Section 1. D’une « logique institutionnelle » à une autre : la théorie veblenienne du changement institutionnel 488

Comme nous l’avons montré dans le précédent chapitre, Veblen considère que la dynamique socio-économique est caractérisée par des phases d’auto-renforcement qui conduisent généralement au verrouillage « d’une logique institutionnelle » donnée. Dès lors, il existe au moins deux façons possibles d’expliquer le changement de « logique institutionnelle » dominante, dans une quelconque société : soit en introduisant une rupture exogène dans l’évolution du système, à savoir une modification majeure et inexpliquée de l’environnement matériel et technique, soit en montrant que le changement est endogène au processus d’évolution, c’est-à-dire qu’il résulte des interactions entre les variables du système. Or, si le progrès technique est bien un élément clé dans l’analyse veblenienne du changement institutionnel, non seulement il est une variable endogène, mais il n’est pas le seul facteur à l’œuvre dans le processus de transformation des institutions. Au total, Veblen a, selon nous, produit une analyse endogène des mutations institutionnelles, lesquelles peuvent être interprétées, en termes contemporains, comme des effets émergents de la dynamique institutionnelle (1.1.). Ces conséquences institutionnelles imprévisibles sont principalement dues aux propriétés dynamiques des instincts et des institutions (1.2.).

Notes
488.

Cette section reprend et développe l’argumentation que nous avons exposée dans Brette [2003a].