Le Cœur fantôme
Un écran noir. En lettres minuscules, blanches, apparaît puis disparaît le titre : le cœur fantôme.
- Séquence 1. Ext. Nuit. Rue de Paris.
« Entre deux personnes »
- Filmé en plan d’ensemble, un homme, Philippe Klein, marche à la nuit tombée dans une rue de Paris. La rue est pratiquement vide. Il croise, immobile, adossée contre la façade d’un immeuble, une magnifique prostituée. La caméra le suit en panoramique. En passant dans les coins d’ombre, Philippe, entièrement vêtu de noir, est parfois ombre parmi les ombres. Il revient sur ses pas.
- Une fois que Philippe arrive à hauteur de la prostituée, raccord dans l’axe, la caméra venant les filmer en plan rapproché et contre-plongée légère. Il lui dit « simplement » qu’elle est très belle. Il se tient de trois quarts dos. Elle est filmée de trois quarts face. Elle sourit au compliment et le remercie. Il sort du champ par la gauche. Le plan dure encore quelques secondes sur elle.
- Gros plan en contre-plongée de la prostituée, éclairée par une lumière jaune assez chaude qui vient de la gauche. Ses yeux bougent quelque peu.
- Séquence 2. Int. Nuit. Appartement d’Annie et de Philippe.
« Entre deux personnes »
- Gros plan sur une serrure. Une main, celle de Philippe Klein, glisse à l’intérieur une clé et ouvre la porte.
- Contrechamp. La caméra récupère Philippe à l’intérieur de l’appartement en plan américain. Il entre, enlève sa veste qu’il accroche au porte-manteau dans l’entrée. La caméra suit légèrement son mouvement en panoramique droite. Il avance dans le couloir, tournant devant la caméra qui le suit, puis le regarde s’éloigner.
- Gros plan d’Annie, de profil, le visage largement masqué par son épaisse masse de cheveux. Philippe la salue hors-champ. Elle se retourne vers lui et le salue. Il entre dans le champ par la droite et l’embrasse sur la joue, en restant en amorce gauche du cadre. Il sort du champ.
- Plan en plongée légère sur le fils de Philippe dans une baignoire, des jouets en plastique flottant autour de lui. La caméra panote rapidement sur la gauche, pour venir cadrer Lucie, en face de Camille dans la baignoire. Elle s’amuse à remplir d’eau la cheminée d’une maison à l’aide d’un bateau bleu. On aperçoit aussi un petit canard jaune qui flotte dans la baignoire. La caméra finit par les recadrer ensemble dans la même image, en vis-à-vis.
- Contrechamp sur Philippe et Annie en gros plan dans l’encadrement de la porte de la salle de bain, filmés en contre-plongée légère. Elle s’éloigne dès qu’elle a fait mention du manteau. Il se retourne dans sa direction puis regarde à nouveau dans la direction des ses enfants, hors-champ. Les jeux de ligne dans l’image créent un effet d’encadrement net.
- Séquence 3. Int. Nuit. Appartement d’Annie et de Philippe.
- Gros plan sur Philippe en train d’allumer une cigarette, filmé de trois quarts face. Ses yeux ne cessent de bouger dans tous les sens.
- Gros plan sur Annie, cadrée en sens inverse de Philippe dans le plan précédent. Son visage se découpe sur un fond bleu-gris et neutre. La caméra suit le trajet de son regard sur la gauche, passe devant Lucie et vient cadrer Camille dont le seul visage dépasse des draps blancs de son lit. Les lits des enfants sont disposés en équerre, tête contre tête. Puis la caméra panote en remontant sur Lucie. La main d’Annie lui caresse la joue, puis lui prend la main et pose son autre main sur la poitrine de sa fille. En amorce dans le coin inférieur droit, le genou d’Annie. Elle finit par se pencher pour embrasser sa fille.
- Plan poitrine sur Philippe tournant le dos à la caméra. Il se tient devant une étagère de livres. Il découvre une lettre à peine cachée entre deux ouvrages. Il ouvre le papier, se poste de profil pour lire. Le mur sur lequel il se détache est blanc, juste à côté de l’étagère de livres. Dès que le papier est déplié, la voix-over de Moand se fait entendre. Philippe tourne un instant la tête vers la gauche, comme abasourdi.
- Séquence 4. Ext. Jour. → Int. Jour. Cour d’une prison, couloir d’une prison, salle d’une prison.
- Annie, filmée en plongée et en gros plan. D’autres femmes l’entourent, mais on ne distingue le visage que de l’une d’entre elles.
- Raccord dans l’axe. Annie, filmée en plan d’ensemble, attend en ligne au milieu d’autres femmes, carte d’identité à la main, dans la cour d’une prison.
- Gros plan en plongée sur un gardien de prison qui appelle des noms et exige les cartes d’identités ouvertes. Il tient un cahier ouvert devant lui. Il ne fait pas de doute que c’est Annie qui tend sa carte d’identité à l’appel du nom Areski : on reconnaît le coloris de son blouson marron passé. Lorsqu’elle entre, le gardien se retourne sur elle.
- Plan de demi-ensemble à l’intérieur d’un couloir de la prison. Des gardiens, accolés à des grilles qui barrent le couloir, fouillent les sacs des visiteuses. Une belle lumière blanc-jaune, assez chaude, éclaire ce couloir par une fenêtre située au fond du champ. Chaque femme dont le sac a été fouillé entre par la porte ouverte dans le grillage.
- Gros plan sur le sac d’Annie. La caméra panote immédiatement pour remonter filmer son visage en face de celui du gardien qui fouille son sac.
- Plan poitrine sur Moand en prison. Son corps musclé se découpe sur un fond relativement neutre. En amorce haute, le bas d’une fenêtre grillagée. Moand se tient de trois quarts face, son visage tourné vers la gauche. Des pépiements d’oiseaux proviennent du dehors.
- Séquence 5. Ext. Jour. → Int. Jour. Jardin, salon de la mère de Philippe, cuisine de la mère de Philippe.
« Entre deux personnes »
- Plan d’ensemble. Un homme dans le coin d’un jardin attenant sans doute à une maison scie du bois. Au premier plan de l’image, des plantes très vertes, qui cernent la silhouette de l’homme plus en arrière-plan.
- Plan poitrine de Philippe et de sa mère, assis l’un à côté de l’autre. Philippe regarde sa mère qui le plus souvent a le regard perdu dans le vague. Derrière eux, un poêle à charbon. Philippe est en amorce droite du cadre.
- Après « Pourquoi vous vous êtes quittés ? », très gros plan sur la mère de face qui se lève de sa chaise. À peine est-elle levée, la caméra panote sur la droite pour venir cadrer Philippe. On voit les mains de la mère, une pile d’assiettes à la main, passer derrière lui et sortir du cadre par la droite. L’image reste sur Philippe dont le visage se détache sur un fond totalement noir.
- Plan moyen de l’intérieur de la cuisine sur la porte d’entrée. Philippe entre, s’avance vers la caméra et s’arrête en regardant dans le hors-champ à droite, filmé en gros plan et en légère contre-plongée.
- Contrechamp sur la mère dans sa cuisine, filmée en gros plan, le visage d’abord tourné vers la gauche et regardant vers le bas. Elle se tient dans l’angle de sa cuisine. Dialogue avec son fils hors-champ, qu’elle regarde légèrement par en-dessous.
- Séquence 6. Int. Jour. Compartiment de train.
- Un air de musique – piano et saxophone – démarre au début du plan. Gros plan du visage de Philippe de profil assis dans un compartiment de train. Il regarde par la fenêtre. On aperçoit au passage l’ongle long du pouce droit de Philippe.
- Séquence 7. Int. Nuit. Chambre d’Annie et de Philippe.
« Entre deux personnes »
- Très gros plan sur le visage d’Annie. Son visage se découpe sur un fond totalement neutre. Elle regarde vers la droite.
- La caméra a pris de la distance, pour venir inclure Annie et Philippe, assis dans le lit, chacun à un coin du cadre, en plan moyen. Au premier plan de l’image, le lit en amorce forme une masse blanche. Derrière eux, un mur uniformément blanc, si ce n’est derrière Philippe un pan de rideau vert. Annie regarde vers Philippe, qui lui tourne le dos. Elle fume. La lumière fait légèrement scintiller la blancheur du lit entre eux. Au bout d’un moment, Philippe se cale plus au fond du lit, plus proche d’Annie. L’ombre portée de Philippe est assez importante. Les deux silhouettes se détachent nettement en raison des vêtements sombres qu’ils portent tous deux.
- Séquence 8. Int. Jour. Atelier de Philippe.
- Très gros plan sur le verrou de la porte d’entrée de l’atelier de Philippe filmé de l’intérieur. La porte s’ouvre, entre Philippe dont la caméra attrape alors le visage en très gros plan. Philippe s’immobilise et regarde autour de lui hors-champ.
- Plan américain élargi, Philippe suivi en panoramique gauche par la caméra avance en enlevant son blouson de cuir noir. Il passe devant une de ses grandes toiles, puis une autre sur laquelle la caméra reste, pendant qu’il sort du champ. Philippe entre à nouveau dans le champ face à elle et en amorce gauche du cadre enfile un gilet rouge, en regardant la toile, de dos. Il ramasse un tablier hors-champ qu’il enfile.
- Contrechamp sur Philippe, filmé en plan poitrine de profil. Il se baisse pour faire couler de la peinture noire au sol et en prendre avec un large pinceau. La caméra panote en descendant pour filmer son geste, puis remonte au niveau de son visage. Philippe se lève, se dirige vers la toile. Il commence à peindre une large bande de peinture noire : la caméra ne vient inclure son geste dans le cadre qu’au bout d’un certain temps. Au bout d’un instant, il interrompt son geste, soupire, se retourne, fait tomber son pinceau, shoote dedans hors-champ, s’avance vers le fond de son atelier et s’assoit, à distance de sa toile mais regardant dans sa direction.
- Séquence 9. Int. Nuit. → Int. Rêve. → Int. Nuit. Appartement d’Annie et de Philippe, rêve de Philippe, appartement d’Annie et de Philippe.
« Entre deux personnes »
- Sans doute sur un canapé, Philippe en T-Shirt noir dort, filmé en plan moyen en contre plongée légère, une couverture écossaise sur le corps.
- Très gros plan de son visage dont le milieu paraît exactement venir s’inscrire dans la diagonale droite gauche du cadre. On voit les yeux de Philippe bouger sous ses paupières. Le son du rêve précède très légèrement les images : un enjambement et un lien très net sont ici créés.
