Le Vent de la nuit
Générique d’ouverture.
Les mentions génériques apparaissent puis disparaissent en lettres blanches sur fond noir.
- Séquence 1. Int. Jour. Escalier intérieur de l’immeuble de Paul.
« Entre deux personnes »
- Plan en plongée légère sur une porte d’entrée intérieure d’un immeuble, verte et vitrée à carreaux. Hélène entre dans l’allée d’immeuble que l’on découvre derrière cette porte. Elle ouvre la porte et commence à gravir les étages. La caméra reste sur la porte qui se ferme.
- En contre-plongée, Hélène monte les escaliers. La caméra panote légèrement pour la suivre dans le tournant de l’escalier.
- Plan en plongée. Hélène continue de monter les escaliers, filmée du côté droit. En son hors-champ, on entend une porte qui claque, puis d’autres pas que ceux d’Hélène dans l’escalier. Une jeune fille entre dans le champ par la droite et croise Hélène en descendant. Le plan se termine au moment où Hélène s’apprête à sortir du champ. Dans ces derniers instants, elle est relativement floue.
- Plan en plongée sur la jeune fille qui continue de descendre, puis relève un instant la tête en direction d’Hélène, tout en continuant sa descente. La caméra effectue alors un panoramique ascendant en diagonale pour venir cadrer à hauteur du visage Hélène qui entre dans le champ en regardant en direction de la jeune fille hors-champ dans l’escalier, puis continue à monter les escaliers en contre-plongée. La caméra la suit dans les tournants de l’escalier, jusqu’à ce qu’elle disparaisse du champ.
- Plan en gros plan et en contre-plongée du haut de la tête d’Hélène de dos, qui s’éloigne de la caméra. Hélène arrive au fond du couloir, devant une porte verte. Elle sonne. Effet de cadre dans le cadre très net. Elle sonne une deuxième fois. En constatant que personne n’ouvre, Hélène prend la clé cachée derrière un boîtier suspendu dans un renfoncement du mur près de la porte. Puis elle entre, non sans avoir auparavant remis la clé dans sa cachette. Elle ferme la porte derrière elle.
- Séquence 2. Int. Jour. Appartement de Paul.
- Dans l’appartement, filmée en plan poitrine de profil, Hélène enlève son manteau et le pend au portemanteau dans l’entrée. Elle sort du champ en passant une porte sur la gauche.
- La caméra la récupère en gros plan de dos. Elle entre dans le coin cuisine, disparaît un court instant masquée par le mur au premier plan droit de l’image, puis se fait de nouveau visible et s’assoit devant une table rouge dans un renfoncement. Elle sort un carnet et un stylo de son sac et commence à écrire. L’effet de cadre dans le cadre est dans ce plan très prononcé. Les murs de la pièce sont uniformément blancs.
- Plan sur un coin de l’appartement, tout en lignes et murs blancs, avec en son centre deux espaces vides pour deux encadrements de porte. Hélène entre dans le champ par la droite, traverse les deux encadrements de porte et disparaît sur la droite.
- La caméra la récupère en plan taille. Elle entre dans la pièce où la caméra l’accueille. Elle reste une seconde sur le pas de la porte et jette un regard circulaire sur l’espace autour d’elle. Puis elle entre, empoigne tout de suite une couverture sur le lit qu’elle plie puis repose. Elle arrange ensuite le lit, sort un foulard de son sac qu’elle étale sur le matelas, puis sort de son sac un vaporisateur de parfum. Elle parfume le lit, puis se parfume elle-même. Elle retire alors le foulard qu’elle a autour du cou.
- Hélène passe de la chambre à la cuisine filmée en panoramique droite en légère plongée et en plan rapproché. Le couloir apparaît plus sombre que les pièces dans lesquelles elle se trouvait jusqu’à présent : Hélène semble passer d’un point de lumière à un autre. Elle sort du champ en entrant dans la cuisine. En début de plan très fugitivement se laisse voir au fond du couloir une baignoire avec une serviette blanche posée en paquet sur le bord.
- Plan rapproché sur le coin de table rouge de la cuisine et le carnet dans lequel Hélène écrit à nouveau. Sur la table, à côté de ses mains, la tête d’un chat noir dépasse. En voix-over, Hélène commence à lire ce qu’elle est en train d’écrire. La caméra panote alors pour remonter cadrer son visage. Effet de cadre dans le cadre extrêmement marqué : deux bandes blanches verticales cernent le visage d’Hélène. À « Tu l’emporteras pas avec toi », la caméra redescend sur ses mains en train d’écrire, puis remonte sur son visage après : « Je me suis dit O.K. pour tout flamber. »
- Séquence 3. Int. Jour. Chambre de Paul.
« Entre deux personnes »
- Filmée en plan poitrine, de trois quarts dos, Hélène se tient à la fenêtre de la chambre de son amant. Sa silhouette noire se découpe sur un effet de blanc lactescent. La voix de Paul se fait entendre : « Relève tes cheveux, j’t’aime sévère ». Hélène se fait un chignon. Elle se retourne vers Paul, puis va chercher ses lunettes dans son sac posé sur une chaise contre le mur de la tête du lit. La caméra la suit en panoramique gauche. La caméra remonte sur son visage quand elle porte les lunettes à son visage, puis se plante bras croisés, regardant dans l’avant-champ droit.
- Contrechamp après qu’Hélène a demandé : « Tu aimes ? » Gros plan sur Paul, les yeux levés vers Hélène hors-champ.
- Champ à : « T’aimerais pas un peu le cul toi ? » Gros plan sur Hélène. Son visage, dans le coin gauche de l’image, se détache sur un fond vert amande. Elle sort du champ lorsque Paul l’appelle. Le plan dure un peu. On les entend s’embrasser hors-champ.
- Séquence 4. Int. Jour. Chambre de Paul.
« Entre deux personnes »
- Plan moyen sur la porte de la salle de bains. On entend l’eau couler hors-champ.
- Plan moyen sur Hélène au lit, couchée de biais moitié dans le lit, moitié dans les coussins. L’eau coule toujours hors-champ.
- Plan rapproché sur la porte de la salle de bains. Paul apparaît dans l’encadrement de la porte torse nu en plan poitrine, s’essuie les main, s’appuie sur le cadre de la porte et dit à Hélène qu’elle est belle.
- Très gros plan sur le visage d’Hélène en amorce à gauche du cadre. Le Cinémascope paraît allonger la partie droite du plan, quasi vide, n’était le blanc d’un oreiller. Elle regarde son amant hors-champ. Il entre dans le champ, embrasse Hélène, puis s’assoit à côté d’elle, le regard absent. Il se tient à distance de son amante. Hélène se met à parler de la petite fille qu’elle a perdue il y a huit ans, morte à sa naissance. « On va faire un bout de chemin ensemble, et puis peut-être… » : interrompant Paul dans sa phrase, Hélène se relève et vient inscrire sa nuque au centre de l’image, masquant le visage de Paul.
- À « Non. Si on devait penser à la fin au début de chaque histoire, alors… », plan poitrine sur Hélène et Paul, face caméra, chacun dans un compartiment de l’image, leurs deux visages de face. Un espace relativement important les sépare, accentué par le Scope. Elle finit par se retourner vers lui, qui la regarde aussi.
- Gros plan sur une chaussure que Paul est en train de nouer au bord de son lit. La caméra effectue un panoramique ascendant au moment où Hélène évoque l’épisode de la jeune fille dans l’escalier. Le panoramique s’interrompt lorsque son visage entre dans le champ par la gauche alors qu’elle vient de s’asseoir sur le lit. Le plan reste un long moment sur ce portrait d’Hélène, qui se détache sur un fond très blanc. À « Tu le veux vraiment ? », la caméra suit le visage d’Hélène en panoramique sur la droite lorsqu’elle se penche pour embrasser Paul, couché désormais sur le lit.
- Séquence 5. Int. Jour. → Ext. Jour. Escalier de l’immeuble de Paul, porche de l’immeuble.
« Entre deux personnes »
- Plan en contre-plongée d’un coin de l’escalier de l’immeuble de Paul. En hors-champ, le bruit des talons d’Hélène. Elle entre dans le champ par la droite, suivie de Paul. Ils passent devant la caméra dans le tournant de l’escalier. La caméra reste sur Paul quand Hélène est sortie du champ, en le suivant en panoramique droite, pour finir par les cadrer tous deux en plongée légère. Ils continuent à descendre et sortent du champ. L’image dure quelques instants sur le fer forgé de la rampe de l’escalier.
- Plan moyen. Porche d’entrée du bas de l’immeuble de Paul. On entend hors-champ le bruit des talons d’Hélène et le son étouffé d’une vague rumeur urbaine. Ils entrent dans le champ par le fond à droite. Après « T’as envie qu’on se quitte ? », Paul pousse délicatement Hélène contre le mur du porche. Ils sont quasiment au centre de l’image. Il l’embrasse dans le cou. Ils sortent de l’immeuble et du champ par la gauche. Hélène recommence à nouer son foulard autour du cou.
- Séquence 6. Int. Jour. → Ext. Jour. Pâtisserie, rue attenante.
« Entre deux personnes »
- Gros plan d’Hélène filmée à travers une vitrine. La vitre et les reflets sur elle créent comme un film opaque qui rend Hélène légèrement floue et gomme insensiblement ses traits. Elle regarde d’abord vers le bas à droite, puis plus haut, vers la gauche. On entend hors-champ la voix de la vendeuse de la pâtisserie.
- Contrechamp sur Paul, de trois quarts dos, en plan taille, en train d’acheter une glace qu’une vendeuse lui sert.
- Retour sur Hélène gros plan (idem plan 23). Son visage marque manifestement une sorte d’inquiétude, d’angoisse sourde. Coups d’œil inquiets vers la gauche, sans doute où se trouve Paul.
- Gros plan d’Hélène de trois quarts dos. Paul sort de la pâtisserie. Hélène, de dos, lui demande de l’embrasser. On a le temps de le voir la repousser très légèrement, parce qu’elle va lui faire « renverser [sa] glace » (ainsi qu’on l’entend le dire hors-champ dans le plan suivant).
- Plan moyen sur la file des clients dans la pâtisserie d’où sort Paul. Une des clientes tourne les yeux vers la caméra.
- Gros plan sur Paul et Hélène. Ils sont de dos. La caméra les regarde s’éloigner dans la rue. Elle cherche à nouveau à l’embrasser, en lui passant le bras gauche autour des épaules et en avançant son visage vers lui, mais arrête son ardeur, devant l’impassibilité du jeune homme.
- Séquence 7. Ext. Jour. Rue à Paris.
« Entre deux personnes »
- Plan d’ensemble d’un coin de rue. Des voitures sont arrêtées à un feu rouge. Paul et Hélène apparaissent sur la gauche, et traversent la rue. Paul avant de traverser jette le cornet de la glace dans une poubelle. Ils sont suivis, à distance, en panoramique, par la caméra. Ils atteignent le trottoir d’en face où se trouve une station de taxi. Les voitures se remettent à rouler.
- Gros plan d’Hélène et de Paul à la station de taxi, Hélène se tenant au premier plan de l’image. Paul lui annonce son départ pour Naples. Hélène est essentiellement de trois quarts dos, jetant de temps à autre des coups d’œil dans le hors-champ gauche, pour voir si un taxi arrive. Paul est essentiellement vu de trois quarts face.
- Contrechamp. Plan rapproché sur Paul et Hélène. C’est maintenant Paul qui se tient au premier plan, de trois quarts dos. Le vent s’est mis à souffler. Discussion sur l’envie d’Hélène de partir. Le premier taxi qu’il voit hors-champ, Paul s’empresse de le héler, en sortant du champ par la gauche, suivi d’Hélène.
- Plan de demi-ensemble sur le taxi qui s’arrête devant Hélène et Paul. Elle ouvre la porte arrière gauche, l’embrasse et entre. Il ferme la porte sans plus un regard pour elle. Le taxi démarre, la caméra le suit un instant en panoramique droite, puis le regarde s’éloigner à vive allure. Hélène passe la tête à travers la vitre de la portière droite et fait un signe d’adieu à Paul, en criant son prénom.
- Plan moyen de Paul de dos, en train de marcher dans la rue, longeant sur la route une colonne de voitures garées. Des voitures passent au bout d’un instant à ses côtés.
- Séquence 8. Ext. Jour. → Int. Jour. Petit parking sur le bord d’une route, immeuble en construction.
« Entre deux personnes »
- Plan rapproché sur le pare-brise d’une Porsche rouge, filmée de biais. Paul, sur le côté gauche de la voiture, à droite dans le cadre, jette un œil à l’intérieur de la voiture. Derrière lui, le ciel blanc forme un fond diaphane. Il se relève et va pour sortir du champ par la gauche.
