorce de l’image, en bas à gauche, une partie du lit-cage. La petite pleure. L’ombre portée et mobile de Paul est d’une très grande netteté. Paul s’avance vers la caméra et tourne sur la droite du cadre, pour déboucher sur une pièce attenante. À peine a t-il mis un pied à l’intérieur qu’il se met à hurler qu’il n’en peut plus. La caméra, qui le filme alors de trois quarts dos fait un panoramique descendant en diagonale pour venir cadrer Fanchon qui saute hors de son lit et s’enfuit en emmenant sa couverture.
  2. Plan sur Fanchon qui monte en courant dans les escaliers de l’immeuble. La caméra la suit en panoramique gauche ascendant et puis très vite en contre-plongée. Elle sort rapidement du cadre, de toute façon masquée par le bas de l’escalier lui-même. On l’entend pleurer hors-champ.
  3. Même plan que le début du précédent. La caméra suit Pierre qui monte voir sa mère à l’étage. Son ombre portée se découpe très nettement sur le mur. Après un moment passé auprès d’elle complètement hors-champ, il redescend. En hors-champ, on entend les cris du bébé. Le passage de l’appartement à l’escalier est plongé dans une obscurité totale.
  4. Plan en plongée de la petite Judith dans son lit-cage, qui geint. En amorce à gauche, Paul de dos : ocularisation interne secondaire. La caméra effectue un panoramique remontant à droite pour venir cadrer Pierre qui fait son entrée dans l’encadrement de la porte. Dialogue avec Paul hors-champ. Pierre repart quand son père accepte qu’il aille dire à sa mère de sa part qu’il l’aime.
  5. Insert. Plan sur la photo de Fanchon et Kalif, exactement identique au plan 127. En hors-champ, on entend les pleurs du bébé.
  1. Plan d’ensemble. Paul change Judith sur le lit. Pierre, dans l’ombre, se tient à leur droite.
  2. Gros plan de Fanchon, l’air consterné, les lèvres pincées, sa couverture posée sur les épaules.
  3. Retour plan 149. Paul prend la petite dans ses bras.

« Entre deux personnes »

  1. La Jeune Femme et Paul dans la rue, de nuit, filmés côte à côte, de trois quarts face, en travelling arrière. La musique démarre au début du plan. « Je n’ai dit qu’à une seule femme ce que je n’ose pas vous dire. » La lumière varie sur leurs visages, les éclairant parfois très faiblement.

« Entre deux personnes »

  1. Plan moyen sur la porte d’entrée de l’immeuble de Paul de nuit. Quelques graffitis, ici ou là. Paul sort de l’immeuble, une valise à la main. Il n’est pas encore sorti du champ que la caméra panote, traçant un trait vertical net, pour venir cadrer Pierre qui, à la fenêtre de l’appartement au premier étage hurle sans discontinuer « Papa, papa, … », en regardant s’éloigner son père.
  2. Plan d’un coin de rue. Paul débouche sur la gauche en courant, en plan de demi-ensemble, valise à la main. On entend, de manière beaucoup plus atténuée, Pierre hurlant toujours. Paul fait quelques pas, tourne avec le trottoir en angle droit. La caméra le suit en panoramique à droite. Il s’arrête lorsqu’il est filmé en plan rapproché par la caméra, puis se laisse choir sur la marche d’entrée d’un immeuble. Il rejette avec violence sa valise à côté de lui. Il la ramasse et se précipite hors-champ par la droite. Le plan finit sur le vide qu’il laisse.

« Entre deux personnes »