- Dans une rue relativement sombre, mais dans laquelle Philippe est éclairé par une lumière jaune orange, il discute avec ce qui est sans doute une prostituée, jeune femme que l’on retrouvera ensuite dans la réalité. Ils sont filmés en plan américain. Les images paraissent légèrement ralentiesCes plans ne sont pas exactement au ralenti, mais engendrent chez le spectateur un sentiment de ralenti. Nous n’avons trouvé aucune information sur le trucage utilisé, mais le procédé – qui se retrouvera pour tous les rêves – consiste vraisemblablement à ne montrer qu’un photogramme sur deux.. Ils discutent, mais on n’entend pas du tout leur conversation. Un vague rumeur urbaine se fait entendre.
- Très gros plan sur une prostituée, dont le visage se découpe sur un fond rayé, éclairée par une lumière orangée chaude qui donne à son visage un air presque rouge. La caméra panote au bout de quelques instants sur la droite pour venir cadrer la prostituée que Philippe avait saluée dans le premier plan du film. La caméra reste un temps sur elle, en contre-plongée légère. Elle finit par esquisser un sourire.
- Plan (idem plan 31) de Philippe et de la prostituée à la même place que tout à l’heure. Philippe regarde sans doute dans la direction de la prostituée que l’on vient d’apercevoir. Un air de salsa diégétisée se fait entendre. Philippe quitte la fille avec laquelle il était et sort du cadre par la gauche.
- Plan poitrine sur les deux prostituées du plan 32, filmées dans le même cadre, en contre-plongée. Elles regardent toutes les deux dans la même direction, vers la droite du cadre. Philippe entre dans le cadre, son visage et son buste en amorce dans le côté droit de l’image. Il arbore un large sourire. La prostituée non concernée s’éclipse alors, et la caméra la suit, s’enfonçant dans la rue.
- Très gros plan de la prostituée et de Philippe dans le même cadre. Philippe regarde la prostituée qui, elle, regarde par terre. Puis elle le regarde.
- Plan taille en contre-plongée légère. Philippe entraîne la prostituée. La caméra les suit en travelling gauche, les filmant légèrement de biais sur leur gauche.
- Plan très sombre dans lequel on aperçoit à peine Philippe et la prostituée entrer dans le cadre par la gauche. Ils étaient précédés des bruits de talon de la prostituée. Au départ du plan, quelques lumières au loin forment dans l’image une sorte de guirlande de pastilles lumineuses plus ou moins blanches. Leurs visages n’apparaissent que lorsqu’ils sont à proximité de la caméra. Ils tournent devant elle. La caméra les suit en panoramique, puis reste à distance pour les voir entrer dans la « petite chambre ». Ils entrent.
- Très gros plan sur le visage de Philippe dans la position dans laquelle on l’avait laissé avant le rêve. Le deuxième « fermez » de la prostituée est nettement audible sur cette image. Il ouvre les yeux, et les bouge, tout le reste de son visage restant parfaitement immobile.
- Séquence 10. Int. Nuit. Appartement d’Annie et de Philippe.
- Gros plan sur Philippe couché sur le canapé. Il se relève, s’assoit sur le canapé, la caméra suit son visage. Il se passe la main sur le visage.
- Très gros plan d’Annie dormant dans son lit. Seule sa tête dépasse des draps blancs.
- Gros plan sur les enfants, leurs deux visages inscrits dans la même image. Camille à gauche, quasiment dans l’angle inférieur gauche, Lucie dans l’angle supérieur droit. Une source de lumière diffuse paraît éclairer leurs visages. Lucie respire un peu fort, bougeant la bouche.
- Plan poitrine sur Philippe dans le couloir, enfilant sa veste en cuir. Il ouvre la porte et sort. Le plan s’achève avant que la porte ne soit refermée.
- Séquence 11. Ext. Nuit. Rue à Paris.
- Un morceau de saxophone démarre au début du plan. Plan de Philippe dans la rue de nuit. D’abord dans l’ombre, il se met à avancer dans la lumière. La caméra le filme en plongée et le suit en panoramique. Il s’approche de la prostituée de ses rêves, que la caméra nous dévoile alors en le délaissant et en venant la recadrer par un panoramique à droite. Elle est éclairée par la droite. Philippe lui dit bonsoir hors-champ. Autour d’eux la rumeur urbaine. Elle se met à marcher très lentement. La caméra la suit en panoramique gauche, récupérant au passage Philippe dans le champ. Ils font le chemin inverse de celui de Philippe. La caméra les laisse s’éloigner de dos. A l’angle de la rue se trouve une autre prostituée que l’on aperçoit à l’aller et au retour.
- Séquence 12. Ext. Jour (Pluie). Rue à Paris.
- Gros plan sur la prostituée qui se trouvait à l’angle de la rue dans le plan précédent. Elle se trouve, sous un parapluie, devant le volet métallique fermé d’un magasin d’un bleu qui peut faire songer à un bleu Klein. La jeune femme regarde vers la gauche, puis vers la droite.
- Plan d’ensemble. Un coin de rue, dans lequel on retrouve la prostituée du plan précédent, à côté d’une autre, qui était dans le rêve de Philippe. On entend vaguement la conversation des deux femmes. Philippe débouche au coin de la rue et s’avance vers les deux prostituées. Il pleut de manière abondante. Elles lui disent que la prostituée qu’il cherche n’est pas là. Il fait demi-tour et se poste au croisement des rues.
- Séquence 13. Ext. Jour. Rue à Paris.
« Entre deux personnes »
- Très gros plan de Philippe de profil qui regarde vers la droite. Derrière lui, on aperçoit encore les prostituées qui ferment leur parapluie puisque la pluie a cessé. Philippe effectue un demi-tour rapide et net sur lui-même.
- Plan d’ensemble du champ qui s’est ouvert devant lui. L’espace est pratiquement vide (quelques voitures et des passants minuscules au loin). Seule une jeune femme traverse la rue dans sa direction. La jeune femme le croise en lui souriant. La caméra la suit alors en panoramique droite, Philippe sort à peine du champ et lui emboîte le pas. Il va pour l’accoster sur sa gauche à elle.
- Contrechamp des deux protagonistes en plan taille. Philippe aborde la jeune femme. Ils continuent à marcher, filmés en travelling arrière. Ils finissent par s’arrêter, filmés en vis-à-vis. Ils sortent du cadre. La caméra reste un court instant sur leur place vide.
- Contrechamp. Philippe et Justine entrent dans le champ côte à côte par la droite et s’éloignent. La caméra demeure à sa place, le cadre étant légèrement chaotique.
- Séquence 14. Int. Jour. Appartement d’Annie et de Philippe.
« Entre deux personnes »
- Gros plan sur la valise ouverte de Philippe posée à terre, dans le coin d’un tapis, filmée en plongée. Les jambes de Philippe font un aller-retour devant.
- Gros plan de Philippe, devant un fond totalement blanc, qui va et vient et tourne sur lui-même. Seul l’abat-jour d’une lampe allumée se laisse voir. On entend une porte s’ouvrir hors-champ. Philippe tourne la tête vers la source du champ.
- Plan poitrine sur Annie qui passe la tête à travers la porte de la pièce dans laquelle se trouve Philippe. Annie se retrouve encadrée de blanc : le blanc de la porte sur sa gauche, le blanc du mur autour et à côté d’elle.
- Gros plan sur Philippe (idem plan 51) après qu’Annie lui a demandé s’il pouvait partir dans trois jours.
- Retour sur Annie après « d’accord » (idem plan 52). Elle sort en fermant la porte derrière elle.
- Retour sur Philippe (idem plan 51).
- Séquence 15. Int. Jour. Café.
« Entre deux personnes »
- Très gros plan sur Justine, les yeux baissés. Le peu du fond que l’on aperçoit est indistinct, rendu flou par la longueur de la focale. Elle lève deux fois les yeux vers la gauche.
- Contrechamp en très gros plan sur le visage de Philippe, les yeux baissés, qui regarde une fois Justine. Il esquisse un sourire.
- Gros plan sur un coin de nappe blanche en papier sur laquelle Philippe a dessiné un cœur avec des jambes et écrit : « Toutes les lettres d’amour sont ridicules sinon elles ne seraient pas des lettres d’amour. »
- À l’instant où Philippe met un point après le mot « amour », retour sur le visage de Justine (idem plan 56). Elle lit ce que vient d’écrire Philippe et sourit. En son hors-champ, on entend le bout de nappe qu’elle retourne vers elle. Elle se penche alors un peu plus.
- Gros plan sur la main de Justine. On s’aperçoit alors que Philippe avait aussi dessiné un cœur avec des jambes d’hommes et que les deux cœurs se donnent la main. Justine commence à parachever le dessin : partant du cœur masculin, elle trace une ligne en pointillés à laquelle elle accroche un lit dans lequel elle dessine la tête d’une jeune femme qui dépasse des draps et qui doit, sans doute possible, la symboliser.
- Très gros plan (idem plan 57) sur Philippe, qui regarde en direction des mains de Justine, puis lève les yeux vers son visage hors-champ.
- Retour sur le dessin de Justine (idem plan 60). À côté du premier lit, elle en a tracé un deuxième dans laquelle elle dessine un personnage censé représenter Philippe, comme l’indique la petite houppette noire qu’elle rajoute sur le haut du crâne.
- Retour sur le visage de Philippe (idem plan 57), qui regarde le dessin, puis Justine, puis le dessin.
- Séquence 16. Int. Nuit. Appartement d’Annie.
« Entre deux personnes »
- Très gros plan sur la petite Lucie endormie dans son lit, suçant son pouce dans la pénombre.
- Très gros plan de Camille endormi dans son lit, en pyjama bleu.
- Gros plan sur Annie et Moand, l’un contre l’autre dans le lit d’Annie. Moand a son bras droit entouré autour du cou d’Annie. Ils ont la tête contre le mur du lit. Ils discutent.
- Séquence 17. Ext. Nuit. → Ext. Nuit. Voiture du père de Philippe, rue de Paris.
« Entre deux personnes »
- Gros plan sur le père de Philippe, face caméra, au volant de sa voiture. La longue focale rend indistinct le paysage derrière lui. Seules des pastilles de couleurs paraissent flotter dans la nuit. Panoramique sur la gauche pour venir cadrer Philippe pour le voir dire: « Ouais, mais je suis parti ». La caméra panote à nouveau sur le père lorsqu’il dit : « Qu’est-ce que tu pouvais faire d’autre ? »
- Plan d’une rue la nuit, dans laquelle arrive la voiture du père par la gauche. La caméra suit en panoramique droite la voiture qui finit par s’arrêter. Philippe et son père sortent de la voiture, s’embrassent une fois tous les deux derrière la voiture. La caméra reste sur le père en panoramique, qui rentre sans doute dans son immeuble, sans omettre de faire un petit signe à son fils hors-champ avant de pousser la porte.