- Plan en pied. La Porsche, presque de profil, avec Paul qui passe derrière elle. En arrière-plan, des voitures garées.
- Plan d’ensemble en plongée très prononcée sur Paul et la Porsche. Au premier plan de l’image, dans la partie droite du plan, le dos de Serge qui regarde en direction de Paul. À l’opposé de la diagonale droite-gauche, haut-bas, une zone blanche : la mer. On voit Paul s’éloigner de la voiture, traversant le plan vers la gauche.
- Plan de demi-ensemble. Dans le coin droit de l’image, Serge adossé contre l’encadrement d’une future porte ou fenêtre. Devant lui, presque totalement blancs et diffus, le ciel et la mer : l’effet de contre-jour baigne la pièce dans la pénombre. À gauche, en amorce, une autre fenêtre, à travers laquelle on aperçoit comme à travers un voile de brume un bout de la côte. Dans le plan de mur central qui sépare les deux ouvertures, sans doute un balai et un seau. En amorce droite, le coin d’une table. Serge se trouve dans un immeuble en construction, qui n’en est encore qu’au niveau des fondations. Toujours la même rumeur que précédemment, avec quelques pépiements d’oiseaux.
- Plan en contre-plongée sur un jeu de lignes de béton. Serge apparaît par la gauche, en haut, suivi en panoramique lorsqu’il descend un escalier. Il prend le tournant de l’escalier et disparaît par la gauche.
- Plan de demi-ensemble sur une sculpture, de l’intérieur de l’immeuble, dans l’encadrement d’une fenêtre. Effet de cadre dans le cadre, avec un pan de mur en béton en amorce gauche et un pan de mur à droite. En fond, on aperçoit la mer et le ciel rendus presque indistincts et gazeux par la brume, ainsi que le coin d’une côte. Serge entre dans le champ par la droite et fait quelques pas pour atteindre la statue, devant laquelle il se poste pour la regarder, tournant le dos à la caméra.
- Plan poitrine de Serge de dos à côté du haut de la statue. Jean, le sculpteur, entre par la droite du cadre et vient se poster en amorce à gauche, de l’autre côté de la statue. La caméra panote très légèrement pour venir l’inscrire dans l’image. Il traîne des pieds. Les deux hommes, de trois quarts dos, discutent de la statue.
- Plan en contre-plongée sur un pan de béton, sur lequel se détache, dans l’avant-plan en haut et sur la gauche, deux autres pans. On entend la rumeur de paroles échangées : un nombre important de personnes paraît se trouver dans le hors-champ. Jean entre dans le champ par la gauche, puis tourne avec l’escalier pour repartir vers la droite. Il est suivi de Serge, que la caméra cadre seul lorsque le sculpteur est sorti du champ. Léger panoramique sur la gauche. La dernière image est celle de deux pans de béton superposés. En fin de plan, la rumeur des voix a nettement augmenté.
- Plan de demi-ensemble de Paul, bras croisés, devant une colonne de béton. Derrière lui, le vide du ciel. À gauche, des personnes présentes et le coin d’une table de buffet. On voit Serge et Jean entrer par la droite. Ce dernier se dirige vers Paul. La caméra les délaisse vite, pour suivre Serge en panoramique gauche, qui se retrouve au milieu de nombreuses autres personnes pour se diriger vers la table du buffet. Il se sert, puis repart sur la droite pour rejoindre le sculpteur, en train de discuter avec Paul. Il lui tape sur l’épaule et Jean lui met la main sur l’épaule en s’éloignant de Paul et en s’avançant vers la caméra. Jean demande à Serge s’il peut amener Paul à l’aéroport de Naples. Ils se tiennent à gauche de l’image. Tout à fait à droite, on aperçoit Paul. Après que Serge a accepté, Jean revient vers Paul, tandis que Serge sort du cadre par la droite.
- Plan en extérieur. L’image est relativement floue, le point n’étant fait que sur le plafond rouge de la Porsche qui apparaît au premier plan en amorce en bas du cadre. Paul entre dans le cadre par la droite, et approche du côté passager de la Porsche, pendant que Serge se dirige du côté conducteur. Paul se tient de dos, Serge de trois quarts face. « L’art, c’est pas à ce moment-là que ça se passe quand il y a le maire adjoint, le préfet et tout ça » : après que Paul a prononcé cette phrase, Serge fait un signe de tête à Paul pour qu’il monte dans la voiture. La caméra effectue un panoramique bas pour venir recadrer la voiture au niveau des fenêtres. Un reflet blanc rend le visage de Paul pratiquement indistinct. La caméra suit ensuite la voiture qui s’éloigne en un léger panoramique à droite puis à gauche. La voiture sort du champ par la droite.
- Séquence 9. Ext. Jour. Routes dans le sud de l’Italie, Positano.
« Entre deux personnes »
- Plan serré de la sortie d’un tunnel. Les lumières au plafond sont disposées selon la courbure du virage. La Porsche, phares allumés, traverse le champ et sort par la droite. La caméra effectue simplement un panoramique légèrement descendant à son passage pour bien la cadrer.
- La musique – piano – démarre au début de ce plan. Plan de très grand ensemble en plongée d’un paysage de route entourée de végétation. La Porsche, réduite à un point rouge dans le champ, roule sur la route. La caméra effectue un panoramique descendant au fur et à mesure de son avancée. Le plan s’interrompt avant que la voiture ne soit sortie du cadre.
- Plan d’ensemble sur le virage d’une route. La Porsche fait le tour du virage dans le sens gauche droite et sort du champ. Dans le virage, elle croise une voiture d’un gris terne qui roule dans l’autre sens.
- Plan fixe sur le bord d’une route, à l’entrée d’un virage sur la droite. La Porsche entre par l’avant-champ gauche, crisse des pneus en tournant dans le virage puis sort par la droite. La végétation verte qui entoure la route est très présente.
- Plan de très grand ensemble. L’image est pratiquement entièrement occupée par de la verdure, si ce n’est un énorme bloc rocheux sur la droite qui surplombe une route que l’on distingue à peine et une trouée de ciel dans le reste de la partie haute de l’image. On aperçoit à peine, de loin, la Porsche dans un virage qui entre par la gauche et est vite cachée par la végétation au premier plan.
- Plan d’ensemble sur un coin de route. La Porsche entre par la gauche et vient se garer sur le bord de la route, devant deux autres voitures et un scooter. La caméra la suit en panoramique. Serge sort de la voiture, enlève sa veste bleue, la lance sur son siège puis part devant la voiture. Paul sort alors à son tour de la voiture et se met à suivre Serge, qui sort du plan dans le coin inférieur droit.
- Plan de très grand ensemble en plongée sur le village de Positano. La musique s’arrête sur ce plan et laisse place au bruit de la mer.
- Plan rapproché de Serge à gauche et de Paul à droite, de profil, regardant tous les deux vers le hors-champ droit. Le fond derrière eux est rendu flou par l’usage d’une longue focale. Serge apprend à Paul qu’il a, dans sa jeunesse, vécu un an à Positano.
- Plan en plongée sur l’eau de la mer, sur laquelle flottent deux barques immobiles. Sur ce plan, Paul et Serge se mettent à évoquer mai 68.
- Plan rapproché sur Serge et Paul (idem plan 51). Serge coupe assez vite court à la discussion, se relève et tape sur le bras de Paul en lui disant « On y va ? » La caméra, mobile, reste sur Paul qui reste dans le champ le temps de prendre une photo, pendant que Serge sort.
- Plan d’ensemble. Serge sort du champ sur la gauche, dès le début du plan. La musique – piano – démarre dès que Serge a disparu de l’image. Paul se retourne et se met à courir vers la voiture. Paul sort à son tour du champ.
- Séquence 10. Ext. Soir. Autoroute.
« Entre deux personnes »
- Plan très large d’une autoroute, à la tombée du jour. La Porsche roule à vive allure, phares allumés, filmée de face. Elle double deux autres voitures sur son passage. Un effet de gris saisissant émane de ce plan. La caméra suit la Porsche en panoramique droite au fur et à mesure qu’elle grossit dans l’image, puis la laisse sortir du champ par la droite. La fin du plan est un bout de bitume gris.
- Séquence 11. Ext. Nuit. Terrasse d’un restaurant en bord de mer.
« Entre deux personnes »
- La musique s’achève au début de ce plan. Plan rapproché sur une table avec assiettes, verres, pâtes aux crustacés, carafe d’eau, corbeille de pain. En amorce à droite, l’épaule et le bas du visage de Paul. En face, le buste de Serge qu’on voit tenir sur la table quelques billets de banque. La caméra effectue un panoramique ascendant sur le visage de Serge, avec au premier plan la nuque de Paul, floue, en amorce droite du plan. Le visage de Serge se découpe sur un fond de couleur terne, mais plutôt clair. Paul se met à le questionner sur mai 68. Autour d’eux, une rumeur de voix, indistinctes mais très présentes.
- Contrechamp. Plan rapproché sur Paul, avec Serge en amorce gauche du cadre. Le visage de Paul se découpe sur fond de nuit, dans lequel une tache de lumière, rendue floue par la longue focale, apparaît entre son visage et celui de Serge.
- Champ. Plan rapproché sur Serge (idem fin du plan 56) à : « Moi j’étudie, j’étudie un max. » En écoutant Paul, Serge hoche plusieurs fois de la tête.
- Contrechamp. Plan rapproché sur Paul (idem plan 57) à : « Je vais faire archi plutôt. »
- Plan rapproché en plongée sur Serge, de trois quarts face, encore à table lorsque Paul lui annonce qu’il va acheter des cigarettes. Paul se lève, passe devant la caméra. Serge se lève à son tour. La musique – piano – démarre sur le mouvement. Serge se dirige sur le bord de mer, suivi en panoramique droit par la caméra, qui stoppe son mouvement lorsqu’il s’arrête devant quelques barques flottant sur l’eau. Pendant les quelques pas, il passe devant le bout de façade d’un immeuble. Serge s’assoit un instant, de trois quarts dos, puis sort du cadre par la gauche. Le plan dure alors encore quelques instants sur les barques.
- Séquence 12. Ext. Nuit. Rue donnant sur une « pensione ».
« Entre deux personnes »
- Plan de demi-ensemble sur le bas d’un coin de rue, de nuit. Un pan de mur occupe le côté droit de l’image. Serge et Paul entrent par la droite, précédés par leur ombre portée. Paul est à quelques pas derrière Serge. Ils attaquent la rue en montée. Paul demande à Serge s’il ne peut pas rentrer avec lui demain sur Paris. Ils marchent à ce moment là dans un coin d’intense obscurité, qui les rend ombres chinoises. Sur le côté gauche du cadre, une voiture est garée. Serge conseille à Paul, s’il n’a rien à faire à Paris, d’aller voir Pompéi et Herculanum. Ils finissent par réapparaître peu à peu dans la lumière. Lorsqu’ils apparaissent en gros plan à l’image, la caméra tourne autour d’eux en travelling à droite, en un mouvement de caméra très souple. Ils finissent par sortir du champ après « Non, non, c’est pas la peine ».
- Plan rapproché sur la grille, avec la porte ouverte d’un immeuble dans lequel se trouve une « pensione », ainsi que nous l’apprend une pancarte bleue en amorce du cadre à gauche. Serge et Paul entrent de dos dans le champ par la droite et s’engouffrent dans la porte ouverte de la grille. Ils disparaissent du champ lorsque Serge dit à Paul : « Bon d’accord, mais si je t’emmène pas jusqu’au bout faudra pas m’en vouloir. » Le plan se termine après que Serge a dit à Paul : « Ça, ça se pourrait bien. »
- Séquence 13. Ext. Jour. → Ext. Jour. → Int. Jour. Coin de rue avec café, rues, église.
- Plan large nettement découpé en deux parties. À gauche, Serge, assis seul à l’unique table blanche de la terrasse d’un café. À droite, l’encadrement de la porte du café, à travers laquelle on aperçoit la silhouette d’un client au bar. Le mur au coin de la rue trace une frontière nette au centre de l’image. Autour, hors-champ, on entend une rumeur urbaine.
- La musique – piano – démarre au début du plan. Plan en plongée de la portion de rue que Serge et Paul remontaient de nuit dans le plan 61. Serge entre dans l’image par la gauche et descend la rue. La même petite voiture noire – une Fiat 600 – est toujours garée au même endroit. Le plan s’interrompt avant qu’il ne soit sorti de l’image.
- Plan moyen d’un coin de rue. L’image apparaît au départ comme clivée en deux parties nettes : à gauche la rue et à droite le pan du mur qui forme le coin de la rue qui occupe presque toute la moitié de l’image. On aperçoit deux voitures garées dans la rue. Serge entre dans le champ par la gauche et s’engouffre dans la rue en marchant. La caméra effectue un léger panoramique sur la gauche pour venir le recadrer. Le plan s’interrompt après qu’il est sorti du champ.