  1. Gros plan de Marcus, de trois quarts face, en voiture côté passager. Outre le haut du pare-brise, c’est une obscurité de suie qui entoure le visage de Marcus et sa main accrochée à la poignée du passager au plafond. Les secousses de la voitures secouent beaucoup le visage de Marcus. Il se met à parler, en se tournant par intermittence vers Paul, au volant hors-champ.
  2. Gros plan sur Paul de face (regard à la caméra), après « Génial. » Marcus parle hors-champ : « Rome n’est pas notre destin, c’est notre destination. » La main de Marcus est posée sur l’appuie-tête de Paul, elle sort du champ une fois, puis revient ensuite à sa place. Pendant la conversation, Paul tourne plusieurs fois les yeux en direction de Marcus. Tout à coup, Paul sortant se déportant sur la gauche du cadre pointe le ciel : « Tu as vu une étoile. »
  3. Juste après, gros plan sur Marcus. Le grand col de son manteau noir est relevé sur le bas de son visage en biais. Il ressemble à un vampire. Après « pour que ça me fasse quelque chose à moi » la caméra panote sur Paul. À « Tu es un bon père, non ? », Paul lève les mains au ciel pour toute réponse.
  4. Cut. Autre gros plan sur Paul, cadré plus de face. Après « On se voit pas souvent », la caméra panote sur Marcus.

« Entre deux personnes »

  1. Fort contraste lumineux entre ce plan et le plan précédent. Filmée en plan d’ensemble, du point de vue de la voiture, une route en pente, de jour, en bordure des Alpes. Travelling avant. Le bruit du moteur est étrangement étouffé.
  2. Plan qui s’ouvre sur un panneau de signalisation indiquant la direction de l’Italie. La caméra effectue un panoramique sur la gauche et vient cadrer la voiture blanche de Paul qui roule jusqu’au poste frontière où l’on voit, en tout petit, le douanier commencer à faire le tour de la voiture.
  3. Gros plan de Paul de profil de l’intérieur de la voiture. Son visage est en amorce du cadre. À travers la vitre, une énorme masse rocheuse se détache en fond. Paul se tourne vers Marcus. Le moteur tourne.
  4. Gros plan sur Marcus endormi. Paul lui retire son passeport d’une poche intérieure de son manteau.
  5. Retour au gros plan de Paul (idem plan 161). Le corps du douanier entre dans le cadre. Paul lui tend les passeports. Il s’accoude à la fenêtre, et demande à Paul de réveiller Marcus.
  6. Gros plan sur Marcus (idem plan 162). Paul le réveille.
  7. Gros plan de Paul (idem plan 161). Le douanier rend les passeports.
  8. Plan taille sur le douanier, pendant que Paul démarre. La voiture sort du champ. La caméra reste un instant braquée sur le douanier, avant d’effectuer un panoramique rapide sur la droite pour venir recadrer la voiture qui s’éloigne au loin.

« Entre deux personnes »

  1. Plan accroché à la voiture qui nous donne à voir Marcus et Paul en plan rapproché. La position de la caméra donne l’impression que la voiture penche vers la gauche. « J’y suis dans la différence, je la sens au fond. »
  1. Dans une rue de Rome. Voitures garées, piétons. La voiture de Paul, une Ford largement cabossée à l’avant, entre dans le plan par la droite, en plan rapproché. La caméra suit la voiture en panoramique gauche qui vient se garer devant des façades d’immeubles. Marcus et Paul sortent de la voiture et entrent à l’intérieur d’un immeuble.
  1. Gros plan sur Marcus de trois quarts face en train de téléphoner. À l’autre bout du fil, Hélène, dont on entend la voix. Des bruits urbains hors-champ. On entend presque mieux la voix d’Hélène que celle de Marcus. Après « Tu es sûre ? », la caméra panote sur la gauche pour venir cadrer Paul qui entre dans le hall de l’hôtel avec des valises à la main. En fond, des habits suspendus dans la rue. Paul pousse la porte vitrée de l’hôtel au moment où Marcus se faufile pour sortir. La caméra reste sur Marcus qui s’en va, sac à la main.

« Entre deux personnes »

  1. Gros plan en plongée sur le visage d’Hélène couchée, la main repliée vers son visage, regardant vers le hors-champ à gauche. Elle sourit très légèrement.
  2. Un air de piano démarre au début de ce plan. Très gros plan en légère contre-plongée sur le visage de Marcus, la barbe de trois jours. Il regarde dans le hors-champ, sur la droite. Marcus baisse les yeux à trois reprises. Le plan se termine sur lui, les yeux baissés.
  1. Gros plan en plongée légère sur Paul couché dans un lit sur le côté droit. La caméra subit une très légère saute vers la droite.
  2. Insert rêve : gros plan sur la Jeune Femme, presque de face, ses cheveux longs bordant chacun des côtés de son visage. Elle apparaît nue, dans une lumière lactescente, qui a pour effet de gommer les traits les moins voyants de son visage. Elle se détache sur un fond clair, à peine distinct de sa couleur de peau.
  3. Plan de demi-ensemble. Paul sur le lit, sur le dos, tout habillé. Il se réveille et brusquement s’assoit sur le bord du lit. Il paraît ne pas se souvenir de la chambre dans laquelle il se trouve.