- Plan d’ensemble de Philippe marchant dans la rue, dans une obscurité qui le rend presque indistinct.
- Séquence 18. Int. Nuit. → Ext. Nuit. → Int. Nuit. → Ext. Nuit. Appartement de Justine et Philippe, rue de Paris, rame de métro, rue de Paris.
« Entre deux personnes »
- Plan en légère contre-plongée de Philippe dans l’appartement qu’il occupe avec Justine. Le plan démarre sur le mouvement par lequel Philippe se lève et va répondre à l’interphone. La caméra le suit en panoramique droite. Annie est à l’autre bout du fil, comme le spectateur peut l’entendre dans le combiné. Le coin de l’entrée de l’appartement dans lequel il se trouve est plus éclairé que le reste. Le pan de mur, sur lequel se trouve le coin de la porte d’entrée, occupe tout le tiers gauche de cette image et forme un bloc sombre auquel Philippe semble se confronter. Après avoir dit à Annie qu’il arrivait, Philippe retourne sur le lit posé au sol, dans lequel Justine est assise. À côté d’elle les cartes postales de Philippe. Une source de lumière hors-champ éclaire le buste de Justine. Le lit est fait de draps blancs et d’une couverture bleue. Lorsque Justine sort du lit, la caméra reste sur elle. Elle s’habille rapidement devant un mur blanc, toile de fond totalement neutre. Elle rejoint Philippe qui l’attend, la porte de l’appartement ouverte. Ils sortent en claquant la lourde porte blindée.
- Plan rapproché sur la voiture d’Annie dont on aperçoit le visage dans l’encadrement de la fenêtre. Son visage est plus éclairé que le reste. Au premier plan de l’image, on voit passer deux ombres fugitives qui courent vers la droite.
- Plan d’ensemble de la rue de nuit. Philippe et Justine courent vers la caméra. À la droite du plan, la 205 d’Annie garée en double file. On aperçoit à un moment le clignotant gauche de la voiture s’allumer. Justine et Philippe tournent au coin de la rue et devant la caméra, qui les suit en panoramique sur la gauche, puis les laisse filer jusqu’à la station de métro.
- Gros plan sur leurs deux visages en vis-à-vis dans le métro. Une barre métallique crée à certains moments une frontière entre eux. Les deux visages finissent par se rapprocher. Justine caresse la nuque de Philippe.
- Un air de musique – piano et saxophone – démarre au début du plan. Plan moyen sur Justine et Philippe sortant du métro. Ils tournent et avancent vers la caméra, qui les précéde en travelling arrière, les filmant légèrement de biais en plan poitrine. En arrière-plan, la longue focale rend pratiquement tout indistinct autour d’eux. Ils finissent par s’arrêter pour s’embrasser, pendant que la caméra s’éloigne.
Fermeture au noir
(légèrement inachevée).
- Séquence 19. Int. Jour. Atelier de Philippe.
- En plongée assez importante et en plan d’ensemble, la caméra filme Philippe dans son atelier. Devant lui, la toile qu’il avait jusqu’à présent laissée en plan et sur laquelle il entame de cerner de noir une figure déjà peinte.
- Séquence 20. Int. Jour. Lieu indéterminé.
- Gros plan de Philippe, en train de téléphoner chez lui. Il se trouve dans un espace indéterminé, peut-être un couloir, rendu tachiste en raison des longues focales. Son visage se détache sur un mur de carrelage vert. À l’autre bout du fil, il tombe sur la baby-sitter au téléphone, dont la voix est parfaitement audible. Après que Lucie a dit « Allô, Papa chéri », elle ne répond plus, sinon pour dire quelque chose d’incompréhensible. On sent poindre de l’inquiétude chez Philippe. Puis, la baby-sitter finit par revenir au téléphone. Philippe sort du champ par la gauche, donnant le sentiment de s’enfoncer dans l’ombre.
Fermeture au noir.
- Séquence 21. Int. Rêve. Rêve de Philippe.
« Entre deux personnes »
- Plan d’ensemble. Philippe et Mona marchent le long d’un train de gauche à droite, suivis en panoramique par la caméra. Philippe porte, tout à fait a contrario de la manière dont il est habillé dans la vie, un costume beige foncé, une chemise blanche et une cravate. Mona porte, elle, une longue robe bleu marine foncée. Hormis le train, l’espace dans lequel ils se trouvent est complètement vide. Le bruit de leurs pas et quelques sons hors-champ sont légèrement réverbérés. À la fenêtre d’un des wagons, on peut apercevoir la silhouette très effacée d’un figurant qui bouge le bras. Près de la porte d’entrée d’un wagon, ils s’arrêtent. Philippe se tourne vers Mona.
- Plan poitrine sur leurs visages. Mona est de trois quarts face, Philippe de trois quarts dos. « Mais est-ce que tu m’aimes ? », demande Philippe. Mona le regarde. Un coup de sifflet leur fait tourner le regard vers l’avant-champ à droite. Philippe sort du cadre : on l’entend monter dans le wagon. Mona, elle, reste dans le cadre, puis fait demi-tour. Philippe l’appelle alors, pendant que la caméra effectue un travelling sur lui. Il l’appelle une deuxième fois plus fort.
- Gros plan sur une roue du train qui démarre. L’intensité sonore du bruit des roues qui avancent fait prendre conscience que dans tout ce rêve les sons sont très nettement réverbérés. Mona entre alors dans le champ par la droite, filmée en plongée. Elle saute dans la première entrée de wagon qui se présente à elle. La caméra panote légèrement pour la suivre, puis fixe son mouvement. Le train continue à avancer.
- À l’intérieur du couloir du wagon dans lequel est entrée Mona au fond du champ. Cinq passagers (deux hommes, trois femmes), filmés en plongée légère sont alignés sur deux files. Ils regardent par les fenêtres. Mona s’installe près de la porte du fond, dans la même position que les autres passagers. Philippe entre alors dans le champ par le bas du cadre et traverse le couloir, en se frayant un passage parmi les passagers, pour aller rejoindre Mona.
- Gros plan sur le profil de Mona et la nuque de Philippe tourné vers elle. Mona se met à le regarder. Leurs corps balancent un peu sous l’effet de l’avancée du train.
- Séquence 22. Int. Jour. Appartement de Justine et Philippe.
« Entre deux personnes »
- Gros plan sur le visage de Philippe. Le bruit du train continue à se faire entendre, puis s’interrompt d’un coup lorsqu’il ouvre un tout petit peu les yeux. Il les ouvre en plus grand. Un bruit d’eau qui coule d’un robinet se fait entendre une demi-seconde, ce qui crée une continuité avec le plan qui suit.
- Le bruit d’eau se poursuit sur le gros plan de Justine, filmée quasi à hauteur de visage. Elle se retourne vers le hors-champ à droite où se trouve Philippe. Elle lui dit qu’il parlait cette nuit en dormant. Puis elle met du mascara sur ses cils avant de se retourner une nouvelle fois vers lui.
- Gros plan mobile sur les jambes de Justine portant des collants très noirs et opaques. La caméra vient cadrer deux piles de livres posées côte à côte. Sur l’une d’elles se trouve un réveil que les mains de Justine ramassent, puis reposent presque aussitôt. La caméra panote alors à gauche sur le visage de Philippe qui s’est rendormi, puis revient sur les livres au moment où on aperçoit la main de Justine qui pose un billet de cinquante francs sur la pile sur laquelle n’est pas posé le réveil. La caméra, comme happée par le mouvement de Justine vient cadrer ses pieds qui se déplacent sur une moquette beige foncé. On discerne qu’elle ramasse un sac hors-champ, puis ouvre la porte d’entrée et sort.
- Gros plan sur un coin de fenêtre, qui apparaît surtout à l’écran comme un jeu de lignes : lignes de la bordure, ligne du battant de la fenêtre qui barre sur une largeur importante la partie verticale droite de l’image et lignes flottantes de l’angle d’un rideau beige qui va et vient sous la pression d’un courant d’air. La caméra panote de manière infime vers le haut, avant que le plan ne s’interrompe.
- Gros plan en légère plongée de Philippe dormant, le drap et la couverture bleue pratiquement au ras du menton.
- Séquence 23. Ext. Jour. Rue avec un marchand de journaux donnant sur la terrasse d’un café.
- Philippe, filmé en pied, sort de chez un buraliste, un journal plié dans la main. Il s’arrête un instant dans l’encadrement de la porte. Dans la vitrine se reflètent les voitures qui passent dans la rue. Il s’engage sur la gauche et vient s’asseoir à la première table de la terrasse d’un café. La caméra le suit en panoramique puis le filme en légère plongée. Philippe ouvre alors son journal (c’est LibérationAnecdotique, cette information ne peut être connue qu’en visionnant la scène image par image.).
- Raccord dans le mouvement. Contrechamp de la double page du journal sur laquelle tombe Philippe. Titre de la page de gauche : « 9H 02 : sur la voie, un grain de sable de 25 tonnes » et sur chacune des pages, des photographies en noir et blanc d’une catastrophe ferroviaire. Le profil de Philippe se donne d’abord à voir en amorce droite du plan, puis essentiellement son épaule. Ocularisation interne secondaire, le point étant fait sur les pages du journal.
- Séquence 24. Int. Nuit. Cuisine de Justine et Philippe.
« Entre deux personnes »
- Gros plan sur Philippe au premier plan à gauche et Justine au deuxième plan à droite. Ils portent tous les deux une chemise blanche. Le spectateur ne voit aucun de leurs gestes, rejetés dans le hors-champ, mais il est clair qu’ils sont dans la cuisine, en train de préparer le repas. On entend de l’eau qui coule et des bruits de plats qui s’entrechoquent. Tout à coup, noir complet. Les plombs viennent de sauter. On entend Philippe dire : « Ah ! »
- Gros plan sur le visage de Philippe penché et sur l’épaule de Justine en amorce. Pratiquement au centre de l’image : la flamme d’une bougie qui scintille et crée un halo de lumière qui permet de distinguer Philippe dans la pénombre. Philippe rétablit la lumière. Le blanc se fait autour d’eux. Justine s’empresse de souffler la bougie. Ils sourient tous les deux.
- Séquence 25. Int. Jour. Salle de bains de Justine et Philippe.