- Plan moyen de Serge de dos marchant vers la porte d’une église en rénovation. Les barres métalliques d’un échafaudage devant la façade créent un réseau de lignes imbriquées dans l’image, accentué par l’ombre portée de ce réseau de lignes. La caméra effectue un léger panoramique descendant au fur et à mesure que Serge s’avance dans le champ. Il finit par s’arrêter dans l’encadrement de la porte, à travers laquelle ne se laisse voir qu’un pan noir d’obscurité.
- Gros plan de Serge de dos, devant le noir qui émane de l’encadrement de la porte. Il entre, suivi en travelling avant par la caméra. Il se tient un instant immobile dans l’ombre, face au fond sombre qui se présente devant lui. Puis il sort du cadre par la gauche.
- Plan en plongée. Serge se tient en amorce, tout à fait à gauche de l’image, de dos. Devant lui une grille en fer forgé, qui se termine en pointes : elle crée une frontière nette entre lui et le triangle supérieur droit de l’image. Cette dernière zone de l’image donne à voir une trouée rectangulaire dans le sol, totalement noire, qui ressemble à un tombeau ouvert, comme en attente de corps. Autour, hors-champ, des voix qui résonnent dans la chapelle. Se fait aussi entendre la corne de brume d’un bateau.
- Séquence 14. Ext. Jour. → Int. Jour. → Ext. Jour. Porsche rouge sur autoroute.
« Entre deux personnes »
- Plan large, quasiment à ras du sol, de la Porsche, vue de l’avant, en train de rouler sur autoroute. La caméra précède la voiture en travelling arrière. En roulant, la Porsche fait presque un bruit d’avion. En arrière-plan, se découpent, sur fond de ciel gris, deux barres d’immeubles à gauche de l’image et le haut d’une autre située plus à droite. La Porsche double une voiture noire.
- Gros plan sur Paul, vu de face, à travers le pare-brise de la voiture. Paul demande à Serge ce que font exactement les électrochocs. Il fait remonter sa vitre pour qu’elle se ferme.
- Gros plan sur Serge, de biais, en train de conduire, à travers le pare-brise, après : « On peut pas le dire comme ça, mais c’est pourtant comme ça que ça s’est passé. »
- Gros plan sur Paul pour : « Et vous êtes attaché quand ils vous font ça, des électrochocs ? » Le plan est cette fois légèrement plus décalé sur la gauche que le plan 70. Le bord de la voiture crée une frontière nette entre l’habitacle et le dehors. Paul a le plus souvent le visage tourné vers Serge, hors-champ. Pendant que Paul dit « Mais vous devez résister », la caméra panote sur la droite en un mouvement très brusque pour venir cadrer Serge.
- Plan en travelling latéral sur le paysage urbain qui entoure le bout d’autoroute emprunté par Serge et Paul. La barrière de sécurité barre l’image de lignes sur plusieurs niveaux. Le paysage défile à vive allure.
- Plan rapproché de Paul et Serge, de trois quarts face à travers le pare-brise de la Porsche.
- Gros plan de l’intérieur de la voiture sur Serge, de trois quarts dos. Il a un regard pour Paul juste avant « Non (les barbelés n’étaient pas électrifiés) », puis juste après.
- Plan en travelling latéral sur le paysage urbain qui file à vive allure. La barrière de sécurité est cette fois filmée en plan très rapproché. Mais le point est fait sur le paysage derrière. Des voitures sur d’autres portions d’autoroute, plus bas, défilent. La musique – piano et guitare au bottleneck – démarre après un long moment.
- Plan d’ensemble sur l’autoroute. La Porsche file de dos et devient de plus en plus petite dans l’image, seule tache de couleur rouge. Le plan s’achève lorsqu’elle est totalement invisible à l’image.
- Séquence 15. Ext. Jour. Prés avec vieille bâtisse attenante à une petite route.
« Entre deux personnes »
- La musique se poursuit pendant quelques accords sur ce plan, puis s’estompe rapidement en fading sonore. Plan d’ensemble sur une vieille bâtisse quasiment en ruines, qui forme un bloc rectangulaire massif dans l’image. On entend des bêlements et le tintement de cloches qui pendent autour du cou des moutons, qui apparaissent en un troupeau serré au premier plan de l’image lorsque la caméra effectue un léger panoramique descendant. À côté de la bâtisse, en bas à gauche de l’image, minuscule, comme sortant de l’herbe, apparaît Serge. Il traverse le troupeau de moutons dont certains s’écartent à son passage, pour remonter le chemin devant la caméra. Lorsqu’il est pratiquement filmé en pied, il s’arrête, se retourne vers la maison, puis se met à marcher vers la gauche du cadre, en s’adressant à Paul : « Elle a dû être belle cette maison. » Il sort du champ, pendant que Paul, hors-champ, lui dit : « Vous voulez l’acheter pour vos vieux jours ? ».
- Plan à distance et en légère plongée de la Porsche garée sur le bord d’un chemin bordé de prairies vertes. Paul et Serge regagnent leur place. La Porsche démarre et file sur le chemin qui s’ouvre devant elle, suivie en panoramique gauche par la caméra. Le plan s’achève lorsque la Porsche est totalement masquée par les herbes au premier plan de l’image.
- Séquence 16. Ext. Jour. Porsche rouge sur autoroute.
« Entre deux personnes »
- Gros plan sur le pare-brise de la Porsche. Un bout du capot rouge forme une bande dans le bas de l’image. À travers le pare-brise, sur lequel la lumière reflétée forme un voile opaque et diaphane qui a pour effet d’effacer les contours des visages, on aperçoit Paul et de Serge.
- Plan d’ensemble d’un tronçon d’autoroute, sur laquelle se détachent nettement les lignes blanches sur le bitume gris. La Porsche entre dans le champ par le coin inférieur gauche. Son moteur fait un énorme bruit en entrant dans le plan, qui s’estompe au fur et à mesure qu’elle s’éloigne. Elle croise une voiture noire sur sa droite.
- Séquence 17. Int. Jour. → Ext. Jour. → Int. Jour. Restaurant d’autoroute, autoroute.
« Entre deux personnes »
- Plan moyen fixe sur Paul et Serge dans un restaurant de bord d’autoroute. Paul est de trois quarts dos, Serge de trois quarts face. Derrière Serge, la vitre du restaurant qui donne sur la route et à travers laquelle on voit filer des véhicules de toutes les sortes. Paul en disant « Ça aussi » montre un sachet d’héroïne à Serge, sans que le spectateur puisse lui-même le voir. Après « Je maîtrise parfaitement », les premières notes de Quando arriva la notte se font entendre.
- Plan en légère contre-plongée de l’écran d’un téléviseur qui montre une émission de la Rai Uno. Le son du téléviseur est coupé : seul se fait entendre le morceau Quando arriva la notte. Le contenu de l’extrait de l’émission : en alternance (deux fois chacune), l’image d’une présentatrice de jeu, face caméra, robe « sexy », et celle du candidat du jeu, assis dans un décor bleu, entouré de deux jeunes femmes potiches, qui prennent des poses maniéristes à côté de lui.
- Plan de demi-ensemble, tourné quasiment à hauteur de bitume, d’une aire d’arrêt sur le bord de l’autoroute. Un voiture grise se tient en amorce gauche, clignotant gauche allumé. La Porsche apparaît sur l’autoroute dans le coin droit de l’image et vient s’arrêter dans le renfoncement. Serge laisse la place de conducteur à Paul. Seul Paul sort de la voiture pour la contourner par l’avant. La Porsche redémarre. La caméra la suit en panoramique droite, jusqu’à ce qu’elle rencontre un bout de barrière d’autoroute, cadré en très gros plan, derrière lequel la Porsche disparaît.
- Gros plan de face sur Paul en train de conduire la voiture. Le son de la chanson baisse brusquement pour laisser entendre la conversation : « Moi, j’ai toujours entendu dire qu’une Porsche ça se conduisait pas, ça se pilotait ». La musique retrouve son intensité de départ après que Serge a dit : « Contente-toi de conduire. »
- Plan d’ensemble en plongée légère sur l’autoroute. La Porsche entre dans le champ par la gauche, puis s’enfonce jusque dans le fond du plan.
- Plan sur la route filmé en travelling avant, du point de vue intérieur de la Porsche. La caméra panote légèrement en hauteur lorsque la voiture passe sous des panneaux indicateursEn raison de la vitesse du véhicule et du fait qu’ils sont masqués par le rétroviseur, il est impossible de lire les indication géographiques fournies par ces panneaux, même image par image. Selon le scénario avant-tournage, les panneaux indiquent une sortie pour Parme. Cf. op. cit., p. 31.. Puis la caméra revient à sa position initiale. En voix hors-champ, Serge demande à Paul de sortir à droite.
- Séquence 18. Ext. Jour. → Int. Jour. → Ext. Jour. Cour extérieure d’un palais inachevé
978
, salle intérieure du palais, cour extérieure.
- Quando arriva la notte s’interrompt quelques secondes après le début de ce plan. Plan large sur l’entrée de la cour extérieure d’une bâtisse, filmée de la cour. La Porsche débouche sur le côté gauche de la porte et tourne pour entrer. Paul gare la voiture en tournant sur la droite, devant la caméra qui vient cadrer Serge en plan rapproché à sa sortie. La caméra le suit alors en travelling circulaire droite très dynamique et souple, pour interrompre son mouvement lorsque Serge et Paul sont filmés de dos en pied, devant le palais inachevé qui leur fait face. On n’aperçoit encore que le bas de la façade, largement masquée par les échafaudages devant elle. Serge et Paul marchent sur un tapis d’herbe très verte, tout en discutant. Après que Paul a dit à Serge « Vous êtes malin, vous », la caméra effectue un panoramique ascendant et dévoile progressivement la façade du palais dans toute sa hauteur. On continue de les entendre marcher en hors-champ.
- Gros plan sur Serge de profil (il entre dans le champ tout de suite après le démarrage du plan). Il regarde autour de lui, puis au-dessus de lui, en tournant quelque peu sur lui-même, le cadre de la caméra restant mobile. Paul entre dans le champ par la droite, en venant se poster dans la même position que Serge : de profil, regardant au-dessus d’eux sur la droite, puis tournant sur eux-même en continuant de regarder le plafond. « Le vrai malin, c’est celui qui est malin le dernier », dit Serge. Le plan s’interrompt lorsque Paul, passant derrière Serge, est totalement masqué par lui.
- Plan moyen en contre-plongée sur les voûtes et les fresques endommagées qui constituent le plafond du palais. La caméra effectue un panoramique gauche pour venir se fixer sur la représentation peinte d’une femme nue, qui paraît armée d’une corne d’abondance.
- Plan moyen de la Porsche de profil dans laquelle sont déjà assis Serge et Paul. Paul est au volant. Paul effectue une marche arrière nerveuse, qui fait se lever une masse de poussière importante. La caméra suit le mouvement de la voiture en panoramique gauche. Après que Serge a dit « Conduis calmement », la Porsche sort alors de la cour, s’arrête un instant, puis Paul redémarre de plus belle, en faisant crisser les pneus.
- Plan d’un lacet de route en légère contre-plongée à la tombée du jour. La Porsche traverse le lacet sur toute la longueur du champ en entrant par la droite et en sortant par la gauche. Au passage de la voiture, la caméra effectue un léger panoramique descendant. Le plan dure un long temps sur la portion de route vide. La musique – piano et pizzicati de violon – se lève en fin de plan.
- Séquence 19. Ext. Nuit. → Int. Nuit. Rue d’une ville d’Italie, restaurant.
« Entre deux personnes »
- Plan d’ensemble d’une rue d’une ville d’Italie, longée par la façade d’un immeuble dont le bas est constitué d’une suite d’arcades éclairées. Des voitures circulent dans les deux sens dans la rue, tous phares allumés. Encore à distance de la caméra, on aperçoit nettement un appel de phare de la Porsche. Elle avance dans la rue, de trois quarts face, et vient se garer devant la façade de l’immeuble sur la gauche. La caméra effectue un léger panoramique sur la gauche, pour qu’elle s’inscrive dans le cadre. Serge sort le premier du côté passager, bientôt suivi de Paul, qui ferme la voiture et rend les clés à Serge. Pendant ce temps, des voitures continuent à passer dans le champ, dans le sens droite-gauche. Serge et Paul traversent alors la rue, en regardant autour d’eux. Ils sortent du champ au moment où un tramway passe derrière eux. Le plan dure encore quelques instants sur la Porsche garée, assez floue dans l’image. La musique s’interrompt à la fin du plan.
