2.2.2. Science et jugements de valeur : un renouveau des débats

Nous avons montré (supra 2.1.2. dans ce chapitre) que le contenu essentiellement normatif qu’Ayres donnait aux concepts de « technologie » et d’« institution » l’empêchait irrémédiablement de développer une théorie positive de l’évolution institutionnelle. A contrario,en affirmant que les « institutions » ne sont pas une « mauvaise chose en soi » et que le « développement technologique » n’est pas synonyme de progrès socio-économique, Foster et ses élèves se sont dotés de catégories conceptuelles adaptées à l’élaboration d’une théorie positive de la dynamique institutionnelle. La question est désormais de savoir dans quelle mesure ils ont effectivement renoué avec cette voie de recherche qui n’est autre que le projet scientifique de Veblen. Y répondre revient à évaluer l’impact de leurs conceptions épistémologiques sur leur traitement des faits institutionnels.

Si les héritiers intellectuels d’Ayres ont substantiellement amendé sa dichotomie, ils sont en revanche demeurés fidèles à sa conception normative de la science. Ainsi, Foster [1949, p. 900] affirme sans équivoque : « notre conception de ce qui constitue le sens et l’importance [de l’investigation scientifique] reste attachée à la possibilité de résoudre des problèmes réels auxquels sont confrontés des gens réels ; aussi n’accordons-nous de l’importance à quelque investigation que ce soit, dans quelque domaine que ce soit, qu’en fonction de cette seule possibilité » 600 . Cette déclaration exprime clairement l’adhésion de Foster aux conceptions instrumentalistes de Dewey. Comme nous l’avons dit (supra chap. 2, 2.2.3), celles-ci sont incompatibles avec la théorie veblenienne de la science. À cet égard, bien qu’il affirme que les déclarations d’impartialité scientifique de Veblen sont largement ironiques, Foster a malgré tout conscience de la difficulté à interpréter ses écrits épistémologiques dans les termes de l’instrumentalisme deweyen. Il ne manque d’ailleurs pas de brocarder « ces économistes singuliers qui prétendent être motivés dans cet effort [i.e. étudier le processus économique] par ce que l’on appelle la curiosité désintéressée [‘idle curiosity’] » [Foster, 1949, p. 900]. De fait, l’idée d’une « science désintéressée » est contraire à la conception que Foster se fait de la science. Selon lui, la seule raison d’être de l’investigation scientifique est de produire des jugements de valeur. Il s’ensuit que la « distinction entre le positif et le normatif [doit être] abandonnée » [Tool, 2000, p. 3] puisque la production d’énoncés positifs, c’est-à-dire de jugements de fait, répond entièrement à la finalité normative de la science, au sens où elle vise uniquement à fonder des jugements de valeur.