« Entre deux personnes »
- Gros plan en plongée légère sur Justine dans sa baignoire, les cheveux relevés au-dessus de sa tête. Elle a les yeux baissés. Elle demande à Philippe, en se tournant vers le hors-champ droit : « Elle avait des poils de quelle couleur ? » À « Elle te manque ? », il lui envoie une serviette blanche à la tête, qui lui arrive par le hors-champ à droite. Dans cette salle de bain, la voix de Justine résonne un peu.
- Séquence 26. Ext. Jour. Sortie de l’école de Camille, rue de l’immeuble d’Annie.
« Entre deux personnes »
- La musique – saxophone – démarre au début du plan. Philippe, filmé en plongée et en plan d’ensemble, attend Camille à la sortie de l’école. Autour de lui, on entend des cris d’enfants. À sa gauche, c’est-à-dire un peu plus à la droite de l’image, trois petites filles. Une autre entre dans le champ par la droite, suivie d’une femme, suivie d’autres enfants et de femmes. Camille sort de l’école, ne voit pas son père, qui lui tape tendrement sur l’épaule. L’enfant se retourne et Philippe l’embrasse. Ils partent alors sur la gauche, Philippe le bras autour de Camille : la caméra les suit en panoramique un moment. Ils finissent par sortir du champ.
- Plan d’ensemble dans la rue. Philippe et son fils marchent côte à côte et s’avancent vers la caméra. C’est un plan assez animé, avec passants, voitures, etc. Une fois à hauteur de la caméra, cette dernière les suit en panoramique gauche pour les montrer s’approchant de la porte d’entrée de l’immeuble d’Annie.
- Contrechamp, en légère plongée, de Philippe se baissant vers son fils pour lui dire : « Tu sais, il faut pas croire que parce qu’on se voit moins souvent que je pense moins à toi. » Ils s’embrassent. Camille sort de l’image par la gauche et la caméra reste fixe sur Philippe encore penché qui regarde son enfant s’éloigner. Derrière eux, un va-et-vient de voitures se laisse voir.
- Séquence 27. Int. Jour. Appartement d’Annie.
« Entre deux personnes »
- Plan en plongée d’Annie assise sur le lit avec Moand couché sur le lit. Entièrement vêtus de noir (sauf le peu que l’on aperçoit du pantalon beige de Moand), ils contrastent fortement avec l’environnement blanc dans lequel ils se trouvent. Au bout d’un moment, Moand s’accoude sur le lit, son blouson faisant un bruit caractéristique de cuir plissé. Le plan s’interrompt avant que Moand ait même esquissé le moindre début de réponse à la question d’Annie : « Tu seras prudent ? »
- Séquence 28. Int. Jour. Porte d’entrée de l’appartement d’Annie.
- Gros plan de la porte d’entrée de l’appartement d’Annie. Camille entre dans le champ par la gauche, son cartable sur les épaules, et sonne.
- Séquence 29. Ext. Jour. → Ext. Jour. Escalier, rue.
« Entre deux personnes »
- En contre-plongée, filmés en pied en début de plan, Philippe et son voisinCette information ne peut être connue qu’à la lecture du générique de fin. sont en train de descendre des escaliers extérieurs en portant une très grande toile de Philippe. Ils passent devant la caméra, qui cadre un morceau en mouvement de la toile.
- Plan rapproché sur le visage de Philippe, pendant qu’il installe la toile sur le plafond d’une voiture. La toile masque un moment son visage, qui réapparaît lorsque Philippe passe sur le côté de la voiture pour bien fixer la toile. Il repasse alors derrière, ouvre le coffre et en sort une bâche en plastique transparent. Derrière lui, les capots de voitures qui passent.
- Séquence 30. Ext. Jour. Voiture du voisin de Philippe.
« Entre deux personnes »
- Très gros plan de Philippe dans la voiture côté passager, en circulation. Son voisin conduit, comme nous le montre aussitôt la caméra qui panote sur lui après qu’il a demandé à Philippe si « Ça va ? » Pendant la conversation, il se tourne parfois vers Philippe. La caméra revient sur Philippe après que son voisin lui a demandé : « Avec Annie, vous vous voyez ? » Puis la caméra revient sur l’ami lorsqu’il dit « Vous êtes fâchés ? » La caméra revient enfin sur Philippe lorsqu’il reprend : « Libre de quoi ? »
- Séquence 31. Ext. Jour. → Int. Jour. Rue, palier d’un appartement.
« Entre deux personnes »
- Plan sur Philippe et son voisin à nouveau la toile en main, s’engouffrant dans la porte d’entrée d’un immeuble. Ils s’engagent dans l’escalier. La caméra les filme quelques instants montant, en panoramique droite.
- Plan rapproché de Philippe sonnant à la porte d’un appartement. À côté de lui la toile. Derrière lui son voisin, en amorce à la droite du cadre. On entend le bruit d’un aspirateur qui provient de l’appartement et qui s’arrête après le coup de sonnette. Une femme de ménage leur ouvre la porte. Ils finissent par entrer dans l’appartement et la femme de ménage ferme la porte derrière eux. Le bruit sourd d’un train sur le départ apparaît fugitivement sur la toute fin de ce plan.
- Séquence 32. Ext. Jour. → Int. Nuit. Quai d’une gare, compartiment couchette.
« Entre deux personnes »
- Le bruit du train continue sur ce plan rapproché de Philippe et Justine sur le quai d’une gare, longeant un train (Trans euro nuit). Philippe tient Justine à la taille et porte une valise. La portion de quai qui les entoure immédiatement est pratiquement vide. Plus loin, en fond de plan, on aperçoit quelques voyageurs. Justine et Philippe entrent dans un wagon, par la première porte qu’ils rencontrent sur leur gauche.
- À l’intérieur de leur compartiment, gros plan sur la tête de Philippe de dos en légère plongée. On entend le bruit du train qui roule sur ses rails. Philippe, qui se tenait dans l’encadrement d’une porte, ferme celle-ci derrière lui et rejoint Justine sur la droite, allongée dans sa couchette. La caméra suit Philippe en panoramique. Elle interrompt son mouvement lorsque Philippe est cadré de dos, à droite de l’image, très proche du visage de Justine qui le regarde d’un air mutin et souriant, tournée vers nous de trois quarts, la tête penchée sur sa droite, c’est-à-dire penchant à gauche de l’image. Elle sourit largement à un moment. Philippe monte alors dans le lit avec elle. Une fois couchés, on ne voit plus que l’arrière du crâne de Philippe et leurs deux corps en pulls bleu marine paraissent ne plus former qu’un seul corps. Au bout de quelques instants, Justine relève la tête et éteint les lumières, plongeant la cabine dans le noir le plus complet. La caméra suit sa main qui appuie sur les deux interrupteurs.
- Séquence 33. Int. Jour. Compartiment d’un train.
« Entre deux personnes »
- Plan d’un paysage de mer défilant, filmé de l’intérieur du train. La fenêtre du train est ouverte. Au bout d’un instant, Justine entre dans le cadre par la gauche et relève la vitre pour la fermer, puis ressort par où elle est venue.
- Gros plan de Justine en plongée très légère qui mange un abricot, dont la couleur orange se détache nettement sur son visage plutôt pâle, pâleur renforcée par son chemisier blanc et la lumière du jour qui vient l’éclairer par la droite. Pendant qu’elle mange son abricot, sa bouche se tord dans tous les sens. Elle se passe le dos de la main sur le nez. Elle regarde sur la droite. Elle tourne une première fois ses yeux vers la gauche, puis revient vite à son abricot, qu’elle finit en regardant nettement vers la droite. Puis elle tourne nettement le visage et les yeux vers la gauche, fixant avec attention une cible hors-champ. Elle finit de mâcher son abricot, puis avance légèrement le visage vers la gauche et assène à Philippe qu’il va la quitter. La caméra se déporte en panoramique gauche sur Philippe au moment où il dit « Mais tu les as jamais vus ». La caméra revient sur Justine pour « J’aime pas que t’aies des enfants ». Une lumière diaphane éclaire par intermittence le visage de Justine dans cette fin de plan : elle forme même parfois de petits éclairs blancs.
- Séquence 34. Ext. Nuit (tombante). Une plage en Italie.
« Entre deux personnes »
- Un air de musique – piano et saxophone – démarre au début du plan. Plan d’ensemble d’un paysage de mer et de montagne de nuit bleutée. Philippe et Justine – tenue par la taille par Philippe – entrent dans le champ par la droite, en venant de l’avant-champ. Elle retire alors vigoureusement son bras de sa taille. Le saxo masque presque leurs paroles, cependant parfaitement audibles. Justine finit par partir sur la gauche, ses chaussures à la main en plantant là Philippe. Le plan dure deux secondes après qu’elle est sortie du champ, Philippe se retrouvant cadré à l’extrême droite.
- Plan de demi-ensemble de Justine qui marche, de dos, dans le sable d’un pas déterminé en direction d’une maison blanche. La caméra la recadre en un léger panoramique. En hors-champ, Philippe hurle son prénom.
- Il fait maintenant nuit noire. Philippe, filmé à distance, marche le long du rivage, les deux mains dans les poches arrière de son pantalon. Le plan s’interrompt alors qu’il est minuscule dans l’image.
- Séquence 35. Int. Nuit. Chambre d’hôtel.
« Entre deux personnes »
- Gros plan du visage de Justine couchée sur le côté. Elle s’excuse pour son comportement de jalouse. La caméra après « ch’uis nulle » remonte en panoramique cadrer le visage de Philippe, sa tête tenue par son bras, au-dessus d’elle. La caméra revient immédiatement après sur Philippe. La main de Philippe entre dans le cadre et lui caresse les cheveux. La musique s’interrompt quelques instants avant la fin du plan.
- Séquence 36. Ext. Jour. Rue en Italie.
« Entre deux personnes »
- Plan taille de Philippe et Justine, filmés légèrement de biais sur leur droite, main dans la main, marchant dans une rue éclairée par un éclatant soleil. Ils avancent à allure assez vive, précédés en travelling arrière par la caméra. Ils finissent par dépasser la caméra qui interrompt son travelling une fois qu’ils sont sortis du champ.
- Séquence 37. Ext. Jour. Quai d’une petite gare.
« Entre deux personnes »
- Plan poitrine de Justine et Philippe assis sur le banc d’une gare, côte à côte. Philippe, clope au bec, finit par se lever du banc et avance en direction des rails, suivi par la caméra, en panoramique droite, qui délaisse Justine. Il fait un éclatant soleil, mais ils se tiennent dans une portion d’espace relativement préservée du soleil.
