1.3.1. L’action de l’environnement culturel sur l’expression circonstancielle des instincts

En premier lieu, si les instincts orientent le comportement humain vers certains buts généraux, ils laissent à l’individu une grande latitude dans la manière d’accomplir ces fins, à la fois quant à la définition précise des objectifs visés et quant aux moyens à mettre en œuvre pour les atteindre. Comme nous le verrons (infra chap. 6, 1.1.2.), cette adaptation des mobiles généraux de l’action humaine aux circonstances de la situation passe bien souvent par la formation d’habitudes. Cela fait dire à Veblen [1914, p. 38] que « tout comportement instinctif est susceptible d’évoluer et, par conséquent, d’être modifié par l’habitude » 405 . Il s’ensuit, au niveau de la société dans son ensemble, que l’environnement culturel qui gouverne, au moins en partie, les habitudes des individus (cf. infra chap. 6, 2.1.2.), influe également sur la réponse comportementale que l’homme adopte sous la pression de ses instincts. Ainsi, « la façon (et dans une large mesure le degré) selon laquelle les fins instinctives de la vie sont satisfaites dans une situation culturelle donnée est assez étroitement conditionnée par ces éléments d’habitude 406 , qui en viennent à former un schème de vie répandu » 407 [1914, p. 7].

Notes
405.

« All instinctive behaviour is subject to development and hence to modification by habit ».

406.

Veblen désigne ici « la tradition », c’est-à-dire « l’héritage des habitudes de pensée accumulées à travers l’expérience des générations passées ».

407.

« The manner, and in great degree the measure, in which the instinctive ends of life are worked out under any given cultural situation is somewhat closely conditioned by these elements of habit, which so fall into shape as an accepted scheme of life ».