Les principes épistémologiques d’Ayres et de Foster ont été très largement adoptés par les institutionnalistes contemporains (voir, entre autres, Junker [1979], Tool [1979 ; 1993b], Bush [1981 ; 1989 ; 1993], Hill & Owen [1984], Dugger [1988 ; 1995], Hayden [1989], Tilman [1990b, pp. 974-975], Miller [1992 ; 2002], Klein [1993 ; 1995], Foster [1995], Stevenson [2002]). Les premiers à y avoir adhéré furent les propres élèves de Foster. à cet égard, les travaux de Marc R. Tool sont peut-être la meilleure illustration de l’influence qu’Ayres et Foster ont exercée sur les conceptions épistémologiques des économistes institutionnalistes contemporains. Le titre de son ouvrage le plus célèbre, The Discretionary Economy : A Normative Theory of Political Economy, porte déjà la marque de cette influence, en ce qu’elle exprime sa conception normative de la science économique. D’après Tool [1998, pp. 310-311], « toute théorie crédible du changement social doit être normative aussi bien que positive ». Cela ne signifie pas que l’économiste devrait remplir alternativement deux tâches distinctes qui seraient d’établir des jugements de fait, d’une part, et de formuler des jugements de valeur, d’autre part. Pour Tool, « le positif » et « le normatif » sont deux aspects indissociables de l’investigation scientifique. En effet, « si l’investigation sociale est destinée à s’occuper de la résolution de problèmes (sa seule raison d’être), il est impossible d’identifier un problème pour l’investigation sans mettre en œuvre l’idée de différence entre ce qui est et ce qui devrait être. Le ‘devrait’ fait partie intégrante de l’investigation » 601 . Plus précisément, non seulement la formulation de jugements de valeur est, selon Tool, constitutive de l’investigation scientifique, mais elle est sa finalité même, puisque in fine « l’économie est une science sociale normative » [Tool, 1979, p. 73]. Cette conception de l’économie institutionnaliste, issue des travaux d’Ayres et de Foster, conduit Rodney Stevenson [2002, p. 276], un ancien Président de l’Association For Evolutionary Economics (AFEE), à affirmer : « plutôt que de nous imaginer comme des spécialistes des sciences sociales, les économistes institutionnalistes devraient se repenser comme des médecins de la société. […] En tant que médecins de la société, l’objectif des économistes institutionnalistes devraient être de diagnostiquer, de prescrire et de soutenir tout ce qui permet de soulager les maux de la condition humaine. Triompher des agents pathogènes de la conscience et empêcher le développement des vecteurs culturels qui les inculquent constitue une base éthique appropriée pour l’économie institutionnaliste » 602 .

Dès lors, se pose la question de savoir si cette prééminence donnée à la prescription n’est pas préjudiciable à l’explication des phénomènes. Autrement dit, dans quelle mesure le fait d’assigner à la science une finalité strictement normative est-il conciliable avec une analyse positive des faits ? Cette interrogation revient à se demander si les conceptions épistémologiques de nombreux institutionnalistes contemporains sont à même de permettre la poursuite du projet scientifique de Veblen visant à l’élaboration d’une théorie positive de l’évolution institutionnelle. Les économistes qui adhèrent à l’épistémologie d’Ayres et de Foster affirment que leur approche normative de la science ne serait pas une entrave à l’analyse objective des faits. En effet, conformément aux principes de l’instrumentalisme deweyen, leurs jugements de valeur et leurs jugements de fait seraient déterminés à travers le même processus d’enquête scientifique (cf. supra chap. 2, 2.2.3.). Dans ces conditions, les institutionnalistes nient, à l’instar de Dewey, que « les valeurs soient des polluants de l’enquête, portant atteinte à l’objectivité en un quelconque sens » 603 [Bush, 1993, p. 86]. Ainsi, Marc R. Tool [1979, p. 26] oppose-t-il sa propre conception de « l’enquête sociale » aux « idéologies dogmatiques [‘ism-ideologies’] » qu’il définit en ces termes : « une idéologie dogmatique [est] un système de croyances visant à orienter et sanctionner l’action sociale, un système qui affirme l’efficacité d’un ensemble particulier de formes institutionnelles (principalement) politiques et économiques et, simultanément, les hypothèses sous-jacentes relatives à la connaissance, à la réalité, aux personnes, à la société et à la valeur, lesquelles prétendent valider et justifier cette affirmation. Le capitalisme, le socialisme marxien et le communisme, de même que le fascisme, sont, en ce sens, des idéologies dogmatiques » 604 . À l’inverse, les énoncés normatifs de Tool et, plus généralement, des institutionnalistes qui adhèrent à l’épistémologie d’Ayres et de Foster, seraient exempts de toute préconception idéologique. On peut, cependant, douter de la vérité de cette assertion.