- Gros plan sur le visage de Serge, de trois quarts face, éclairé par une bougie tout à fait à gauche dans l’image. Son visage est nettement mis en valeur par le halo de lumière. Par contraste, le reste de l’image apparaît plutôt sombre, voire complètement plongé dans l’obscurité par endroit. Serge mâche en regardant fixement devant lui. Paul apparaît par intermittence dans le côté droit de l’image. Autour d’eux, quelques voix hors-champ d’autres clients du restaurant.
- Contrechamp. Gros plan sur Paul, lui aussi éclairé par la bougie qui se trouve cette fois tout à fait à gauche de l’image. L’épaule de Serge vient s’inscrire en amorce dans le coin inférieur droit de l’image. Paul semble poursuivre une conversation déjà en cours avant le début du plan.
- Après « C’était comme des politiques », gros plan sur Serge, avec l’épaule de Paul en amorce dans le coin inférieur gauche.
- Insert : très gros plan sur la flamme de la bougie qui scintille, entourée d’un noir total.
- Gros plan sur Paul (idem plan 95). Serge poursuit son évocation.
- Gros plan sur Serge (idem plan 96) après que Paul a dit : « Et chaque soir, c’était un endroit différent ? »
- Gros plan sur Paul (idem plan 95) pendant que Serge dit : « Y’avait des ouvriers avec des pelles mécaniques qui arrachaient tous les feux rouges. »
- Séquence 20. Int. Nuit. Chambre d’hôtel de Serge.
« Entre deux personnes »
- Plan poitrine, en plongée légère, sur Serge, en T-Shirt blanc à manches longues, dans sa chambre d’hôtel, en train de téléphoner. L’abat-jour de la lampe posée à côté du téléphone est en amorce du bas du cadre de l’image. En fond, l’encadrement de la porte de la salle de bains. Serge tombe sur un répondeur : « Bonjour, vous êtes chez Jérôme et Solange et les enfants. » La voix de JérômeC’est sans doute la voix de Philippe Garrel. au répondeur est parfaitement audible. Serge laisse un message sur le répondeur. Il dit qu’il s’en va. Serge raccroche et se dirige vers le coin inférieur droit du cadre.
- Gros plan sur le sac de Serge, d’où ses mains retirent une sorte de mouchoir jaune, dans lequel se trouve un flacon de DigitalineSeul le scénario donne la nature du poison que Serge veut employer pour se suicider. Cf. op. cit., p. 37. et une pipette qui sert à doser. La musique – piano – démarre lorsque le flacon et la pipette apparaissent à l’image. On peut remarquer dans ce plan, très fugitivement, que Serge porte encore son alliance. Il sort du cadre et se dirige vers la salle de bains. Le point est toujours fait sur le sac au premier plan de l’image.
- Gros plan sur un petit fascicule que Serge tient ouvert devant lui. Sur la couverture, seul le titre est lisible : « Autodélivrance ». Le point de l’image est fait sur ce titre. En arrière-plan, on voit la main de Serge qui se reflète dans le miroir. Il est en train de faire tomber des gouttes de Digitaline dans un verre à l’aide de la pipette. Dans le coin inférieur gauche de l’image, on peut apercevoir le flacon ouvert. Avant que Serge n’ait finit de faire tomber les gouttes, on entend hors-champ frapper à la porte de la chambre et sonner un coup très bref.
- La dernière note mourante du morceau de piano s’achève au début de ce plan. Plan moyen de l’encadrement de la porte de la salle de bains vu de l’extérieur. Serge sort le flacon de poison à la main et le pose précipitamment sur le rebord d’un fauteuil tout de suite à la sortie de la salle de bains. Puis Serge glisse dans le tiroir de la petite commode sur laquelle est posé le téléphone, le fascicule « Autodélivrance ». Puis il va ouvrir la porte de sa chambre, alors qu’on entend frapper une deuxième fois. Tous ses déplacements sont suivis en panoramique par la caméra. Derrière la porte se trouve Paul, sa veste à la main. Il entre dans la chambre en regardant Serge. Paul s’assoit sur le fauteuil et fait tomber le flacon par terre. La caméra suit Paul en panoramique, puis le flacon qui tombe au sol. Serge se précipite dans le champ pour ramasser le flacon. La caméra recadre alors Serge de dos et accroupi et Paul de profil se penchant sur sa bévue. Puis Serge se relève et range le flacon dans le tiroir où se trouve le fascicule. La caméra reste sur Paul. Il parle de manière totalement incohérente et désordonnée. Le bras gauche de Serge est en amorce dans le coin gauche de l’image. Paul finit par se précipiter dans les toilettes pour vomir. La caméra vient recadrer Serge qui le regarde, dans l’encadrement de la porte.
- Séquence 21. Ext. Nuit. Porsche rouge sur route dans un tunnel, autoroute.
« Entre deux personnes »
- Gros plan de Serge au volant de sa voiture. Son visage est mis en valeur par un halo de lumière jaune. En hors-champ, Paul parle de drogue. Une suite de lumières blanches vient se refléter dans le pare-brise, créant un effet de clignotement intermittent à la droite de Serge (c’est-à-dire à sa gauche). Serge plisse tellement les yeux, qu’il donne l’impression de les avoir fermés. La caméra effectue un panoramique gauche sur Paul à « Tu vois ce que je veux dire ? ».
- Gros plan sur Serge après que Paul a dit : « Ben on en parle pas alors ? » La caméra effectue un panoramique sur Paul pendant qu’il dit : « Ben, sacré, c’est un sacré mot ça ». Le plan s’achève quelques instants après que Serge, hors-champ, a dit : « Non, c’est ce qui sauve, c’est ce qui reste quand il y a plus rien. »
- Plan d’ensemble de l’entrée et de la sortie d’un tunnel à double sens de circulation en deux boyaux séparés. La Porsche, que l’on reconnaît plus par le son que visuellement, entre dans le champ par le coin inférieur gauche de l’image et s’engouffre dans le tunnel. Le plan dure longuement après la sortie du champ de la voiture, animé par le trafic des voitures qui roulent en sens inverse.
- Séquence 22. Ext. Nuit. → Int. Nuit. → Ext. Nuit. Rues à Paris, appartement de Serge, berges de la Seine (2).
« Entre deux personnes »
- Plan moyen d’une rue de Paris. La Porsche entre immédiatement dans le cadre par le coin inférieur gauche. Elle s’arrête en plein milieu du champ, dans la portion allumée par une source lumineuse qui provient du hors-champ à droite. Paul descend de la voiture, salue Serge et sort du cadre par la droite. La Porsche sort du cadre en tournant dans la première rue à gauche.
- Plan de demi-ensemble en plongée à l’intérieur de l’appartement de Serge. L’image est plongée au départ dans une obscurité quasiment complète. On entend une clé tourner dans la serrure de la porte d’entrée. Serge entre dans le noir, referme la porte et, toujours dans le noir, fait quelques pas pour venir allumer une lampe sur pied dans le salon. Il pose son sac sur le siège en cuir devant lui. La caméra suit ses déplacements en panoramique droite. Serge regarde l’heure à sa montre, puis s’avance vers son bureau et ramasse au milieu de tas de papiers posés sur son bureau un bout de papier froissé. Posée sur le bureau, dans un sous-verre, le portrait en noir et blanc d’une femme. La caméra effectue un léger décadrage pour venir filmer les gestes de Serge, puis fait retour sur Serge, qui fait demi-tour et sort de la pièce, en claquant la porte derrière lui.
- Plan d’ensemble de nuit d’une avenue de Paris déserte. La Porsche entre dans le champ par la gauche. La caméra la suit en panoramique pendant qu’elle vient se garer devant une pharmacie allumée. Serge sort de sa voiture en laissant la portière ouverte et le moteur tourner. Puis il revient au volant de sa voiture en constatant que la pharmacie est fermée. Il redémarre et sort du champ par la droite.
- Plan en contre-plongée d’un accès à une berge de la Seine, filmé dans une lumière un peu jaune. La Porsche débouche dans l’accès, puis vient se garer à proximité d’un arbre, sur la berge. La caméra suit le mouvement de la voiture en panoramique. Le vent de la nuit souffle et fait chanter le feuillage de l’arbre. Serge sort de sa voiture, puis du champ par la gauche. La musique – accords de guitare et piano – s’élève sur le plan de la Porsche laissée seule.
- Plan en plongée marquée sur un coin de la seine, dans l’eau de laquelle se reflète la lampe d’un réverbère. La caméra effectue un panoramique ascendant droit, pour venir cadrer Serge qui apparaît en petit dans le champ à gauche, comme sortant du feuillage du sol pleureur dont la ramure occupe presque toute la partie gauche de l’image. Serge monte alors un escalier, toujours suivi de loin par la caméra.
- Plan d’ensemble sur un coin de rue de Paris. Serge entre dans le champ par la gauche, traverse un passage piéton et s’engage sur un trottoir. La caméra panote légèrement sur la droite pour le suivre, puis le laisse prendre du large.
- Plan d’ensemble sur la berge de la Seine au petit matin. La Porsche, toujours garée au même endroit, est dans la partie gauche du cadre. Le feuillage des arbres sous lesquels elle est garée forme une énorme masse verte dans toute la partie supérieure gauche du cadre. Au second plan, un pont qui traverse la Seine. Serge arrive du fond du plan, tout petit dans l’image, face caméra. La musique s’achève lorsque Serge est à proximité de sa voiture. Lorsque Serge atteint la portière de sa voiture, fermeture au noir. Le son du plan – la rumeur très étouffée de la ville – baisse en fading en même temps que l’image laisse progressivement place au noir.
Fermeture au noir.
- Séquence 23. Int. Jour. Chambre de Paul.
« Entre deux personnes »
- Plan rapproché d’Hélène, en veste noire. Penchée devant un miroir posé sur une table dans la chambre de Paul – table sur laquelle est posée une pile bien alignée de livres – elle retire ses lentilles et les range dans une petite boîte prévue à cet effet. Une lampe de bureau allumée est braquée sur ses mains. Le fond sur lequel se détache la silhouette d’Hélène est uniformément blanc, n’étaient les moulures géométriques de la porte. La caméra la suit en un très léger panoramique, capable de suivre ses montées et descentes de tête. Elle referme le boîtier, éteint la lumière et sort du cadre par la gauche.
- Gros plan sur Paul qui retire sa chemise, en regardant Hélène hors-champ dont on entend les bruits de pas. Elle lui demande s’il a pensé à elle. Paul, sur son lit, se repousse contre le mur. La caméra effectue un panoramique sur la droite, en légère diagonale, pour venir cadrer la chaise qui se trouve à proximité du lit et sur laquelle sont posés les vêtements d’Hélène. Puis la caméra revient sur Paul. On voit en hors-champ un bout du jean d’Hélène qui atterrit sur la chaise. La caméra vient la recadrer, puis descend jusqu’au sol pour venir cadrer les pieds nus d’Hélène qui s’avancent et entrent dans le lit. Sous la chaise, on découvre quelques livres et la feuille d’un journal mal plié.
- Gros plan sur Paul et Hélène s’embrassant. Hélène tourne le dos à la caméra. Ils se caressent. Elle lui demande s’il n’est plus contre lui.
Noir.
- Séquence 24. Int. Jour. Chambre de Paul.
« Entre deux personnes »
Ouverture au noir
(juste avant l’ouverture, dans le noir, une minuscule pointe de lumière scintillante danse).
- (On s’aperçoit que la pointe de lumière est un reflet de la bague en argent d’Hélène, qu’elle porte à la main gauche). Gros plan sur Hélène, la tête posée contre le torse nu de Paul et qui embrasse avec avidité la main gauche de Paul. Un instant, elle tourne les yeux vers son visage en haut, dans le hors-champ.
Fermeture au noir.
- Séquence 25. Int. Jour. Café à Paris.
« Entre deux personnes »
- Gros plan d’Hélène et Paul dans un café. Hélène de trois quarts face, Paul de trois quarts dos. Hélène enfile ses lunettes et commence à remplir un chèque. La caméra effectue un panoramique pour montrer ses mains remplissant le chèque, puis remonte sur le visage d’Hélène. Autour d’eux, on entend la rumeur de la ville, la circulation des voitures. Elle tend le chèque à Paul. Il le déchire. Les bras à peine visibles à l’écran, un serveur en manche blanche les sert. Hélène boit un peu de son verre : « C’est le meilleur Martini Gin de Paris. »
- Contrechamp. Gros plan sur Paul, qui est cette fois seul à l’écran. Il boit à son tour la même boisson.
- Champ sur Hélène (idem plan 119).
- Contrechamp sur Paul (idem plan 120). « Tu aimes ? », lui demande Hélène.