- Séquence 38. Int. Jour. Compartiment de train.
« Entre deux personnes »
- Gros plan sur Philippe et Justine, elle dormant sa tête posée sur son épaule gauche. Le train avance vers la droite, dans le sens inverse de celui dans lequel ils sont assis.
- Séquence 39. Int. Nuit. Chambre d’hôtel.
« Entre deux personnes »
- Gros plan sur la nuque de Philippe tourné sur le côté. Il est couché dans un lit aux côtés de Justine qui se tient dans l’arrière-plan. Philippe respire avec force, comme oppressé. « Où est ma fille ? » Il se tourne pour se retrouver de dos, ouvre les yeux et reprend son souffle, en nage après son cauchemar.
- Séquence 40. Ext. Jour. Place à Venise.
« Entre deux personnes »
- Justine et Philippe filmés à distance, marchant dans une rue de Venise. La caméra les suit en panoramique gauche. Autour d’eux une intense lumière jaune les éclaire. Il passent derrière des voitures garées, puis une fontaine au centre d’une petite place, dans laquelle viennent s’abreuver des pigeons. Il est très difficile de comprendre ce que Justine dit à Philippe au début. Ils tournent à un moment à angle droit et se retrouvent face à la caméra. Cadre mobile de la caméra qui ne cesse de les recadrer. Ils avancent de plus en plus vers la caméra. Lorsque le visage de Philippe est cadré en très gros plan, et alors que Justine est déjà hors-champ, il dit : « Je te baise par le derrière. » Il sort du champ à son tour et le plan dure encore un instant, ne montrant plus qu’une voiture blanche totalement floue à l’image.
- Séquence 41. Int. Jour. → Ext. Jour. Une bijouterie, une rue.
« Entre deux personnes »
- Plan poitrine de Philippe et de Justine filmés de l’intérieur d’une bijouterie, à travers la vitrine dont les reflets créent un filtre translucide et opaque devant leurs visages. Justine désigne de l’index des objets exposés d’un côté puis de l’autre de la vitrine. Derrière eux, on aperçoit, déformé par la longue focale et le reflet de la vitre, un couple qui passe fugitivement.
- Filmés en plan rapproché, des bijoux dans une vitrine. Au centre de l’image, le point est fait sur deux anneaux jumeaux et torsadés.
- Justine et Philippe filmés en gros plan et en légère contre-plongée dans la rue. La caméra les suit en un bref panoramique à droite. Philippe prend un des anneaux et le glisse autour de l’annulaire gauche de Justine, au doigt qui porte les alliances. Justine rigole. À son tour elle lui prend la main droite et lui lèche le doigt avant de lui glisser la bague, ce qui a pour effet de faire protester Philippe, qui jette des regards gênés autour de lui. Pendant tout ce plan dans lequel Philippe paraît si soucieux de ceux qui l’environnent, on perçoit en effet une rumeur urbaine persistante, où se font entendre les bruits de nombreuses voix, mais on ne voit absolument personne autour d’eux.
- Séquence 42. Ext. Jour. Rue à Venise.
« Entre deux personnes »
- Plan sur la porte d’entrée d’un magasin de jouets. Philippe et Justine entrent dans le cadre par la droite, en gros plan de profil. Quand ils entrent, la focale change et le point se fait sur eux. La caméra s’accroche à eux en panoramique. Attiré par la devanture du magasin dans la vitrine duquel sont exposées des peluches, Philippe sort du cadre. La caméra continue de filmer Justine qui avance d’un pas relativement nonchalant. Elle finit par s’arrêter pour se retourner et venir chercher Philippe qui la suit en lui prenant le bras. La caméra les filme en panoramique puis interrompt son mouvement : ils finissent par sortir du cadre.
- Séquence 43. Ext. Jour. Rue à Venise.
« Entre deux personnes »
- Un air de saxophone démarre au début du plan. Plan large. Philippe et Justine déambulent dans une ruelle dont les immeubles qui la bordent créent un climat de pénombre relative. La caméra suit leur avancée en panoramique sur la droite. Dans ce plan, la différence de taille entre Philippe et Justine apparaît très nettement : elle le dépasse d’une bonne tête. « J’ai faim on achète des trucs ? », dit Justine en regardant dans le hors-champ droit. Ils s’arrêtent au moment où ils entrent dans une lumière relativement blanche, qui les éclaire fortement comme sous l’effet d’un spot. Justine se dirige alors sur la droite, dans une épicerie italienne typique. La caméra recadre sur elle légèrement en panoramique pour la voir s’engouffrer dans l’épicerie. Philippe finit par la suivre en entrant dans le cadre, mais reste à l’entrée du magasin.
- Séquence 44. Ext. Jour. Rue à Venise.
« Entre deux personnes »
- La musique continue sur ce plan. Très gros plan de Justine, le visage légèrement tourné vers la gauche, c’est-à-dire vers sa droite à elle, la tête légèrement penchée. Début de confession de sa période d’anorexie.
- Gros plan sur les deux visages de Justine et Philippe après « Je faisais de moi ce que je voulais ». Justine est en amorce à droite, de profil. Philippe est pratiquement face caméra, les yeux braqués sur Justine. Le point est fait sur lui. Philippe mâche et se met à esquisser un sourire lorsque, souriant elle-même, elle affirme qu’elle était un vrai génie. Il croque dans son sandwich peu avant la fin du plan.
- Séquence 45. Ext. Nuit. → Int. Nuit. Rue, chambre d’hôtel.
« Entre deux personnes »
- La musique continue sur ce plan. Plan dans une rue de nuit. Philippe et Justine, main dans la main, traversent cette rue avec de la circulation en se dirigeant vers le grand bâtiment qui leur fait face.
- La musique s’interrompt au tout début de ce plan. Gros plan sur Justine de profil en amorce gauche du cadre. Elle dit à Philippe, encore hors-champ : « Toi, t’es triste. » La caméra reste mobile sur les mouvements d’allées et venues du visage de Justine. En son hors-champ, on entend très nettement le klaxon d’une voiture. Au moment où le regard de Justine se fixe un peu plus longtemps sur Philippe hors-champ, la caméra suit rapidement le trajet de son regard pour venir le filmer en gros plan.
- Séquence 46. Ext. Jour. Bateau accostant dans le port de Capri.
« Entre deux personnes »
- Un air de saxophone démarre au début du plan. Plan taille de Justine et Philippe s’embrassant sur le pont d’un bateau, leurs cheveux battus par la brise marine. Philippe tourne le dos à la caméra. On ne voit au départ de Justine que son bras entouré autour du cou de Philippe et la masse de ses cheveux, posée sur l’épaule droite de l’homme qu’elle aime. Les deux corps quasiment confondus se détachent très nettement sur fond de ciel gris-blanc, lumière diffuse qui paraît légèrement dissoudre les contours de leurs corps. Puis ils s’éloignent quelque peu l’un de l’autre. Justine entoure un pull autour de son cou, Philippe allume une cigarette.
- Plan d’ensemble d’un petit port dans lequel entre un bateau hydroglisseur, filmé à la droite du cadre. Le port est sans aucun doute le port de Capri.
- Plan rapproché sur quelques bâtisses qui bordent une plage sur laquelle sont « échoués » quelques bateaux, devant lesquels flottent quelques barques. Ce plan confirme que ce port est celui de l’île de Capri. Le mouvement de travelling avant de la caméra laisse supposer que ce plan est filmé d’un bateau qui s’avance dans le port. La musique s’achève à la fin de ce plan.
- Séquence 47. Int. Jour → Ext. Jour. → Ext. Jour. Salle de bains d’une chambre d’hôtel, rue, balcon de la chambre d’hôtel.
« Entre deux personnes »
- Plan américain de Justine, de dos, en train de laver un T-Shirt dans le lavabo d’une chambre d’hôtel. Le cadre de la porte forme autour d’elle un cadre dans le cadre très net.
- Gros plan sur une boîte aux lettres rouge. Philippe entre dans le cadre par la droite, poste une carte postale et fait demi-tour en sortant du cadre. Le plan dure un peu sur cette grosse boîte aux lettres.
- Sur le balcon de leur chambre d’hôtel, filmée en plan américain, Justine met son T-Shirt à sécher au soleil. En fond, un paysage marin, avec un immense bloc rocheux verdoyant qui plonge dans la mer. Elle jette un léger coup d’œil dans le hors-champ, puis avoue sa jalousie à l’encontre de la fille de Philippe. Philippe entre dans le cadre par la gauche, puis sort au bout de quelques secondes, suivi de peu par Justine.
- Séquence 48. Int. Jour. Chambre d’hôtel.
« Entre deux personnes »
- Plan dans la chambre de Philippe et Justine. Justine, couchée sur le lit, en gros plan, se tient en amorce du cadre sur la droite. Elle feuillette un magazine. À gauche, au troisième plan, Philippe assis dans un fauteuil vert, est en train de dessiner. La caméra est postée en contre-jour : Justine est donc filmée du côté de l’ombre, ce qui a pour effet de la rendre assez sombre. Cet assombrissement de Justine est redoublé par un léger effet de flou, le point étant fait sur Philippe. Après « Je suis angoissée puis je me sens seule », Philippe la rejoint sur le lit. Ils s’embrassent. Le point est désormais fait sur eux, mais ils n’en demeurent pas moins essentiellement des ombres.
- Séquence 49. Int. Jour. → Ext. Jour. Café, rue.
« Entre deux personnes »
- Plan rapproché et en plongée légère sur Philippe assis à la table d’un café, le visage reposant sur son bras droit accoudé. Devant lui, un livre ouvert et une tasse de café. À travers la fenêtre derrière lui, on aperçoit le défilé continu de quelques voitures. Il boit de son café, tourne la tête vers la droite du cadre et sourit tout à coup. Justine entre alors dans le cadre par la droite. La caméra effectue un recadrage, pour tenir leurs deux visages exactement dans un angle et l’autre du cadre, opposés en diagonale : Philippe dans le coin inférieur gauche, Justine dans le coin supérieur droit. La diagonale du cadre se superpose presque idéalement à la ligne de leurs regards échangés. « Tu trouves qu’on a une bonne vie ? », demande, amère, Justine. Philippe se lève. Ils sortent du café. La caméra les suit en panoramique.
- La caméra les récupère à la sortie du café, en gros plan de trois quarts dos. « Ça t’embête pas que je sois toujours avec toi ? » La caméra les laisse filer et sortir du cadre par la droite.