D’après Philip A. Klein [1995, p. 1193], l’un des tenants contemporains de l’épistémologie ayresienne, « l’attitude péjorative [des économistes institutionnalistes] est désormais réservée aux ‘modèles de comportements ayant une justification cérémoniale’ ». Or, Klein admet lui-même que, « néanmoins, nous en savons extrêmement peu sur la façon d’opérer une distinction cohérente et convaincante, dans toutes les sociétés, entre les comportements ‘qui ont une justification cérémoniale’ et ceux ‘qui ont une justification instrumentale’ » 605 . Dès lors, le risque est grand que, contrairement à ce que prétendent les héritiers intellectuels d’Ayres et de Foster, la classification des comportements dans l’une ou l’autre de ces catégories ne soit principalement l’expression des préconceptions idéologiques de leurs auteurs. C’est ce que suggère un ancien Directeur de la publication du Journal of Economic Issues, Warren J. Samuels [2000, p. 311], lorsqu’il dénonce la tendance des économistes institutionnalistes à formuler « des déclarations pompeuses ex cathedra, qui manquent d’un contenu empirique significatif et qui substituent les préférences de l’analyste à celles des acteurs économiques et au fonctionnement des processus économiques réels » 606 . Anne Mayhew [1987] fut l’une des premières économistes institutionnalistes de premier plan à mettre en garde contre cet écueil, dans un article intitulé « Culture : Core Concept Under Attack » qui suscita beaucoup de réactions au sein du mouvement institutionnaliste 607 . Mayhew [1987, pp. 599-600] montre que les conceptions épistémologiques d’Ayres et de Foster conduisent non seulement à « éliminer le besoin de décrire et d’analyser les modèles culturels », mais à imputer les jugements de valeur des économistes contemporains à des peuples exotiques ou éloignés dans le temps. Autrement dit, ils amènent les économistes à rejeter le principe du « relativisme culturel » pour verser dans un « dangereux ethnocentrisme ». En définitive, Mayhew [1987] soutient que le concept même de culture est mis en défaut par l’épistémologie d’Ayres, de Foster et de leurs héritiers intellectuels.

Anne Mayhew [1998a] a prolongé sa critique en montrant que l’utilisation normative de la dichotomie « cérémonial versus instrumental » 608 avait conduit nombre d’institutionnalistes contemporains à abandonner la méthode « évolutionniste » de Veblen. Ces économistes, tels Marc R. Tool, Paul Dale Bush et William Dugger, auraient substitué à l’« évolutionnisme » veblenien, une approche « taxinomique » consistant à « classer des modèles discrets et observables de comportements » soit dans la catégorie « cérémoniale », c’est-à-dire « indésirable », soit dans la catégorie « instrumentale », c’est-à-dire « progressiste ». Ils auraient, par là même, adopté une approche semblable à celle que Veblen dénonçait dans sa critique du marginalisme (cf. supra chap. 3, section 2). Selon Mayhew, les « taxinomistes » institutionnalistes auraient simplement défini un autre critère d’évaluation, supposé meilleur que le critère néoclassique de l’efficience. Cette critique est cruciale puisqu’elle met en évidence le fait que les principes épistémologiques et méthodologiques d’Ayres, de Foster et de leurs héritiers intellectuels s’opposent fondamentalement à la poursuite du projet scientifique de Veblen 609 . De fait, Mayhew montre de façon convaincante que la conjugaison d’une conception normative de la science et d’une représentation dichotomique des phénomènes économiques a généré « une difficulté essentielle pour la création d’une science économique évolutionniste » [Mayhew, 1998a, p. 459]. Il est d’ailleurs intéressant de constater que la critique qu’elle adresse aux « disciples » d’Ayres et de Foster rejoint celle que Veblen portait à l’encontre de Schmoller (cf. supra 1.1.3. dans ce chapitre). En effet, Mayhew ne reproche pas aux institutionnalistes contemporains de formuler des énoncés normatifs, mais de les laisser prendre le pas sur l’analyse positive et « évolutionniste » des faits institutionnels. Selon elle, « ceux qui s’engagent dans une analyse économique évolutionniste peuvent, bien sûr, former des jugements politiques et les affirmer de façon effective ». Le problème est que « pour de nombreux institutionnalistes contemporains, l’attrait des recommandations politiques formulées de façon catégorique l’a emporté sur leur engagement en faveur d’une analyse évolutionniste » 610 [Mayhew, 1998a, p. 459].