- Séquence 26. Ext. Jour. → Int. Jour. Rues à Paris, escalier intérieur immeuble d’Hélène.
« Entre deux personnes »
- Plan à distance et en plongée d’Hélène et Paul marchant dans la rue. La caméra les suit en panoramique ascendant pendant quelques secondes, avant qu’ils sortent du champ. En son hors-champ, se fait entendre la rumeur des voitures.
- Plan de demi-ensemble d’Hélène et Paul marchant côte à côte dans une rue, de trois quarts dos. La caméra les suit en panoramique droite, jusqu’à ce qu’ils arrivent à l’angle de la rue. Puis la caméra effectue un zoom avant pour se rapprocher des deux protagonistes. Le zoom s’interrompt lorsqu’ils sont cadrés en plan taille. De l’autre côté de la rue, la porte d’un immeuble. « Voilà, c’est là », dit Hélène, ce qui oblige Paul à faire un léger demi-tour sur lui-même. Hélène lui propose de monter.
- Plan en plongée légère à l’intérieur de l’immeuble. À travers deux grandes vitres verticales, on voit passer Hélène et Paul. La caméra effectue un léger panoramique droite sur une autre porte vitrée, qu’Hélène pousse pour qu’ils entrent. Paul s’arrête. Elle lui demande s’il a peur. il répond non, et franchit la porte. Il commence à monter, se retourne vers Hélène. Puis ils entament tous les deux la montée des marches de l’escalier qui se présente devant eux.
- Plan en contre-plongée. Hélène et Paul montent l’escalier. Hélène demande à Paul de l’embrasser, lorsqu’ils sont filmés en plan taille. Ils s’embrassent, suivis en léger panoramique gauche lorsqu’ils s’accolent contre le mur. Puis ils remontent l’escalier. La caméra effectue un léger recadrage sur la gauche, avant qu’ils ne sortent du champ. En passant, le visage d’Hélène exprime une profonde douleur, alors que Paul sourit. Le plan dure quelques instants sur le coin de l’escalier resté vide, alors que les pas d’Hélène et de Paul se font entendre en son hors-champ.
- Séquence 27. Int. Jour. Salon de l’appartement d’Hélène.
- Plan en plongée importante d’une rue de Paris. L’image montre deux rangées de façades d’immeubles qui se font face, relayées comme par une rime interne, par deux rangées de voitures de chaque côté de la rue. On entend nettement la rumeur de la ville.
- Gros plan d’Hélène de profil regardant par une fenêtre de son appartement. La rumeur de la ville est cette fois atténuée. Cette position d’Hélène peut laisser supposer que le plan précédent était un plan subjectif. En voix hors-champ, le mari d’Hélène poursuit une conversation sur Blondin qui a déjà commencé avant que nous ne la prenions en cours de route. Hélène finit par tourner la tête vers le hors-champ droit.
- Plan poitrine sur le mari d’Hélène à : « Quand il parle de l’athlète qui meurt en lui… » La silhouette habillée de noir du mari se détache nettement sur le fond, constitué d’une fenêtre fermée et rideaux blancs à la droite du cadre.
- Contrechamp sur Paul à : « Moi je compare souvent Blondin à quelqu’un qui aurait vécu sa vie, écrit son œuvre, avec le regret de n’être pas quelqu’un d’autre. » Paul est filmé en gros plan, de trois quarts face. Il paraît très attentif à ce que le mari d’Hélène est en train de lui raconter. Son visage se découpe sur un fond blanc.
- Champ sur le mari d’Hélène à : « Paul. Ça ne vous ennuie pas si je vous appelle Paul ? » Idem plan 129. La caméra effectue alors un travelling ascendant parfaitement vertical qui délaisse peu à peu le mari d’Hélène, en venant cadrer la fenêtre : néanmoins, le point n’est pas fait sur elle, mais quelque part dans l’espace vide. Hélène entre dans le champ par la gauche. La caméra la suit en panoramique à droite. La deuxième fenêtre devant laquelle elle passe est ouverteCe détail mérite d’être souligné car il fait un sort à une « erreur » de Charles Tesson dans son article critique sur Le Vent de la nuit. Il termine en effet son article de cette manière : « La caméra cadre le mari en train de parler quand un panoramique ascendant l’efface et montre derrière lui la fenêtre fermée. Hélène entre dans ce cadre vide et entraîne la caméra dans un panoramique filé vers la droite, selon un agencement de l’espace et des mouvements des corps qui rappelle à ce moment précis les gestes et les rythmes du cinéma de Dreyer. Après avoir mis un disque (une chanson de Damia où il est question de mots et de regards), elle s’adosse au mur et regarde hors-champ vers la fenêtre, qu’on découvre entrouverte. Non seulement la chanson fait revenir La Maman et la Putain, mais le plan sur la fenêtre va plus loin, suggérant le suicide du cinéaste. Qui, dans le hors-champ, à ouvert cette fenêtre ? Il y a dans ce moment étrange, inexpliqué, quelque chose de magique de l’ordre des tables tournantes. Faire revenir les morts, et par le cinéma, avoir avec eux comme un dialogue secret. On songe à Ordet où le panoramique efface l’espace à mesure qu’il l’inscrit, le hors-champ le reconstruisant autrement sur les traces de son passage. Pourquoi la fenêtre s’est-elle ouverte ? Qui donc a bien pu faire cela ? Le vent du jour probablement. » Cf. « Les Hautes solitudes », art. cit., p. 30. Pour extrêmement belle et inspirée que soit la lecture de Charles Tesson, elle n’en repose pas moins sur une confusion entre la première fenêtre (fermée) et la deuxième (bien ouverte).. Hélène arrivée devant cette fenêtre tourne à 90° et continue son avancée, toujours suivie par la caméra. Elle arrive alors devant une étagère blanche dans laquelle sont alignés des livres. Elle prend un boîtier de CD dans la partie basse du hors-champ, puis s’accroupit pour le placer dans un chaîne dans le bas de l’étagère, toujours suivie par la caméra. Hélène se lève alors et sort du champ par la gauche, la caméra restant en plan fixe sur la chaîne. La chanson interprétée par Damia, Pour un mot« Pour un mot que l’on ne dit pas ou qu’on dit tout bas,Pour ce mot plus doux qu’un baiser le cœur est brisé,Un regard rend mieux qu’un discours,C’est pour ça que les mots d’amour,Sont des mots que l’on ne dit pas ou qu’on dit tout bas. » Hélène interrompt le disque après ces dernières paroles de la chanson., démarre.
- Plan poitrine d’Hélène adossée contre un mur blanc. Ses yeux se ferment de temps à autre à l’écoute de la chanson. L’ombre portée d’Hélène se découpe assez nettement sur le mur, mais comme soudée à elle. Hélène tourne alors le regard et le visage vers sa droite, c’est-à-dire vers la gauche du cadre. La caméra suit alors le trajet de son regard en panoramique et vient petit à petit cadrer la fenêtre ouverte devant laquelle elle était passée tout à l’heure, puis revient en mouvement inverse vers Hélène qui regarde cette fois devant elle, le regard comme tourné à l’intérieur d’elle-même. Lorsque Damia entame « Sont des mots… », le mari d’Hélène lui demande de « baisser un peu son truc ». Elle tourne alors les yeux vers la fenêtre, se lève et sort du champ par la droite, laissant derrière elle quasiment un écran blanc.
- Plan poitrine de Paul, assis, de trois quarts face devant Hélène (rendue flou par la longue focale) qui éteint la chaîne derrière lui, puis se dirige du côté de la fenêtre ouverte hors-champ. La caméra suit Hélène en panoramique gauche, mais interrompt son mouvement lorsqu’elle cadre Paul et le mari d’Hélène, chacun en amorce d’un côté du cadre, le mari se trouvant de trois quarts dos, seule son épaule étant visible. En hors-champ, on entend Hélène fermer la fenêtre. Puis elle vient s’asseoir à côté de son mari, comme nous le laisse comprendre la fugitive incursion dans le cadre d’un pan de ses habits. Pendant ce temps, le mari d’Hélène et Paul suivent essentiellement Hélène du regard. Une fois assise, Paul reprend la conversation sur Blondin. La caméra panote légèrement sur la droite pour venir inclure Paul plus franchement dans le cadre.
- Gros plan en très légère plongée sur le mari d’Hélène de trois quarts face à : « Tous les intellectuels, tout le monde était de gauche à l’époque…» Après « C’était les conséquences de la guerre… », la caméra effectue un panoramique droite sur Hélène, au moment où son mari jette un regard vers elle, assise sur le canapé à distance de son mari, le regard douloureux, dans le vague. Puis Hélène jette un regard vers son mari, avant de reprendre la position dans laquelle la caméra l’a trouvée, tout en bougeant parfois un peu la tête vers son mari. Après « … il y en avait beaucoup d’autres qui affectaient seulement d’être de gauche », la caméra effectue alors un mouvement en sens inverse pour venir recadrer le mari d’Hélène. Pendant que le mari d’Hélène dit « il s’intéressait au sort de chaque individu », la caméra revient sur Hélène, qui paraît de plus en plus mal. Hélène tourne quelques fois les yeux vers son mari. En hors-champ, le mari d’Hélène propose à Paul de le resservir. Ce dernier refuse prétextant qu’il doit partir. On les entend se lever et un bout du visage du mari d’Hélène apparaît dans le champ pendant le mouvement. La caméra reste ostensiblement braquée sur Hélène, qui bouge la tête de droite à gauche, qui paraît sur le point tout à la fois d’étouffer et de hurler. En hors-champ, on entend Paul lui dire : « Je te fais la bise. »
- Plan rapproché en plongée légère sur le verre d’alcool posé devant Hélène, sur le coin d’une table basse noire. Les jambes d’Hélène, assise sur le canapé, sont visibles. Elle s’empare alors très rapidement du verre et le brise contre la table. L’image reste fixe sur les tessons de verre, et la main d’Hélène qui bouge presque au centre de l’image. En voix hors-champ, Paul dit : « Ben, vive l’anarchie. »
- Gros plan sur les tessons de verre. La main droite d’Hélène entre dans le champ par la gauche avec une très grande rapidité, ramasse un gros tesson de verre et le ramène vers son bras gauche posé contre sa jambe droite. La caméra suit le mouvement du geste d’Hélène en panoramique gauche. Hélène s’y reprend à deux fois pour s’entailler les veines. La deuxième est la bonne : d’une énorme entaille dans son bras coule un flot de sang d’un rouge presque noir. La musique – piano et guitare au bottleneck – démarre dès l’entaille effectuée. En hors-champ, on entend Hélène geindre.
- Plan de demi-ensemble sur Hélène toujours assise sur le canapé et son mari à la gauche du cadre qui se précipite sur elle. La caméra effectue un très léger panoramique droite pour venir cadrer Paul qui se précipite lui aussi sur Hélène. Ils soulèvent Hélène et la transportent dans une chambre attenante au salon sur la gauche. La musique recouvre à ce moment-là tout l’espace sonore. Les trois protagonistes disparaissent dans la chambre. Des éclats de voix de Paul et du mari d’Hélène parviennent alors de la chambre. Le mari d’Hélène, le souffle coupé, apparaît dans l’encadrement de la porte, en disant qu’il va aller chercher un médecin. Paul lui hurle d’aller le chercher. Le mari se met à traverser le champ et à sortir par le bas du cadre sur la gauche. La caméra reste sur l’image vide du mur et de la cheminée blanche.
- Séquence 28. Int. Jour. Chambre d’Hélène.
« Entre deux personnes »
- Gros plan sur Paul de profil, filmé en plongée légère, le regard baissé. La longue focale rend les objets à quelques mètres derrière lui, complètement flous. En voix hors-champ, Hélène demande à Paul de desserrer un peu la ceinture qui lui fait mal. Pendant que Paul dit « si je desserre tu vas mourir… », la caméra effectue un panoramique en diagonale basse sur la gauche pour venir cadrer le visage d’Hélène en très gros plan, couché sur un oreiller blanc. Lorsque Paul dit à Hélène : « Pense à tout ce que tu n’as pas encore vu, pense à tout ce qui te reste à voir... », la caméra effectue un panoramique droite le long du buste d’Hélène pour venir cadrer, au second plan de l’image, son poignet et sa main gauche, sur laquelle on aperçoit distinctement des traces de sang qui commencent à sécher. Puis la caméra remonte sur le visage de Paul après « Tu connais le désert ? » Après qu’Hélène a dit « J’ai mal au cœur », on entend alors la voix du mari hors-champ qui introduit le médecin dans la chambre.
- Contrechamp. Plan rapproché en contre-plongée sur le mari et le médecin qui entrent dans la chambre. Le médecin sort vite du cadre par la gauche, le mari s’immobilisant alors à la gauche du cadre.