« Entre deux personnes »

  1. Paul filmé à distance dans une rue de Rome. Il marche le long du porche d’une église. Il avance vers la caméra, puis fait demi-tour, une fois à sa hauteur.
  2. Gros plan en légère contre-plongée de Paul, immobile cette fois. Au bout de quelques instants, il tourne la tête sur la droite.
  3. Plan d’ensemble. Marcus arrive en marchant du fond du champ.
  4. Plan taille de Paul, presque adossé contre la façade de l’église. Marcus entre dans le champ par la gauche. Paul est nettement surélevé par rapport à Marcus, qui paraît tout petit face à lui. Ils se serrent la main. Paul annonce qu’il rentre tout à l’heure à Paris. Marcus entre dans l’église par la porte d’entrée située sur sa gauche.
  5. Plan en pied de Paul, toujours devant la façade de l’église. Il se met à faire un aller-retour dans la rue. La caméra le suit en panoramique. L’air de piano entendu dans la séquence 57 reprend quand il se met à marcher. Demi-tour brusque, coup d’œil rapide dans l’église. Paul continue de longer la façade de l’église. Près de la fin de cette façade, il se baisse pour venir toucher une flaque d’eau de la main. Puis il se remet à avancer et effectue un demi-tour devant une affiche qu’il regarde quelques secondes et dont il arrache un lambeau, puis repart en sens inverse.
  6. La caméra récupère Paul en plan poitrine de face, s’avançant vers l’avant-champ. La caméra le suit en panoramique. Au moment où il va pour dépasser le cadre et fait à nouveau demi-tour devant l’entrée de l’église, on voit le visage de Marcus littéralement naître du noir. Il sort de l’église. La caméra reste braquée sur lui, pendant que Paul sort du cadre. La fin du plan se termine en cadrant les deux hommes presque côte à côte de dos.
  7. Contrechamp. Plan poitrine de Paul, au premier plan, qui demande à Marcus ce qu’il est allé faire là-dedans, au second plan. « Rien, voir », répond Marcus, au moment où il se retrouve seul à l’image, Paul étant sorti du champ. Il sort lui aussi.

« Entre deux personnes »

  1. Paul et la Jeune Femme, front contre front, filmés en très gros plan. Les deux visages se frottent l’un à l’autre. Au début la Jeune Femme sourit, puis arbore un air de gravité. Ses mains entourent le cou de Paul. Elle finit par éloigner un peu son visage du sien. Il en profite pour lui embrasser les lèvres. Elle le regarde longuement dans les yeux, l’air très grave. Il l’embrasse une deuxième fois. Elle finit par dire : « Hein, c’est pas bien l’adultère ». « C’est pas ça , ce qu’on va faire », répond Paul.
  2. Plan poitrine de Paul et la Jeune Femme, qu’on distingue à peine, coincés dans le recoin d’une porte d’immeuble. Ils sont dans la même position que précédemment. La musique démarre au début de ce plan. Ils se mettent à marcher vers leur gauche, c’est-à-dire vers la droite du cadre. La caméra les précède en travelling arrière. Ils marchent en se tenant l’un à l’autre. La Jeune Femme tient son manteau fortement fermé devant elle, son autre bras autour du cou de Paul. Derrière eux, certains panneaux lumineux forment des taches blanches abstraites.