C’est cette substitution des jugements de valeur aux jugements de fait que dénonce également Geoffrey M. Hodgson [1993b], un autre leader du mouvement institutionnaliste contemporain. Comme Veblen (cf. supra 1.1.3. dans ce chapitre), Hodgson affirme que la reconnaissance de l’impossible neutralité axiologique du scientifique ne doit pas conduire à situer ces deux types de jugements sur un même plan. En effet, admettre que « les propositions factuelles sont [toujours] contaminées par des valeurs » n’implique pas que « nous ne puissions pas classer les énoncés entre ceux qui sont largement (bien que non totalement) positifs, d’un côté, et ceux qui sont largement (bien que non totalement) normatifs, de l’autre. […] Ce serait une erreur de remplacer un dualisme cartésien par un monisme homogénéisant dans lequel tous les énoncés auraient le même statut épistémologique » 611 [Hodgson, 1993, pp. 113-114]. Or, de facto, c’est bien à une telle confusion entre les énoncés positifs et les propositions normatives qu’aboutit la mise en œuvre de l’épistémologie ayresienne. En effet, la finalité strictement normative qu’Ayres, Foster et leurs « disciples » assignent à la science leur sert de justification au fait qu’ils utilisent leurs théories comme des vecteurs de leurs conceptions idéologiques. À cet égard, Wisman & Smith [1999] montrent que l’hostilité idéologique ou éthique de nombreux institutionnalistes envers le capitalisme les conduit à ignorer le rôle des incitations marchandes dans le progrès technique. Certes, Veblen a lui-même sous-estimé l’effet positif de ces incitations sur le développement des techniques dans les sociétés capitalistes. Cependant, contrairement à l’épistémologie ayresienne, celle de Veblen ne saurait servir de caution à cette limite de son analyse. Plus fondamentalement, il apparaît que la finalité normative que Foster et ses disciples donnent à la science n’est pas étrangère à la conception qu’ils se font des institutions. Comme nous l’avons déjà dit, Foster et ses « disciples » prétendent que toutes les institutions sont délibérément créées par des individus pour satisfaire un but spécifique. Tool [1979, p. 75], par exemple, affirme que « les institutions sont le résultat d’initiatives – de choix conscients, délibérés, de personnes qui détiennent et utilisent du pouvoir pour établir des structures » 612 . Or, il est intéressant de considérer la façon dont Foster justifie cette conception de l’institution : « Veblen n’a jamais pu élaborer la théorie [instrumentale] de la valeur à cause de son erreur essentielle, c’est-à-dire que les institutions sont un produit de l’habituation inconsciente. Si cela était vrai, alors on ne pourrait pas réaliser d’ajustements institutionnels » 613 [Foster, cité par Tool, 2000, p. 54]. Autrement dit, si Foster exclut totalement que les institutions puissent émerger sans volonté délibérée des individus, c’est parce que l’admettre reviendrait, selon lui, à rendre caduque toute méthode normative de résolution des « problèmes sociaux » et, en particulier, sa propre « théorie de l’ajustement institutionnel ». Cet argument illustre bien, selon nous, la confusion entre les jugements de valeur et les jugements de fait qu’induit l’épistémologie normative d’Ayres et de ses héritiers intellectuels.

En définitive, il serait faux de croire que la conception normative de la science à laquelle adhèrent nombre d’institutionnalistes contemporains n’interfère pas substantiellement dans leur analyse positive des faits institutionnels. Anne Mayhew a montré que cette épistémologie s’opposait de fait à la poursuite du projet « évolutionniste » de Veblen. Or, comme l’affirme Geoffrey M. Hodgson [2000, p. 322] dans un article consacré à « l’essence de l’économie institutionnaliste », « toute approche alternative au courant dominant [‘mainstream’] doit avant tout se revendiquer comme une approche identifiable de la science économique sur la base de son analyse perspicace de ce qui est, plutôt que sur ses jugements concernant ce qui devrait être » 614 . Dès lors, si l’institutionnalisme a vocation à se distinguer par sa capacité à expliquer la dynamique des institutions dans les sociétés, les acteurs contemporains de ce mouvement gagneraient à abandonner les principes de l’épistémologie ayresienne, pour renouer avec le projet scientifique de Veblen.