- Plan moyen en plongée sur Hélène, entourée de Paul et du médecin qui s’assoit près d’elle au bord du lit, en amorce droite du cadre. Le médecin enlève la ceinture que Paul tenait fermement serrée autour de son bras. Dans le mouvement de la ceinture qui s’enlève, la caméra effectue un panoramique sur la droite, pour venir cadrer Paul et le médecin, en vis-à-vis dans le cadre, Paul de trois quarts face. Hélène en hors-champ demande : « Qu’est-ce que vous allez me faire ? » Le médecin ne répond pas et déchire l’enveloppe d’une compresse. Paul suit les gestes du médecin des yeux, puis se passe la main sur le front pour en essuyer la sueur, et s’essuie la main sur son pantalon. Puis il jette des regards furtifs en direction du mari, tout à fait hors-champ. Hélène proteste un peu lorsque le médecin commence à agir, mais se tait vite.
- Plan poitrine en légère contre-plongée du médecin en chemise blanche et cravate noire, dont le profil se découpe sur un fond gris, neutre et monochrome. Les yeux baissés devant lui, on devine qu’il est en train de faire le pansement d’Hélène hors-champ.
- Insert : plan moyen sur des toits d’immeubles et un coin de ciel bleu. Un bruit sourd, qui est peut-être celui de la rumeur de la ville, se fait entendre sur cette image.
- Plan rapproché sur Hélène et son mari. Hélène est toujours couchée sur le dos sur le lit. Son mari est assis sur le bord du lit, à hauteur de son visage. Hélène respire très fort. Elle dit qu’elle boirait bien quelque chose. On entend les pas de Paul, hors-champ, sortir de la chambre. Le mari d’Hélène lui caresse alors le visage en lui demandant si ça va, puis lui embrasse le front. Hélène se retient visiblement de ne pas hurler : elle semble ne plus supporter du tout les manifestations de tendresse de son mari à son égard. On entend alors Paul revenir. Le mari se relève, pendant qu’Hélène s’enquiert de ce que Paul a pris comme alcool. La main de Paul apparaît alors dans le cadre, un verre de vin blanc à la main, qu’il tend à Hélène. Il en tend un autre au mari. Lorsque Hélène se saisit du verre, on aperçoit un bandage blanc autour de son poignet. La caméra panote alors en diagonale droite et haute pour venir cadrer Paul en gros plan et en contre-plongée, dont le visage se détache sur un fond neutre. Il boit dans son verre, puis sort du champ par la droite.
- Séquence 29. Int. Nuit. Appartement de Serge.
- Gros plan sur une chaise sur laquelle Serge a le pied droit posé, et le gratte, une cigarette à la main. Le téléphone sonne. La caméra effectue alors un panoramique ascendant sur le visage de Serge, qui décroche. C’est Paul au téléphone, dont la voix est pratiquement inaudible pour le spectateur. Serge annonce qu’il part à Berlin. Lorsqu’il se baisse pour noter le numéro de Paul, apparaît sur le bureau, posée contre le pied d’une lampe allumée, la photographie d’une femme en noir et blanc. La caméra suit les mouvements de Serge en panoramique. Serge finit par sortir la tête du cadre. La caméra refait alors le point sur la photo.
- Raccord dans l’axe. Plan rapproché sur la photo d’une très belle femme.
- Séquence 30. Ext. Jour. Porsche sur autoroute en Allemagne.
« Entre deux personnes »
- Plan en travelling arrière de la Porsche rouge filmée en plan moyen. Elle roule sur une autoroute et traverse pendant quelques secondes un tunnel.
- Gros plan en légère plongée sur Paul dans la voiture, côté passager. Serge lui demande hors-champ s’il a eu peur. La caméra panote sur Serge pendant que Paul dit : « C’est le genre de fille tu la quittes cinq minutes, pour acheter le journal ou prendre une douche, tu sais pas comment tu vas la retrouver. » En fin de plan, les ombres qui apparaissent sur le visage de Serge signalent qu’ils entrent dans un tunnel.
- Plan d’ensemble de l’intérieur d’un tunnel. La Porsche entre par la gauche et traverse le champ, en filant de dos.
- Séquence 31. Ext. Nuit. Porsche rouge sur autoroute.
« Entre deux personnes »
- Gros plan de Serge et de Paul, filmés à travers le pare-brise de la Porsche. Paul est maintenant au volant. Serge a le visage tourné vers la gauche en début de plan. Entre eux, les phares d’une voiture se donnent à voir à travers le pare-brise. Serge dit à Paul qu’il va trop vite.
- Séquence 32. Ext. Nuit. → Int. Nuit. → Ext. Nuit. Station-service, toilettes de la station.
« Entre deux personnes »
- Plan d’ensemble sur une station-service « Esso ». La Porsche entre dans le cadre par le coin inférieur gauche et vient se garer devant une pompe. Pendant l’entrée de la Porsche, la caméra effectue un très léger panoramique ascendant. Paul sort de la voiture et met de l’essence.
- Gros plan sur Serge, en plongée, dormant sur le siège passager. Le défilé continu des voitures se fait entendre en hors-champ. Serge ouvre alors très légèrement les yeux et se met à regarder autour de lui, cherchant visiblement Paul du regard.
- Gros plan de Paul, de trois quarts face, la tête baissée devant un mur carrelé de blanc. Paul se tient dans le coin droit de l’image. On l’entend manipuler un sachet en plastique. La caméra effectue alors un panoramique descendant quasiment vertical pour venir cadrer la main droite de Paul qui fait tomber une dose d’héroïne dans les toilettes. La caméra vient ensuite cadrer le poing de Paul qui appuie sur la chasse d’eau, puis la cuvette des toilettes dans laquelle coule le jet de la chasse d’eau.
- Gros plan sur les poignées des pompes à essence. Paul entre dans le champ par la droite et ouvre la voiture côté conducteur. La caméra effectue alors un panoramique descendant dans le mouvement pour venir cadrer Serge et Paul en gros plan, assis dans la voiture. « Qu’est-ce tu glandes ? », demande Serge. Paul prend alors un petit temps et annonce à Serge qu’il a arrêté l’héroïne. Serge lui demande alors de le jurer : ce que fait Paul, le sourire aux lèvres. Puis, Paul démarre.
- Plan en plongée sur la sortie de la station service qui mène à l’autoroute. La Porsche entre alors dans le champ par la gauche et s’éloigne. Le plan dure encore quelques instants lorsque la voiture est sortie du champ.
- Séquence 33. Ext. Nuit. → Int. Nuit. → Ext. Nuit. Aire d’autoroute (2), bar attenant.
« Entre deux personnes »
- Plan de demi-ensemble sur une sorte de terre plein sur le bord de l’autoroute. Garés, en amorce des deux côtés du cadre, deux énormes camions. En voix hors-champ, on entend Paul demander à Serge s’il ne veut pas s’arrêter cinq minutes. La Porsche apparaît alors devant le camion à gauche, puis effectue une marche arrière, suivie en panoramique droite par la caméra. Paul descend rapidement de la voiture, puis sort du champ, pendant que Serge gare mieux sa voiture, toujours suivie en panoramique. La musique – piano – démarre dès que la Porsche est bien garée. Serge sort alors de sa voiture, avec sa veste bleue, et va faire quelques pas devant lui. La caméra le suit en panoramique gauche. Serge tourne un peu sur lui-même, puis rejoint le bar d’un pas décidé. La caméra le suit.
- Plan rapproché de Paul accoudé au bar. Serge entre dans le champ par la droite et vient se poster à la gauche de Paul. Des voix hors-champ en allemand se font entendre. Le patron du bar – un homme âgé – entre alors dans le champ par la gauche, pointant du doigt Paul, lui disant : « Du Bist ein Esel. » Paul s’énerve alors contre le barman, disant que ce bar est un repère de nazis. Le barman demande à Serge d’emmener son ami. Ils vont pour sortir. Mais alors que Serge est déjà hors-champ, Paul se retourne vers le barman (hors-champ) et lui dit « Heilut », en faisant un salut nazi, pas tout à fait aussi prononcé que le vrai. Il sort du champ.
- Plan rapproché sur le haut de la Porsche rouge. Serge entre dans le champ par la gauche, suivi de Paul. Chacun se dirige vers sa place, Serge côté conducteur. Il ouvre sa portière. Lorsque Paul a atteint sa portière, Serge lui dit : « Tu t’es conduit comme un con. » Ils entrent dans la voiture et démarrent. La caméra les suit en panoramique, puis en regardant la voiture s’éloigner dans l’obscurité. Le plan dure quelques instants une fois que la voiture est sorti du champ.
- Séquence 34. Ext. Jour. Porsche rouge sur autoroute.
« Entre deux personnes »
- Gros plan sur les visages de Serge et de Paul filmés à travers le pare-brise. Serge conduit. Le cadrage est fait de telle façon que la voiture paraît pencher sur gauche du cadre. Il pleut un peu : les essuie-glace marchent. Paul se frotte les yeux, venant sans doute de se réveiller. Au bout de quelques instants il dit à Serge qu’il était un peu con hier au soir et lui demande de l’excuser. D’un très faible signe de tête, Serge lui fait comprendre que oui. Le plan dure encore un temps, animé par le battement régulier des essuie-glaces.
- Plan d’ensemble d’une autoroute allemande sous un peu de pluie. L’autoroute est à double sens, les deux voies sont séparées par un terre plein central vert. De chaque côté, la route est bordée d’arbres d’un vert foncé. S’il y a des voitures qui viennent de face du côté de la route gauche, le coin de la route droite est vide. La Porsche entre alors dans le champ par le coin inférieur gauche. Et prend alors le coude que fait la route. Une fois que les voitures de face sont sorties de l’image, la Porsche est la seule voiture dans le plan. Elle s’éloigne à grande vitesse.
Fermeture au noir
(le noir dure un petit moment).
Ouverture au noir.
- Séquence 35. Int. Nuit. Chambre d’hôtel de Serge.
- Plan rapproché en légère contre-plongée de Serge endormi dans son lit, que l’on entend respirer. Il est nu dans son lit, un drap blanc remonté sur la partie basse de son torse. On entend un léger battement, mais on ne saurait dire de quoi.
Fermeture au noir.
- Séquence 36. Ext. Jour. Rue attenante à l’hôtel à Berlin.
« Entre deux personnes »
- Plan moyen sur la porte de l’hôtel de Serge et Paul, filmée de l’extérieur. Serge et Paul ouvrent la porte et sortent. La caméra les suit en panoramique gauche. Apercevant quelque chose hors-champ, Paul fait « hummm ». Serge tourne le regard dans la même direction que Paul. La caméra nous dévoile alors une prostituée devant laquelle ils passent. Ils sortent du champ, la caméra reste braquée sur la prostituée, refaisant le point sur elle. La prostituée regarde sur la droite du cadre. Paul commente la beauté de la fille. Serge lui dit d’y aller et lui prête de l’argent. La caméra effectue alors un panoramique gauche sur Serge et Paul, pour venir les cadrer au moment où Serge tend l’argent à Paul. Paul fait demi-tour vers la prostituée. La caméra le suit. En hors-champ, on entend la Porsche s’éloigner. Une fois que Paul se trouve en face-à-face avec la prostituée, la caméra effectue un travelling avant pour venir cadrer leurs deux visages en gros plan. Ils se dirigent vers l’hôtel de Paul, suivis en panoramique par la caméra. Ils entrent. Le plan s’achève immédiatement après que la porte s’est refermée.
- Séquence 37. Ext. Jour. → Ext. Jour. Rues à Berlin, cimetière.
- Plan d’ensemble d’une place ronde avec une fontaine à jets d’eau. La Porsche entre dans le champ par la gauche, tourne autour de la place, pour prendre la rue en face de la caméra et filer vers le fin fond du champ. La musique – piano et violon – démarre vers la fin du plan.
- Plan en plongée d’une rue de Berlin. La caméra filme la Porsche en panoramique droite puis la regarde s’éloigner un peu et venir se garer devant un mur d’enceinte. Tout le haut droit du cadre est constitué par le feuillage vert foncé d’arbres. Paul sort de sa voiture. Un cycliste entre alors dans le champ par le coin inférieur gauche du cadre et emprunte la rue à côté de laquelle Serge est garé. Serge franchit alors une porte dans l’enceinte du mur, mais elle est masquée par l’effet de la perspective.
- Plan d’ensemble dans un cimetière. Serge, filmé à distance, est debout, presque au centre de l’image, devant une allée de tombes, avec tout autour de la végétation verte. Serge a l’air de regarder une tombe devant lui, mais jette aussi des regards autour de lui.