« Entre deux personnes »

  1. Très gros plan des visages de Paul et de la Jeune Femme. Ils sont dans une pénombre telle qu’on les distingue à peine. Paul veut raconter des choses à la Jeune Femme, des choses « qui ne la regardent pas ». Mais la confession est interrompue après une seule phrase : « Il y a très longtemps, j’aimais une femme… »
  1. Plan d’ensemble de Paul avec Pierre et Judith en poussette dans une rue vide. On apprend au cours du dialogue entre Paul et Pierre que le jour est un mercredi. La caméra les suit en panoramique. Ils entrent dans un restaurant, dont un petit autocollant dérobé nous laisse voir que c’est un restaurant chinois, qui fait aussi salon de thé et propose des plats à emporter.
  2. Gros plan sur la nuque de Pierre en amorce droite. Des mains de femmes posent un plat sur la table : la caméra profite du geste pour venir cadrer Judith dans sa poussette sur la gauche. À l’arrivée du deuxième plat, la caméra panote sur le visage de Paul. On entend la petite hors-champ. Paul paraît se servir hors-champ.
  3. Plan en légère plongée sur Judith dans sa poussette, pendant qu’on devine les deux hommes manger hors-champ.
  4. Gros plan sur Judith, cadrée de plus près et de profil. Paul, dans le coin gauche du cadre lui tient une, puis les deux mains.

« Entre deux personnes »

  1. Un air de piano démarre au début du plan. Gros plan de Paul dans une chambre d’hôtel. Hors-champ, la Jeune Femme confie son accident de voiture. Une partie de ses cheveux apparaissent dans le cadre au moment où elle montre ses cicatrices à Paul. La caméra effectue un panoramique à droite sur elle après « Elle m’a cassée en six sur toute la longueur cette voiture. » En fait, elle avoue que c’est une tentative de suicide : « j’l’ai fait parce que quelqu’un m’aimait plus et qu’il m’a laissée. » Fin de la musique à la fin du plan.

« Entre deux personnes »

  1. Gros plan sur Paul qui se retourne pour regarder la Jeune Femme entrer dans la salle de bains. La caméra filme très vite les jambes de cette dernière, puis le carrelage de la salle de bains.

« Entre deux personnes »

  1. Plan poitrine sur la Jeune Femme, les cheveux mouillés. Elle fouille dans son sac. Elle en sort un foulard, se retourne, se lève et pose le foulard sur les deux lampes qui éclairent la chambre, parce qu’elle « n’aime pas trop les chambres d’hôtel ». La lumière se fait plus sombre et douce. Elle se laisse choir sur le lit.

« Entre deux personnes »

  1. L’air de piano reprend au début de ce plan. Très gros plan de la main de Paul caressant les jambes de la Jeune Femme : « Les autres femmes, je les branlais », dit-il. La main finit d’aller et venir. Le plan dure un temps sur ce bout de jambe et quelques doigts de la main en amorce à gauche. Fin de la musique à la fin du plan.

« Entre deux personnes »

  1. En plongée, Paul couché habillé et la Jeune Femme assise sur le lit, une serviette enroulée autour du corps. Elle regarde sous elle : elle a ses règles, comme elle le dit et comme nous le montre une petite tache de sang sur les draps. Elle sort du champ. La caméra en profite pour venir cadrer un peu plus haut : la tête de Paul apparaît maintenant uniquement dans le coin inférieur droit du cadre.
  2. Gros plan de la Jeune Femme et de Paul dans la salle de bains de l’hôtel, éclairée d’une lumière très blanche. Elle est de trois quarts face, lui de trois quarts dos. Elle se lave le sexe hors-champ.

« Entre deux personnes »

  1. Plan rapproché sur Paul et la Jeune Femme assis dans un café. Ils sont filmés de l’extérieur, assis de telle sorte que c’est son visage à lui que l’on voit. Il écrit. La rumeur de la ville sature presque l’espace sonore. Il lui tend le carnet où il vient d’écrire. Après avoir lu, elle range le carnet dans la poche droite de son manteau. Ils se lèvent et sortent. La caméra les cadre ensemble. Ils marchent en se donnant la main vers l’entrée de métro Raspail. La caméra les suit en travelling avant circulaire. Ils discutent quelques instants, face-à-face, devant l’entrée du métro. Elle s’avance dans les escaliers. Se retourne vers lui : « Je voulais pas un enfant, je voulais juste un baiser. » Elle s’engouffre dans l’entrée du métro. L’image reste vide quelques instants.

Générique de fin.

Carton noir. Puis au bout de quelques secondes, les mentions génériques défilent en lettres blanches sur fond noir.