Notes
600.

« Our conception of what constitutes significance and importance still remains fixed on the possibility of solving real problems confronting real people, and we concede significance to any inquiry in any field only on the basis of that possibility ».

601.

« If social inquiry is to be addressed to problem solving (its only raison d’être), there is no way of identifying a problem for inquiry without applying some conception of a difference between what is and what ought to be. The ‘ought’ is an integral part of inquiry ».

602.

« Rather than envisioning ourselves as social scientists, institutional economists should reconceptionalize themselves as social physicians. […] As social physicians, the objective of institutional economists should to [sic] diagnose, prescribe, and support the remediation of the adverse human condition. Overcoming the pathogens of consciousness and their ongoing inculcating cultural conveyances is an appropriate ethical basis for institutional economics ».

603.

« Values are contaminants of inquiry, impairing objectivity in some sense ».

604.

« An ism-ideology [is] a system of beliefs to guide and sanction social action, a system which affirms the efficacy of a particular set of (mainly) political and economic institutional forms together with the underlying assumptions about knowledge, reality, people, society, and value which purport to validate and justify that affirmation. Capitalism, Marxian socialism and communism, and fascism are ism-ideologies in this sense ».

605.

« The pejorative attitude now is reserved for ‘ceremonially warranted patterns of behavior’. But we know remarkably little about how to differentiate consistently and convincingly in all societies between ‘ceremonially warranted’ and ‘instrumentally warranted’ behavior ».

606.

« Grandiose, ex cathedra pronouncements that lack meaningful empirical content and that substitute the analyst’s preferences for those of economic actors and the operation of actual economic processes ».

607.

à l’instar de Samuels, Mayhew a dirigé la publication du Journal of Economic Issues (1991-2000). En outre, elle s’est vue décernée en 2001 le prix Veblen-Commons décerné par l’Association for Evolutionary Economics (AFEE).

608.

Plutôt que le terme « instrumental », Mayhew utilise le vocable « technologique » qui, comme nous l’avons montré, est plus caractéristique de la dichotomie ayresienne que de celle de Foster et ses « disciples ».

609.

Mayhew [1998a, pp. 458-459] tente curieusement de limiter la responsabilité d’Ayres dans la « dérive taxinomique » de l’institutionnalisme. Pour autant, elle n’en souligne pas moins qu’« Ayres a donné une tournure téléologique à l’argumentation veblenienne », dans la mesure où « son but était moins de produire une théorie évolutionniste que de comprendre ce qui pouvait être fait pour accélérer l’évolution, qui était désormais clairement présentée comme un sentier de progrès ».

610.

« It is certainly possible for those engaged in an evolutionary economic analysis to make policy judgements, and to argue them effectively » ; « For many modern institutionalists, the appeal of unequivocal policy recommendations has outweighed commitment to evolutionary analysis ».

611.

« Factual propositions are contaminated with values » ; « but this does not mean that we cannot classify statements between those that are broadly (although no wholly) positive, on the one hand, and those that are broadly (although no wholly) normative, on the other. […] It would be a mistake to replace a Cartesian dualism with a homogenizing monism where all statements have the same epistemological status ».

612.

« Institutions are the result of initiative behavior – of conscious, deliberate choice making on the part of people holding and using power to establish structure ».

613.

« Veblen never could work out the theory of value because of his basic mistake, i.e. that institutions are a result of unconscious habituation. If that were true, one couldn’t make institutional adjustments ».

614.

« Any alternative approach to the mainstream must first stake its claim to be an identifiable approach to economics on the basis of its incisive analysis of what is, rather on its judgments of what ought to be ».