- Plan rapproché en plongée de la stèle que Serge est en train de regarder. En amorce gauche du plan, on voit le bras droit de Serge : ocularisation interne secondaire. Sur la tombe, une inscription : « Margaret Monden ». Les dates sont masquées par le feuillage d’un petit arbuste posé devant la tombe. La tombe se trouve juste à côté d’un arbre, dont on aperçoit une partie du tronc à gauche.
- Séquence 38. Int. Jour. Bar de l’hôtel.
« Entre deux personnes »
- Plan poitrine de Paul, de profil, assis au comptoir d’un bar, lisant et fumant, une bière à proximité. En hors-champ, on entend les pas de Serge qui entre dans le champ par la droite. La caméra le suit en panoramique. Il vient se poster au bout du bar, en regardant vers Paul, qui lui demande hors-champ si ça s’est bien passé. La caméra effectue ensuite un panoramique à droite pour venir cadrer Paul, pour « Bof, bof ».
- Raccord dans l’axe. La caméra a pris de la distance pour venir cadrer en plan d’ensemble les deux protagonistes toujours assis dans la même position, en plongée légère.
- Séquence 39. Ext. Jour (Pluie). Porsche rouge.
« Entre deux personnes »
- Gros plan sur l’angle gauche du pare brise de la Porsche. Serge, au volant, est entièrement masqué par le reflet blanc de la lumière : il apparaît à peine en filigrane, comme un spectre blanc. Dans la partie gauche du cadre, on aperçoit, mais lui aussi légèrement masqué par le blanc, le visage de Paul, muet, stoïque, dur. Les battements des essuie-glaces animent le plan. Paul regarde à trois reprises d’un œil mauvais vers Serge.
Fermeture au noir
(pendant le noir qui se fait, le bruit du moteur et celui des essuie-glaces se font toujours entendre).
- Séquence 40. Ext. Jour (Pluie). Chemin forestier bordant une autoroute.
« Entre deux personnes »
- Plan rapproché en plongée légère sur la Porsche. La porte du conducteur est ouverte et laisse voir Paul, endormi sur son siège. Dans la partie supérieure gauche de l’image, comme dans un coin du plan laissé libre par l’angle droit formé par le pare-brise et le capot de la voiture, on aperçoit Serge, de dos, en miniature. Il est légèrement flou, le point étant fait sur Paul endormi. On entend Serge souffler avec force, trépignant sur lui-même, d’avant en arrière. Il se trouve devant une rangée d’arbres, les pieds au milieu de plantes très vertes. Il respire plusieurs fois avec difficulté, comme étouffant, soufflant et re-soufflant. Paul se réveille. Apercevant Serge, il sort de la voiture et lui demande si ça va. La caméra effectue un panoramique ascendant, pour cadrer Paul debout, nous dévoilant alors l’autoroute (derrière les arbres) et la file continue des voitures, dans les deux sens. Serge se retourne alors, et répond que ça va. Il revient alors près de la voiture, dans laquelle entre Paul à nouveau. La caméra effectue un panoramique en sens inverse, pour venir cadrer Paul. Serge a disparu à ce moment-là derrière la voiture.
- Plan en très légère contre-plongée du pare-brise arrière de la Porsche et de Serge entrant dans la voiture. Le haut de l’image est entièrement constitué du ciel gris-bleu. La voiture démarre, démasquant alors un massif de conifères au loin, qui occupe désormais tout le bas de l’image.
- Séquence 41. Ext. Nuit. → Int. Nuit. → Ext. Nuit. Station-service (2), magasin de la station.
« Entre deux personnes »
- Plan en plongée d’une station service qui arbore un plafond lumineux bleu. La Porsche entre dans le champ par le bas gauche du cadre et vient se garer devant une pompe à essence. Serge sort de la voiture côté conducteur et s’avance devant la vitrine du magasin de la station.
- Gros plan sur Serge, de face, filmé de l’intérieur du magasin, à travers la vitre. Il se retourne un instant vers sa voiture, puis regarde à nouveau vers la vitre. La musique – piano et guitare au bottleneck – démarre au début de ce plan.
- Plan rapproché sur Paul dormant dans la voiture. Le torse de Serge, flou, entre dans le champ par la gauche, armé du canon d’une pompe. Il contourne le véhicule et vient le remplir d’essence, en se tenant totalement dans le hors-champ droit.
- Plan en plongée. Du côté gauche, une pompe à essence bleue. Du côté gauche, le bitume du sol. La Porsche traverse alors le champ en passant du coin inférieur droit au coin supérieur gauche, dans le tout petit espace laissé libre à l’image par la pompe de ce côté-ci.
- Séquence 42. Ext. Nuit. Porsche rouge dans un tunnel.
- Plan d’ensemble filmé à ras du sol de l’intérieur d’un tunnel. La Porsche entre par la gauche du cadre, légèrement précédé par son ombre, puis file vers le fond du champ.
- Séquence 43. Int. Nuit. → Ext. Nuit. Escalier de l’immeuble de Paul, rues à Paris.
« Entre deux personnes »
- Plan taille sur Hélène de profil, en manteau rouge-orange, dans l’escalier qui mène à la porte de l’appartement de Paul. Elle allume la minuterie, jette son mégot de cigarette qu’elle écrase, puis s’assoit sur les marches, suivie en panoramique descendant. Une fois assise, Hélène prend son agenda et se met à écrire. Effet de cadre dans le cadre très net ici, toute la partie gauche du plan étant constitué par un mur, qui va du sombre au clair, la partie claire étant au niveau où se trouve Hélène. La musique s’achève bien avant la fin du plan.
- Plan d’ensemble. Hélène est dans la rue, tout à fait seule. Elle se tient au début du plan tournée vers la gauche, son visage masqué par ses cheveux blonds. Elle se tient dans un coin de la rue relativement lumineux, éclairé par une source de lumière qui provient d’une zone dans un renfoncement dans le hors-champ droit. Hélène se retourne alors vers la caméra. Autour d’elle une rumeur urbaine cotonneuse. Hélène finit par sortir du champ en marchant sur le trottoir devant elle.
- Plan d’ensemble. Hélène marchant dans la rue. La caméra la suit en panoramique gauche. Elle passe de l’ombre à la lumière. Une voiture grise entre dans le champ par la gauche et s’arrête à hauteur d’Hélène. L’homme au volant demande à Hélène si elle est seule. Elle répond non merci, puis fait demi-tour et emprunte la rue dans l’autre sens, à pas rapides, suivie en panoramique par la caméra. La voiture donne l’impression de la suivre, mais file vers le hors-champ droit, pendant qu’Hélène tourne le coin de la rue, à sa gauche.
- La musique – piano – démarre au début du plan. Plan de très grand ensemble d’un coin d’autoroute de nuit. La Porsche, phares allumés, arrive du coin gauche de l’écran, puis traverse le champ pour venir sortir par la droite.
- Gros plan d’Hélène encore seule dans la rue. Elle tourne sur elle-même, se baisse, regarde dans le hors-champ à gauche, puis à droite.
- Plan d’ensemble d’une rue. La Porsche arrive de face, phares allumés. On remarque, dans le fond du champ, l’enseigne du Figaro. La Porsche sort du champ. Le plan dure quelques instants sur l’espace noir et flou que la Porsche laisse derrière elle.
- La musique s’interrompt après le début de ce plan. Plan taille d’Hélène devant la Porsche qui vient se garer juste devant elle. La vitre électrique du côté passager se baisse. Le plan se termine après que Paul a dit : « Ben, c’est Hélène… »
- Gros plan d’Hélène, filmée en contre-plongée, qui se penche vers la voiture, pendant que Paul continue les présentations. La caméra la suit en panoramique descendant. Une toute petite partie du pare-brise apparaît dans le coin inférieur droit du cadre. Hélène et Serge se disent bonsoir.
- Gros plan sur le pare-brise de biais en très légère plongée. Le coin du pare-brise coupe l’image en deux compartiments hétérogènes, Paul à gauche, Serge à droite. L’ombre portée d’Hélène vient s’inscrire très exactement sur le coin du pare-brise. Paul dit qu’il a la dalle. Serge propose d’aller dîner, en regardant d’abord Paul, puis Hélène, puis à nouveau Paul, puis à nouveau Hélène, lorsque celle-ci répond « Oui ».
- Plan d’ensemble fixe, à distance de la voiture de trois quarts dos. Paul ouvre la portière, entre à l’arrière de la voiture et laisse la place avant à Hélène, qui entre. La Porsche est éclairée de côté, par une source lumineuse qui vient du hors-champ à droite. La voiture démarre, s’engouffrant dans le noir et sortant du champ par la droite.
- Séquence 44. Int. Nuit. → Ext. Nuit. → Int. Nuit. Restaurant japonais (2), place André Malraux (2).
« Entre deux personnes »
- Plan moyen d’Hélène, Paul et Serge assis à la table d’un restaurant japonais. L’angle de la table pointe face caméra. Serge est seul de son côté de la table, à droite de l’image, de trois quarts dos, Hélène et Paul de l’autre côté, de trois quarts face. En voix hors-champ on entend une femme parler japonais. C’est le début du repas, comme en témoigne le fait que Paul sépare ses deux baguettes en bois. Il dit qu’il n’a jamais su manger avec des baguettes. Comme les deux parents d’un enfant, Hélène et Serge s’occupent de son cas : Hélène demande à Serge de demander une fourchette, ce dernier ayant anticipé la demande.
- Gros plan sur Hélène de trois quarts face. Hélène glisse à l’oreille de Paul : « Ton ami Serge il est sculpteur lui aussi ? ». La caméra suit Hélène en panoramique droit, pour venir inclure le visage de Paul dans le cadre. Paul, décontenancé par cette question, annonce finalement qu’il n’a pas très faim, qu’il est mort de fatigue. Au moment où il fait cette annonce, si le visage d’Hélène est encore dans le plan, le point est fait sur lui. Au moment où il annonce qu’il va prendre son sac, la caméra recadre sur Hélène, à nouveau seule dans le plan. La caméra reste quelques instants sur le visage d’Hélène, interloquée.
- Plan en plongée légère sur la table, Paul debout près de Serge, attendant qu’il lui donne les clés. La caméra effectue ensuite un léger panoramique sur la droite pour cadrer Paul qui sort du restaurant. Si Hélène est alors rejetée hors de l’écran, apparaissent quelques clients attablés à d’autres tables du restaurant. Serge, encore à l’écran regarde Paul sortir.
- Gros plan sur le visage d’Hélène (idem fin du plan 187). Elle regarde Serge, puis en direction de la porte, puis en direction de la table, puis à nouveau en direction de la table.
- Plan d’ensemble. Paul traverse en courant la place André Malraux pour atteindre la Porsche garée dans un coin de la place. La caméra le suit en panoramique gauche. En arrivant près de la voiture, il fait tomber les clés. On le voit ouvrir la porte. Autour de lui, se fait entendre la rumeur urbaine de la nuit.
- Très gros plan sur le visage d’Hélène, qui mange et à un regard pour Serge.
- Gros plan de Serge, le visage baissé devant son assiette. Au bout de quelques instants, il lève le visage et regarde Hélène, avant de rebaisser les yeux.
- Plan d’ensemble. Paul court en direction du restaurant, son sac à la main. La caméra le suit en panoramique droite.
- Gros plan sur Serge (idem plan 192). Serge regarde nettement et longtemps en direction d’Hélène, avant de rebaisser les yeux, juste avant que Paul n’entre dans le champ. La taille de Paul vient s’inscrire en amorce gauche du cadre. Serge regarde Paul au-dessus de lui. Paul rend ses clés à Serge. Après « Oui, oui, tu l’as déjà dit », Paul sort du champ sur la gauche pour embrasser Hélène. Puis il revient dans le cadre, dans la même position qu’auparavant. Serge le salue. Paul touche alors l’épaule droite de Serge, puis s’en va. Serge garde un moment le visage tourné vers lui, puis se tourne vers Hélène.
- Plan de demi-ensemble d’Hélène et de Serge attablés. Ils ne sont pas tout à fait en face-à-face, chacun étant à droite de son côté de la table. Dans le coin supérieur droit de l’image, apparaît une cliente asiatique en train de dîner. Après que Serge a dit « Je dis n’importe quoi, en fait », il fait goûter de son plat à Hélène, du bout de ses baguettes. Hélène paraît hésiter un instant, puis goûte. Le plan s’achève après qu’Hélène a dit : « Moi aussi, j’aimerais bien rester un peu avec vous. »
- Séquence 45. Ext. Nuit. → Int. Nuit. Place André Malraux, pharmacie.
« Entre deux personnes »
- Plan moyen d’un coin de rue. Serge et Hélène, côte à côte, débouchent en marchant de la rue à droite. Ils avancent, suivis en panoramique gauche vers le coin gauche de la caméra, puis sortent du champ. Au fur et à mesure de leur avancée dans le champ, la profondeur de champ diminue fortement.
