I. L’erreur à travers les théories d’apprentissage

L’erreur, conçue comme un écart vis à vis de la norme, n’a pas toujours été considérée de façon identique dans l’enseignement. La question même de la norme se trouve à problématiser en classe de langue, notamment dans le cadre de la production orale : s’agit-il d’enseigner une maîtrise parfaite de la langue ? Cherche-t-on à amener les apprenants à la compétence orale d’un natif ? En d’autres termes, peut-on considérer qu’il existe des erreurs tolérables, ou même favorables à l’apprentissage ? Nous le voyons d’emblée, la question de la nature de l’erreur n’est pas aisée à résoudre, et rend d’autant plus intéressante la question de son traitement en classe de langue. Pour analyser ce problème, et tenter de définir l’erreur de production orale, une première démarche peut consister à se confronter aux différentes théories d’apprentissage : on verra alors qu’à travers la didactique des langues, la question s’est souvent posée, trouvant des réponses variées qui évoluent parallèlement aux conceptions de l’enseignement. Un examen de ces théories nous offrira un cadre théorique utile pour notre réflexion sur le traitement de l’erreur en production orale, tout en permettant une réflexion sur l’enseignement des langues et les moyens adéquats pour l’enseignant d’adopter une attitude favorisant l’apprentissage.

Cette partie vise donc à permettre un regard critique sur les situations d’enseignement-apprentissage, en évaluant les différentes implications de chaque théorie : ennemie jurée du béhaviorisme, trace d’hypothèse dans les travaux sur l’interlangue, voire moyen d’apprendre dans les approches actuelles, l’erreur peut être considérée de bien différentes façons. Nous nous pencherons principalement sur deux théories d’apprentissage tout à fait antagonistes : le béhaviorisme et les travaux sur l’interlangue. Cette démarche devrait nous permettre, après un détour par les recherches sur les parlers bilingues, de mettre au jour les différentes façons de concevoir et de réagir à l’erreur en tant qu’enseignant, ce qui guidera notre réflexion et facilitera l’établissement d’une typologie critique des traitements de l’erreur possibles.