- Séquence 50. Int. Jour. Appartement de Justine et Philippe (?).
« Entre deux personnes »
- Gros plan sur Justine de profil. Derrière elle le fond est flou. On devine une sorte d’armoire en bois marron et dans le coin inférieur gauche du cadre un poste de télévision. Elle finit par lever les yeux vers le hors-champ à gauche.
- Contrechamp sur Philippe, filmé en plan poitrine, en légère contre-plongée. Son buste se détache sur un fond clair, parfaitement uniforme et indéfini. La caméra suit son léger mouvement d’aller-retour en panoramiques.
- Champ sur Justine (idem plan 133) pour : « Et vous couchiez ensemble ? »
- Retour sur Philippe (idem plan 134) pour l’entendre dire : « Oh, pas trop non. »
- Séquence 51. Int. Jour. Appartement de Justine et Philippe.
« Entre deux personnes »
- Plan américain de Justine dans une salle de bains, en soutien-gorge blanc, en train de passer un bout de coton sur son visage. Il y a un double effet de cadre dans le cadre dans ce plan. Premier effet : les deux-tiers à droite sont constitués par l’espace de la salle de bain ; le troisième tiers gauche est un pan de mur gris. Le deuxième jeu de cadre provient du miroir, qui renvoie l’image de Justine. Le téléphone sonne hors-champ. Elle va décrocher en se postant au premier plan de l’image.
- Plan sur un coin du lit sur lequel se trouve Philippe. Une lampe, en bas de l’image, constitue la source principale de lumière interne au champ. En amorce droite du cadre, la porte marron d’une armoire. Une fois que Justine a dit à Philippe hors-champ que c’est Annie, on le voit se lever du lit et venir prendre le combiné qu’on a entendu être posé sur une table par Justine. Philippe le porte à son oreille, filmé en gros plan, de trois quarts face. On entend très distinctement la voix d’Annie : « Faut que tu viennes tout de suite. » Il décide d’y aller. Il se retourne presque en deux temps : un coup d’œil sur la gauche, sans doute à Justine, puis en direction du lit.
- Séquence 52. Ext. Nuit. Rue.
- La musique – saxophone et piano mêlés – démarre au début du plan. Plan poitrine de Philippe dans une rue de nuit. Il se tient de profil, bras croisés. Il gigote un peu en attendant : mais c’est plutôt du calme qui émane de lui. On entend le taxi arriver hors-champ. Philippe fait signe au chauffeur de s’arrêter. La caméra suit Philippe en panoramique pour le voir monter dans le taxi, puis reste fixe, en regardant la voiture s’éloigner. La musique s’interrompt quand la voiture redémarre.
- Séquence 53. Int. Nuit. Appartement d’Annie.
- Plan rapproché sur Camille de trois quarts dos, devant son père qui se tient dans l’encadrement de la porte. La tête de Philippe entre dans le champ pour embrasser la tête de son fils. Puis la caméra reste accrochée au visage de Philippe. Annie entre dans le champ, portant Lucie dans ses bras qui, elle, tient une peau de mouton. Annie sort du champ, Philippe ferme la porte et sort à son tour du champ sur la droite, pour aller coucher ses enfants.
- Dans la chambre des enfants. Plan rapproché sur Lucie, suçant son pouce, couchée sur le dos dans son lit blanc. À côté d’elle, on devine un gros nounours. Le visage de Philippe souriant se tient dans l’angle supérieur droit de l’image, le regard tourné vers sa fille. Après le « Tu dors ? » de son père, Lucie se cache le visage sous sa peau de mouton. Philippe lui pose alors la main gauche sur la poitrine, en un geste qui est tout à fait proche de celui qu’avait fait Annie dans la première scène du coucher des enfants. La caméra descend alors en panoramique pour venir cadrer le visage de Camille, couché sur le dos, dans la pénombre. Au passage apparaît une touffe des cheveux frisés d’Annie sur la tranche droite du cadre. Et dans le plan fixe qui nous donne désormais à voir Camille, la main d’Annie apparaît dans le coin inférieur droit de l’image. Camille, le visage très fermé au début, se met à sourire et à murmurer quelques mots inaudibles à l’adresse de sa mère.
- Gros plan sur le visage d’Annie qui se tient pratiquement face caméra dans la moitié gauche de l’image. Philippe demande « Ça va ? » en hors-champ puis entre dans le champ par la droite. Ils discutent un moment pour constater combien ils sont devenus étrangers l’un à l’autre, puis Annie va ouvrir la porte d’entrée. La caméra la suit en panoramique gauche. La caméra cadre la porte qui s’ouvre avec Annie dans le coin droit. Philippe sort, Annie referme la porte et sort du champ par la droite. La caméra reste fixe sur la porte fermée une demi-seconde.
- Séquence 54. Int. Nuit. Café.
« Entre deux personnes »
- Plan rapproché de l’intérieur d’un café. L’ami de Philippe nous signale sa présence hors-champ d’abord par sa voix. Il entre le premier dans le café, suivi de près par Philippe. Il s’arrête pour se retourner vers lui. Philippe continue sur sa lancée. La caméra le suit en panoramique et en très gros plan. Philippe s’assoit. On a vu peu auparavant son ami passer juste derrière lui. La caméra au bout de quelques instants se met à effectuer un travelling droit autour de son visage. La caméra peu à peu délaisse le visage de Philippe pour venir cadrer celui de son ami. Au bout d’un moment, la caméra effectue le mouvement inverse, pour venir cadrer uniquement Philippe. Puis, la caméra effectue un panoramique pour venir cadrer le visage de l’ami de Philippe de trois quarts dos, pour ensuite effectuer le mouvement inverse pour venir cadrer Philippe. Après que la lecture de l’extrait de l’article a commencé, la caméra effectue à nouveau un pano-travelling qui tourne autour du visage de Philippe pour venir cadrer son ami. La plan se termine sur « Quand cela finira-t-il ? »
- Séquence 55. Ext. Nuit. Rue.
- Plan en pied de Philippe de dos, marchant dans la nuit. Quelques voitures passent près de lui. La lumière des phares d’une des voitures se reflète dans la vitre de la caméra.
- Séquence 56. Int. Jour. Appartement de Justine et Philippe.
« Entre deux personnes »
- Plan rapproché sur Justine et Philippe au lit. Le réveil sonne. Justine éteint immédiatement le réveil, puis se lève. La caméra la suit en panoramique, la filme commençant à sortir de la chambre, puis la délaisse pour venir cadrer Philippe dormant.
- Plan sur le coin du lit qui dépasse, le reste étant masqué par le coin de mur de la porte d’entrée. Justine entre alors dans le champ par la gauche. À son apparition, la focale change pour venir faire le point sur Justine. Elle sort de l’appartement. Le plan dure un peu sur la porte qui se ferme avec délicatesse et précaution.
- Séquence 57. Int. Jour. → Int. Jour. Entrée de l’appartement d’Annie, cuisine de l’appartement.
« Entre deux personnes »
- Gros plan de Philippe dans la pénombre, de trois quarts dos. La porte près de laquelle il se tenait s’ouvre. Une jeune femme lui ouvre avec un très large sourire. Il entre dans l’appartement. La jeune femme referme la porte.
- Plan rapproché de Lucie assise en tailleur sur un sol en carrelage blanc. Autour d’elle, des petits jouets disposés ça et là. Lucie est toute de rouge vêtue, si ce n’est ses collants blancs. Philippe entre par la gauche et se baisse pour enfiler le manteau de Lucie. La caméra panote un peu pour contenir les deux visages dans son cadre. Philippe met alors sa fille debout et lui, toujours accroupi, commence à ramasser les jouets qui traînent par terre. La caméra finit par ne plus cadrer que lui. Il jette un premier coup d’œil vers le hors champ dans le coin inférieur droit, revient sur les objets autour de lui, puis regarde immédiatement à nouveau là où il venait de regarder. Il interrompt aussitôt ses gestes, comme figé, et s’avance légèrement pour venir ramasser une seringue qui traînait au sol, que la caméra vient cadrer en panoramique en diagonale. Il ramasse la seringue et lève sa main. La caméra le suit. L’image se « fige » alors sur la main de Philippe qui tient la seringue pratiquement au centre du cadre, entre la partie de son corps qui apparaît alors dans le champ (son genou) et les deux jambes de sa fille, dans la partie supérieure droite du champ. Lucie agite son pied gauche dans sa sandalette rouge.
- Séquence 58. Ext. Jour. → Int. Jour. Parking d’une usine de confection textile, intérieur de l’usine.
- Plan sur une Alfa Roméo qui vient se garer devant un bâtiment bleu. Lorsque la voiture passe devant la caméra, en plan très rapproché de gauche à droite, on aperçoit Justine dans le cadre de la fenêtre arrière ouverte. Deux femmes, dont Justine, sortent de la voiture.
- Plan d’ensemble de l’intérieur d’une usine de confection textile. La caméra effectue un léger panoramique à droite, pour bien cadrer à chaque fois le groupe de quatre personnes qui s’avancent dans lequel se trouve Justine. Leurs habits sombres tranchent nettement au milieu de la masse d’étoffes blanches qui les entourent, en paquets de tissu sur des tables ou déjà sous forme d’habits pendus sur des cintres. Justine est la dernière à sortir du cadre, en jetant des regards autour d’elle. La caméra effectue alors un panoramique en diagonale pour venir cadrer une couturière qui mâche un chewing-gum et suit du regard les personnes qui viennent d’entrer, tout en continuant à coudre.
- Gros plan sur la nuque et l’épaule droite de Justine. Devant elle, le visage d’une styliste, des aiguilles entre les dents, qui réajuste la robe que porte Justine. Le point est fait sur le visage de face de la styliste, l’épaule et la nuque de Justine étant floues. La styliste demande alors à Justine de se tourner. Pendant le mouvement, le point se fait sur Justine, filmée de trois quarts face.
- Plan de demi-ensemble. Au premier plan de l’image, à la droite du cadre, deux silhouettes d’homme de dos, dont un tout à fait en amorce à droite. Au second plan, la styliste et Justine qui se retourne encore une fois sous la demande de la styliste. Le point est fait sur les deux femmes.
- Plan poitrine de Justine en très légère contre-plongée pendant que la styliste est baissée à sa droite finissant de planter des épingles dans sa robe. La styliste demande à chaque fois à Justine de ne pas bouger. La couturière passe d’un côté puis de l’autre de Justine, pendant que cette dernière tourne le visage d’un côté puis de l’autre, l’air complètement fermé.
- Séquence 59. Ext. Nuit. Voiture du père de Philippe.