- Plan large sur la Porsche, garée, dans le coin droit de l’image, par où entrent dans le champ Hélène et Serge. Ils approchent de la voiture. Serge demande alors à Hélène de l’attendre deux minutes, puis entre dans une pharmacie ouverte, qui se tient dans le coin gauche du plan. Hélène fait quelques pas entre la voiture et la vitrine de la pharmacie, pour finir par se retrouver devant elle. On remarque, devant la vitrine de la pharmacie, deux feux de signalisation : ils passent au vert lorsqu’ils entrent dans le champ. Le plan s’achève lorsque les feux viennent juste de passer au rouge.
- Gros plan d’Hélène filmée depuis l’intérieur de la pharmacie, qui regarde à droite, puis pratiquement face caméra. Derrière elle, la fontaine est complètement floue en raison de la longue focale.
- Contrechamp. Plan moyen sur Serge dans la pharmacie, devant le comptoir. La pharmacienne, en face de lui, file à la droite du cadre, puis revient vers lui. La double porte vitrée de la pharmacie se referme devant la caméra, qui fait alors le point sur elle : au premier plan de l’image, un gros autocollant Durex, juste devant la silhouette de Serge.
- Champ. Gros plan sur Hélène (idem plan 198). La porte vitrée est maintenant fermée devant elle, le haut de l’autocollant venant s’inscrire en amorce dans la partie basse du cadre. Ce plan laisse donc penser que le plan précédent était un plan subjectif de la vision d’Hélène. Hélène paraît regarder l’autocollant en début de plan et sourit. Elle finit par baisser les yeux, puis par regarder sur le côté droit au loin, pendant qu’en son hors-champ, on entend des pièces de monnaie résonner et un bruit de papier froissé.
- Plan rapproché en légère plongée sur le comptoir de la pharmacie sur lequel est posé le paquet d’un médicament et une ordonnance. La main de la pharmacienne ramasse le paquet et l’introduit dans un sachet en papier blanc : son geste est suivi en panoramique ascendant filé. À partir de là la caméra suit le trajet du sachet en papier. En amorce, l’épaule droite et le bas du visage de Serge sont complètement flous. Les mains de la pharmacienne glissent aussi dans le sachet l’ordonnance de Serge. Elle referme le paquet, le pose, Serge s’en empare alors des deux mains et le tient bien serré. La pharmacienne rend alors sa monnaie à Serge.
- Plan de demi-ensemble de la façade de la pharmacie filmée de biais. Hélène se tient devant, de trois quarts dos. Serge sort de la pharmacie, se poste devant Hélène. Hélène l’embrasse, puis reste contre lui, n’osant pas le regarder.
- Séquence 46. Int. Nuit. Hall d’hôtel.
« Entre deux personnes »
- Plan moyen en plongée sur le comptoir d’entrée d’un hôtel. Derrière, le portier, dans le coin droit de l’image, téléphone et raccroche, en voyant arriver Serge et Hélène qui entrent dans le champ. Serge demande une chambre, avec un grand lit. Serge rempli alors la feuille d’entrée. Le portier lui tend ensuite les clés de la chambre. La musique – violon – se lève au moment où le portier tend les clés à Serge. Hélène et lui sortent du champ. La caméra vient alors recadrer légèrement le portier. On voit sortir Serge et Hélène par le haut de l’image, s’engageant dans un escalier à droite.
- Séquence 47. Int. Nuit. Chambre d’hôtel.
- Plan moyen sur la porte de la chambre filmée de l’intérieur, dans l’obscurité. La porte s’ouvre, apparaissent Serge et Hélène. Ils entrent. Entre la porte que Serge referme derrière eux et le moment où il allume la lumière, ils sont entièrement dans le noir, disparaissant totalement, puis réapparaissant grâce à la lumière qui se fait. Effet très net de cadre dans le cadre à ce moment-là, par l’encadrement de l’entrée qui redouble les lignes de la porte en fond. Hélène s’avance très légèrement, puis se retourne vers Serge qui s’avance à son tour et lui dit qu’elle a le trac. Lui aussi a le trac, dit-il. Il se dirige alors vers la gauche. La caméra le suit en panoramique. Il s’arrête dans l’encadrement qui mène au coin de la pièce dans lequel se trouve le lit. Il allume une autre lumière. Il contourne le lit, toujours suivi en panoramique par la caméra, puis vient allumer une troisième lampe, accrochée juste au-dessus du lit. Hélène entre dans le champ par la droite et vient appuyer sur l’interrupteur pour éteindre la deuxième lampe. Serge s’approche d’elle, qui se tient en amorce droite du cadre. « C’est mieux comme ça ? », lui demande-t-il.
- Gros plan sur Hélène, qui répond « Oui ». Serge apparaît de dos dans le cadre, enlève sa veste comme nous le montre le T-Shirt blanc qu’il porte, puis s’assoit sur le lit, passant devant Hélène, puis dans le hors-champ bas. Le point ne cesse d’être fait sur Hélène. Hélène, toujours filmée en gros plan, fait quelques pas autour de Serge, puis vient s’asseoir à côté de lui, à sa gauche. Elle est alors filmée en très gros plan, de profil en amorce gauche, regardant vers Serge. Son visage se penche en arrière, puis sort du cadre, pendant qu’apparaît fugitivement celui de Serge.
- Gros plan sur Hélène en plongée légère, en train de se coucher sur le lit. Serge lui écarte assez violemment les bras en tenant ses poignées dans ses mains. Puis son visage se rapproche du sien, au-dessus d’elle, et vient lui embrasser la joue gauche. Hélène entoure son bras gauche autour du cou de Serge.
- Insert : plan en contre-plongée sur la lune, petite pastille lumineuse blanche dans la nuit, au-dessus du haut d’un immeuble. La rumeur de la ville se fait entendre sous la musique, qui s’interrompt juste avant la fin du plan.
- Gros plan sur Serge et Hélène, couchés dans le lit. Serge est dans la partie gauche de l’image, sur le dos, le bras replié derrière sa tête, les yeux fermés. Le visage d’Hélène, plus bas dans l’image, repose sur l’épaule gauche de Serge, en biais, les yeux ouverts vers le hors-champ droit. C’est surtout le visage d’Hélène qui est éclairé par une source lumineuse qui provient de la droite. Hélène se met à se confier sur le fait de faire l’amour avec un homme plus jeune. Serge ouvre quelque peu les yeux, pendant qu’Hélène lui parle.
- Très gros plan sur le visage de Serge, les yeux fermés, après qu’Hélène a dit : « On a du mal à s’accepter. » Hélène continue à parler. Puis Serge dit : « Quand on fait l’amour, on est très seul. Quand on fait l’amour très fort on est très seul. C’est justement parce qu’on est seul, qu’on fait qu’un. » Le plan s’achève après cette réplique.
- Gros plan sur Serge et Hélène (idem plan 208). Le plan s’achève sur le sourire d’Hélène, après que Serge a dit : « Qu’est-ce qu’elle fait là celle-là à 11 heures du soir ? »
- Séquence 48. Int. Nuit. Chambre d’hôtel.
- Plan à distance du visage de Serge dans la salle de bains. Composition en cadres dans le cadres : le visage de Serge apparaît dans le miroir qui lui fait face, filmé à travers l’encadrement de la porte. Toute la partie gauche du cadre est occupée par le pan de mur gauche de l’encadrement. Serge fait couler de l’eau, puis sort de la salle de bains. Lorsqu’il éteint la lumière avant de sortir, le noir le fait totalement disparaître. La caméra effectue alors un panoramique gauche sur Hélène dans le lit. Serge entre dans le lit par la droite. Leurs deux visages sont alors inclus dans le cadre, très proches l’un de l’autre. Serge se tient de trois quart dos, son visage pratiquement entièrement masqué par son épaule gauche. Hélène se retourne au bout d’un moment sur le côté droit – après avoir essayé de parler à Serge – et Serge vient se placer contre elle, la caméra le suivant dans son mouvement de rapprochement.
- Plan rapproché sur Hélène endormie sur le côté droit, des cheveux devant le visage. Le plan dure un long moment. Elle paraît dormir, même si sa main droite, au bout de son bras tendu hors du lit bouge un peu, par intermittence.
- Plan poitrine sur Serge, adossé contre la tête du lit, le regard fixe devant lui, légèrement éclairé par un faisceau de lumière blanche provenant de la gauche. On entend le tic-tac d’une montre. Il finit par fermer les yeux.
- Plan moyen en plongée légère de Serge , filmé côté gauche. Serge est toujours assis dans le lit, alors que tout à fait à gauche du lit, Hélène dort. Le faisceau de lumière blanche provoque une ombre propre qui mange la moitié gauche du visage de Serge : il a l’air d’un spectre. Il se tient les bras croisés contre le torse. Il jette un regard vers Hélène, puis sort du lit et enfile son T-Shirt blanc. La caméra le suit alors en panoramique dans ses déplacements. En enfilant son T-Shirt, il se tient complètement dans l’ombre, ombre lui-même. Il se dirige vers une chaise, à côté de l’entrée de la chambre, suivi en panoramique gauche par la caméra. Il ramasse son pantalon, et l’enfile. Il enfile ensuite sa veste, tournant le dos à la caméra.
- Gros plan sur un bout de la porte, de l’extérieur de la chambre. Le buste de Serge sort et referme très doucement la porte derrière lui. Puis il se dirige vers l’ascenseur, suivi en panoramique gauche par la caméra. On entend le bruit du sachet de pharmacie, craquer à son passage. Il appelle l’ascenseur, tournant le dos à la caméra. Il entre dans l’ascenseur. L’ascenseur descend.
- Plan très large de l’entrée de l’hôtel avec porte tournante, vue de l’extérieur. Serge sort. Il fait encore nuit sur Paris. Un bruit fort et sourd de rumeur urbaine se fait entendre dès le début du plan. La caméra le suit en panoramique marchant vers la gauche, mais en donnant aussi l’impression d’effectuer une série de zooms arrières qui instaurent une distance de plus en plus grande entre lui et la caméra. Serge allume une cigarette. Selon les endroits du champ qu’il traverse, il est plus ou moins visible, apparaissant parfois complètement en ombre chinoise. Il s’approche alors de sa Porsche, toujours garée sur un coin de la Place, non loin de la fontaine dont les jets d’eau font un bruit assourdissant. Serge entre dans sa voiture, filmé à distance importante, démarre et contourne la fontaine, longe la façade de l’hôtel puis sort du champ, filmé jusque là en panoramique droite.
Noir.
- Séquence 49. Int. Nuit. Appartement de Serge.
- Plan taille de Serge, filmé en plongée légère, à la table de son bureau, de profil, lisant un papier posé devant lui. Puis il prend le sachet à pharmacie posé juste à côté de lui. Sur son geste, la voix-over de Serge lit la lettre qu’il est en trainEn train, car on peut entendre le bruit du stylo sur le papier. d’écrire à son frère. Serge sort le poison empaqueté, le sort de son emballage, balance la pipette près du sachet, rempli un verre de tout le contenu du flacon, puis boit son verre d’un trait. Il joint alors les mains sur son bureau, les deux bras posés dessus et attend. Il tourne le visage vers la gauche, le refusant à la caméra.
- Gros plan de Serge, de trois quarts face, toujours dans la même position. Mais son visage est cette fois plus visible, l’angle de la caméra n’étant pas tout à fait le même. La voix-over termine la lettre. Le plan dure silencieusement encore un moment. Puis la musique – piano – démarre. Le plan dure encore un très long moment sur Serge, toujours dans la même position.
- Gros plan sur une photo retournée contre le sol. Dessus, une inscription en allemand : « Urheberrechtlich geschütet Nachdruck nur mit Erlaubnis von Claus Sautter. »
- Plan plus large sur la même photo, filmée sous un autre angle. Sur elle passe une frontière entre la lumière et l’ombre.
- Plan plus éloigné encore sur la même photo, filmée encore d’un autre angle. Dans le coin supérieur droit de l’image, apparaît le pied droit de Serge, qui tient sur la tranche, contre le pied de la chaise. La caméra effectue alors un panoramique sur la droite, pour venir cadrer la chaise et l’espace vide sous la table. Puis elle effectue un travelling ascendant vertical, pour venir cadrer Serge, mort sur son bureau. Le plan s’achève sur le cadavre de Serge en plongée légère.
Noir.
La musique s’achève, en une dernière note de piano qui n’en finit pas de durer, sur ce noir.
Générique de fin.
Les mentions génériques défilent de bas en haut en lettres blanches sur fond noir.
Notes
978.
Selon le scénario avant-tournage, ce palais est la Villa Palla Vicino. Cf. op. cit., p. 31.