« Entre deux personnes »
- Gros plan de Philippe en voiture côté passager. Il a le visage tourné vers le côté conducteur à qui il parle. La longue focale rend tout ce qui apparaît dans le pare-brise arrière indistinct. L’arrière-plan se retrouve ainsi constitué d’une multitude de confettis colorés et lumineux, clignotant et dansant dans l’image. La caméra panote sur le père au moment où il dit : « En même temps les enfants ça passe toujours au travers de tout ». « Et vous continuez votre vie chacun de votre côté avec les enfants entre vous et tout va bien, voilà. » : la caméra effectue un panoramique sur Philippe après cette dernière réplique et termine le plan.
- Séquence 60. Ext. Jour. → Ext. Jour. Sortie de métro, rue.
« Entre deux personnes »
- Plan en plongée d’un escalier de sortie de métro. Philippe et Camille remontent les escaliers en marchant assez vite. Lorsqu’ils passent devant la caméra, elle demeure sur Camille qui tourne son visage vers son père avant qu’ils sortent du champ. Le plan s’attarde un court instant sur la grille jouxtant l’escalier à laquelle sont accrochés des vélos. On voit les jambes de deux passants.
- Plan de demi-ensemble sur Philippe et Camille marchant dans une rue. Lorsqu’ils s’approchent de la caméra, celle-ci filme Camille en gros plan, qui demande alors à son père si c’est vrai qu’il a « pris la drogue ? » La caméra le suit à partir de là en gros plan et en travelling gauche. Lorsque Philippe dit « qu’est-ce que tu racontes ? », la caméra les laisse s’éloigner de dos.
- Séquence 61. Int. Jour. Appartement de Justine et Philippe.
- Gros plan de Philippe de trois quarts dos en train de téléphoner. Au cours de la conversation, Philippe se tourne face caméra. Son visage se détache sur un fond totalement neutre. Au téléphone, Justine, qui pleure.
- Séquence 62. Int. Rêve. → Int. Nuit. Rêve de Philippe, appartement de Justine et Philippe.
« Entre deux personnes »
- Rêve de Philippe. Filmé en plan poitrine de profil, Philippe, à l’intérieur d’un wagon de train, habillé d’une chemise blanche, ferme une porte derrière lui. Dans le couloir, à la gauche du cadre, s’approche Justine à laquelle Philippe tourne le dos. « Espèce de chien », lui crie-t-elle. Philippe effectue un demi-tour sur lui-même. Justine se met alors à hurler après lui de plus en plus violemment, en le frappant à grands coups d’un tissu blanc. Philippe se protège alors le visage de ses bras et commence à s’enfuir du champ en passant dans l’avant-champ. Le plan se termine sur Justine en plan serré, hurlant une dernière fois « espèce de chien », le visage déformé par la fureur.
- Gros plan de Philippe se protégeant le visage, qui se réfugie dans un coin du wagon, les yeux révulsés. Un mélange de panique et de peur se lit sur son visage lorsque, acculé dans le coin du wagon, il est filmé en plan-poitrine.
- Contrechamp sur Justine (idem fin du plan 158), reprenant son souffle, jetant un regard noir sur Philippe hors-champ.
- Très gros plan de trois quarts face du visage de Philippe, qui ouvre les yeux d’abord doucement, puis l’air inquiet.
- Plan plus large, en plongée, sur Philippe et Justine, endormie sur le ventre près de lui dans le lit. Philippe, en sueur, s’accoude puis tourne la tête vers Justine. Il sort du champ. Justine lui demande, une fois qu’il est sorti : « Tu t’en vas ? »
- Plan taille de Philippe de dos dans la cuisine, suivi en travelling avant, qui fait un demi-tour à 90° et s’appuie contre le dossier d’une chaise rangée sous un table, puis qui se retourne face à la caméra, en s’appuyant de la main gauche sur le haut du frigo.
- Plan poitrine de Justine couchée sur le ventre dans son lit, le visage tourné vers la caméra. Elle est torse nu. Philippe glisse sa tête dans le champ par le haut du cadre et vient murmurer « Je t’aime » à l’oreille de Justine. Elle demande l’heure. Il répond trois heures et demie, puis sort la tête du cadre.
- Séquence 63. Int. Jour. Atelier de Philippe.
- Gros plan de Philippe dans son atelier. La longue focale rend tout ce qui est autour de lui flou et indistinct. Il regarde devant lui, bouge la tête de-ci de-là, se gratte derrière l’oreille gauche. Rien ne vient.
- Plan de demi-ensemble sur Philippe, de trois quarts dos, devant une très grande toile complètement vierge. Philippe tient deux morceaux de fusain dans les mains.
- Plan sur Philippe, plus large que le plan 165, toujours assis devant sa toile. Les objets au second plan sont, cette fois, beaucoup plus nets. On peut distinguer certaines toiles de Philippe. Il finit par se lever. La caméra le suit en panoramique. Il enlève son tablier, le jette par terre hors-champ, reprend sa veste en jean beige accrochée à un porte-manteau, l’enfile et sort. On l’entend fermer la porte de son atelier à clé.
- Séquence 64. Int. Jour. → Int. Jour. Café, appartement de Justine et Philippe.
« Entre deux personnes »
- Philippe en plan rapproché, engoncé dans le recoin d’une banquette de café, une tasse devant lui. La lumière qui l’entoure tire sur l’orange. Il fume une cigarette, sucre son café.
- Plan d’ensemble. Justine est assise tout habillée dans son lit, à gauche du cadre. Elle paraît toute petite en proportion du grand pan de mur blanc contre lequel elle est assise. Dans la partie droite du cadre, le coin de l’entrée de l’appartement tranche radicalement par son obscurité. Justine sanglote dans son lit. Philippe entre dans l’appartement et referme la porte derrière lui et sort complètement du cadre. En entendant la porte claquer, Justine se met à sangloter plus fort. Philippe entre alors dans le cadre et vient se poster debout près du lit : il apparaît en plan en pied dans le champ. Justine se met, dans un interminable sanglot, à lui dire : « Tu m’aimes pas ». Philippe se rapproche un peu plus du lit et se penche vers Justine : son ombre portée se dessine très nettement sur le mur blanc. Il finit par s’asseoir près de Justine dans le lit et la prend dans ses bras, lui entourant le visage de son affection. Justine continue de sangloter sur son épaule.
- Séquence 65. Ext. Jour. Rue à Paris.
« Entre deux personnes »
- Filmés en plan poitrine, Philippe et Camille marchent côte à côte dans la rue. Camille annonce à son père que sa mère n’est plus avec Moand. Une fois le visage de Philippe cadré en gros plan, la caméra le suit en travelling arrière, filmé en contre-plongée et de biais.
- Gros plan sur Camille à « Et qu’est-ce que ça fait la drogue ? », la caméra le suivant en travelling arrière.
- Retour sur Philippe (idem fin du plan 170) à « Y’a même des drogues qui te font très mal en une fois », toujours suivi en travelling arrière par la caméra. Après « Non, je te l’ai déjà dit », la caméra le laisse sortir dans le hors-champ gauche, comme attirée par un graffiti rouge sur le mur. La conversation se termine hors-champ.
- Séquence 66. Int. Nuit. Chambre de Justine et Philippe.
« Entre deux personnes »
- Plan rapproché en plongée sur Justine et Philippe au lit, de trois quarts face, dans une pénombre bleutée. On peut voir Justine ouvrir les yeux dans le noir et dire : « Si tu veux tu peux retourner vivre avec tes enfants. »
- Séquence 67. Int. Jour. Atelier de Philippe.
- Gros plan sur le visage de Philippe, dans son atelier, le visage tourné vers la gauche. Pour la première fois, il porte des lunettes. Il donne des coups de pinceaux sur une toile dans le hors-champ. La caméra suit les va-et-vient de son visage en panoramiques. En fond, une toile au sol, avec devant des cadres de toiles vides.
- Cut. Idem plan 174. Peu avant la fin du plan, un air de saxophone démarre.
- Cut. Idem plan 174. Dans ce plan, la tranche de la toile sur laquelle Philippe est en train de peindre apparaît furtivement en amorce gauche du cadre. En fin de plan, pour la première fois depuis le début de la séquence, la caméra délaisse le visage de Philippe pour cadrer le pinceau qu’il trempe dans une vieille boîte de conserve.
- Cut. Très gros plan du visage de Philippe de trois quarts face. Le son hors-champ a changé : à l’écoute, Philippe paraît désormais dessiner sur la toile.
- Cut. Idem plan 177.
- Cut. Plan taille sur Philippe qui a pris du champ par rapport à la toile. Il la regarde à distance, les bras relativement écartés de son torse, faisant un demi-tour sur lui-même, puis venant s’accouder sur une toile roulée posée en hauteur. Il porte une cigarette à sa bouche, le tout en continuant de fixer la toile hors-champ. Il s’avance alors pour continuer son travail.
- Contrechamp. Plan de demi-ensemble de Philippe de profil devant sa toile. La toile est déjà bien avancée : on peut apercevoir les contours d’un visage au menton très proéminent, au-dessus d’un personnage de taille nettement plus réduite qui le regarde. Philippe se retourne encore une fois vers elle, puis s’éloigne dans le hors-champ droit pour prendre encore du recul. Il entre à nouveau dans le champ et allume sa cigarette à la place où il se trouvait précédemment, puis commence à mélanger des couleurs sur une feuille blanche posée sur sa table de travail devant lui, à la droite du cadre. Le plan se termine lorsque Philippe s’apprête à verser de la peinture blanche sur la feuille blanche.
- Raccord dans le geste. Gros plan sur Philippe versant du blanc sur son mélange de couleurs (vert et blanc) entamé. Philippe mélange les couleurs avec son pinceau, pour obtenir un vert très pâle. Au moment où Philippe lève son pinceau pour peindre sur la toile, la caméra remonte en panoramique ascendant pour venir recadrer son visage de trois quarts face, les yeux tournés vers la droite. La caméra reste sur son visage lorsque Philippe se retourne, pour remettre de la peinture sur son pinceau.
- Cut. Gros plan sur la main gauche de Philippe, en train de verser du blanc sur un mélange de couleur beige. Philippe commence à incorporer le blanc au mélange à l’aide de son pinceau.
- Cut. Très gros plan sur le visage de Philippe, de profil, en train de réaliser le mélange hors-champ. Au bout de quelques secondes, il se tourne brusquement vers la toile pour recommencer à peindre, toujours filmé en très gros plan. Son visage fait à nouveau un aller-retour lorsqu’il se tourne pour reprendre de la couleur, puis se remettre à peindre.
- Cut. Très gros plan de Philippe. Idem plan 183. Le plan se termine sur Philippe, tourné pour reprendre de la couleur.
- Cut. Idem plan 183. Philippe se tourne une fois pour reprendre de la couleur.
- Cut. Contrechamp. Plan de demi-ensemble de Philippe, de dos devant sa toile, les couleurs passées dessus. Philippe effectue un demi-tour sur lui-même en s’essuyant les mains, se tourne à nouveau vers la toile, puis prend un pinceau pour venir effectuer une retouche.
- Cut. Gros plan sur le visage de profil de Philippe, en train de peindre sur la toile dans le hors-champ à gauche. Philippe se retourne deux fois pour remettre de la peinture sur son pinceau.
- Cut. Contrechamp. Plan sur Philippe de dos, à distance de sa toile, en amorce à droite du cadre. Il s’essuie les mains tout en regardant la toile achevée, dont les deux tiers inférieurs apparaissent dans le champ à gauche. La musique s’interrompt quelques secondes après le début du plan. Philippe reste devant sa toile, s’essuyant la bouche du revers de la main, puis finissant de s’essuyer les doigts.
- Séquence 68. Ext. Jour. Entrée d’une station de métro.
- Plan large sur Philippe entrant dans une station de métro suivi en panoramique descendant jusqu’à ce qu’il disparaisse complètement de l’écran. Le plan se termine sur l’ombre du fer forgé de Guimard sur le trottoir.
- Séquence 69. Ext. Nuit. Voiture du père.
« Entre deux personnes »
- Gros plan sur le père en voiture. La longue focale rend l’arrière-plan flou et indistinct. Il confie à Philippe, dans le hors-champ à gauche, que son propre père est mort quand il avait cinq ans. La caméra panote sur Philippe pendant que le père dit : « Enfin, c’est ce qu’on nous disait. »
- Gros plan sur le père après « Cent raisons ou aucune, c’est la même chose. » La caméra panote à gauche sur Philippe après que le père a dit que cela ne servait à rien de se sentir « coupable d’une chose qu’on ne pouvait pas ne pas faire ». « C’est dialectique, comme disait l’autre, non ? » : la musique – piano et saxophone – démarre à la fin de cette phrase.
- Retour en gros plan sur le père à : « Le plus dur évidemment ce sont les enfants. » Le plan se termine sur le père, après qu’il a donné le seul coup d’œil en direction de son fils qu’on ait vu lui donner pendant toute cette conversation. La musique s’interrompt peu avant la fin du plan.
- Séquence 70. Ext. Jour. → Int. Jour. → Int. Jour. Rue à Paris, café, rame de métro.
« Entre deux personnes »
- Plan large sur Philippe dans une rue, devant Justine et Camille qui se donnent la main. Philippe sort du champ assez vite. Au moment où Justine et Camille passent devant la caméra, celle-ci suit le visage de Justine en gros plan de profil et en contre plongée. La caméra se met alors à suivre Justine et Camille de trois quarts dos, en travelling avant. Philippe réapparaît alors dans le champ, à quelques pas des « enfants », comme il les appelle. Au fur et à mesure de leur avancée, les personnages s’éloignent de plus en plus de la caméra.
- Raccord dans l’axe, pendant que Philippe propose de parler de « ce qui se passe à l’école ». En plan rapproché, Philippe, puis Camille et Justine tournent au coin d’une rue. En fin de plan, une statue qui apparaît en fond à la gauche du cadre laisse supposer qu’ils se trouvent Place du Panthéon.
- Plan rapproché et en plongée légère sur Camille et Philippe, assis à la table d’un café. Camille est de trois quarts dos, Philippe de trois quarts face. La caméra effectue un panoramique ascendant en diagonale sur la gauche pour venir cadrer Justine en contre-plongée légère. Elle dit au revoir à Camille et sort du champ par la droite, pendant que la caméra reprend sa position initiale.
- Plan rapproché sur Camille et Philippe assis dans une rame de métro.
- Séquence 71. Int. Nuit. → Int. Rêve. → Int. Nuit. Chambre de Justine et Philippe, rêve de Philippe.
« Entre deux personnes »
- Plan rapproché en plongée sur Justine et Philippe dans leur lit. Une pénombre bleutée les entoure. Justine dort. Philippe, le visage qui s’inscrit dans l’angle supérieur droit de l’image, la regarde dormir.
- Très gros plan sur le visage de Philippe qui ferme les yeux.
- Rêve de Philippe. Philippe de dos, en plan rapproché et en plongée légère, regarde à travers une fenêtre. Sa veste est accrochée à la poignée de la fenêtre. Il tourne la tête vers le hors-champ à droite, puis regarde à nouveau par la fenêtre.
- Plan américain sur Annie, qui sort d’une pièce, suivie de Camille. Ils s’immobilisent dans un couloir. Annie colle le dos de Camille contre elle, et croise ses deux mains devant le torse de son fils. L’appartement dans lequel ils se trouvent apparaît vieillot.
- Plan moyen sur Lucie assise en tailleur par terre en train de jouer à un jeu de cartes (genre Memory). Effet très net de cadre dans le cadre, qui crée un resserrement de la représentation sur la petite fille.
- Retour sur Annie et Camille (idem plan 200).
- Gros plan sur Philippe, filmé sous un angle différent que dans le plan 199, toujours devant sa fenêtre. Il tourne la tête vers le hors-champ gauche et annonce qu’il part en décrochant sa veste. La caméra le suit en panoramique en très gros plan pendant qu’il fait quelques pas. Après qu’Annie lui a dit « à jeudi », il tourne la tête, étonné, vers le hors-champ droit.
- Gros plan en caméra mobile sur le visage d’Annie qui discute avec Philippe hors-champ. Après « il est en vacances », la caméra panote en diagonale ascendante vers Camille, qui se tient la tête posée contre l’encadrement d’une porte. Puis la caméra revient rapidement sur Annie, effectuant un mouvement inverse, pour « N’oublie pas de bien dire que tu vois des gens célèbres. » Hors-champ, Philippe sort. Le plan se termine sur Annie qui se met à sourire en regardant son fils.
- Plan en plongée franche sur l’escalier d’un immeuble relativement délabré. Une vieille dame monte les escaliers avec peine. Philippe entre dans le champ par la gauche en descendant les escaliers. Il croise la dame qui lui dit bonsoir. Il s’arrête pour lui répondre. La caméra continue de filmer la vieille dame qui recommence à monter, puis sort du champ.
- Gros plan sur le visage de Philippe qui se réveille. Le son du rêve continue et baisse progressivement pour s’arrêter sec lorsque Philippe ouvre les yeux.
- Plan moyen sur Justine et Philippe dans le lit. Philippe est couché de dos. Justine est assise dans le lit et regarde Philippe. Elle allume une cigarette. Son ombre portée se détache assez nettement sur le mur. « Tu es mon amour, mon amour c’est toi », dit-elle, en caressant les cheveux de Philippe.
- Séquence 72. Int. Jour. Appartement de Justine et Philippe.
- Plan rapproché sur l’entrée de la cuisine de chez Justine et Philippe. Le téléphone, posé en amorce gauche sur la table au premier plan de l’image, sonne. Philippe sort de la cuisine, décroche en se postant debout appuyé contre le mur, filmé en plan taille. Au téléphone, la voix de l’interlocuteur est lointaine, mais audible. En apprenant que son père est à l’hôpital, Philippe tire une chaise vers lui et s’assoit, les jambes comme coupées par la nouvelle. Il raccroche, sonné.
- Séquence 73. Int. Jour. Couloir et chambre d’hôpital.
« Entre deux personnes »
- Plan rapproché sur la porte d’entrée d’une chambre d’hôpital. Dans le lit qui apparaît dans le surcadrage ainsi généré, le père de Philippe, allongé sur le dos, le bras gauche ramené sur son front. On entend Philippe marcher dans le hors-champ. Il entre par la gauche dans le cadre, reste derrière la porte en disant bonjour à son père, puis entre. Pendant que Philippe ferme la porte, on voit le père se redresser dans son lit en souriant. Le plan dure encore quelques instants sur le plan de la porte fermée.
- Gros plan sur le père assis dans son lit, filmé de trois quarts face, avec Philippe de profil qui se tient en amorce droite, assis sur le lit de son père. Le plan reste fixe jusqu’à ce que le père s’allonge en disant qu’il est un peu fatigué : la caméra suit alors en panoramique descendant gauche. Après qu’il se soit relevé pour un sursaut de dernière inquiétude – « Tu dis rien à personne, hein ? » – il s’allonge à nouveau, la caméra le suivant dans ses mouvements. Philippe sort du cadre. La dernière image est celle du père, le visage marqué, respirant fort sur son lit.
- Plan du couloir de l’hôpital, dans lequel Philippe s’avance quasiment face caméra. Il finit par sortir du champ par la gauche, la focale changeant alors pour augmenter la profondeur de champ.
- Séquence 74. Int. Jour. Chambre funéraire.
« Entre deux personnes »
- Plan d’ensemble fixe de Philippe assis près de la dépouille de son père mort. La porte ouverte de la chambre funéraire crée un effet de cadre dans le cadre net. Au-dessus du père, une longue guirlande de fleurs.
- Séquence 75. Ext. Jour. Rue.
- Plan moyen sur l’encadrement d’une porte dans un mur aux pierres apparentes. Philippe apparaît par la droite dans le cadre de la porte. Il s’immobilise un instant parfaitement encadré, regarde vers la gauche du cadre, puis tourne vers la droite et longe le long mur de pierres. La caméra le suit un instant en panoramique droite, puis le laisse s’éloigner. Un voiture noire le croise.
- Séquence 76. Ext. Jour. Cimetière.
« Entre deux personnes »
- Gros plan de Philippe de profil, de grosses lunettes de soleil sur le visage. Un visage d’homme qui vient sans doute de le saluer sort par la gauche. On voit derrière lui passer des gens. Justine entre dans le cadre par la gauche, puis vient se poster à la gauche de Philippe. La caméra recadre légèrement pour venir les cadrer ensemble dans l’image. Le visage de Justine, lorsqu’elle se tourne vers lui, est masqué en grande partie par le visage de Philippe. Puis elle sort du cadre par la gauche, en faisant un demi-tour. La dernière image est celle de Philippe de profil, bouleversé, seul dans le champ.
Noir.
Générique de fin.
Les mentions génériques défilent de bas en haut en lettres blanches sur fond noir. Musique (piano et saxophone).